Le Menteur - Pierre Corneille - Babelio
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Estelle Provost (Autre)
EAN : 9782210779488
224 pages
Magnard (24/04/2024)
3.46/5   61 notes
R�sum� :
Etudiant de province fra�chement d�barqu� � Paris, Dorante ne r�ve que de conqu�tes. Mais la r�alit� n'�gale pas toujours l'immensit� de ses d�sirs et le voil� qui s'invente des vies parall�les, jouant la com�die, avec l'insouciance de la jeunesse, � tous ceux et celles qu'il croise sur son chemin. Entre Dom Juan et Cyrano de Bergerac, notre menteur navigue de mensonges en quiproquos dans une curieuse aventure d'o� l'art de l'illusion ne sort pas tout � fait vaincu.... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Voici une pi�ce qui, pour �tre assez facile d'acc�s et l�g�re, dans le registre com�die de caract�re, m'a donn� du fil � retordre. J'ai d� la parcourir plusieurs fois pour arriver � m'en faire une id�e exacte, et je l'aurais volontiers vue sur les planches.

Il s'agit d'une com�die de facture classique, pi�ce en cinq actes, de 6 � 9 sc�nes chacun, respectant globalement l'unit� de temps et de lieu. Les personnages sont peu nombreux et assez typ�s, avec le jeune premier, le p�re, le serviteur blas�, les deux jeunes filles rivales involontaires, les servantes, les pr�tendants... L'action repose sur un quiproquo principal, qui donne lieu � une suite de situations exploitant le malentendu originel : Dorante est tomb� amoureux de Clarisse, qu'il croit �tre Lucr�ce, et ment d'abord pour l'impressionner, puis pour se tirer de situations d�licates. Mais bien s�r, ses mensonges font tache d'huile, il finit par se retrouver prisonnier de ses propres pi�ges.

Est-ce que j'ai eu de la sympathie pour les personnages principaux ? Pas vraiment, ils m'ont paru assez convenus : le jeune chien fou qui veut tout avaler � Paris et se faire passer pour ce qu'il n'est pas, c'est assez banal, comme le souligne d'ailleurs la servante Isabelle � l'acte III, sc�ne 3. Les deux jeunes filles adeptes de situations autant codifi�es que romanesques font figures de jeunes Pr�cieuses dont se moquera plus tard Moli�re. J'ai eu un faible pour Cliton, un serviteur pas si clich�, car il est plus �g� que la moyenne, et s'il est mat�rialiste et ne d�daigne pas l'argent, il a les pieds sur terre, une solide logique et une sainte horreur du mensonge ; ainsi, il offre un contrepoint comique � la d�mesure de son ma�tre, contrepoint qui est le bienvenu. J'ai eu piti� �galement du p�re de Dorante, G�ronte, pourtant compr�hensif et bienveillant, pr�t � tol�rer un mariage auquel il n'a pas donn� son accord pour que son fils soit heureux, et si mal trait� en retour par ce dernier. Dans l'ensemble, la pi�ce se laisse lire agr�ablement, mais ne rec�le pas de morceaux de bravoure ni d'�changes brillants et rythm�s, mis � part certaines tirades de mensonge et d'invention po�tique.

Il reste que c'est Corneille, et le vers classique : j'ai connu l'auteur plus inspir� dans le Cid, mais tout de m�me, si ces vers sont moins connus, ils offrent de beaux passages, avec des accents de po�sie baroque. La pi�ce, emprunt�e � l'auteur espagnol Alarc�n (en le prenant du reste pour Lope de Vega au d�part), fut un grand succ�s et confirma la r�putation de Corneille comme auteur de th��tre. On dit que cette pi�ce pr�cis�ment d�clencha la vocation de Moli�re � �crire des com�dies. Quoi qu'il en soit, j'ai toujours appr�ci� la sobri�t� du vers classique, et la capacit� des auteurs de l'�poque � faire beaucoup avec peu, � laisser mijoter les aliments dans leur jus pour en d�gager les ar�mes.
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Eh ben, il s'est pas trop foul� sur ce coup-l�, le P�re Corneille... On est en 1644, il commence � avoir du m�tier (d�j� douze pi�ces dans sa musette), il sait ce qui pla�t, donc il pond sans trop se fatiguer une com�die qui va contenter un large public. Je ne lui en veux pas d'avoir recherch� un succ�s facile, mais bon, presque quatre si�cles plus tard, la chose a perdu de son int�r�t. Certes, c'est dr�le par moments, mais c'est aussi ennuyeux en bien d'autres endroits. Et la mise en sc�ne pourrait en partie pallier les d�fauts, mais il se trouve que j'ai vu cette com�die jou�e par une troupe qui, � mon sens, manquait pas mal d'inventivit�. Pas de chance pour moi�!

Sc�nario classique, tir� d'une pi�ce espagnole. Car oui, au XVII�me, en France, on adaptait beaucoup les pi�ces espagnoles ou italiennes, quand on ne reprenait pas en partie celles de compatriotes. Donc, rien d'exceptionnel ici. Sc�nario classique, donc, avec en vedette un jeune homme, Dorante, tout frais arriv� de Poitiers � Paris, qui pour se faire valoir aupr�s des dames, de ses amis, ou encore pour se tirer d'un mauvais pas, invente mensonge sur mensonge. Il s'�prend (plus ou moins) de Clarice, qui le lui rend bien (enfin, plus ou moins), bien qu'elle soit sur le point (plus ou moins) de se fiancer � Alcippe. de mensonge en mensonge, de quiproquo en quiproquo, la pi�ce nous m�ne, cahin-caha, vers un double mariage final.

Les mensonges de Dorante donnent lieu � quelques sc�nes plut�t dr�les, mais la plupart des sc�nes ne sont pas passionnantes, tout �a n'est pas tr�s enlev�, et la construction de l'histoire s'av�re parfois bancale. On comprendra difficilement, et c'est un exemple parmi d'autres, qu'au tout dernier moment Dorante se r�v�le amoureux (plus ou moins) de Lucr�ce, la cousine de Clarice, alors qu'il l'avait jusque-l� � peine regard�e. le fait est que les conventions du th��tre fran�ais interdisaient qu'on montre un mariage non consenti par les deux fianc�s (le Dorante espagnol, en effet, se fait prendre � ses mensonges et coincer dans un mariage qui lui convient pas), et que Corneille a du s'y conformer, mais il aurait peut-�tre pu s'y prendre de fa�on plus fine. Voir Dorante retourner sa veste d'une seconde � l'autre sans motif laisse perplexe, tout de m�me... Et puis les quiproquos ne sont pas utilis�s � plein, on pourrait imaginer des situations plus embarrassantes, plus complexes, en un mot�: plus dr�les.

Le Menteur, une pi�ce qui se voulait, disons-le, un pur divertissement, me rappelle certaines com�dies sentimentales am�ricaines des ann�es cinquante, r�alis�es pour plaire � un grand public, qui fonctionnaient � l'�poque mais qui, aujourd'hui, se regardent avec peine�: �a manque de rythme, les acteurs ne sont pas bon, bref, c'est ennuyeux. Et la comparaison avec un Lubitsch ou un Capra n'arrange rien. Je ne comparerai cette com�die de Corneille � aucune autre, mais vous aurez saisi l'allusion�!


Challenge Th��tre 2017-2018
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Apr�s ses succ�s dans la trag�die, Corneille revient � la com�die, dans laquelle il avait commenc� par faire ses premi�res armes. La date des premi�res repr�sentations de cette pi�ce n'est pas connue avec pr�cision, elle pourrait se situer pendant la saison 1643-1644. Saison difficile pour le th��tre du Marais o� Corneille faisait repr�senter toutes ses pi�ces�: un incendie ravage le th��tre en janvier 1644. La pi�ce est imprim�e en octobre 1644.

La com�die, genre consid�r� comme moins noble que la trag�die, dans la classification des genres de l���poque, a mis plus de temps pour donner lieu � des pi�ces en cinq actes, susceptibles d'occuper le centre d'une matin�e th��trale. Les th�matiques, d'abord emprunt�es � l'Italie, le seront dans un deuxi�me temps � l'Espagne. Un certain nombre de pi�ces espagnoles sont adapt�es en fran�ais par divers auteurs�: Antoine le M�tel, Rotrou...Corneille va suivre le mouvement, et s'inspirer d'une pi�ce qu'il pense �tre de Lope de Vega, mais dont Juan de Alarcon r�clame la paternit�. Corneille a �t� enthousiasm� par cette pi�ce, au point d'�crire ��Le sujet m'en semble si spirituel et si bien tourn�, que j'ai dit souvent que je voudrais avoir donn� les deux plus belles que j'ai faites, et qu'il f�t de mon invention.��

Dorante, un jeune homme vient d'�tre autoris� par son p�re de quitter la carri�re juridique pour celle des armes. Il arrive � Paris, et tombe presque de suite amoureux d'une belle inconnue. Son valet doit d�couvrir qui elle est, mais se trompe de personne. Clarice, la belle inconnue, a donn� sa parole � Alcippe, l'ami de Dorante, mais le mariage peine � se conclure, et elle commence � envisager un autre soupirant. G�ronte, le p�re de Dorante voudrait qu'elle �pouse son fils. Elle voudrait le voir avant de d�cider. Dorante, n'identifiant pas Clarice avec sa belle inconnu, ne veut pas de ce mariage.

Mais Dorante, comme l'indique le titre de la pi�ce, a un d�faut, voire un vice. Il ment sans arr�t, raconte des histoires. Il le fait pour se sortir de mauvais pas, mais aussi par plaisir, d�s qu'une occasion s'offre � lui de se mettre en valeur. Nous suivons donc Dorante dans ses intrigues, ses mensonges. Qui risquent de l'amener � l'oppos� de ce qu'il voulait.

Corneille a gard� la trame complexe du r�cit, les conversations nocturnes sous les balcons, les identit�s confuses, les belles inconnues. Mais ses personnages sont bien des Fran�ais de son temps, avec leurs moeurs, leur fa�on de s'exprimer. Comme dans ses premi�res pi�ces. Il y a une certaines doses de pragmatisme, voire de cynisme chez ces jeunes gens, dont les amours m�me les plus violents peuvent toujours s'accommoder d'un autre partenaire, et pour qui la d�sirabilit� sociale est le premier crit�re. C'est moins personnel et original que certaines de ses com�dies pr�c�dentes, mais c'est ind�niablement tr�s efficace, et ces histoires compliqu�es de mensonges en s�rie, peuvent incontestablement donner lieu � des effets comiques plus forts sur une sc�ne.

Cette pi�ce a connu un tr�s grand succ�s � son �poque, et elle continue � �tre relativement jou�e encore maintenant.
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Le mensonge est un vilain d�faut sauf dans la com�die de Pierre Corneille que je n'attendais pas dans ce registre.
En 1644, il met en sc�ne "Le menteur" une pi�ce en vers bas�e sur un imbroglio.
Dorante vient d'arriver � Paris. Il est aux Tuileries avec son valet et confident Cliton. Il croise une jeune fille dont il s'�prend et comme tout menteur qui se respecte, il s'invente des exploits pour parader devant la belle ("Il aura cru sans doute, ou je suis fort tromp�e, que les filles de coeur aiment les gens d'�p�e ; et vous prenant pour telle, il a jug� soudain qu'une plume au chapeau vous pla�t mieux qu'� la main.").
Quand il cherche � conna�tre son nom il y a m�prise, il pense qu'elle s'appelle Lucr�ce alors qu'il s'agit de Clarisse, son amie. C�t� paternel, G�ronte veut le marier � Clarisse alors Dorante de rebelle, le fourbe va raconter une histoire rocambolesque en pr�tendant qu'il s'est d�j� mari� en province pour une question d'honneur. Ce passage-l� est vraiment dr�le et doit �tre impressionnant � voir jouer sur sc�ne.
Cela se complique encore lorsque Clarice a l'id�e de demander � Lucr�ce de donner un rendez-vous � Dorante en lui faisant croire qu'elle s'appelle Clarice.
Comme chez Moli�re se sont les ma�tres qui mentent pas les domestiques qui tentent plut�t d'arranger les choses et de d�m�ler les quiproquos.
Le fieff� menteur qu'est Dorante reste pourtant sympathique en s'emm�lant parfois dans ses mensonges car on pardonne toujours aux amoureux. Surtout, il faut des qualit�s pour �tre mythomane et comme dit le jeune homme : "Le ciel fait cette gr�ce � fort peu de personnes : il y faut promptitude, esprit, m�moire, soins, ne se brouiller jamais, et rougir encor moins."
J'ai donc appr�ci� les vers de Corneille qui sont jubilatoires. Il y a quand m�me un b�mol quand Clarice dit "Mon p�re a sur mes voeux une enti�re puissance" et Lucr�ce "Le devoir d'une fille est dans l'ob�issance.", cette soumission des jeunes filles grince � mes oreilles m�me si l'�poque y est pour quelques choses.
Cela reste une com�die fort plaisante.


Challenge Riquiqui 2023
Challenge Coeur d'artichaut 2023
Challenge Multi-d�fis 2023
Challenge Temps modernes 2023
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La com�die o� l'on se cause en vers a le charme des vieux meubles qui craquent. L'�loquence y est l�g�re et le rire int�rieur. le menteur sera-t-il puni, lui qui ne sait qu'inventer des sornettes pour se sortir de tous les gu�piers? Quand il tombe amoureux, sait-il bien de qui? Et sait-on si c'est vrai? Ses victimes tomberont-elles dans le panneau? D�couvriront-elles le pot aux roses? Si oui, quel conte notre fabulateur va-t-il encore bricoler pour retomber sur ses pattes? Sera-t-il au final l'arroseur arros�? Corneille ne r�pond pas tout � fait. Il ne bl�me pas m�chamment. Il laisse le menteur s'emp�trer dans ses contradictions. Peut-�tre m�me l'encourage-t-il. Il aurait pu tomber dans le moralisme s�v�re. Il lui pr�f�re l'amusement subtil. le lecteur lui en sait gr�.
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Citations et extraits (29) Voir plus Ajouter une citation
GERONTE. Je vous cherchais, Dorante.
DORANTE. Je ne vous cherchais pas, moi. Que mal � propos
Son abord importun vient troubler mon repos,
Et qu'un p�re incommode un homme de mon �ge!
GERONTE. Vu l'�troite union que fait le mariage,
J'estime qu'en effet c'est n'y consentir point
Que laisser d�sunis ceux que le Ciel a joint,
La raison le d�fend, et je sens dans mon �me
Un violent d�sir de voir ici ta femme,
J'�cris donc � son p�re, �cris-lui comme moi.
Je lui mande qu'apr�s ce que j'ai su de toi
Je me tiens trop heureux qu'une si belle fille,
Si sage, et si bien n�e, entre dans ma famille.
J'ajoute � ce discours que je br�le de voir
Celle qui de mes ans devient l'unique espoir,
Que pour me l'amener tu t'en vas en personne,
Car enfin il le faut, et le devoir l'ordonne,
N'envoyer qu'un valet sentirait son m�pris.
DORANTE. De vos civilit�s, il sera bien surpris,
Et pour moi je suis pr�t; mais je perdrai ma peine,
Il ne souffrira pas encor qu'on vous l'am�ne,
Elle est grosse.
GERONTE. Elle est grosse!
DORANTE. Et de plus de six mois.
GERONTE. Que de ravissements je sens � cette fois!
DORANTE
Vous ne voudriez pas hasarder sa grossesse ?
GERONTE. Non, j'aurai patience autant que d'all�gresse,
Pour hasarder ce gage il m'est trop pr�cieux.
A ce coup ma pri�re a p�n�tr� les Cieux,
Je pense en le voyant que je mourrai de joie.
Adieu, je vais changer la lettre que j'envoie,
En �crire � son p�re un nouveau compliment,
Le prier d'avoir soin de son accouchement,
Comme du seul espoir o� mon bonheur se fonde.
DORANTE, � CLITON. Le bonhomme s'en va le plus content du monde.
GERONTE, se retournant. �cris-lui comme moi.
DORANTE. Je n'y manquerai pas.
Qu'il est bon!
CLITON. Taisez-vous, il revient sur ses pas.
GERONTE. Il ne me souvient plus du nom de ton beau-p�re.
Comment s'appelle-t-il ?
DORANTE. Il n'est pas n�cessaire,
Sans que vous vous chargiez de ces noms superflus,
En fermant le paquet j'�crirai le dessus.
GERONTE. �tant tout d'une main il sera plus honn�te.
DORANTE. Ne lui pourrai-je �ter ce souci de la t�te ?
Votre main, ou la mienne, il n'importe des deux.
GERONTE. Ces nobles de province y sont un peu f�cheux.
DORANTE. Son p�re sait la cour.
GERONTE. Ne me fais plus attendre.
Dis-moi...
DORANTE. Que lui dirai-je ?
GERONTE. Il s'appelle ?
DORANTE. Pyrandre.
GERONTE. Pyrandre! tu m'as dit tant�t un autre nom;
C'�tait, je m'en souviens, oui, c'�tait Arm�don.
DORANTE. Oui, c'est l� son nom propre, et l'autre d'une terre,
Il portait ce dernier quand il fut � la guerre,
Et se sert si souvent de l'un et l'autre nom,
Que tant�t c'est Pyrandre, et tant�t Arm�don.
GERONTE. C'est un abus commun qu'autorise l'usage,
Et j'en usais ainsi du temps de mon jeune �ge.
Adieu, je vais �crire.

Acte IV, sc�ne IV
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Mais pour le voir ainsi qu'en pourrai-je juger ?
J'en verrai le dehors, la mine, l'apparence ;
Mais du reste, Isabelle, o� prendre l'assurance ?
Le dedans paro�t mal en ces miroirs flatteurs ;
Les visages souvent sont de doux imposteurs :
Que de d�fauts d'esprit se couvrent de leurs gr�ces,
Et que de beaux semblants cachent des �mes basses !
Les yeux en ce grand choix ont la premi�re part ;
Mais leur d�f�rer tout, c'est tout mettre au hasard :
Qui veut vivre en repos ne doit pas leur d�plaire,
Mais sans leur ob�ir, il doit les satisfaire,
En croire leur refus, et non pas leur aveu,
Et sur d'autres conseils laisser na�tre son feu.
Cette cha�ne, qui dure autant que notre vie,
Et qui devrait donner plus de peur que d'envie,
Si l'on n'y prend bien garde, attache assez souvent
Le contraire au contraire, et le mort au vivant ;
Et pour moi, puisqu'il faut qu'elle me donne un ma�tre,
avant que l'accepter je voudrais le conna�tre,
Mais conna�tre dans l'�me.
Clarice : Quoi ! Vous avez donc vu l'Allemagne, et la guerre ?

Dorante : Je m'y suis fait quatre ans craindre comme un tonnerre.

Cliton : Que va-t-il lui raconter ?

Dorante : Et durant ces quatre ans / Il ne s'est pas fait combats, ni si�ges importants, / Nos armes n'ont jamais remport� de victoires, / O� cette main n'ait eu bonne part � la gloire, / Et m�me la Gazette a souvent divulgu�....

Cliton, le tirant par la basque : Savez-vous bien, Monsieur, que vous extravaguez ?

Dorante : Tais-toi.

Clinton : Vous r�vez, dis-je, ou....

Dorante : Tais-toi, mis�rable.

Clinton : Vous venez de Poitiers, ou je me donne au Diable, / Vous en rev�ntes hier.

Dorante, � Clinton : Te tairas-tu, maraud ?
� Clarice : Mon nom dans nos succ�s s'�tait mis assez haut / POur faire quelque bruit, sans beaucoup d'injustice, / Et je suivrais encore un si noble exercice, / N'�tait que l'autre hiver faisant ici ma Cour / Je vous vis, et je fus retenu par l'amour.
CLITON
Certes, vous dites vrai, j'en juge par moi-m�me,
Ce n'est point mon humeur de refuser qui m'aime,
Et comme c'est m'aimer que me faire pr�sent,
Je suis toujours alors d'un esprit complaisant.

DORANTE
Il est beaucoup d'humeurs pareilles � la tienne.

IV,1
CLARICE
De le croire � l'aimer la distance est petite,
Qui fait croire ses feux fait croire son m�rite,
Ces deux points en amour se suivent de si pr�s,
Que qui se croit aim�e aime bient�t apr�s.

IV,9

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Vid�o de Pierre Corneille
Lecture par l'auteur
Rencontre anim�e par Marie-Madeleine Rigopoulos
� Ce livre est un ensemble de nouvelles autobiographiques, class�es par �ge de la vie, de la petite enfance � aujourd'hui. Ces nouvelles sont souvent, pas toujours, des m�saventures dans lesquelles j'�prouve peur et honte, qui me sont assez naturelles et me donnent paradoxalement l'�nergie d'�crire. Sc�nes de g�ne ou de honte, sc�nes de culpabilit�, sc�nes charg�es de remords et de ridicule, mais aussi sc�nes, plus rares forc�ment, de pur bonheur, comme celle qui donne son nom au livre, C�lidan disparu : personnage � la fois pusillanime et enflamm� d'une pi�ce de Corneille que j'ai jou�e � mes d�buts d'acteur, dont je d�couvris lors de l'audition pour l'obtenir, qu'il me r�v�lait � moi-m�me, et faisait de moi un acteur heureux. �
Denis Podalyd�s
� lire � Denis Podalyd�s, C�lidan disparu, Mercure de France, 2022.
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