Prix des billets d’avion : ce qu'il faut savoir avant de réserver | Les Echos Start
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Prix des billets d’avion : ce qu'il faut savoir avant de réserver

Selon les légendes urbaines, les prix des billets d'avion descendraient le mardi soir sur internet et augmenteraient pour un internaute qui répète souvent la même recherche. Faut-il vraiment croire toutes les idées reçues autour de la tarification du transport aérien ? Les Echos START fait le point pour vous.

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Beaucoup d'idées reçues circulent sur les prix des billets d'avion. On vous démêle le vrai du faux. (Shutterstock)
Publié le 8 mars 2019 à 15:00Mis à jour le 11 mars 2019 à 09:47

# Un algorithme fait monter et descendre en permanence les prix des vols

FAUX. Les prix des billets d'avion sont fixés par un humain, qui s'appuie sur des données fournies par une machine, selon les principes du yield management (management de rendement en français).

"C'est une pratique qui consiste à faire varier les prix en fonction d'un tas de critères, dont le taux de remplissage et la concurrence. On ne fait pas varier un prix individuellement mais on fixe des gammes de prix en fonction des services vendus. Ces gammes de prix sont fixées par un yield manager, qui s'appuie sur des outils compilant des données sur l'historique de vente. Il anticipe les évolutions, et le prix augmente en général à l’approche de la date du vol, suivant le taux remplissage", explique Pascal Niffoi, qui a cofondé la société de conseils en yield management N&C, après avoir travaillé 10 ans dans ce secteur, dont longtemps chez Air France.

# Plus on effectue la même recherche, plus les prix augmentent

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FAUX. Une des légendes les plus répandues concernant les prix des billets d'avion est que plus un internaute effectue des recherches sur un trajet, plus il verra s'afficher un prix élevé. Ce phénomène reposerait sur l'IP tracking, qui permet de savoir qu'une personne a beaucoup visité un site ou effectué une même recherche.

"C'est une pratique déloyale et ce n’est accepté nulle part sur cette planète. En tout cas, la première compagnie aérienne qui serait prise la main dans le sac se verrait dans une très mauvaise position", rassure John-Lee Saez, directeur général du comparateur de prix Kayak. Une intuition confirmée par Pascal Niffoi : "j'ai travaillé pour 7 ou 8 compagnies et je n'ai jamais vu un tel processus", assure-t-il.

D'ailleurs, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) et de la CNIL ont mené l'enquête en 2014 et ont conclu que les sociétés de vente à distance ne prenaient pas en compte l'adresse IP des internautes pour faire varier les prix.

# Le prix d'un même vol a tendance à baisser le mardi soir

FAUX. Si vous êtes un voyageur régulier, on vous a sûrement déjà conseillé cette technique : attendre le mardi soir pour réserver, parce que les prix descendraient brusquement. "Cette croyance est vieille et repose sur le fait qu'historiquement les compagnies aériennes pouvaient faire baisser le prix du billet le mardi en fonction des réservations du week-end", explique Jonathan Sepulchre, growth manager à Skyscanner.

"Qu'un yield manager décide de baisser le prix d'un billet à un moment donné, ça peut arriver, par exemple s'il avait mal anticipé la demande. Mais chacun a un portefeuille d'environ 6.000 vols qu'il monitore de façon constante. Du côté du prix fixé par les compagnies aériennes, il n'y a donc aucune logique à ce que les prix baissent en particulier à un horaire dans la semaine", assure Pascal Niffoi.

Il n'y a donc pas de raison pour que le prix du vol que vous convoitez soit plus attractif le mardi soir. (Vous jurez que vous avez trouvé des bons deals aux "heures creuses" ? On vous explique pourquoi dans le point suivant).

# Certains prix varient à la minute près en fonction du trafic sur les sites de réservation

VRAI. La légende du mardi soir repose également sur une autre croyance : celle que les prix s'adapteraient en temps réel en fonction notamment du trafic sur les sites internet. Du côté de Kayak, John-Lee Saez affirme que les chiffres que le comparateur a agrégés au fil des années montrent bien des fluctuations de ce type : "on sait par exemple que le mardi soir, le mercredi et le samedi sont de bons jours pour trouver un bon deal. Et on a remarqué que notre pic de trafic est le lundi à 10h du matin. Tout le monde se connecte en même temps en arrivant au bureau, et à ce moment-là les prix ne sont pas si attractifs."

En réalité, les compagnies aériennes - pour la plupart - ne pratiquent pas une tarification en direct en fonction du trafic sur son site de réservation. En revanche, c'est une pratique courant chez les agences de voyage en ligne qui revendent des billets. Ce sont leurs frais de dossiers qui varient en fonction de l'heure. C'est même une autre des conclusions de l'enquête de la DGCCRF et la CNIL.

Si vous ne cherchez pas un vol directement sur le site d'une compagnie mais plutôt une option de vol sur un comparateur, en étant flexible sur l'horaire par exemple, le prix le plus bas affiché pourra donc bien être plus bas le mardi, le mercredi, ou encore au milieu de la nuit.

# Il vaut mieux vérifier les prix souvent et attendre que ça baisse plutôt que réserver longtemps en avance

FAUX. Non, non et non : tous les experts affirment que la meilleure technique pour payer son billet moins cher est de le réserver le plus tôt possible. Les prix vont crescendo en fonction du remplissage.

"Si vous réussissez à trouver un bon deal au dernier moment, c'est de la chance", assure John-Lee Saez de Kayak.

# Réserver un aller-retour revient forcément moins cher que seulement un aller

FAUX. “Dans la grande majorité des cas, un billet aller-retour est souvent très compétitif parce que vous leur garantissez un remplissage”, explique Jonathan Sepulchre de Skyscanner.

Mais attention, cette règle n'est pas systématique. Les compagnies aériennes ne vendent pas juste un trajet mais un service. Et dans certains cas, le service A/R peut revenir plus cher. "C'est le cas par exemple pour certains vols rapides en semaine. Si vous faites un Paris-Francfort du mardi au jeudi, certaines compagnies peuvent considérer qu'il s'agit d'un aller-retour pour des raisons de business et vous serez dans des gammes de prix plus hautes que dans d'autres combinaisons", développe Pascal Niffoi.

# Certaines routes seront systématiquement moins chères que d'autres

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VRAI. Si vous êtes flexible sur l'aéroport de départ ou l'aéroport d'arrivée, vous pouvez trouver des prix beaucoup plus avantageux sur certaines routes. "Par exemple, si vous voulez aller en Amérique latine, vous aurez tout intérêt de prendre d'abord un vol low-cost depuis un aéroport secondaire jusqu'à Madrid, puis un long courrier depuis Madrid avec une autre compagnie", affirme Jonathan Sepulchre.

Cela repose sur la combinaison de plusieurs facteurs : d'une part plus une route est emprunté, plus les compagnies proposera les vols bon marché car la concurrence est importante et la demande élevée. En ce qui concerne les compagnies low-cost pour les courts trajets, elles vous font passer par des aéroports secondaires car ceux-ci appliquent des taxes moins élevées. Et enfin, pour les trajets plus longs les compagnies ont plutôt intérêt à attirer les clients dans les hubs très fréquentés, pour avoir plus de voyageurs en connexion.

"Un Paris-New York risque d'être moins cher au départ d’Orly que de Roissy car le deuxième est plus fréquenté. On peut imaginer que la compagnie qui n'aura réussi à avoir qu'Orly sera obligée de compenser avec un prix attractif", développe Pascal Niffoi.

Dans la même veine, "les vols sont souvent moins chers de Genève que de Lyon", assure John-Lee Saez. Et les deux villes ne sont qu'à 150 kilomètres de distance, donc ça peut valoir le coup d'ouvrir ses horizons. D'ailleurs, en utilisant un comparateur de prix, vous pouvez sélectionner les aéroports à proximité, ou encore vous voir proposer des options avec des combinaisons de vols de différentes compagnies.

# Les prix peuvent varier si l'on réserve depuis un autre pays

VRAI. Il suffit de se connecter à une version étrangère du site d'une compagnie aérienne pour voir des différences de prix (par exemple .it plutôt que .fr) "Cela s'explique par le fait qu'une compagnie peut appliquer des prix plus bas depuis un certain point de vente pour soutenir la demande sur un marché", explique Pascal Niffoi.

“Les compagnies aériennes peuvent déterminer par exemple qu’un voyageur venant de Paris ou de New York a plus de pouvoir d’achat qu’un voyageur venant d’un pays moins riche”, confirme Jonathan Sepulchre. “Cependant, il faut faire attention car souvent le site étranger sera dans la langue étrangère, et l’utilisateur peut passer à côté de certains détails importants au cours de la réservation”, met-il en garde.

Ingrid Falquy

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