Retour sur une décennie d'Ada Hegerberg à l'OL

Retour sur une décennie d'Ada Hegerberg à l'OL

Arrivée en 2014, Ada Hegerberg vous raconte ses 10 années à l'Olympique Lyonnais. Une interview long format pleine d'émotion et d'ambition.

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Olympique Lyonnais
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Ada Hegerberg signe sa prolongation avec Michele Kang et Vincent Ponsot.

Sa nouvelle vie à Lyon (2014)

"Je me souviens, je suis venue avec mon petit livre de mots français, j'avais très envie d'apprendre vite car j'étais consciente de l'importance d'une bonne intégration pour pouvoir performer, bien vivre au sein de l'équipe, de la ville et dans le pays. Il faut trouver l'équilibre entre s'adapter et garder sa propre culture et ses propres valeurs. Au début, je vivais dans un tout petit appartement, mais je vivais ma meilleure vie. Camille Abily venait me chercher tous les jours pour m'emmener à l'entraînement et moi j'avais des étoiles dans les yeux. On avait vraiment un très très bon groupe qui a su mettre en place une intégration au top.”

Sa première saison à l'OL (2014/2015)

“Je me souviens très bien de mon arrivée à l'OL, c'était un été magique. J'avais l'innocence d'une jeune fille et on voit que j'avais des étoiles plein les yeux mais j'avais déjà de l'ambition. Je me suis sentie à la maison depuis le premier jour. Je suis arrivée en tant que petite fille et je suis devenue une femme. Dès la première saison, j'étais tellement bien intégrée dans l'équipe et je commençais déjà à me développer au niveau que je souhaitais. Cette équipe était magique, il y avait vraiment de bonnes joueuses. Durant ma première année ici, on a eu un petit échec qui était de ne pas être allées plus loin en Ligue des Champions, mais sinon on a fait un sans-faute cette saison. J'ai vraiment travaillé dur pour m'impliquer dans l'équipe et ça a très bien marché dès le début. C'était vraiment un plaisir d'intégrer cette équipe. J'ai compris assez vite que c'était un groupe exceptionnel avec des joueuses de très haut niveau. Il y avait des cultures différentes, je pense que c'est ça aussi qui a fait notre équipe. Je suis fière d'être venue aussi jeune et de faire partie d'une histoire aussi grandiose"

Sa première Ligue des Champions (Wolfsburg vs OL, 2016)

"La première finale gagnée est spéciale. Il y a tellement de choses qui se sont passées sur cette finale. Le premier but que je marque (12e minute) est magnifique grâce au bon travail de Pauline Bremer et après c'est vrai que je loupe mon pénalty. Quand j'étais jeune c'était ça aussi mon esprit, je ne me posais pas de question donc quand c'était la séance des tirs au but, j'ai dit que j'avais envie de frapper en première. Je n'avais pas peur des conséquences et je pense que c'est ça qui m'a permis de ne pas me mettre de limite mais c'est vrai que tu es un peu innocente et naïve quand tu es plus jeune. Je me souviens aussi qu'après les filles me disaient : “ne t'inquiète pas Ada, on va le faire même si tu as raté”. Je me souviens aussi de Lotta Schelin qui me disait : “t'inquiète, on va le faire”, et on l'a fait. C'était un rêve et je savais que ça allait être dur de la gagner. C'est une sensation exceptionnelle. Tu arrives à comprendre l'importance de ça avec le temps car quand tu es jeune tu as vite envie de te projeter sur la prochaine donc tu savoures un peu différemment mais avec les années j'ai appris l'importance de gagner un trophée comme ça. Mais la première, c'est quelque chose que je n'oublierai jamais parce que ça a vraiment lancé tout le travail réalisé derrière. Je n'ai jamais lâché depuis, ça m'a donné envie de continuer."

La première Ballon d'Or (2018)

"Un grand moment pour moi personnellement mais aussi pour le club et l'équipe. Ca récompense le travail de toute une équipe car c'est impossible de gagner un Ballon d'Or sans avoir une équipe qui brille. Les filles savent aussi que c'est grâce au travail de toute l'équipe. Je me souviens que je l'ai su quelques semaines avant et je me posais plein de questions. Être une femme dans le sport aujourd'hui, ça impose des challenges différents. Les footballeuses affrontent des choses qui ne sont pas seulement sur le terrain et ça demande beaucoup de courage pour affronter ces épreuves. Heureusement et malheureusement, c'est aussi notre responsabilité aujourd'hui de faire en sorte qu'on laisse notre sport dans de meilleures conditions. Il faut des femmes qui croient en elles-mêmes qui veulent travailler dur pour prendre notre place un jour. Donc ce premier Ballon d'Or, c'était pour elles, pour la nouvelle génération."

Son 4e titre européen (OL vs Barcelone, 2019)

“Marquer un triplé en finale de Ligue des Champions, franchement, c'est un des moments les plus fous de ma carrière. Je n'arrive même pas à le décrire. Le premier but que je marque dans ce match, c'est un truc que je travaille avec mon père depuis toute petite. Faire un sprint et garder sa vitesse, faire un bon contrôle et enchaîner vite. On a répété ça pendant des années donc réussir ça en finale et marquer un triplé, c'est un truc incroyable. A cette époque-là on enchaînait les Ligue des Champions, tout le travail qu'il fallait, le talent et l'esprit d'équipe, c'est très rare et je dirais presque qu'on en parle pas assez. Ce qui a été fait c'est historique. De temps en temps, pendant la saison ou pendant l'intersaison, je regarde ces matchs parce que ça me nourrit pour la suite.”

L'influence de son père, Stein Erik Hegerberg

“Mon père a été exceptionnel dans la façon de regarder le côté technique. On faisait toujours des séances d'une heure car on savait qu'il nous fallait une heure pour avoir la meilleure qualité possible. Si on continuait plus longtemps, la qualité n'était pas aussi bonne donc on faisait toujours une heure de séance technique. On faisait ça tout le temps, même pendant les vacances, à Noël et même quand je suis venue à l'OL on a continué. Ce sont ces petits détails qui m'ont permis de me développer et d'améliorer mon jeu. Les buts que je marque aujourd'hui sont aussi grâce à ces détails que je travaille depuis toute petite avec mon père. Il m'a vraiment donné quelque chose de plus dans ma carrière.”

625 jours sans jouer (2019/2021)

"Tout le monde vit des moments difficiles dans sa carrière. Moi, j'ai eu presque toute une carrière sans blessure avant que je me blesse au genou et ma fracture de fatigue au tibia qui a été très difficile à gérer. Je repense à cette époque avec beaucoup de fierté parce que j'ai prouvé que j'étais une joueuse de très haut niveau pour revenir. Il fallait beaucoup de courage et il fallait aussi les bonnes personnes autour de moi. Ca n'aurait jamais été possible sans ma famille, mes amis, mon mari, mes agents. J'ai toujours cru à mon retour. C'est assez fou car il y a eu tellement de moments difficiles et j'ai su rebondir avec beaucoup de travail et de la détermination. Je suis de nature  impatiente mais j'ai vraiment appris des choses sur moi et mon mental, et aujourd'hui je m'en sers beaucoup. C'est une période que j'aurais aimé éviter mais en même temps ça m'a permis d'apprendre des choses que je n'aurais jamais appris ailleurs. Avoir le courage et la discipline de revenir au haut niveau, c'est presque plus beau qu'un trophée.

Sa 6e Ligue des Champions (Barcelone vs OL, 2022)

"Cette soirée-là, c'était l'euphorie totale. Je pense que c'était l'une des plus grandes soirées du football féminin. La finale était tellement belle. Je n'ai pas connu une intensité aussi élevée. Il y avait un stade plein avec beaucoup de supporters de Barcelone. Il y avait eu des phrases mal placées avant cette finale, nous les joueuses on reste concentrées sur le terrain, mais je pense qu'il y a beaucoup de gens qui ont oublié le palmarès du club avant ce match. Ce qui était beau, c'est que nous, on était préparées, on connaissait nos qualités avant ce match mais il fallait un petit rappel. Revenir à la compétition et être récompensée par ce trophée, c'est magique. C'est une de mes plus belles expérience. Ce qu'on a montré ce jour-là, c'est inoubliable. C'est un groupe exceptionnel. Quel match, honnêtement quelle finale. L'intensité, le niveau technique, l'enjeu, revenir et prouver qu'on était la meilleure équipe européenne. Mais ça ne se fait pas tout seul, il y a eu du travail. Quand je regarde ces images je vois aussi toute la souffrance et ce qu'il fallait donner pour en arriver là. J'ai été émue aussi parce que je voyais Mr Aulas, notre président pendant des années, dans les tribunes. Je ne serais pas où je suis maintenant sans lui. Grâce à lui, on a pu construire sans doute la meilleure équipe mondiale pendant tellement longtemps. Je ne vais jamais oublier la chance qu'il m'a donnée de pouvoir jouer ici aussi longtemps. Il a été une grande figure dans ma carrière. Je tiens aussi à le remercier car c'était une époque inoubliable."

Prolongation de contrat (2024)

“Lyon c'est ma maison, j'étais obligée de rester. J'avais dit à mon mari : “en fait je ne me vois pas ailleurs”. C'est vrai que c'est la première fois dans ma carrière ici que ça a un peu duré mais depuis le début je me suis toujours vue à Lyon. C'est ma ville. Michele Kang est très ambitieuse. C'est une nouvelle ère avec une femme très “badass”. Je tiens aussi à la remercier de croire en moi. On sent que c'est une femme qui a envie d'apporter un plus, de changer la dynamique dans le football et qui veut aller au sommet avec cette équipe. Je pense qu'on a des beaux trophées à aller chercher. On a vraiment du potentiel, j'ai envie de continuer à jouer mon meilleur football ici. Je suis arrivée ici j'étais une jeune fille et je suis devenue une femme. Lyon restera toujours ma maison même après ma carrière. Je suis très très heureuse de pouvoir rester et pouvoir travailler dur pour aller chercher plusieurs trophées. Il faut donner et je suis prête à tout donner encore pour mon club.”

 

 

Photos : Lyubomir Domozetski / Stéphane Guichon / Damien LG

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