Barbara à réécouter

Le Temps des lilas

Dix ans après sa disparition, la parution du coffret, le Temps du lilas, revient sur les premiers émois de la dame brune de la chanson française. Quatre disques sortis des archives Radio France, avec en prime d’authentiques inédits et tout autant de versions rares. Indispensable pour tout amateur de musiques.

C’était il y a un demi-siècle. Barbara publiait son premier 45-tours en 1957. Officiellement. Car la chanteuse avait déjà 27 ans, et quelques scènes derrière elle. Dont celle de l’Ecluse, en 1956, comme le rappelle Méfie-toi, une chanson enregistrée pour l’émission radiophonique La Vie Parisienne sur Paris Inter. C’est l’un des huit inédits que l’on découvre avec stupeur et émerveillement au gré de ces quatre disques… Tout comme cette sublime version du J’ai ta main de Trenet. Sans parler des versions rares, enregistrées à la radio ou prises dans le vif de la scène, certaines avant même d’être gravées dans la cire.

L’Ecluse, LE cabaret de la Rive gauche, elle y était déjà passée, elle y reviendra deux ans plus tard, en deviendra l’égérie au début des années 60, comme en témoignent nombre de plages qui permettent de revenir essentiellement sur les dix premières années de celle qui restera pour l’éternité une personnalité sans équivalent dans le paysage sonore français.

Quatre heures de musique, peuplées de tous ses morceaux de bravoure mais aussi de pièces moins entendues, un coffret agrémenté d’un beau choix de photos et d’un beau texte de Stéphane Ollivier… Tout ce travail éditorial, qui compile des passages radiophoniques et des témoignages scéniques entre 1956 et 1973, mais aussi quelques extraits d’entretiens donnés au fil de sa carrière, on le doit à Karine Le Bail et Philippe Tétard.

Fidèles à leur démarche d’enquête dans les méandres de l’histoire radiodiffusée, les deux producteurs des Greniers de la mémoire, l’émission de France Musique, ont fouillé dans la mémoire de la Maison de la radio et de l’INA, pour en dégoter de formidables archives, dépoussiérées et restaurées avec soin, qui disent combien Barbara manque en ces jours d’hiver.

Grâce à eux, la voilà revenue, la voilà, cette satanée mélancolie du temps du lilas. Comme en ce soir de récital de Carpentras, en 1973, avec les accents graves de Roland Romanelli à l’accordéon et toujours accompagnée de ces torrents d’applaudissements qui qualifiaient chacun de ses concerts. Barbara, espiègle, entière, entêtée, entêtante, une voix comme on en croise si peu dans une vie. Dis, quand reviendras-tu ?

Barbara le Temps du lilas (Le Chant du monde/Harmonia Mundi) 2007