Bruno Le Maire va défendre son plan d’économies au Parlement, première étape pour un retour à l’équilibre budgétaire… en 2032 - Le Parisien

Bruno Le Maire va défendre son plan d’économies au Parlement, première étape pour un retour à l’équilibre budgétaire… en 2032

Le ministre de l’Économie et des Finances va défendre son plan d’économies de 10 milliards d’euros devant les commissions des finances du parlement. Première étape alors que la croissance diminue, que les rentrées fiscales sont en baisse et que le déficit public sera au-delà de l’objectif de 4,9 % en 2023.

Bruno Le Maire va défendre son plan d'économies devant les députés et sénateurs. LP/ARNAUD JOURNOIS
Bruno Le Maire va défendre son plan d'économies devant les députés et sénateurs. LP/ARNAUD JOURNOIS

    Deux semaines après l’annonce d’un plan d’économies de 10 milliards d’euros, Le Maire et Thomas Cazenave se soumettent ce mercredi aux questions des députés et sénateurs sur ces vastes coupes dans le budget de l’État. Le ministre de l’Économie et des Finances et son collègue délégué aux Comptes publics sont attendus à 15 heures devant la commission des Finances de l’Assemblée nationale, puis à 17 heures devant celle du Sénat.

    Ce plan d’économies a été acté par décret plutôt que via un projet de loi de finances rectificative (PLFR) qui aurait obligé le gouvernement à soumettre ces dix milliards de coupes à l’approbation du Parlement, un exercice périlleux à l’heure où le camp présidentiel ne dispose que d’une majorité relative à l’Assemblée nationale. « Un coup de rabot massif et aveugle décidé sur un coin de table à Bercy », s’était indigné fin février le spécialiste du budget Charles de Courson (groupe Liot).

    « Refroidir la machine »

    Selon Bruno Le Maire dans un entretien au Monde, le déficit public sera « significativement au-delà des 4,9 % » en 2023, soit l’objectif fixé par le gouvernement, en raison de moindres rentrées fiscales ». Dans le même temps, il a martelé vouloir réduire la dépense publique, d’où l’annonce récente de 10 milliards de coupes budgétaires en 2024 qui « ne sont pas un coup de rabot mais un frein d’urgence ». L’objectif est de ramener le déficit à 4,4 % du PIB en 2024, 3 % en 2027 avant de viser un budget à l’équilibre en 2032. « Réduire les seules dépenses de l’État à hauteur de 10 milliards d’euros est une première étape. Nous le faisons sans remettre en cause les grandes politiques publiques défendues par le président de la République : l’environnement, l’éducation, la santé, le travail voient leurs budgets augmenter depuis 2017 », se justifie-t-il en précisant : « Je vous rassure, on est très loin de l’austérité quand on est à 58 % de dépenses publiques dans le PIB ! Il y a 496 milliards d’euros de dépenses de l’État par an, nous faisons une économie de 10 milliards : on va s’en remettre ».

    « À un moment donné, il faut simplement refroidir la machine, parce que la croissance subit les conséquences du nouvel environnement géopolitique et que les recettes fiscales diminuent. Quand on gagne moins, on dépense moins », ajoute-t-il dans le quotidien. Le gouvernement a été obligé d’abaisser sa prévision de croissance à 1 % pour 2024, contre 1,4 % dans le budget initial.

    D’autres étapes à venir

    Il a prévenu que cette baisse des dépenses n’était qu’une première étape, avant un possible « projet de loi de finances rectificative à l’été, si nécessaire », puis la nécessité de trouver au moins 12 milliards d’euros d’économies supplémentaires en 2025. Il plaide aussi pour la suppression de tous les Cerfa d’ici à 2030 mais aussi pour une reprise en main définitive de l’assurance-chômage par l’État. « Il est indispensable de poursuivre les réformes de structure. Une réforme de l’assurance-chômage est nécessaire pour atteindre le plein-emploi, le Premier ministre Gabriel Attal a raison de le rappeler. Nous gardons une durée d’indemnisation la plus longue parmi les pays développés : dix-huit mois. La responsabilité des partenaires sociaux, ce sont les salariés. La responsabilité de l’État, ce sont tous ceux qui sont au chômage. Pour ma part, je considère que l’État devrait reprendre la main sur l’assurance-chômage de manière définitive », précise-t-il.

    Reste que certaines coupes à venir risquent de faire grincer des dents. Si Bruno Le Maire affirme qu’il se refuse à des augmentations des impôts, la coupe de certaines dépenses sociales pourrait être moins bien acceptée dans l’opinion publique. « Gouverner, c’est savoir renoncer à certaines dépenses secondaires pour financer des dépenses prioritaires. Je crois à un Etat fort mais pas à un Etat qui se disperse qui finance tout et devient une pompe à fric. Est-il possible de continuer à dépenser 5,7 milliards d’euros par an pour le transport médical des patients ? Comment éviter la dérive sur les dépenses liées aux affections de longue durée tout en continuant à protéger les patients ? »