Rencontres extra conjugales : homme marié cherche femme mariée sur internet... - Marie Claire

J'ai testé  : les rencontres adultères sur Internet

Par Jean-François Martinez
site de rencontre adultères
Qui sont ces femmes qui assument leur infidélité et s'inscrivent sur les sites dédiés aux rencontres extra conjugales ? Notre reporter - pacsé - n’a écouté que sa conscience professionnelle en testant un site pour rencontres adultères.

Tout a commencé avec une pomme à moitié croquée, sur une affiche du métro. Une pomme n’ayant rien à voir avec Apple. Enfin presque, car Gleeden (contraction de « glee » et « eden », signifiant « joie » et « paradis ») est un site de rencontres nécessitant un écran, un clavier et du baratin. « Restez fidèles à vos désirs, est-il écrit sur l’affiche. Gleeden, le premier site de rencontres extra conjugales pensé par des femmes. » Pensé peut-être mais créé et dirigé par des hommes.

La fonction de pigiste a ses avantages : la maison est désertée au petit matin… Pourquoi ne pas aller voir de plus près la grand roue des cocus magnifiques ? La page d’ouverture du site me rassure : « Déjà 1027 524 membres. » Et la jolie femme me lorgnant en croquant la pomme me convainc. Je me crée donc une adresse e-mail, une fausse identité (concepteur-rédacteur de 38 ans, marié, père de deux enfants), je m’inscris et j’attends que ça morde… Un travail long et parfois ingrat, interrompu chaque fin d’après-midi par le gong familial (ma compagne travaille, mes trois enfants sont scolarisés).

Vidéo du jour

« Chatter c’est tromper ? », pour paraphraser la question célèbre. En un sens, oui, puisqu’une forme d’intimité se développe assez vite avec des jeunes et moins jeunes femmes en quête de… de quoi, au juste? La parole est à Blandine75*: « Ma vie de couple ? Du sexe une fois par semaine, le même jour, à la même heure, de la même façon. Je craque ! Je cherche des rencontres extra conjugales sans prise de tête et dans le respect mutuel. »

C’est cette incessante litanie que je retrouverai au fil des messages, cette envie de « bousculer le quotidien », de « retrouver l’envie d’avoir envie », d’être « surprise par un homme sensuel et puissant, diabolique et brillant »… Le sexe, pour la plupart des femmes croisées sur Gleeden, est « l’échappatoire suprême », comme le résume Elmer1011, sans doute parce que « le mariage tue le sexe », ainsi que l’affirme Josefine69. Mais c’est à Emma15 que je dois d’avoir provisoirement et profondément enterré ma mauvaise conscience : « Vous êtes marié avec des enfants, alors nous sommes faits pour nous entendre ! » Et celle-ci, qui enterre mes convictions d’homo fidelus: « Si vous pensez que l’aventure est dangereuse, essayez la routine… elle est mortelle ! »

Avec Sylvie, je m'ennuie

Sylvie, la première qui accepte de me rencontrer, est une femme assez petite, châtain, au physique doux et un peu mélancolique qui me fixe, le regard légèrement de biais. C’est une visiteuse médicale que son mari, employé à la mairie de leur ville, semble délaisser au point, croit-elle, de la tromper.

Nous nous sommes découverts dans une brasserie parisienne, à la gare du Nord, où les consommateurs encombrés de sacs ou de valises donnaient une espèce d’urgence passagère à notre rencontre. Nous avons parlé de tout et de rien, d’une façon un peu trop linéaire pour vraiment me plaire, contrairement à nos «chats», qui étaient plus toniques. La balle au bond ne semble pas être son sport de prédilection, à moins que je ne lui plaise pas, hypothèse envisageable. En ce qui me concerne, c’est une certitude. Sylvie a 38 ans, deux enfants, des tonnes de désillusions, mais le sexe en terre inconnue n’apparaît en fait pas comme sa priorité. C’est une feuille de vigne qui masque un vide existentiel que je ne me sens pas le courage de combler. Nous nous séparons au bout d’une heure en échangeant nos numéros mais avec une évidence réciproque : il n’y aura aucune suite.

Je flirte avec Maryse

Deux jours plus tard, j’accroche avec Belleplante par une citation qui m’évoque le siècle des libertins, une période où on ne remplissait pas de fiche signalétique avant de partir à l’assaut: « La violence qu’on se fait pour demeurer fidèle à ce qu’on aime ne vaut guère mieux qu’une infidélité.» Maryse (appelons-la Maryse), 32 ans, est une grande rousse aux yeux bleus et à la peau incroyablement pâle. Elle travaille dans le spectacle et se définit comme une intermittente du cœur. Je lui ai donné rendez-vous au Café Marly. C’est vrai, c’est une belle plante, sensuelle et directe, espiègle et amusante, celle-là même qui m’avait lancé dans un « chat » : « Si vous ne mesurez pas 1,80 m, pas la peine d’insister. » Belleplante ou Grandetige ? Maryse mesure 1,79 m. J’ai insisté parce que je fais un peu plus. Maryse vit avec un type « dans le théâtre » qui ne semble pas se formaliser de la voir papillonner. « Nous sommes libres de faire ce que nous voulons, enfin, de temps en temps… Marc et moi nous sommes lancé une sorte de défi: lui aussi est en chasse, et je sais qu’il a “pécho” récemment une nana. Moi je suis plus sélective et plus lente à la détente. Il me faut le petit frisson pour faire céder ma digue. »

Lorsque je lui demande de me donner trois raisons qui l’ont poussée à aller voir sur Gleeden si j’y suis, Maryse agite ses bracelets sonores, me fixe de ses grands yeux bleus, prend son inspiration et me lance: « D’abord par curiosité, ensuite par envie, enfin pour bousculer ce satané quotidien qui nous plombe tous. » Ce « nous » et ce « tous » me font un drôle d’effet, comme si, de son point de vue, l’affaire était dans le sac. Je lui propose de sortir et l’entraîne dans les allées des Tuileries. Je la prends par la main, puis par le bras, enfin par les sentiments.

« L’échange de deux fantaisies, le contact de deux épidermes… » Certains connaissent la définition de l’amour par le moraliste Chamfort. C’est un peu ça, avec Maryse, sans l’amour. Juste une excitation des sens, une fébrilité provoquée par une complicité des mots et des regards. J’ai assez peur de ce qui pourrait nous arriver et, bizarrement, je sonne une retraite honteuse, à deux pas de tous ces hôtels qui nous tendent les bras. Il faut que j’aille chercher ma petite dernière à l’école. Et puis, au fond, cette façon d’être un enjeu sexuel dans un concours de gentils organisateurs de parties de cul planquées m’excite à moitié. Nous nous quittons sur un baiser emballant. Maryse embrasse bien. Très bien même. Mais le devoir familial me retient. In extremis. Je reste un honnête père de famille. Jusqu’à quand ?

Je m’échauffe avec Séverine

Avec la troisième, nous avons joué, plusieurs après-midi, par écrans interposés, à qui chambrait le plus l’autre, histoire de mesurer nos instincts sexuels. Fais-moi mal, chérie, chéri… Séverine a 41 ans, en fait dix de moins, de la tchatche mordante. C’est elle qui a fixé le lieu du rendez-vous, au bout de dix jours de valse-hésitation: un bar de la rue Saint-Antoine où la musique assourdissante est un excellent prétexte pour assez vite se rapprocher dangereusement l’un de l’autre et se postillonner dans l’oreille. J’avoue avoir été sensible à ces approches sournoises. Séverine est cadre dans une société financière. Si cette blonde un peu enrobée aux cheveux courts et au regard futé jongle avec les millions des autres au bureau, elle doit aussi se coltiner des heures sup en comptant les moutons au lit, où son mari, comptable, lui semble « aussi sexué qu’une blette ». Ce soir-là, nous en restons là vers minuit, heure raisonnable pour faire gober un bobard à nos « amoureux(se) » respectifs.

Je bous avec Leila

Leila, la petite dernière de mes rencontres, m’a intrigué par sa candidature lapidaire: « Une aventure, une conversation, une histoire. » J’aurais plus dit: « Une conversation, une aventure, une histoire. » Mais non. Pour Leila, « si tu tiens la route au lit, cela veut dire que nous pourrons envisager de nous arrêter sur le bas-côté pour parler et rigoler. Et si tu as de la conversation dans tous les sens du terme, je pourrais imaginer une histoire de cul sérieuse entre nous. » J’ai fini par rencontrer Leila au bar du Mama Shelter: une petite brune pas très jolie mais pleine de charme, coiffée d’un carré et munie d’un aplomb extra­ordinaire. Elle est assistante de direction dans une société d’emballage en grande banlieue. M’a-t-elle emballé? Je ne vous dirai pas si nous avons suivi son programme dans l’ordre ou commencé par le mien, plus conventionnel, mais peut-être moins risqué pour mon ego de super-mâle…

Je rêve de toutes les autres

Ce que je peux vous dire, en revanche, c’est que j’aurais aussi aimé en savoir plus sur Louloue, fleuriste de 26 ans : « Ne se prend pas la tête et aime être surprise. Ne soyez pas timide, j’aime qu’on soit cru, alors les romantiques, allez sur Meetic ! » Mais nos échanges n’ont sans doute pas été assez crus à son goût.

Je n’ai pas cherché à en savoir plus sur Fabyn, 100 kg pour 1,50 m, « mélange de Monica Belluci et Josiane Balasko » (et c’était tentant). Ou encore sur cette « femme mariée de 33 ans cherchant des extras sympas sans prise de tête mais remplis de charme, frisson et désir. Femme ou homme, mais pas les deux en même temps. » Sympa de préciser. 

Un extra, un en-cas, un hors-d’œuvre, un dessert… C’est certain, l’homme est ici un plat très comestible. J’aurais peut-être apprécié Falbix: « Femme jeune (encore), blonde (ça dépend du temps), yeux bleus (deux c’est mieux), dynamique (j’essaie), élégante (enfin, je crois), seconde main (mariée ou presque) mais en très bon état de fonctionnement… » Enfin, j’aurais eu trop peur de décevoir Ginette-Dus:  « A la recherche de son Jean-Claude, entre 37 et 45 ans max, sûr de son charme, d’un bon niveau social et avec son humour légendaire. » 

Basta Gleeden et sa croqueuse de pomme. Les fruits que je préfère sont dans ma cuisine. Je n’ai pas besoin de leur raconter des salades pour les croquer.

(*) Pseudos et prénoms ont été modifiés. Les photos sont purement illustratives et ne représentent en rien la réalité.

[Dossier] Le couple peut-il résister à l'infidélité ? - 18 articles à consulter

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Les avis des internautes

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De anonyme
et pendant ce temps là... ces sites : Gleeden et consorts font leur beurre... sur notre misère affective...
De anonyme
Quel sujet délicat que l'infidélité et ce nouveau phénomène des sites extra conjugaux... C'est sûr, c'est très mal vu de tromper sa femme ou son mari, et tout le monde comprends très bien pourquoi. Le problème avec des sites comme Gleeden voir pire comme http://www.rencontreextraconjugale.fr c'est qu'ils encouragent vraiment l'adultère. Que l'on permette l'adultère, c'est une chose, mais que l'on vous incite à tromper votre femme ou mari à tous les coins de rue et dans le métro, à mon avis c'est un peu.

Bref, cette tendance ne me plait pas vraiment vous l'aurez compris, mais je me dis que chacun est libre de faire ce qu'il veut et si certains ne résistent pas à la tentation, c'est surtout de leur faute.
De anonyme
Dieu que c'est étrange comme manière de penser ... depuis quand les couples amoureux, finissant par se mariés (ou non il y a le pacs, le concubinage qui n'empêche pas le sérieux de la relation) ne pourrait pas aussi s'éclater sexuellement ??? J'ai l'impression d'être effectivement une rebelle ! Je suis avec mon homme depuis plusieurs années et la passion est toujours là ! Aurais je le truc que les autres n'ont pas, je ne crois pas pourtant !!!!
De Laura75006
Je ne pense pas qu'Internet accentue ou augmente le taux d'infidélité pour les couples mariés. Etre infidèle aujourd'hui n'est pas plus compliqué qu'hier. Rencontrer un homme ou une femme marié a toujours été possible et cela s'est toujours fait !
Il est vrai que les sites Internet spécialisés permettent plus facilement de trouver "la cible" recherchée mais encore faut-il que les sites soient de qualité et totalement confidentiels.
Certains services auxquels je me suis inscrite m'ont carrément déçue, d'autres : http://www.rencontres-infideles.fr/ et Gleeden.fr plutôt bien réussis.

Et puis au moins on sait ce que l'on va trouver quand on s'inscrit.

De Dominob
Notre société a tout mélangé à tort, amour et mariage. Autrefois les alliances se faisaient sur d autres critères, bien plus durables. L infidélité sexuelle ne remettait pas en cause la famille, elle était hors sujet. Aujourd hui, on se marie par amour et quelques années plus tard, forcement, on s ennuie ou au pire on s insupporte. Il y a des exceptions, mais c est en tous cas ce qui se passe dans la majorité des couples. Alors soit on divorce et on recommence ailleurs (enfants qui souffrent, patrimoine partagé, vie matérielle affectée) soit on trompe discrètement . J avais choisi la voie du divorce et je sais à présent que j ai eu tort.
Mais le plus grand tort est d épouser un mari par amour ! Il faut trouver un allié un complice et vivre sa sexualité librement tous les deux ailleurs, discrètement bien sur. Sinon on se sent ou coupable ou frustré. Le pire est de faire l erreur de beaucoup , espérer que l herbe est plus verte ailleurs alors que l herbe conjugale s appauvrit toujours après un temps. Et alors arrive l hostilité et le sentiment de s être fait piéger.
Internet facilite les rencontres extra conjugales, mais ce n est qu une solution palliative au pb de l ennui dans le couple. La seule vraie solution c est de revenir à une notion du couple non basée sur l attirance sexuelle mais sur la compatibilité sociale et culturelle. Celle de nos grand parents... Éternel balancier ...