Tarifs des transports parisiens pendant les JO : « Ce n’est pas moi qui ai promis la gratuité », se défend Valérie Pécresse  - Public Sénat

Tarifs des transports parisiens pendant les JO : « Ce n’est pas moi qui ai promis la gratuité », se défend Valérie Pécresse 

Le Sénat auditionnait ce mercredi 15 mai Patrice Vergriete, le ministre délégué chargé des Transports et Valérie Pécresse, la présidente de la région Île-de-France. Si ces deux responsables politiques reconnaissent à mi-mot que les habitants de Paris et de l’Île-de-France pourraient rencontrer des difficultés pour se déplacer pendant les Jeux olympiques et paralympiques, ils font aussi valoir « l’accélérateur formidable » que représente l’organisation de cet évènement pour la construction de nouvelles infrastructures.
Romain David

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« L’effort est collectif, et l’ambition est olympique ! » Auditionnée par le Sénat aux côtés de Patrice Vergriete, ministre délégué chargé des Transports, Valérie Pécresse, la présidente de la région Île-de-France, s’est voulue rassurante ce mercredi 15 mai quant à la capacité des transports de la région parisienne pour absorber le flux de voyageurs attendus pendant les Jeux olympiques et paralympiques de Paris cet été. « On est prêt comme jamais », a assuré l’élue, qui préside également Île-de-France Mobilités, l’autorité organisatrice des mobilités en Île-de-France. Elle a notamment salué la livraison, en temps et en heure, des différentes infrastructures prévues pour garantir l’accès des spectateurs aux différents sites de compétition. « Dans notre pays rien n’arrive à l’heure et surtout pas les trains, mais grâce aux jeux tout arrive à l’heure. C’est assez spectaculaire pour être noté. »

À 71 jours du coup d’envoi des JO, un afflux massif de voyageurs est attendu, avec un besoin de mobilité plus élevé qu’à l’accoutumée : jusqu’à 600 000 spectateurs pourraient être amenés à se déplacer chaque jour en Île-de-France pour les périodes du 26 juillet au 12 août et du 28 août au 10 septembre.

« Le défi est triple », résume Laurent Lafon, le président de la commission de la culture, de l’éducation, de la communication et du sport. « Il s’agit d’abord de transporter les spectateurs venant de France ou de l’étranger vers les 35 sites olympiques et 19 sites paralympiques répartis sur tout le territoire, mais particulièrement concentrés en région parisienne, transporter le plus efficacement possible les 10 500 athlètes olympiques et les 4 400 athlètes paralympiques, l’ensemble des personnes accréditées et tout leur matériel. Enfin, dernier défi : ces déplacements propres aux jeux devront perturber le moins possible les déplacements usuels des travailleurs et des vacanciers ».

Un renforcement important de l’offre de mobilité… loin des ambitions du projet de candidature

L’inauguration du prolongement de la ligne 14 vers Orly est attendue en juin. De même que celui de la ligne 11. « On va inaugurer le prolongement de la ligne 11. J’y tenais beaucoup ; ce n’est pas une ligne des jeux, mais je ne voulais pas qu’elle soit sacrifiée sur l’autel des jeux. […] C’est le plus grand prolongement de ligne que l’on n’a jamais réalisé », a souligné Valérie Pécresse.

À cela, s’ajoutent 250 conducteurs supplémentaires dans le métro, 100 conducteurs de la SNCF appelés en renfort et 3 000 conducteurs de bus en plus. « On a décidé d’ouvrir toutes les lignes automatiques du métro toute la nuit après la cérémonie d’ouverture, les lignes 1, 4, et 14 seront ouvertes. Plus les Noctiliens que l’on renforce. […] La nuit du ‘Marathon pour Tous’, le samedi 10 août, toutes les lignes de métro fonctionneront », indique Valérie Pécresse.

« Le renfort d’offre, c’est aussi 450 navettes gratuites postées à des points névralgiques pour pouvoir emmener tous ceux qui ne peuvent pas marcher jusqu’aux épreuves, par exemple pour aller de la porte d’Auteuil jusqu’à Roland Garros. Ce seront des bus de 18 mètres, articulés, cadencés parfois à la minute », a encore précisé la présidente du conseil régional d’Île-de-France. « On aura 150 navettes qui seront dans les huit grandes gares d’Île-de-France et qui amèneront les personnes en situation de handicap directement sur site. »

Pour autant, cette impressionnante présentation s’éloigne des engagements pris dans le dossier de candidature, comme a tenu à le rappeler le sénateur communiste du Val-d’Oise Pierre Barros. « La candidature de Paris s’appuyait sur le prolongement de la ligne 14, la construction des lignes 15, 16 et 17, ainsi que sur le Charles-de-Gaulle Express. Finalement, seules les lignes 14 et 11, pour leur partie nord, et un bout du RER E, seront livrés à temps », note-t-il, alertant sur le risque de saturation pour le RER B, qui rencontre déjà de nombreuses difficultés d’exploitation.

« Deux infrastructures manquent à l’appel : le Charles-de-Gaulle Express ne sera pas au rendez-vous – mais il est lancé -, et la ligne 15 au sud. Pour tout le reste, le cahier des charges est tenu. On enchaîne les inaugurations ! », a défendu le ministre Patrice Vergriete. « Il est temps de couper court aux discours anxiogènes et prématurés selon lesquels les déplacements vont virer au cauchemar », a voulu réagir le sénateur LR des Alpes-Maritimes Philippe Tabarot, spécialiste des questions de transports. « Si c’est le cas, chacun rendra des comptes. Après, mais pas avant ! »

« Les tarifs des jeux ont été fixés à un tarif élevé, je le sais »

Valérie Pécresse est également revenue sur l’épineux dossier des hausses de tarifs pendant les jeux. Là encore, les autorités ont pris leur distance avec le dossier de candidature qui prévoyait que tous les détenteurs de billets pour les jeux puissent voyager gratuitement sur l’ensemble du réseau, le jour de la compétition concernée. In fine, le prix du ticket de métro passera de 2,15 à 4 euros, et un pass journée spécial JO à 16 euros sera mis en place, ou à 70 euros la semaine.

« Les tarifs des jeux ont été fixés à un tarif élevé, je le sais », concède l’ex-ministre de Nicolas Sarkozy. « Ce n’est pas de ma faute, et ça n’est pas ma responsabilité. Ou plus exactement : c’est ma responsabilité et ma faute, mais ça n’est pas moi qui ai promis la gratuité. La gratuité, c’est le Comité d’Organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques (COJO) qui l’a promise et qui m’a annoncé en 2021 qu’il n’avait plus l’argent pour la financer. Je me suis tournée vers l’Etat, qui m’a dit : nous non plus », s’est défendue la candidate malheureuse à la présidentielle. « Il revenait donc à la région Île-de-France de prendre sur ses épaules 250 millions d’euros. Je suis désolée de vous le dire, il n’est pas question pour moi de laisser cette dette aux Franciliens. »

Valérie Pécresse chiffre à 250 millions d’euros la dépense supplémentaire déjà assumée par Île-de-France Mobilités pour ces jeux. Outre le renfort de l’offre, ce montant inclut également les 50 000 cartes gratuites de circulation pour toutes les forces de sécurité et de police qui vont arriver de toute la France, et pour les 45 000 bénévoles des JO. Il prévoit également les enveloppes pour les primes – en cours de négociation – qui seront accordées aux personnels auxquels il a été demandé de reporter leurs vacances. « On parle d’annulation de congés, il est légitime qu’il y ait un dialogue social sur l’acceptation de ces règles », a souligné Patrice Vergriete. Interpellé sur le risque de grève dans les transports pendant les compétitions, le ministre balaye : « Je n’ai aucune raison d’apparaître inquiet sur cette question ».

Fermetures de stations : « On va donner des conseils aux Franciliens »

Dans la mesure ou différentes épreuves sportives se dérouleront en plein cœur de Paris, de nombreuses stations de métros aux abords directs des sites seront fermées, principalement pour des raisons de sécurité. Au total : 17 stations du métro et du RER C seront inaccessibles du 17 au 26 juillet inclus, ainsi que le tronçon central de la ligne 7, qui traverse la Seine. La fermeture de la station Champs-Élysées – Clemenceau, qui permet de connecter les lignes 1 et 13, est encore en débat. « On aura un certain nombre de désagréments pour les Franciliens, je le reconnais bien volontiers du fait de ces jeux », concède Valérie Pécresse.

> LIRE AUSSI – Périmètres de sécurité, QR code : où en est-on des restrictions de circulation annoncées pour les JO de Paris 2024 ?

Patrice Vergriete nuance : « Il pourrait y avoir, pour les Franciliens, des nuisances au quotidien au moment des jeux, mais quel héritage ! Les jeux auront été un accélérateur formidable. » Il fait notamment valoir l’accessibilité aux personnes à mobilité réduite dans l’ensemble des infrastructures qui desservent les sites olympiques. Ces travaux se seraient échelonnés sur des décennies sans la date limite des JO.

« On va donner des conseils aux Franciliens. Île-de-France Mobilités a mis en place une application qui s’appelle ‘Transport Public Paris 2024’. Elle est traduite en 6 langues et elle donne le bon conseil de déplacement. C’est absolument impératif. Il y aura des itinéraires déconseillés, il ne faudra pas suivre les itinéraires habituels », explique la présidente de région. « Typiquement, la ligne 13 ne sera pas dans le plan de transport des Jeux paralympiques en raison de sa faible capacité de jauge, ni le RER A, trop utile pour les transports liés à la rentrée scolaire. »

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