Leclerc : dans les coulisses de l’Express Drive
Leclerc met les bouchées doubles sur le picking en magasin. L’enseigne, qui s’est toujours montré distante vis-à-vis du modèle du cybermarché national du type Auchandirect, Ooshop (Carrefour) ou Houra (Cora), croit en revanche dur comme fer au e-commerce rattaché à un magasin. Après les tests menés en solo par des adhérents, Leclerc vient de dévoiler son projet d’envergure nationale : l’Express Drive. Le 1er septembre, l’hyper de Roques-sur-Garonne (31) a donné le coup d’envoi. L’adhérent toulousain n’est autre que Pascal Payraudeau, pilote national de l’Express Drive.
Pas de livraison à domicile
Conçu par Infomil, la filiale informatique de Leclerc, l’Express Drive fonctionne sur le principe du retrait des commandes en magasin. Pas de livraison à domicile. Un choix risqué alors que la plupart des sites concurrents (voir notre article en pages suivantes) associent retrait en magasin et livraison. Michel-Edouard Leclerc s’en explique : « La livraison à domicile n’est pas compatible avec les prix bas ou alors vous perdez de l’argent. Aujourd’hui, les frais de livraison sont pris en charge pour moitié par le magasin. En alimentaire, la livraison à domicile restera une micro-niche. Elle suppose une clientèle à fort pouvoir d’achat et un certain degré d’indifférence aux prix de vente. » En contrepartie de l’absence de livraison, le service de préparation des commandes est gratuit et les prix sont les mêmes qu’en magasin.
Les clients peuvent effectuer leurs commandes sur Internet () et via les 8 bornes tactiles installées sur le parking. Pascal Payraudeau le reconnaît lui-même, le magasin a vu trop grand. 4 bornes auraient suffi. 80 % des commandes (représentant 92 % du CA) sont effectuées par Internet contre 15 % via les bornes sur le parking et 5 % via les écrans installés dans la surface de vente. Ces derniers permettent aux clients de commander parmi 250 références de produits lourds ou volumineux (packs d’eau, pet-food, sacs de terreau, etc.), lesquels sont déposés directement dans le coffre de leur voiture au point de retrait.
Réserves dédiées
L’assortiment de l’Express Drive comprend près de 3 000 références (marques nationales et Marque Repère) : épicerie, DPH, surgelés et produits frais (y compris des produits traditionnels : pain, fruits et légumes, pâtisseries, etc.). « Les produits frais rencontrent un grand succès auprès des internautes. La baguette de pain figure dans le top 10 des meilleures ventes », souligne Didier Giry, directeur du Leclerc de Roques-sur-Garonne. L’offre a été élargie aux gros conditionnements : sachets de pâtes de 5 kg, bidons d’huile de 5 l, sacs de couscous de 25 kg, etc. L’assortiment va rapidement grimper à 4 000 codes. « Nous voulons étoffer l’offre en produits frais traditionnels, en surgelés, en vins fins, en alcools et en frais LS. Cette dernière catégorie est sur-performante par rapport aux ratios de l’hypermarché », détaille Didier Giry.
A noter que l’Express Drive dispose de sa propre zone de réserves. Les préparateurs ne circulent donc pas en surface de vente pour la constitution des commandes. Au niveau de la centrale Socamil, l’Express Drive est enregistré et livré comme un magasin à part entière, distinct de l’hyper.
100 Leclerc d’ici 4 ans
Trois mois après le démarrage, Pascal Payraudeau est satisfait des premiers résultats. L’Express Drive accueille 200 clients par jour contre 110 prévus. « 54 % d’entre eux sont de nouveaux clients, dont la majorité résident dans notre zone de chalandise proche de l’hypermarché », complète Didier Giry. Le Centre Leclerc estime donc avoir à la fois regagné d’anciens clients perdus et pris sur la concurrence. Le panier moyen est de l’ordre de 65 €, soit un CA quotidien moyen de 12 800 €. Le seuil de rentabilité est estimé à 3,5 M€ de CA annuel mais Pascal Payraudeau vise le double. L’investissement total est de l’ordre de 500 000 €. L’activité emploie 15 personnes, la plupart embauchées pour l’occasion. L’enseigne compte déployer l’Express Drive dans une centaine de Leclerc d’ici 4 ans. En 2008, il sera implanté à Blagnac, St-Orens, Albi, Montauban, Gaillac et Arcachon.