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Qui est derrière Dealabs, la plateforme devenue incontournable pour faire de bonnes affaires ?

Alimentée par des internautes, la plateforme recense une kyrielle de bons plans en ligne et en magasin. Créée par deux cousins alors qu'ils étaient étudiants, elle fête ses 10 ans en octobre 2021.

Hugues (à gauche) et Médéric de Buyer-Mimeure, les cofondateurs de Dealabs.
Hugues (à gauche) et Médéric de Buyer-Mimeure, les cofondateurs de Dealabs. (Pepper France SASU)

Par Chloé Marriault

Publié le 8 oct. 2021 à 07:02Mis à jour le 13 févr. 2023 à 16:19

Juin 2020. C'est la cohue devant un Lidl des Yvelines. Des centaines de personnes attendent de pied ferme l'ouverture du magasin. L'objet de toutes les convoitises : une PlayStation 4 vendue à 95 euros au lieu de 300. Les gendarmes interviennent pour disperser la foule. De peur que la situation dégénère face à l'afflux d'acheteurs, l'enseigne préfère retirer les consoles de jeux de la vente.

L'offre devenue virale avait été mise en ligne la veille sur Dealabs. Cette plateforme communautaire permet à des particuliers de partager les bons plans qu'ils ont dénichés en ligne ou en boutique. Dix ans après sa création, elle rassemble une communauté de plus d'1,5 million d'inscrits.

Des promos dans tous les secteurs

Le site a été créé en 2011 par deux cousins, Hugues et Médéric de Buyer-Mimeure. A l'époque, Hugues, 22 ans, est étudiant à l'école d'ingénieur Télécom Saint-Etienne. Médéric, lui, a 19 ans et fait une licence en comptabilité et gestion à Versailles. Amateurs de jeux vidéo, ils vont souvent sur le site britannique Hotukdeals, qui permet aux internautes de partager leurs bons plans.

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Le duo a une idée : créer l'équivalent en France. « On n'avait aucune compétence en développement, alors, on a posté une annonce sur un site de freelances pour que quelqu'un nous crée un site, raconte Hugues de Buyer-Mimeure. Des sociétés du monde entier nous ont fait des offres, et on s'est tourné vers une boîte indienne pas chère du tout. »

C'est ainsi qu'est mis en ligne Dealabs en octobre 2011. Un smartphone à -30 %, un abonnement internet à -70 % la première année, une perceuse à -40 %, un bon de réduction de 20 euros pour une commande de courses dès 50 euros d'achat… On y trouve de tout.

Pour faire le tri parmi les offres, un système de votes a été mis en place. Les internautes votent positivement s'ils jugent qu'un « deal » est intéressant, et inversement. Plus celui-ci a de points positifs, et plus il remonte sur les premières pages du site. Les utilisateurs inscrits peuvent aussi les commenter pour donner leur avis.

Deux ans d'activité en parallèle de leurs études

Au départ, les cousins passent tout leur temps libre à chercher des offres à partager sur leur site. « Un an plus tard, des gens ont commencé à partager les bons plans qu'ils repéraient. Dès lors, on a arrêté de chercher des offres nous-mêmes pour se dédier à la modération. On vérifiait que toutes celles qu'on nous proposait étaient fiables et intéressantes », détaille Hugues de Buyer-Mimeure.

Avec les études, le rythme est difficilement tenable. Courant 2012, ils quittent leurs cursus avant d'être diplômés pour se consacrer à leur projet. Car ils croient dur comme fer au modèle économique qu'ils ont imaginé. Pas de pub, mais un système d'affiliation. Ils nouent des partenariats avec certains marchands et prestataires pour obtenir une commission lorsque les internautes achètent en passant par Dealabs.

Ce système leur permet, fin 2013, d'embaucher un premier modérateur. « On ne s'était pas versé de salaire pendant deux ans pour mettre des économies de côté en vue de recruter », explique Hugues de Buyer-Mimeure. En parallèle, le duo participe à la création du groupe Pepper. Ils s'associent à d'autres fondateurs de sites équivalents à l'étranger (dont le créateur de Hotukdeals), pour mutualiser certaines ressources - notamment le développement web.

Des achats opportunistes

Depuis, la plateforme n'a cessé de grandir. En 2020, Dealabs a réalisé un chiffre d'affaires de 6,5 millions d'euros. 70 % de cette somme provient de l'affiliation. Le reste, des emplacements sponsorisés sur la page d'accueil du site. « Lorsqu'un deal reçoit de nombreux votes positifs, on propose au marchand de payer pour avoir sa promo en une du site pendant 12 ou 24 heures », explique le cofondateur.

Avec pléthore de prix cassés, Dealabs n'inciterait-elle pas à surconsommer ? En créant ce site, les entrepreneurs voulaient avant tout « donner un maximum d'informations au consommateur pour qu'il puisse prendre la bonne décision d'achat ». « Ces promotions permettent aux gens de pouvoir aller, avec le même budget, vers des produits plus haut de gamme », se défend Hugues de Buyer-Mimeure.

Il est toutefois lucide. « Certains se laissent tenter et d'autres achètent en masse dans l'unique but de revendre. On le voit avec des bons plans à -70 %, où certains se vantent en commentaire d'avoir acheté dix exemplaires d'un produit. » Il assure que lorsque son équipe voit ce genre de commentaires, ces derniers sont supprimés. Comment lutter contre ce phénomène ? Difficile à dire. Pour lui, cela revient plutôt aux marchands, qui peuvent mettre des quotas, tandis que la plateforme, qui ne fait que rediriger ses utilisateurs sur les sites de vente en ligne, n'est pas en mesure de le faire.

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Treize modérateurs

L'entreprise basée à Lyon dénombre aujourd'hui 46 salariés. Parmi eux, treize modérateurs. « La clé du succès de Dealabs : une communauté très active et un contenu qualitatif, avance Hugues de Buyer-Mimeure. Il faut que les gens puissent commander les yeux fermés. On reçoit entre 400 et 500 deals par jour, qu'on vérifie manuellement. Un tiers est refusé, généralement parce que l'offre a déjà été mise en ligne ou parce que le site n'est pas fiable. »

Un travail qui paye : le site enregistre désormais 3,6 millions de visiteurs uniques par mois en moyenne. « Nous sommes rentables depuis plusieurs années et autofinancés », souligne Hugues de Buyer-Mimeure. Les prochains chantiers ? Simplifier la navigation sur le site et développer les sections les moins alimentées - le bricolage notamment.

Chloé Marriault

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