Un carton comme Netflix en a rarement vu. Avec presque 30 millions d’heures de visionnage en une semaine depuis sa sortie, le 26 avril 2024, L’Affaire Asunta se révèle comme l’un des plus gros succès de l’année de la plateforme américaine. Une mini-série taillée pour les fans de true crimes et de fictions adaptées de faits divers qui ont réellement existé. Car derrière L’Affaire Asunta se cache l’une des affaires les plus sordides qu’a connu l’Espagne ces dernières années.

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Que raconte L’Affaire Asunta ?

Rosario Porte et Alfonso Basterra, un couple espagnol, signale aux autorités la disparition de leur fille adoptive Asunta, âgée d’une douzaine d’années. Quelques heures après le signalement de sa disparition, la jeune fille est retrouvée sans vie sur une route aux alentours de Saint-Jacques-de-Compostelle. Rapidement, les deux agents de police chargés de l’enquête, Cristina Curces et Javier Rios, se mettent à soupçonner les parents adoptifs d’Asunta, qui avaient eux-mêmes signalé sa disparition. L’affaire va secouer le pays tout entier.

Créée par Ramón Campos, le showrunner qui s’est également occupé de la série espagnole Les Demoiselles du téléphone (2017), L’Affaire Asunta compte au casting les talentueux Candela Peña, notamment aperçue dans le film Tout sur ma mère de Pedro Almodóvar, dans le rôle de Rosario Porte, et Tristán Ulloa, vu dans Berlin, le spin-off de la série La Casa de Papel, dans celui de Alfonso Basterra. La jeune Asunta est, pour sa part, incarnée par Iris Wu.

L’histoire vraie derrière L’Affaire Asunta

La vraie Asunta Basterra, née Fang Yong, a été adoptée à l’âge de neuf mois par Alfonso Basterra, journaliste, et son épouse Rosario Porto, avocate et ancienne consul honoraire de France, un couple fortuné vivant sur les hauteurs de Saint-Jacques-de-Compostelle. Si le couple a fini par divorcer, il s’occupait toujours de leur fille adoptive. Le 21 septembre 2013, il signale sa disparition à la police. Le corps d’Asunta est retrouvé moins de trois heures plus tard, sur une petite route forestière de Teo, un village situé à côté de Saint-Jacques-de-Compostelle. L’autopsie révélera que la fillette a été endormie avec un antidépresseur, régulièrement consommé par… Sa propre mère adoptive.

Très vite, les enquêteurs suspectent le couple. Le 24 septembre 2013, Rosario Porto est arrêtée par la police et est placée en garde à vue. Ses témoignages contradictoires confortent la police dans ses hypothèses. Le lendemain, son ex-mari est à son tour arrêté. Il expliquera qu’Asunta souffrait de rhinites allergiques sévères, expliquant la présence de l’antidépresseur et d’un anxiolytique dans le sang de la fillette. Asunta avait été retrouvée ligotée, et est morte par asphyxie. L’affaire secoue médiatiquement toute l’Espagne.

Un procès est rapidement organisé. Durant les audiences, Rosario Porto explique que, malgré le divorce de son mari, elle et ce dernier avaient tenté d’élever leur fille de leur mieux. Cependant, d’après un article du Guardian, le couple en avait assez de s’occuper d’Asunta et de former "une famille parfaite" après l’implosion de leur mariage. Rosario Porto aurait également eu une affaire extraconjugale, et souffrait de graves troubles psychologiques. De son côté, Alfonso Basterra est décrit comme un homme très dépendant de son ex-femme.

Que sont devenus les parents d’Asunta ?

Le 30 octobre 2015, Alfonso Basterra et Rosario Porto sont reconnus coupables du meurtre d’Asunta. Le couple est condamné à dix-huit ans de prison. Les deux parents ont toujours clamé leur innocence. D’après les documents juridiques obtenus par le Guardian, le couple aurait périodiquement drogué leur fille adoptive avec un anxiolytique pendant plus de trois mois, et l’aurait finalement asphyxiée avant de se débarrasser de son corps, et de signaler sa disparition à la police pour couvrir leur crime.

Le 18 novembre 2020, Rosario Porto se donne la mort depuis sa cellule de prison. Alfonso Basterra, pour sa part, purge toujours sa peine. Le média espagnol 20 Minutos a révélé qu’il avait envoyé plusieurs lettres au créateur de la série, Ramón Campos, clamant toujours son innocence.

"Dans des lettres précédentes, je vous ai fait part de la rage et de la colère qui me détruisent et me dévorent depuis trois ans, écrit-il. Rage et colère envers le juge d'instruction, envers le procureur, les avocats du parquet privé, les médias et tout particulièrement envers celui qui a mis fin à la vie de ma fille". Il estime toutefois être "convaincu que les actions de l’assassin sont le fruit d’une folie car personne en pleine possession de ses capacités mentales ne commettrait une monstruosité pareille. (…) Ma véritable condamnation n’est pas la prison, mais de ne pas l’avoir secourue lorsqu’elle avait le plus besoin de moi".