Critique | A son image : portrait d'une photographe

A son image : portrait d’une photographe

Après le succès d’Enquête sur un scandale d’Etat, succès dans le registre du film politique, Thierry de Peretti est revenu aux sources, c’est-à-dire, à son île d’origine et de coeur, la Corse. Alors qu’il dirigeait des poids lourds comme Roschdy Zem, Vincent Lindon ou Pio Marmaï dans Enquête sur un scandale d’Etat, de Peretti revient à un film a priori plus modeste, du point de vue du casting, mais non moins réussi, voire même plus ample. A travers le regard d’une photographe disparue, Thierry de Peretti revient sur toute une tranche d’histoire, des années 80 à l’orée des années 2000. Adaptation du magnifique roman éponyme de Jérôme Ferrari, A son image est un très beau et sensible portrait d’une génération prise entre engagement politique et distanciation.

Fragments de la vie d’Antonia, jeune photographe de Corse-Matin à Ajaccio. Son engagement, ses amis, ses amours se mélangent aux grands événements de l’histoire politique de l’île, des années 1980 à l’aube du XXIe siècle. C’est la fresque d’une génération.

« Les hommes ont vécu ; la mort est passée« , c’est ce sentiment de la permanence et de l’éphémère qu’exhale ce très beau film.

Antonia est une jeune photographe officiant dans un journal local de Corse. Jolie et généreuse, elle va pourtant disparaître dans un accident tragique de voiture, quelques minutes après le début du film. A son image va s’attacher à reconstituer sa courte vie qui n’aura pourtant pas été vécue en vain. Nous parviennent ainsi progressivement des fragments de sa vie, où entre deux amours, elle s’interroge sur l’engagement politique qui est prégnant dans un milieu d’indépendantistes. Elle ira aussi à Bucarest pendant le conflit en Yougoslavie où elle constatera qu’il y a « plein de façons de se montrer obscène« . De la guerre à proprement parler au conflit interne et larvé, elle aura connu bien des guerres, pour citer un chanteur connu.

Ce qui frappe dans A son image, c’est exactement la justesse du regard. Thierry de Peretti filme souvent en plans-séquences fixes telle scène de conversation au téléphone ou tel débat sur l’engagement politique (l’une des plus belles scènes du film). Il le fait avec sobriété et distance, ce qui n’est pas sans rappeler une certaine Chantal Akerman dans Les Rendez-vous d’Anna. Antonia, est confrontée ici à la violence, à l’engagement politique, à l’obscénité de l’acte photographique face à la mort.

Avant de mourir, Antonia ne savait pas si elle était devenue une bonne photographe. Pourtant dans ses portraits, elle semble avoir atteint son but. « Les hommes ont vécu ; la mort est passée« , c’est ce sentiment de la permanence et de l’éphémère qu’exhale ce très beau film.

4

RÉALISATEUR : Thierry de Peretti 
NATIONALITÉ :  française 
GENRE : drame 
AVEC : Clara-Maria Laredo, Antonia Buresi, Cédric Appietto, Paul Garatte, Alexis Manenti. 
DURÉE : 1h53 
DISTRIBUTEUR : Pyramide Distribution
SORTIE LE 4 septembre 2024