Un an de prison avec sursis requis contre Jean-Marc Morandini pour corruption de mineurs - Le Parisien

Un an de prison avec sursis requis contre Jean-Marc Morandini pour corruption de mineurs

Le présentateur de la chaîne CNews a été secoué par les juges du tribunal correctionnel de Paris où il comparaissait lundi pour des faits dénoncés par trois adolescents.

Jean-Marc Morandini, ici avec ses avocates à son arrivée au tribunal correctionnel de Paris, s'est dit «triste et désolé que les conséquences soient celles-là». AFP/ALAIN JOCARD
Jean-Marc Morandini, ici avec ses avocates à son arrivée au tribunal correctionnel de Paris, s'est dit «triste et désolé que les conséquences soient celles-là». AFP/ALAIN JOCARD

    Une plongée dans les messageries privées peu reluisantes de Jean-Marc Morandini. Ce lundi après-midi, dans le cadre de la comparution de l’animateur pour corruption de mineur aggravée, les juges du tribunal correctionnel de Paris ont lu en détail ses discussions graveleuses, ponctuées de smileys rigolards, avec Romuald, Clément et Simon (les prénoms ont été changés). Les trois jeunes garçons étaient mineurs au moment où ils sont entrés en contact avec le présentateur de CNews.

    L’audience était tendue, tant Jean-Marc Morandini a été poussé dans ses retranchements. Le procureur a requis un an de prison avec sursis contre l’animateur spécialisé dans les faits divers. Pendant plus de cinq heures, ce dernier, visage fermé et voix plus aiguë qu’à l’antenne, a montré peu de compassion envers les trois jeunes hommes. Tour à tour, Jean-Marc Morandini s’est défendu en disant qu’il ne se souvenait plus des faits, tant il était sollicité à l’époque, ou qu’il pensait que ses interlocuteurs étaient majeurs.

    VIDEO. Jean-Marc Morandini devant le tribunal correctionnel pour « corruption de mineurs »

    Ce n’est qu’à la toute fin de l’audience qu’il a fait son mea culpa. « Quand vous relisez les messages, je me dis : Mais pourquoi je me suis lancé là-dedans. Par ma faute, je me suis enfermé dans un système avec la volonté de poursuivre sans cesse les discussions. C’était stupide. (…) Je suis très touché par leurs témoignages. Je suis triste et désolé que les conséquences soient celles-là », a-t-il expliqué en reconnaissant « trois conneries ». La présidente de la chambre l’a recadré en lui rappelant qu’il s’agissait de « trois délits ».

    « Régulièrement, il demandait une photo de mon sexe »

    Simon a 15 ans en 2015 quand il sollicite Jean-Marc Morandini. Il est « fan » et aimerait visiter les locaux de la radio Europe 1. Il n’est qu’en troisième mais rêve déjà de travailler dans l’audiovisuel. Assez vite, la conversation prend un caractère sexuel. L’animateur l’interroge sur ses parties intimes et sa pratique de la masturbation. En cinquante jours, l’animateur de 57 ans demande à 41 reprises une photo nue à l’adolescent. « Je lui ai dit que je faisais du foot. Il m’a demandé si je regardais les autres garçons sous la douche. J’ai trouvé ça étrange, mais j’ai quand même répondu que non. (…) Régulièrement, il demandait une photo de mon sexe. Je disais : Pas aujourd’hui. Il revenait tous les soirs dessus, limite désagréable. ». Des plaisanteries, une sorte de « cap’ou pas cap’ », a balayé Morandini. « Quand vous lui demandez Est-ce que tu es rasé ou pas, ça aussi c’est de l’humour ? » a demandé la présidente. Morandini a répondu : « Vous peut-être pas, mais moi ça me fait rire ! »

    Très ému à la barre, Simon s’est vu conforter par les témoignages des deux autres plaignants : Romuald et Clément. Le premier a également été témoin à 15 ans de discussions scabreuses via des messages privés sur Twitter, puis par SMS. Morandini se défend en disant avoir immédiatement cessé de lui parler quand il a découvert son âge. Au fil de leurs discussions pourtant, le gamin a glissé être en train de réviser ses cours d’histoire sur la guerre froide avec sa mère.

    « Ce n’est pas illégal, je crois »

    Quant à Clément, 16 ans, il a été sollicité pour un casting par un faux profil. Il a été convié chez Morandini, où la vedette lui a fait visionner des scènes d’un film interdit aux moins de 16 ans, avant de lui demander des photos nues, puis une fellation. « Est-ce que le visionnage en amont de ces scènes vous autorise à demander aux comédiens de se masturber devant vous ? » a interrogé la présidente. « S’ils le souhaitent, ils pouvaient le faire. Ce n’est pas illégal, je crois », a-t-il répondu. « Entre majeurs non », a lancé la présidente du tac au tac.

    Les deux avocates du présentateur ont plaidé, elles, la relaxe, en déplorant ne pas avoir l’intégralité des discussions mais uniquement des extraits. Le jugement a été mis en délibéré au 5 décembre.