Eh ben, il s'est pas trop foul� sur ce coup-l�, le P�re
Corneille... On est en 1644, il commence � avoir du m�tier (d�j� douze pi�ces dans sa musette), il sait ce qui pla�t, donc il pond sans trop se fatiguer une com�die qui va contenter un large public. Je ne lui en veux pas d'avoir recherch� un succ�s facile, mais bon, presque quatre si�cles plus tard, la chose a perdu de son int�r�t. Certes, c'est dr�le par moments, mais c'est aussi ennuyeux en bien d'autres endroits. Et la mise en sc�ne pourrait en partie pallier les d�fauts, mais il se trouve que j'ai vu cette com�die jou�e par une troupe qui, � mon sens, manquait pas mal d'inventivit�. Pas de chance pour moi�!
Sc�nario classique, tir� d'une pi�ce espagnole. Car oui, au XVII�me, en France, on adaptait beaucoup les pi�ces espagnoles ou italiennes, quand on ne reprenait pas en partie celles de compatriotes. Donc, rien d'exceptionnel ici. Sc�nario classique, donc, avec en vedette un jeune homme, Dorante, tout frais arriv� de Poitiers � Paris, qui pour se faire valoir aupr�s des dames, de ses amis, ou encore pour se tirer d'un mauvais pas, invente mensonge sur mensonge. Il s'�prend (plus ou moins) de Clarice, qui le lui rend bien (enfin, plus ou moins), bien qu'elle soit sur le point (plus ou moins) de se fiancer � Alcippe. de mensonge en mensonge, de quiproquo en quiproquo, la pi�ce nous m�ne, cahin-caha, vers un double mariage final.
Les mensonges de Dorante donnent lieu � quelques sc�nes plut�t dr�les, mais la plupart des sc�nes ne sont pas passionnantes, tout �a n'est pas tr�s enlev�, et la construction de l'histoire s'av�re parfois bancale. On comprendra difficilement, et c'est un exemple parmi d'autres, qu'au tout dernier moment Dorante se r�v�le amoureux (plus ou moins) de Lucr�ce, la cousine de Clarice, alors qu'il l'avait jusque-l� � peine regard�e. le fait est que les conventions du th��tre fran�ais interdisaient qu'on montre un mariage non consenti par les deux fianc�s (le Dorante espagnol, en effet, se fait prendre � ses mensonges et coincer dans un mariage qui lui convient pas), et que
Corneille a du s'y conformer, mais il aurait peut-�tre pu s'y prendre de fa�on plus fine. Voir Dorante retourner sa veste d'une seconde � l'autre sans motif laisse perplexe, tout de m�me... Et puis les quiproquos ne sont pas utilis�s � plein, on pourrait imaginer des situations plus embarrassantes, plus complexes, en un mot�: plus dr�les.
Le Menteur, une pi�ce qui se voulait, disons-le, un pur divertissement, me rappelle certaines com�dies sentimentales am�ricaines des ann�es cinquante, r�alis�es pour plaire � un grand public, qui fonctionnaient � l'�poque mais qui, aujourd'hui, se regardent avec peine�: �a manque de rythme, les acteurs ne sont pas bon, bref, c'est ennuyeux. Et la comparaison avec un Lubitsch ou un Capra n'arrange rien. Je ne comparerai cette com�die de
Corneille � aucune autre, mais vous aurez saisi l'allusion�!
Challenge Th��tre 2017-2018