LES NUITS LE JOUR : Nouvelle diffusion : André Bazin, la conscience critique

LES NUITS LE JOUR : Nouvelle diffusion : André Bazin, la conscience critique

Picasso : "Guernica" à New York. ©Getty - Pierre MICHAUD /Gamma-Rapho via Getty Images
Picasso : "Guernica" à New York. ©Getty - Pierre MICHAUD /Gamma-Rapho via Getty Images
Picasso : "Guernica" à New York. ©Getty - Pierre MICHAUD /Gamma-Rapho via Getty Images
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Notre visite dominicale dans les archives de l'Ina. Pour annoncer la Nuit d'archives : "André Bazin, la conscience critique".

"Le cinéma des cinéastes - François Truffaut parle de ses premières années de cinéphile" : c'était en 1976, l'année de "L'Argent de poche", au micro de Claude-Jean Philippe, Truffaut racontait ses années d'après-guerre et notamment sa rencontre avec André Bazin.

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En 1976, l'année de L'Argent de poche, au micro de Claude-Jean Philippe dans Le cinéma des cinéastesTruffaut racontait ses années d'après-guerre.

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C'était durant celles-ci que s'étaient formés les goûts et la culture cinématographiques qui allaient le mener vers la carrière que l'on connait. Des années bénies pour les cinéphiles qui, de la Cinémathèque aux ciné-clubs, en passant par les cinémas de quartier, découvraient l'Amérique et l'Italie, renouaient aussi avec le meilleur du cinéma français.

À cette époque, le nom d'un nouveau venu dans la critique cinématographique s'imposait, celui d'André Bazin, qui allait par ses écrits influencer l'histoire du 7ème art. Bazin qui, on le sait, devait également profondément marquer la vie d'homme et de cinéaste de François Truffaut.

La première fois que j’entends parler de lui, je crois c’est quand j’achète la Revue du cinéma. Je me souviens d’un extraordinaire article sur Verdoux et puis je m’inscris dans un de ses ciné-clubs, le Ciné-Club de la chambre noire, où je vois tout Vigo. […] Je rencontre Bazin on se parle plusieurs fois.

François Truffaut dans cet entretien parle peu de André Bazin en raison d'une certaine retenue à l'égard de cet homme si important dans sa vie. Alors Claude-Jean Philippe lit un extrait d’un texte de Truffaut consacré à Bazin :

Tous ceux qui ont eu la chance de connaître André Bazin s'accordent à le décrire comme un homme étonnant d'une très forte personnalité et, je ne crains pas d'employer cette expression au pied de la lettre, un être d'exception. André Bazin avait l'innocence d'un personnage de Giraudoux, sa bonté était quasiment légendaire, on s'en amusait avec tendresse parfois pour cacher l'émotion qu'elle suscitait. Sa maladie dura dix années, dont les cinq dernières ne laissaient aucun doute sur l'issue, mais son extraordinaire santé morale faisait le contrepoids. [...] Il n'aimait pas seulement le cinéma, le cinéma n'était pas pour lui un refuge, car il aimait également la vie, les gens, les animaux.

  • Production : Claude-Jean Philippe
  • Le cinéma des cinéastes - François Truffaut parle de ses premières années de cinéphile (1ère diffusion : 08/02/1976)
  • Indexation web : Sandrine England, Documentation sonore de Radio France
  • Archive Ina Radio France

Ciné-club - André Bazin, à propos des ciné-clubs et du "Festival du Film Maudit", une émission diffusée la première fois le 21 juillet 1949 sur les ondes de la RDF.

C'était à la fin de l'année 1948, qu'avec Alexandre Astruc, Pierre Kast, Jacques Doniol-Valcroze, Jean-Charles Tachella et Claude Mauriac, André Bazin avait fondé le ciné-club Objectif 49, avec pour parrains Jean Cocteau, René Clément et Roger Leenhardt.

C'était à ce titre qu'André Bazin était invité sur les ondes de la RDF à présenter le bilan de l'assemblée générale annuelle de la Fédération Française des ciné-clubs alors en pleine expansion partout en France. Il était aussi invité à présenter le Festival du Film Maudit qui allait bientôt se tenir à Biarritz à l'initiative d'Objectif 49. Un Festival resté depuis dans l'histoire de la cinéphilie qui, avant même son ouverture, suscitait beaucoup de curiosité.

André Bazin :

Le Festival du Film Maudit, le mot est assez joli, mais il recouvre une réalité plus subtile qu'il ne semble le dire. Nous entendons par films maudits les films qui ont un intérêt esthétique mais qui sont maudits soit par le public qui n'a pas compris leur valeur, soit par les producteurs qui ont tout fait pour empêcher que ces films ne se fassent. C'est à ce genre de films-là que nous voulons redonner une gloire, une consécration [...]. Nous avons fait notre choix en toute indépendance et selon des critères purement intellectuels et artistiques, et suivant la ligne critique d'Objectif 49 qui veut essayer de définir et de défendre une avant-garde moderne, qui n'est pas celle de 1925, une avant-garde qui est vraiment celle qui fait avancer le cinéma actuel. [...]

Parmi les films projetés au Festival du Film Maudit : Le Deuil sied à Electre de Dudley Nichols, Ossesione de Visconti, L'Homme du Sud de Renoir et des dessins animés de Norman McLaren.

  • Ciné-club - André Bazin : Les ciné-clubs, le Festival du Film Maudit (1ère diffusion : 21/07/1949)
  • Par Radiodiffusion Française (RDF) - Avec André Bazin
  • Indexation web : Sandrine England, Documentation sonore de Radio France
  • Archive Ina-Radio France

En 1952, sur la Chaîne Nationale, André Bazin, co-fondateur des Cahiers du cinéma, publication qui allait s'imposer parmi les revues artistiques et intellectuelles, participe à un débat de la "Tribune de Paris" autour de la question : "Le film sur l'art trahit-il l'art ?"

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À un moment où les courts métrages qui s'intéressaient aux peintres et à la peinture, et à l'art en général, suscitaient l'intérêt d'un public assez large et concernaient des réalisateurs importants, ce débat réunissait du beau monde aux côtés d'André Bazin : outre le critique Henri Martini, on pouvait y entendre Emmanuel Berl (journaliste et historien), André Chamson (conservateur du Petit Palais), Jean Grémillon (metteur en scène) et le peintre Fernand Léger.

"Le film sur l'art trahit-il l'art ?". La question se pose à l’époque et provoque des querelles. Partisans et détracteurs argumentent avec passion. Quelques-uns, tel Emmanuel Berl, se montrent réticents et argumentent que le cinéma, avec son rendu des échelles et des couleurs, trompe le spectateur. Cependant, la majorité des invités, tel Fernand Léger, y est favorable : "on doit continuer ces procédés pour la vulgarisation des œuvres d’art surtout pour les gens qui n’ont pas le temps ni le loisir de courir les musées".

C’est l’avis aussi d’Alain Bazin : "Je suis à fond pour ce genre de films - dit-il - il s’agit d’une œuvre d’art au second degré qui prend pour matière première la peinture".

Pour André Chamson, ces films apportent une vision, un regard, une façon d’appréhender l’œuvre toute personnelle et, rappelle-t-il sagement, "on ne détruit pas une œuvre d’art parce qu’on a fait un mauvais film sur elle". Ce à quoi Jean Grémillon ajoute malicieusement, "il y a des trahisons qui sont la plus grande manifestation de la fidélité".

  • Production : Emile Dana
  • Tribune de Paris : Les hommes, les événements, les idées à l'ordre du jour - Le film sur l'art trahit-il l'art ? (1ère diffusion : 29/01/1952 Chaîne Nationale)
  • Indexation web : Odile Joëssel, Documentation sonore de Radio France
  • Archive Ina-Radio France

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