Charlotte des Essarts (v. 1580-1651), dite « Mademoiselle de La Haye », puis « Madame des Essarts, « Madame du Hallier » et « la maréchale de L’Hôpital », est le fille François des Essarts, baron de Sautour, et de Charlotte de Harlay-Champvallon. En 1602, elle se rend Outre-Manche, en compagnie de son parent, Christophe de Harlay, seigneur de Beaumont, ambassadeur du roi de France à la cour de Londres jusqu’en 1607, avec qui elle entretient une liaison amoureuse1. Sa beauté la fait remarquer d’Henri IV, qui en fait, à son tour, sa maîtresse et dont elle a deux filles, Jeanne-Baptiste de Bourbon (1608-1670), abbesse de Fontevraud en 1637, et Marie-Henriette de Bourbon (1609-1629), abbesse de Chelles.
Devenue comtesse de Romorantin, Charlotte des Essarts entame une nouvelle relation avec Louis de Lorraine (1575-1621), cardinal de Guise, archevêque de Reims, dont elle a cinq enfants : Charles Louis de Lorraine-Guise (v. 1610-1668), évêque de Condom en 1659, qui prétend ses parents secrètement mariés2 ; Achille de Lorraine (1615-1648), comte de Romorantin, qui épouse Anna-Maria zu Salm-Neuviller et trouve la mort à Candie, au service de la république de Venise, au cours d’un engagement contre les Turcs ; Henri de Lorraine (1620-1668), dit « le chevalier de Lorraine » ; Louise de Lorraine (1621-1652), qui épouse, en 1639, Claude Pot de Rhodes et Charlotte de Lorraine, abbesse de Saint-Pierre de Lyon3.
Dès 1628, Richelieu relève sa propension à l’intrigue4.
Le 4 novembre 1630, elle épouse François de L’Hôpital (1583-1660), seigneur du Hallier, gouverneur de Vitry-le-François, qu’elle suit en Lorraine, en particulier en 1636, date à laquelle Louis XIII et Richelieu relèvent ses initiatives intempestives5. À la même époque, son fils cadet, Henri, gagne les Pays-Bas espagnols pour s’installer auprès du duc d’Orléans, à Bruxelles6.
Après la signature, par Louis XIII et par le duc Charles IV de Lorraine, du traité de Saint-Germain-en-Laye (29 mars 1641), alors que son mari est gouverneur de Nancy, Madame du Hallier et son fils puîné, le chevalier de Lorraine, interfèrent encore dans les relations entre le roi très chrétien et son turbulent voisin7.
Elle décède le 11 juillet 16518.
Texte 631,
Citer ce billet
Marie-Catherine Vignal Souleyreau (2023, 18 juin). Essarts (Charlotte des, Madame du Hallier). Correspondance et papiers d'État du cardinal de Richelieu. Consulté le 3 avril 2024, à l’adresse https://doi.org/10.58079/tqj4
- Antoine Adam – éd. -, Tallemant des Réaux : Historiettes, Paris, Gallimard, 1960, 2 volumes, coll. Bibliothèque de la Pléiade, t. 1, p. 759. [↩]
- Joseph Bergin, The Making of The French Episcopate (1589-1661), New-Haven & London, Yale University Press, 1996, p. 662. [↩]
- Voir Antoine Adam – éd. -, Tallemant des Réaux : Historiettes, ouvrage cité, tome 2, p. 980. [↩]
- Richelieu à Marie de Médicis, 30 avril 1628, dans Denis-Louis-Martial Avenel – éd. -, Lettres, instructions diplomatiques et papiers d’État du cardinal de Richelieu, Paris, Imprimerie Nationale, 1853-1877, en 8 volumes, Collection des documents inédits de l’histoire de France, t. III, p. 93. [↩]
- Richelieu à Louis XIII, et réponses de ce dernier, 21 juin 1636, original publié en ligne, texte 631. [↩]
- Henri de Lorraine écrit à ce sujet à sa mère pour solliciter son autorisation – le courrier est conservé parmi les papiers de Richelieu, qui l’a intercepté – au Ministère des Affaires étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Correspondance politique Lorraine, volume 29, fol. 648-649. Il est accompagné d’une seconde missive, de son frère aîné Charles Louis, à leur mère, original conservé au Ministère des Affaires étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Correspondance politique Lorraine, volume 29, fol. 644-64. [↩]
- Denis-Louis-Martial Avenel – éd. -, Lettres, instructions diplomatiques et papiers d’État du cardinal de Richelieu, ouvrage cité, tome VII, p. 288 et p. 883. [↩]
- Antoine Adam – éd. -, Tallemant des Réaux : Historiettes, ouvrage cité, tome 2, p. 983. [↩]