Doyenne du cinéma français, l'actrice Micheline Presle est décédée à l'âge de 101 ans

Doyenne du cinéma français, l'actrice Micheline Presle est décédée à l'âge de 101 ans

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Doyenne du cinéma français, l'actrice Micheline Presle est décédée à l'âge de 101 ans

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En 2004, Micheline Presle reçoit un César d'honneur
En 2004, Micheline Presle reçoit un César d'honneur
© Getty

Près de 80 ans de carrière ont fait d'elle la jeune première insolente du cinéma français, la femme fatale des années 40, la "Eve" populaire et déjantée des "Saintes Chéries", la découvreuse du cinéma iconoclaste des années 70, l'actrice Micheline Presle est morte mercredi à l'âge de 101 ans.

Le cinéma français pleure sa doyenne : l'actrice Micheline Presle, qui a tourné plus de 150 films, est décédée mercredi à l'âge de 101 ans, a annoncé son gendre Olivier Bomsel à l'AFP. Née à Paris en août 1922, elle aura tourné plus de 150 films, dont quelques-uns à Hollywood, se laissant porter par ses rencontres : de George Pabst à Alain Resnais en passant par Abel Gance, Jacques Demy ou Joseph Losey. Pendant longtemps une des trois stars préférées des Français avec Danielle Darrieux et Michèle Morgan, elle était aussi une des rares actrices établies qui donnèrent beaucoup à des cinéastes débutants.

"Ce qui me frappe dans un film comme "Paradis Perdu d’Abel Gance" de 1940, dit Dominique Besnehard dans un portrait qu'il lui a consacré, c’est de constater à quel point son jeu est moderne". Sa performance ne ressemble en rien à la manière de jouer des comédiennes de cette époque. D’une certaine façon, bien avant Jeanne Moreau dans "Jules et Jim", Brigitte Bardot dans "Et Dieu créa la femme", Sophie Marceau dans "La Boum", ou Béatrice Dalle dans "37°2 le matin", Micheline Presle a porté une liberté de jeu et un souffle nouveau chez les actrices."

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La jeune première du cinéma français

Micheline Presle commence sa carrière très jeune, à 15 ans. Pendant les années 40, elle est LA jeune première du cinéma français sous la direction d'Abel Gance, Marc Allégret ou Jacques Becker qui la dirige dans "Falbalas" (1944). Elle évoque ce tournage avec Laurent Delmas dans l'émission " On aura tout vu".

Micheline Presle parle du tournage de Falbalas de Jean Becker

4 min

Dans la deuxième partie des années 40, elle casse son image en jouant la prostituée de "Boule de suif" de Claude Autant-Lara, puis l'infirmière qui tombe amoureuse d'un lycéen de 17 ans, dans le "Diable au corps" du même réalisateur.

Gérard Philipe et Micheline Presle dans "Le Diable Au Corps"
Gérard Philipe et Micheline Presle dans "Le Diable Au Corps"
© AFP

À la fin des années 1940, en pleine gloire, elle quitte la France pour tenter une carrière américaine. Elle tombe amoureuse du réalisateur William Marshall. Ils se marient et ont une fille, Tonie, qui deviendra réalisatrice (ndlr : elle est à ce jour la seule réalisatrice à avoir reçu le César du meilleur réalisateur, en 2000 pour Vénus beauté (Institut)). Son mariage et sa carrière outre-Atlantique n'étant pas un franc succès, elle divorce et rentre en France.

À écouter : Micheline Presle
Le Tribunal des flagrants délires
1h 22

Un retour difficile en France

Le retour est difficile, on l'a un peu oublié. Elle tourne tout de même avec Sacha Guitry ("Si Versailles m'était conté", 1953) et entame une carrière italienne avec notamment "La maison du souvenir" de Carmine Gallone où elle a pour partenaire Marcello Mastroianni.

En 1960, elle donne la réplique à Jean Gabin dans "Le baron de l'écluse" de Jean Delannoy. Cette décennie la verra se partager entre des films populaires d'Edouard Molinaro et Philippe de Broca et des choix plus audacieux comme "La religieuse" de Jacques Rivette.

Les saintes chéries

Et au cœur de cette décennie des années 60, Micheline Presle participe une série culte. On disait feuilleton à l'époque et on ne parlait pas encore de saisons : 39 épisodes diffusés par vague de 13 entre octobre 1965 et mars 1971. Adaptation du roman de Nicole de Buron, "Les Saintes Chéries" est la chronique fidèle des changements du modèle familial. Chaque épisode est une suite de saynètes comiques qui bâtent en brèche tous les lieux communs autour des femmes. Micheline Presle y joue Eve, une mère au foyer qui est aux petits soins pour son mari Pierre (Daniel Gélin)

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La série va connaître un tournant capital à la fin de la première saison. La loi du 13 juillet 1965 a modifié le régime légal du mariage : les femmes peuvent désormais gérer leurs biens propres et exercer une activité professionnelle sans le consentement de leur mari.

Le temps de la mère au foyer est révolu. Eve est désormais une femme qui travaille. Avec "Les Saintes Chéries", on peut être femme et réussir sa vie professionnelle. Le feuilleton connaît un énorme succès et offre à Micheline Presle une notoriété qu'elle n'avait plus connu depuis les années 40.

La spectatrice de la séance de 14 heures

Mais malgré ce succès, elle ne retrouve pas pour autant de rôle importants. Elle poursuit donc sa carrière à la télévision dans des téléfilms et différentes séries ("Les Cinq dernières minutes" en 1978, "Bizarre bizarre" en 1981) et continue à faire des apparitions devant la caméra de grand réalisateurs : Samuel Fuller, Claude Chabrol, Alain Resnais...

Elle tourne également sous la direction de sa fille, Tonie Marshall ("Pas très catholique", 1994 et "France Boutique", 2003) et cherche encore et toujours à se diversifier. On la voit notamment dans "Mauvais genres" de Francis Girod (2001) ou "Chouchou" (2003) avec Gad Elmaleh.

Cinéphile, elle fréquentait encore il y a peu les salles de cinéma du quartier latin. Dominique Besnehard le raconte : "Ce qui intéresse Micheline, c’est d’être la première à découvrir un nouveau metteur en scène. Elle fréquente les cinémas du quartier Latin tous les jours à la séance de 14h depuis cinquante ans." Elle a à cœur de jouer avec des comédiens de la jeune génération : Yannick Renier et Léa Seydoux dans "Plein sud" (2009) ou Pierre Niney et Nicolas Duvauchelle dans "Comme des frères" (2012).

L'une de ses dernières prestations, elle l'a faite ici même, à France Inter dans l'émission "Nuit Noire". Dans une fiction radiophonique de Christian Morel de Sarcus, "Le Retour du poilu", diffusée en 2015

Micheline Presle dans le retour du polu de Christian Morel de Sarcus

21 min

Pour l'anecdote : Micheline Presle démarre sa carrière en 1937 avec son vrai nom Micheline Chassagne et en change deux ans et quatre films plus tard. Son nom de scène vient de son premier succès dans "Jeunes filles en détresse" de Georg Wilhelm Pabst où elle incarne Jacqueline Presle.

Ça peut pas faire de mal
49 min
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