Un portrait intime de Georges Brassens, ami, amant, poète

Le réalisateur, à partir d’archives familiales, d’extraits de concerts et d’interviews, réussit un documentaire qui donne les clefs de l’œuvre du chanteur à moustaches.

Brassens est mort depuis quarante-deux ans, presque jour pour jour. Il a chanté ses premiers titres en 1953, voici donc soixante-dix ans. Pourtant, il reste un indémodable de la chanson française, dont les refrains se transmettent de génération en génération.

Il fallait, pour lui rendre hommage, un grand monsieur du portrait : Philippe Kohly, à qui l’on doit une quinzaine de documentaires, de Françoise Giroud à Jean Ferrat, en passant par Romain Gary ou Alain Delon, a écrit ce film-hommage à l’occasion des 40 ans de la mort de Brassens. C’est une somme de recherches considérables, entre images privées du chanteur, de ses écrits, de ses proches, d’extraits d’interviews et de concerts. La comédienne Sandrine Kiberlain s’occupe de lire le commentaire, et son ton sied à merveille au bonhomme à moustaches.

Jeanne, Patachou et les dames du temps jadis

Et Philippe Kohly de conter en images la vie de Brassens, de l’enfance à ses dernières apparitions, guitare à la main, entonnant sa Supplique pour être enterré à la plage de Sète, quatre mois avant son décès.

On l’y voit entouré de sa mère italienne Elvira et de son père Jean-Louis, devenir un chenapan, partir à Paris et s’enflammer pour l’œuvre de François Villon, en passant à côté de tous les enjeux politiques de son époque, tant il était enfermé dans sa bulle : « Je vivais très peu dans le moment présent. J’ai toujours été très étranger à la réalité. Je n’ai pas été héroïque parce que je n’étais pas là. »

Au STO, il se fait des amis pour la vie, mais profite d’une permission pour y échapper, se planquant chez Jeanne, la première à croire en lui. Suivra la rencontre avec Patachou, qui lui ouvre les portes de la chanson…

Alors oui, on peut gloser, parce que l’époque a changé, sur sa conception des femmes, forcément « muse » ou « déesse », plutôt que simples humaines. Mais certaines archives sont assez exceptionnelles. Comme celles où il affirme qu’il se fiche des objets, parce que ce qui compte, ce sont les humains et les animaux.

Celle où face à quatre généraux il avoue, tranquillement : « Tout petit, j’ai détesté la discipline. J’ai eu horreur de recevoir des ordres et horreur d’en donner. J’ai eu horreur de me soumettre. Donc, j’ai été obligé de rencontrer l’antimilitarisme. » Et que penserait-il de notre époque, lui qui refusait d’avoir le téléphone, qui lui paraissait « un manque total de confort » ? Un long documentaire à voir pour tous les amoureux, grands ou petits, de la chanson française.

Brassens par Brasses, France 3, 21 h 10


à lire aussi

« Dans les cuisines de la préhistoire » : faut-il manger pour être humain ?

Médias

Publié le 23.05.24 à 13:56

« Mussolini est-il toujours vivant ? » : les mensonges du fascisme passés au crible

Médias

Publié le 21.05.24 à 13:44

« Un corps de femme » : dernier carcan avant la liberté ?

Médias

Publié le 21.05.24 à 13:13

Vidéos les plus vues

Amnesty international, la Croix Rouge et Fabien Gay, directeur de l'Humanité à l'Université de la Paix

Publié le 25.05.24 à 18:17

"En France, le problème, c’est que la guerre est un marché" : Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT

Publié le 25.05.24 à 17:18

"La faim dans le monde, c'est 8 attaques par jour sur le World Trade Center" : Bertrand Badie - L'université de la Paix

Publié le 25.05.24 à 14:25

Total : 100 ans d'actions climaticides

Publié le 24.05.24 à 15:24

La mort de l'audiovisuel public ?

Publié le 23.05.24 à 16:51

Automobile : des salariés du sous-traitant de Stellantis, MA France, alertent la filière

Publié le 22.05.24 à 17:26