Bakaka� - Witold Gombrowicz - Babelio
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EAN : 9782207163474
Deno�l (15/05/2024)
3.79/5   38 notes
R�sum� :
"Aujourd'hui, en relisant ces nouvelles lointaines, je me dis : h�! c'est pourtant riche, �a vibre de courts-circuits surprenants, de visions inattendues, comme �a p�tille d'humour et de jeux ! J'en conviendrai donc, ce plasma douteux que j'avais en moi a p�n�tr� dans le livre - mais non pour s'y r�pandre comme une mar�e puante, non, pas du tout ! Pour briller au contraire de toutes les couleurs de l'arc-en-ciel, pour scintiller d'humour, pour s'ennoblir de po�sie e... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
J'ai enfin trouv� un ouvrage de Witold Gombrowicz que j'aime ! C'est son recueil de nouvelles bakaka�. J'y ai trouv� quelques histoires qui m'ont assez plu, ce qui �tait assez attendu � ou inesp�r�, selon le point de vue � apr�s que j'aie lu trois ou quatre des romans de l'auteur polonais. C'�tait moins une� Je ne les avais pas d�test� mais disons qu'ils ne me donnaient pas l'envie de continuer � d�couvrir l'auteur. Je le dois seulement � mon ent�tement. Ce recueil commence en force avec le danseur de maitre Kraykowski. le narrateur, apr�s une br�ve altercation dans la queue d'une billeterie de l'op�ra (il a essay� de d�passer, d'�viter la queue), suit l'individu qui l'a remis � sa place. Un stalker avant l'heure� Il apprend qu'il s'agit de maitre Kraykowski. Il le retrouve au caf� et � divers endroits et, pour prouver qu'il n'est pas une moins que rien, essaie de rivaliser en commandes (hors d'oeuvre, caviar, poularde, dessert, liqueurs�). Jusqu'o� ira-t-il ? Assez dr�le, surtout que j'imaginais deux ou trois personnes de ma connaissance dans cette situation�

Puis vient M�moires de Stefan Czarniecki. Jeune homme mal-aim� par son p�re, aux origines maternelles troubles (juives), peu aim� � l'�cole m�me s'il est un enfant soign� et exemplaire. Pour prouver � tous qu'il est autant Polonais qu'eux, il s'enr�le dans l'arm�e et, surprenamment, il survit. Un m�lange de r�alisme et de romantisme. � son retour, tout ce pourquoi il avait il avait jusqu'alors v�cu � �tait tomb� en poussi�re �. La finale est profonde.

Les autres nouvelles sont d'un tout autre registre, assez cocasses mais plus ou moins �gales. Je ne les ai pas toutes appr�ci�es autant mais elles m'ont au moins diverti. Meurtre avec pr�m�ditation est sans doute la meileure de celles-l�, � mon avis. C'est l'histoire d'un avou� qui se rend chez les K. pour liquider une affaire d'h�ritage et qui se met � suspecter la famille d'avoir achev� le patriarche. Plusieurs p�rip�ties comiques.

Le festin chez la comtesse Fripouille. �trange mais encore dans la limite de l'appr�ciable. le d�nouement m'a surpris, je me rappelle avoir pens� � Tout �a pour en arriver � cette finale absurde ? � Les derni�res nouvelles commencent � se perdre dans ma m�moire. Je ne les ai pas trouv� aussi bien, �a, c'est certain. L'�tranget� est l�, parfois un peu trop. On voit le potentiel des oeuvres plus tardives de l'�crivain. Mais, moi, quand une histoire devient trop bizarre, quand le style l'emporte sur l'intrigue, quand cette derni�re n'est qu'au service d'une philosophie trop inaccessible, je d�croche. Dans bakaka�, c'�tait tol�rable, toujours selon mon humble avis qui vaut bien ce qu'il vaut, c'est-�-dire celui d'un simple amateur.
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Ce volume contient toutes les nouvelles �crites par Gombrowicz. La plupart de ces textes sont des textes de jeunesse, le danseur du ma�tre Kraykovski est ainsi �crit en 1926, c'est le premier texte qui satisfait son auteur et qu'il ne d�truit pas. Un certain nombre d'autres r�cits sont ainsi r�dig�s jusqu'en 1933, Gombrowicz a essay� en vain de les publier dans des revues, et c'est finalement gr�ce au soutien financier de son p�re, que 8 de ces r�cits sont publi� sous forme de livre. Dans la foul�e, il �crit d'autres r�cits, certains publi�s dans des revues, n�anmoins il n'en �crira presque plus apr�s avoir quitt� la Pologne en 1939, juste deux nouvelles verront le jour ensuite, une en 1946 et une autre en 1953. Il faudra attendre 1957, l'�poque d'un certain d�gel politique en Pologne, pour une nouvelle parution des nouvelles de Gombrowicz, il profitera de cette parution pour faire quelques modifications dans les textes, et en int�grer des nouveaux, qui n'ont encore parus que dans des revues. C'est aussi � cette date qu'il choisit le titre bakaka�, n'ayant aucune signification en lui-m�me et provenant de la d�formation du nom d'une rue dans laquelle il a habit� en Argentine. La parution fran�aise quand � elle date de 1967.

Etant donn� leur nombre, je ne vais parler que de quelques uns qui m'ont le plus frapp�s.

Le danseur du ma�tre Kraykovski : dans ce r�cit, le personnage principal, se fait rudement remettre � sa place alors qu'il tente d'acheter son billet sans faire la queue par le ma�tre Kraykovski du titre. A partir de ce moment, il se met � suivre l'avocat, lui envoyer des fleurs, des cadeaux, et m�me de favoriser ses amours ; ces activit�s devenant sa seule raison d'�tre. La fin est particuli�rement d�sopilante, mais bien s�r je ne la raconterai pas. C'est peut �tre le seul texte franchement dr�le, o� les aspects malsains et d�rangeants, propres � Gombrowicz sont les moins pr�sents. Mais n'oublions pas que c'est son premier texte.

Meurtre avec pr�m�ditation : le narrateur est un juge d'instruction. Il doit se rendre pour des raisons personnelles chez une de ses connaissances. Or il s'av�re que cet homme est mort la nuit qui a pr�c�d�e l'arriv�e du juge. Malgr� l'�tat du corps, qui indique d'une fa�on �vidente une mort naturelle, notre juge d�cide d'enqu�ter, et trouve de plus en plus d'indices qui lui rendent cette mort suspecte, et pour cela n'h�site pas � terroriser les domestiques et la famille du d�funt.

Virginit� : l'h�ro�ne de cette nouvelle, une jeune fille, se fait agresser � coup de brique par un vagabond. Cet �v�nement la perturbe et lui fait voir la vie sous un nouveau jour. Au point qu'elle se met � poser � son fianc� d'�tranges questions, et qu'elle commence � manifester des envies plus qu'�tranges�..

Le festin chez la comtesse Fritouille : la comtesse du titre a l'habitude d'offrir des d�jeuners litt�raires tr�s courus, le vendredi, donc (pour ceux qui l'ignorent) sans viande. Notre h�ros, qui n'a pas la chance d'avoir une ascendance aristocratique, est tout heureux d'�tre invit� � ce repas �litiste. Mais le jour o� se d�roule le r�cit les choses ne se passent pas comme d'habitude, les invit�s sont peu nombreux, et le repas mis�rable, et pendant ce dernier, notre narrateur d�couvre que le cuisinier, pour r�galer les invit�s trichait all�grement avec l'interdiction d'utiliser la viande dans ses pr�parations, et que pris sur le fait, il a du rectifier le tir, d'o� le peu d'invit�s. Et qui plus est, ces invit�s ne se comportent pas du tout comme � l'accoutum�e, et leur comportement devient totalement incontr�lable lorsqu'un certain plat appara�t sur la table.

D�s ses premiers textes, Gombrowicz s'ing�nie � tout d�molir, la religion, la famille, la culture, l'aristocratie, l'arm�e�.C'est f�roce et dr�le, enfin pas toujours, car tout de m�me tr�s malsain, avec un mauvais esprit absolu, et un univers qui se d�compose � chaque page. Il vaut mieux �tre pr�venu, car ce genre de textes peut vraiment choquer, et c'est un des buts de l'auteur, il adorait vraiment que ses textes provoquent des r�actions indign�es. Mais le probl�me, c'est qu'ils touchent juste, m�me s'ils donnent une image gu�re flatteuse de l'esp�ce humaine. Il ne s'agit pas de textes r�alistes, psychologisants, c'est paroxysmique, outr�, monstrueux. Et les grands th�mes propres � l'auteur sont d�j� en germe dans ces textes, maturit�-immaturit�, la forme, l'�rotisme (enfin dans un sens tr�s particulier), les relations interpersonnelles dans la d�finition d'un individu.

J'ai �t� comme toujours sous le charme de l'�criture de Gombrowicz qui joue en virtuose de tous les niveaux du langage, qui cr�e des n�ologismes, qui s'amuse � utiliser des mots et des expressions archa�ques, ou tir�s de langues �trang�res. Cela dit, je ne sais pas ce que cela donne en traduction, il faudrait que je le lise un jour en fran�ais pour voir, mais il est � mon avis plus que difficile � traduire, m�me s'il a particip� � certaines traductions de son oeuvre en fran�ais.

Ce n'est par ces textes que je conseillerais de commencer � d�couvrir son oeuvre, mais lorsqu'on a comme moi lu pratiquement tout ce qu'il a �crit, c'est un vrai bonheur de savourer ces r�cits.
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Gombrowicz est juste ce qu'il faut de tar�, de d�cal� pour que je puisse croire que toutes ces histoires soient vraies alors qu'impossibles. Et m�me il me fait croire que c'est lui-m�me qui les a v�cues. Quel que soit le personnage qu'il dessine, pour moi, c'est toujours le m�me. Ce qui ne cesse d'�tre "perturbant" tout au long de ces diff�rentes nouvelles. "Perturbant" comme je l'aime. Rien n'est tout � fait exceptionnel, mais tout me sonne bon. Entre un Dosto�evski pour les aspects explosions de folie � tout moment, et les surr�alistes ou Pennac, Vian, Queneau et quelques autres pour le d�calage grotesque parfois. Gombrowicz est Polonais. Et �a (ne) se sent (pas). (In)volontaire. Je ne veux pas le savoir.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Je remarquai de bonne heure que mon p�re �vitait comme le feu le contact de ma m�re. Pis encore, il �vitait sa vue et, quand il lui parlait, il regardait en g�n�ral de c�t� ou s'examinait les ongles. Rien de plus triste en son genre que ce regard obstin�ment baiss�. Parfois, cependant, il la regardait en biais, avec les marques d'un d�go�t sans bornes. [...] Et comment dans ces conditions expliquer mon existence? Comment �tais-je venu au monde? Je pense qu'on m'avait con�u dans une sorte de contrainte, les dents serr�es, en faisant violence � l'instinct - autrement dit, je suppose que mon p�re a lutt� un certain temps contre son d�go�t au nom du devoir conjugal (il pla�ait plus haut que tout son honneur viril) et qu'un b�b�, moi, a �t� le fruit de cet h�ro�sme.
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Rien de plus artificiel que les descriptions de jeunes filles et les comparaisons recherch�es que l'on forge � cette occasion. Les l�vres comme des cerises, les seins comme des boutons de rose... Oh, s'ils suffisait d'acheter chez le marchand quelques fruits et l�gumes! Et si une bouche avait vraiment le go�t d'une cerise m�re, qui pourrait tomber amoureux? Qui se laisserait tenter par un baiser r�ellement doux comme une friandise?
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- [...] Notre langue est cent fois plus riche que la fran�aise, qui passe cependant pour la plus accomplie. Que dit le fran�ais? �Petit�, �petiot�, �tr�s petit�, tout au plus. Tandis que nous, [Polonais], quelle richesse : �maly�, �malutki�, �maluchny�, �malusi�, �malenki�, �malenieczki�, �malusienki�, et ainsi de suite.
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L'amour! quelle charmante, quelle incompr�hensible absurdit�! Pincer et repenser, et m�me prendre dans ses bras, combien de choses cela implique! Bah, je sais maintenant � quoi m'en tenir, je vois la secr�te parent� de cela avec la guerre : � la guerre aussi il s'agit de pincer et de repenser, ou de saisir dans ses bras. [...]
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Je suis n� et j'ai grandi dans une maison tr�s respectable. C'est avec �motion que je me reporte vers toi par la pens�e, � mon enfance ! Je revois mon p�re, un bel homme de haute stature dont tous les d�tails du visage, le regard, les traits, les cheveux grisonnants, t�moignaient d'une bonne et noble race. Je te revois aussi, m�re, aust�rement v�tue de noir, avec pour seul bijou de larges boucles d'oreilles anciennes. Je me revois enfin moi-m�me, petit gar�on grave et pensif, et j'ai envie de pleurer sur mes espoirs d�truits.
Le seul point noir, peut-�tre, de notre vie familiale �tait que mon p�re d�testait ma m�re. Je m'exprime mal en disant qu'il la d�testait : c'est plut�t qu'il ne pouvait pas la supporter. Pourquoi ? Je n"ai jamais pu le comprendre et l� commence le myst�re dont les t�n�bres m'ont conduit, dans mon �ge m�r, � une catastrophe int�rieure. Que suis-je en effet devenu ? Un voyou, ou mieux encore une ruine morale. Par exemple, en baisant la main d'une dame, je la mouille de salive, apr�s quoi je sors vite mon mouchoir de poche, je dis : " Oh, excusez-moi " et j'essuie.

Videos de Witold Gombrowicz (10) Voir plusAjouter une vid�o
Vid�o de Witold Gombrowicz
Witold Gombrowicz : Entretiens avec Gilbert Maurice Duprez (1967 / France Culture). Diffusion sur France Culture du 14 au 20 janvier 1970. Photographie : L'�crivain polonais Witold Gombrowicz (1904-1969), portrait dat� de 1967. - Sophie Bassouls/Sygma/Sygma via Getty Images. Ces entretiens avec le grand �crivain polonais, disparu en 1969, ont �t� enregistr�s en 1967 et diffus�s pour la premi�re fois du 14 au 20 janvier 1970. Witold Gombrowicz a enregistr� cette s�rie d'entretiens avec Gilbert Maurice Duprez en juin 1967 alors qu'il venait de se voir d�cerner le prix international de litt�rature "Formentor". Plut�t que d'y voir une tentative d'ex�g�se de son �uvre par lui-m�me, il faut plut�t consid�rer ces entretiens comme une suite d'esquisses en vue d'un autoportrait que l'on pourrait intituler : Witold Gombrowicz par Witold Gombrowicz. L'�crivain polonais est mort en 1969 des suites d'une grave affection cardiaque. Gombrowicz n�a jamais pu jouir pleinement du succ�s de son �uvre, notamment � l��tranger. C�est en France, gr�ce notamment au vif succ�s des repr�sentations du "Mariage" au th��tre R�camier en 1964 et de "Yvonne Princesse de Bourgogne" au th��tre de France en 1965, que son �uvre trouve l�un des retentissements les plus rapides. Polonais mais antipatriote visant une forme d�universalit� humaine, il �tait important pour Gombrowicz que son �uvre d�passe les fronti�res de son pays. Witold Gombrowicz : � Mon histoire est celle-ci : j'ai quitt� la Pologne en 1939, apr�s j'ai pass� vingt-trois ans en Argentine, puis apr�s une ann�e � Berlin je me suis �tabli ici, � Vence, � cause de ma sant� qui n'est pas tr�s bonne. Exil� ? Oui, premi�rement je suis un exil� politique � cause du r�gime communiste en Pologne, mais aussi dans un sens spirituel. C'est-�-dire que je veux �tre un �crivain universel et d�passer ma situation particuli�re de Polonais, m�me je ne voudrais pas �tre un �crivain europ�en. Ma philosophie est de d�passer la nation. Je suis dans un certain sens un antipatriote. � Gr�ce � ces entretiens, enregistr�s en juin 1967, soit un an et demi avant sa mort, on d�couvre un Gombrowicz certes fatigu�, � la voix enrou�e, mais toujours plein de la vivacit� intellectuelle et de cette lucidit� presque d�concertante qui irrigue son �uvre. Posant un regard critique sur la soci�t� et notre fa�on d��tre au monde, on y d�couvre un Gombrowicz qui ex�cre beaucoup de ses contemporains et la litt�rature moderne en g�n�ral, d�clarant la guerre � Joyce ou au nouveau roman, dont la forme trop complexe brouille toute possibilit� d�une vraie exp�rience de lecture. Ces enregistrements sont des ressources rares et pr�cieuses qui permettent aux auditeurs et auditrices d�entrevoir les mouvements intimes de l�un des esprits les plus excentriques et fascinants de la litt�rature europ�enne du XXe si�cle.
Source : France Culture
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