Lydia défie les banques avec un compte courant rémunéré
Lydia, qui avait conquis 8 millions d’utilisateurs avec sa solution de virements instantanés gratuits, s’est depuis diversifié en proposant des produits bancaires comme des crédits ou des comptes épargne. Elle se focalise sur ces nouveaux services avec une nouvelle application : Sumeria, qui remplace «Lydia Comptes».
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04:01« Je te fais un Lydia ». L’application de paiement change de braquet en ce printemps 2024. La néobanque se lance pleinement dans la banque en ligne et ambitionne de se développer en Europe. Elle peut ainsi pleinement être qualifiée de « néobanque », comprendre : une banque en ligne qui n’est pas une filiale d’un grand groupe (Boursorama dépend de Société Générale, Fortuneo du Crédit Mutuel Arkéa…).
Un virage bancaire entamé dès 2016
Ce virage bancaire avait déjà été bien entamé. Dès 2016, soit trois ans après son lancement, Lydia lançait des cartes de crédit connectées à son application. Deux ans plus tard, elle a lancé une offre de crédit à la consommation. Puis en 2021, elle s’est mise à proposer un compte d’épargne rémunérée en s’associant avec Cashbee, une autre fintech (pour « technologie de la finance », le terme employé pour parler de ces start-ups). De nouvelles activités « plus ou moins fructueuses », a concédé à l’AFP le président de Lydia Solutions (le nom complet de l’entreprise) Cyril Chiche.
Mais l’entreprise souhaite persévérer dans cette diversification, et c’est dans le cadre de cette multiplication des services proposés, qu’elle avait décidé début avril de scinder ses activités dans deux applications distinctes. Les usagers ont ainsi vu subitement leur traditionnelle appli Lydia renommée « Lydia Comptes » sur leur smartphone. C’est elle, qui concentre les services bancaires et vient à nouveau d’être renommée Sumeria.
Pour ceux qui ne seraient guère intéressés par ces services, et qui appréciaient Lydia simplement pour ses virements instantanés et gratuits entre utilisateurs, une autre application spécialement dédiée est disponible sur l’App Store et le Play Store : simplement baptisée « Lydia ».
Convertir ses 8 millions d’utilisateurs
Mais l’enjeu pour Lydia Solutions est bien de réussir à convertir à ses nouveaux services ses quelque 8 millions d’utilisateurs revendiqués, en grande partie des jeunes, qu’elle avait attirés avec sa solution pratique et innovante. Pour cela, elle annonce notamment la création d’un compte courant rémunéré. « Si Sumeria est votre compte courant, pour vos dépenses personnelles, de couple, ou les deux, alors vous allez recevoir des intérêts sur tout votre argent, 4 % les quatre premiers mois, puis 2 % », vend l’entreprise.
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Objectif donc, concurrencer directement les banques, qu’elles soient en ligne ou traditionnelles. Cette offensive s’inscrit dans un contexte de stabilisation du secteur des néobanques. Dans la dernière édition de son étude « Quels seront les services et modèles de la banque de demain ? » parue fin avril, la société de consulting Colombus Consulting notait une « diminution du nombre de nouveaux clients ». Mais il faut dire que la croissance que ce secteur des néobanques a connue entre 2019 et 2021 était particulièrement importante. Des sociétés comme Revolut, N26, ou Nickel se sont véritablement imposées et ont pris des parts de marché aux banques traditionnelles, au même titre que Lydia.
À la conquête de l’Europe
Mais cette dernière se distingue : selon Colombus Consulting, elle « elle est la néobanque la plus connue en France », et « continue de gagner à la fois en notoriété et en parts de marché ». Pour continuer de croître, l’entreprise a prévu d’investir 100 millions d’euros et d’embaucher 400 personnes en trois ans avec l’objectif d’atteindre dans ce délai 5 millions de clients monétisés.
Et ce n’est pas tout. Lydia entend s’exporter en dehors de la France. « On a pour objectif de devenir la première banque européenne d’ici 2030 », a déclaré à l’AFP Antoine Porte cofondateur de Lydia, qui vise d’abord l’Allemagne comme première étape de son expansion européenne.