Air France-KLM : Florence Parly vers la présidence du conseil d'administration | Les Echos
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Air France-KLM : Florence Parly vers la présidence du conseil d'administration

L'ex-ministre des armées, Florence Parly, devrait succéder à Anne-Marie Couderc à la présidence du conseil d'administration d'Air France-KLM lors de la prochaine assemblée générale, en mai 2023. La direction opérationnelle du groupe restera sous la responsabilité de Ben Smith.

Ministre des armées de 2017 à 2020, Florence Parly a également passé plusieurs années chez Air France.
Ministre des armées de 2017 à 2020, Florence Parly a également passé plusieurs années chez Air France. (Chang Martin/SIPA)

Par Bruno Trévidic, Anne Bauer

Publié le 29 juin 2022 à 15:21Mis à jour le 29 juin 2022 à 17:00

Huit ans après avoir claqué la porte d'Air France pour partir à la SNCF, puis au gouvernement, Florence Parly, 59 ans, devrait revenir par la grande porte en 2023, pour prendre la présidence du conseil d'administration d'Air France-KLM.

Selon nos informations, qui recoupent celles de «La Tribune», l'ex-ministre des armées d'Emmanuel Macron, qui n'avait pas souhaité rester au gouvernement d'Elisabeth Borne, devrait succéder à Anne-Marie Couderc , 72 ans, à l'occasion de la prochaine assemblée générale du groupe, en mai 2023, avec l'appui de son principal actionnaire, l'Etat français. La direction opérationnelle du groupe restera confiée à l'actuel directeur général, Ben Smith, dont le mandat a été reconduit pour cinq ans en début d'année.

L'avis de l'HATPV

Avant d'être soumise au vote des actionnaires, la nomination de Florence Parly devra néanmoins obtenir le feu vert de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) et rejoindre le conseil d'administration du groupe en tant que simple administrateur.

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A priori, ses anciennes fonctions de ministre des armées ne devraient pas soulever de conflit d'intérêts, si ce n'est le fait que son mari, Martin Vial, a largement participé à l'élaboration des grandes décisions stratégiques d'Air France-KLM, et notamment à ses dernières opérations de recapitalisation, en tant que président de l'Agence des participations de l'Etat (APE). Un poste qu'il vient toutefois de quitter , ce qui devrait contribuer à dégager la voie pour la nomination de son épouse.

Une longue expérience chez Air France

A l'appui de sa candidature, Florence Parly peut faire valoir une longue expérience au sein de la compagnie tricolore. Entrée chez Air France en 2006, à la direction de la stratégie des investissements, après une première partie de carrière dans la politique, au service du Parti socialiste, Florence Parly y a occupé deux fonctions majeures : d'abord directrice de la branche cargo, de 2009 à 2013, puis du réseau court moyen courrier, jusqu'à son départ négocié en 2014. Deux postes particulièrement difficiles à l'époque.

En tant que directrice de la branche cargo, elle avait dû appliquer un plan drastique de réduction de la flotte d'avions tout cargo, au profit d'un recentrage sur le transport de fret dans les soutes des avions passagers. Une stratégie destinée à réduire les pertes de la branche, mais dont Air France-KLM a pris le contrepied lors de la crise du covid , qui a remis au goût du jour le fret aérien et les avions-cargos.

Départ sur fond de divergences stratégiques

Florence Parly avait ensuite hérité d'une autre source de pertes colossales - le réseau court et moyen-courrier - avec, là encore, la lourde tâche de mener une énième restructuration. Mais les plans de la directrice générale adjointe d'Air France s'étaient heurtés à ceux du PDG de Hop, la filiale régionale d'Air France, Lionel Guérin, qui avait d'autres ambitions pour le réseau court-courrier, ainsi qu'à l'opposition du syndicat de pilotes SNPL. Le différent s'était soldé par le départ de Florence Parly à la SNCF, en tant que directrice générale déléguée, ce qui avait été assez peu apprécié au sein d'Air France. Une polémique avait d'ailleurs surgi à l'époque sur le montant de ses indemnités de licenciement.

Son passage à la SNCF ne sera toutefois que de courte durée, puisqu'en juin 2017, Florence Parly devient ministre des armées du gouvernement d'Edouard Philippe, avec la mission, plus confortable, de rattraper le retard d'investissement pris au cours du précédent quinquennat. Une prise de fonction qui obligera son mari, pendant tout son mandat à la tête de l'APE, à ne pas intervenir dans tous les dossiers concernant des entreprises du secteur de l'armement.

Une nomination surprise aux Armées

Nommée à sa propre surprise à la tête du ministère des Armées, à la suite de la démission de Sylvie Goulard du poste en raison des enquêtes de la justice sur le financement du Modem, Florence Parly, ex-secrétaire d'Etat au budget du gouvernement de Lionel Jospin, s'est révélée être une excellente alliée des militaires.

Ses connaissances budgétaires lui ont permis de tenir le cap de la loi de programmation militaire, sans en dériver d'un iota, une performance dans ce ministère longtemps sacrifié à l'aune des politiques sociales. « Je suis devenue une experte des chausse-trappes de Bercy », reconnaissait la ministre avant son départ en évoquant cinq années de lutte pour porter le budget des Armées de 32 à 41 milliards d'euros.

Faute de succès militaires, comme en témoigne le triste retrait des troupes de Barkhane au Mali, elle a fortement contribué à la remise en route de l'industrie de défense française et à ses succès à l'exportation. Elle a ainsi enregistré en cinq ans un record de contrats négociés d'Etat à Etat pour un montant total de 65 milliards d'euros. Enfin, la ministre s'est investie dans la relance de l'aéronautique militaire pendant la crise du Covid pour aider des entreprises comme Airbus à passer la crise. L'ancienne ministre des Armées, qui était dans le même courant politique que le ministre des affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, connaît ainsi parfaitement bien le milieu aéronautique et les fournisseurs d'Air France, avec qui elle a négocié des dossiers compliqués : disponibilité des hélicoptères, indemnités sur les A400M, …

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Précise, patiente, et obsédée par la « mise en oeuvre », Florence Parly n'a aucun goût pour les effets de manche. Au point de paraître trop effacée et timide. Toutefois, en situation de conflit, elle monte à l'attaque sans prévenir et avec détermination. Le très policé secrétaire général de l'Otan s'en souvient encore. Habitué à éteindre les conflits avec les Turcs, il n'avait pas réussi à passer sous silence les intimidations militaires menées par la Turquie en Méditerranée contre la frégate française Courbet.

Bruno Trévidic et Anne Bauer

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