La Petite Fadette - George Sand - Babelio
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Maurice Toesca (�diteur scientifique)
EAN : 9782253003748
279 pages
Le Livre de Poche (22/05/1973)
3.93/5   2544 notes
R�sum� :
Dans le pays, on l'appelait la petite Fadette, car elle avait la taille d'un farfadet et les pouvoirs d'une f�e. Comme sa grand-m�re, elle gu�rissait les hommes et les animaux. Landry, l'un des jumeaux de la ferme voisine, tombe amoureux d'elle. Mais l'amour d'une sorci�re est mal vu dans cette famille, et il rend malade de jalousie Sylvinet, l'autre "besson."
Apr�s La mare au diable, et Fran�ois le Champi, c'est le troisi�me roman champ�tre de George Sand. E... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (152) Voir plus Ajouter une critique
3,93

sur 2544 notes
Qu'il est bon de se plonger, ou plut�t de se replonger dans ce d�licieux roman champ�tre de George Sand.
J'ai d�couvert cette lecture il y a bien longtemps et je n'ai pas oubli� l'�motion ressentie alors.
Qu'allais-je en penser aujourd'hui ? Cette �criture d�licieusement d�su�te riche de mots emprunt�s au patois berrichon, aurait- elle le m�me charme � mes yeux ?
C'est toujours avec une l�g�re inqui�tude que j'ouvre un livre dont je garde un souvenir lumineux.
La petite Fadette � a r�ussi � me transporter � nouveau au pays de l'enfance.
J'ai aim� y retrouver les jumeaux, Landry et Sylvinet, des bessons comme on dit dans le Berry lorsque deux enfants se ressemblent tellement que seule leur m�re parvient � les distinguer.
Les gar�ons n�s dans une famille ais�e aiment courir dans la campagne, s'occuper des animaux mais par-dessus tout �tre ensemble.
Lorsque l'heure viendra de les s�parer, Landry devant partir travailler dans une ferme du voisinage, ce sera bien difficile, surtout pour Sylvinet qui d�couvre la jalousie.
L'histoire prend un nouveau tour avec l'arriv�e de � La petite Fadette �, sauvageonne, en bute aux moqueries et autres m�chancet�s des garnements du village, elle n'est pas en reste pour distribuer les coups et autres quolibets.

Ce roman au charme intemporel est � la fois une histoire de partage et de complicit� entre deux fr�res, une magnifique et tendre histoire d'amour, mais aussi une formidable peinture de la vie des paysans dans le Berry du 19�me si�cle.
A lire et � relire !


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La M�re Sagette, qui a mis au monde les deux bessons � Sylvinet et Landry � avait bien pris soin de mettre les parents en garde : � Par tous les moyens que vous pourrez imaginer, emp�chez-les de se confondre l'un avec l'autre et de s'accoutumer � ne pas se passer l'un de l'autre (�) ; si vous ne le faites pas, vous vous en repentirez grandement un jour. � H�las� �lev�s l'un avec l'autre et de la m�me fa�on, coll�s l'un � l'autre depuis l'enfance, � deux empreintes d'un m�me dessin �, toujours ensemble et ne vivant que l'un pour l'autre, les ann�es passant ils forment un couple d'ins�parables et, en d�pit de quelques infimes diff�rences physiques et de temp�raments dissemblables, ne sont plus que le reflet l'un de l'autre, un miroir qui � lui-m�me fait �cho.

Lorsqu'on les s�pare enfin, � l'�ge de quatorze ans, Landry partant travailler chez un paysan des environs, il est d�j� trop tard, au moins pour Sylvinet qui, d'inconsolable, tr�s vite devient jaloux : jaloux de voir son fr�re s'adapter assez facilement ailleurs, jaloux de le voir nouer des amiti�s autres que la sienne, jaloux qu'il soit capable de vivre sans lui et d'avoir � � part de lui un moment d'aise et de tranquillit� �. de fil en aiguille, de petites querelles en mouvements d'humeur et acc�s de bouderie, la jalousie maussade de Sylvinet installe peu � peu entre les deux bessons un d�but de discorde. Et c'est au sein de ce couple form� par la nature, renforc� par une �ducation inappropri�e, mais o� la belle harmonie commence � se troubler, que vient un jour s'immiscer la petite Fadette�

Plus qu'un roman, � La petite Fadette � est un conte nourri des croyances et des superstitions � toujours en vigueur � l'�poque � des campagnes profondes et plus particuli�rement du Berry, terre fertile en l�gendes o� ce que l'on appelle � le petite peuple � (lutins, gnomes, f�es, ondines�) occupe une place de choix. La petite Fadette, mi-femme, mi-enfant, � mi-chemin de la sorci�re et de la f�e, est directement issue de ce � petit peuple � dont on ne sait trop s'il faut l'honorer ou le fuir tant ses pouvoirs sont inqui�tants, �tranges et ambigus. Face � ce couple de jumeaux, doubles invers�s l'un de l'autre, figures incompl�tes d'un m�me �tre, elle joue � comme souvent la sorci�re et plus g�n�ralement la femme dans la litt�rature et dans les contes � le r�le d'un catalyseur permettant � un �tre, ici physiquement d�doubl�, de se r�v�ler enfin � lui-m�me et, fort de son identit� retrouv�e, de poursuivre sa qu�te... A condition qu'il accepte de payer son obole � la f�e.

A ce titre, � La petite Fadette � est un roman initiatique qui manie avec habilet� les arch�types des l�gendes et des contes et s'av�re infiniment plus profond et plus riche que ce que son apparence de petit r�cit champ�tre plus ou moins destin� � la jeunesse pourrait laisser penser. L'analyse psychologique est fine, la construction intelligente et comme toujours l'�criture de George Sand � �maill�e ici, mais sans outrance, d'un peu de patois berrichon � est de grande qualit�. J'ai pris beaucoup de plaisir � la relecture de ce texte riche de symboles et de significations cach�s que je n'avais certainement pas per�us lors de ma premi�re lecture enfantine. Une relecture int�ressante gr�ce � laquelle j'ai pass� un bon moment.

[Challenge MULTI-D�FIS 2019]
[Challenge solidaire 2019 � Des classiques contre l'illettrisme]
[Challenge HOMMAGE A NOTRE-DAME DE PARIS]
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Tr�s �mouvant, troublant et d'une grande force, "La petite fadette" est un grand roman dont le style et l'histoire simple mettent en valeur la puissance.
J'ai lu ce beau texte de George Sand pendant mon adolescence, ce qui explique je pense, mon engouement et le plaisir que j'ai eu � le d�couvrir. Nombre des th�mes �voqu�s correspondent en effet � cette p�riode de la vie et les jeunes femmes en devenir, m�me plus de cent ans apr�s l'�criture du livre, pourront s'y reconnaitre et y retrouver leurs �mois. Mais je pense que ce serait faire erreur que de cloisonner cette lecture aux jeunes filles, car il y a quelque chose dans ce roman, qui d�passe les fronti�res d'�ge et de sexe. Quelque chose d'�ternel, comme la beaut� de la nature, la puissance du d�sir et la force immuable du temps... Ce quelque chose m'a vraiment marqu�e alors et je garde de ma lecture un sentiment d�routant de d�couverte et de reconnaissance. Je le recommande chaudement!
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Sans pour autant �tre le meilleur roman de George Sand, La petite Fadette est une belle histoire qui met en relief toutes les moeurs drastiques de la soci�t� de l'�poque, et pire dans le monde champ�tre o� les choses sont encore bien dures, le plus souvent entach�es d'ignorance.

Ce livre est comme un miroir o� chaque personnage se mire pour essayer de d�couvrir son identit�...

L'histoire tourne autour de deux fr�res jumeaux qui, une fois s�par�s, ont de la peine � vivre l'un sans l'autre. Landry s'en remet un peu plus facilement, c'est lui qui est parti alors que Sylvinet, rest� � la maison, joue aux jeux du faux malade pour s'attirer tous les projecteurs.

Parall�lement, on suit la transformation de fa�on progressive de la petite fadette, la petite-fille de la vielle Fadet, r�put�e sorci�re, ce qui ternira l'image de la petite fadette. Elle sera trait�e de sorci�re surtout qu'elle est laide et malpropre...Mais cela n'emp�chera pas � Landry, selon une promesse faite � la fadette de danser avec � plusieurs reprises lors d'une f�te de l'�glise au vu et au su de tout le monde malgr� les multiples railleries de l'assistance et m�me des provocations � l'encontre de la petite fadette...
Une histoire d'amour va na�tre entre les deux, une histoire d'amour qui va r�sister � tous les mauvais vents amicaux ou familiaux, ces mauvais vents qui sont propices � la chute de cette soci�t�...

Mais quand la rejet�e, transform�e et devenue fortun�e, mettra � d�couvert son intelligence et son esprit de grandeur, elle deviendra alors source de solution pour la famille Barbeau...

Bien que le d�but soit rempli de beaucoup de d�tails qui ralentissent un peu trop le rythme, mais le plaisir a �t� bien au rendez-vous en lisant ce livre!!!
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Il y a une dissonance assez curieuse autours de Georges Sand. Celle qui est de loin la femme de lettres fran�aises la plus c�l�bre �tait, en son temps, un scandale ambulant. On la d�crivait comme un �tre d�prav� et corrompu, un affront vivant aux bonnes moeurs. Et aujourd'hui c'est �'la dame habill�e en homme qui couchait avec des pianistes et �crivait des histoires un peu nunuches''�

Apr�s le brillant �'maitres sonneurs'' et �'le compagnon du tour de France'', int�ressant mais un peu rat�, je me suis attaqu� � ses grands classiques. Et �'la petite Fadette'' commen�ait on ne peut mieux. Une histoire de jumeau dans son cher Berry. Sylvinet et Landry sont ins�parables, indistinguables, unis � un point tel que leurs parents finissent par s'en inqui�ter. Landry, l�g�rement plus robuste, est plac� comme valet de ferme chez un voisin, o� il s'�panouit rapidement, acquiert de nouvelles responsabilit�s, de nouveaux savoirs, se fait de nouveaux amis... Bref grandit. Par r�action et jalousie, le pauvre Sylvinet d�veloppe un complexe de Peter Pan doubl�e d'une jalousie maladive.

Un jour o� ce dernier a disparu, une voisine aide Landry � le retrouver en �change d'une faveur future. Cette voisine, c'est la petite Fadette : une gamine m�pris�e dans tout le pays car sa m�re les a abandonn�s son fr�re et elle pour un soldat, d�consid�rant ainsi toute sa famille. Qui plus est, alors qu'elle entre dans l'adolescence et doit commencer � se comporter en jeune fille, elle continue � trainer avec les gamins, et se fait remarquer par son penchant pour l'espionite et le comm�rage. Mais ses qualit�s morales profondes s�duiront Landry, et peu � peu le papillon jaillira de la chrysalide�

L'histoire est charmante et tr�s agr�able � lire, mais il faut bien aussi souligner ses faiblesses. La fortune soudaine de la petite Fadette est une �norme pirouette litt�raire, le genre qu'on trouvait en abondance dans les gazettes et les romans feuilleton, voir dans la litt�rature pour enfant. Les deux fr�res sont, forc�ment, les plus beaux gar�ons du pays, et la petite Fadette en devient en un tournemain la plus jolie fille. Landry est chez un patron parfait, tout le monde est bon et g�n�reux, avec juste un peu d'id�es re�ues � cause des comm�rages et de la mauvaise attitude de Fadette.

En fait, ce qui frappe, c'est que la qualit� litt�raire de son texte n'a pas l'air d'avoir beaucoup d'importance pour Georges Sand. Elle fait une jolie histoire pour habiller, mais ce qui l'int�resse c'est de rapporter une histoire locale, et d'en profiter pour d�peindre et analyser les moeurs de la paysannerie berrichonne. En somme elle est romanci�re, mais elle voudrait faire de l'ethnologie. Qui, malheureusement pour elle, n'a pas encore �t� invent�e.

Mais Georges Sand n'�tait pas la seule pionni�re du roman paysan dans les ann�es 1840, loin de l�, et je n'ai pu m'emp�cher de comparer �'la petite Fadette'' au �'Ann-B�bi Jow�ger'' de son homologue suisse, J�r�mias Gotthelf. Si l'on retire la question de g�m�lit�, l'histoire est en effet relativement proche : le fils d'un coq de village tombe amoureux et �pouse, apr�s diverses p�rip�ties, une orpheline aussi jolie et vertueuse que d�sargent�e. Mais chez Gotthelf le gars n'est plus le beau du village depuis que la variole l'a laiss� borgne et d�figur� ; l'orpheline n'a pas doit � une manne inattendue, et si elle est bien accueillie dans sa nouvelle famille la diff�rence de conditions reste donc toujours pr�sente, g�n�rant non-dits et mal-�tre. le tout est accompagn� d'observations minutieuses (et sarcastiques) sur les rapports des paysans � la m�decine, les professionnels du mariage arrang�, la vie des valets et filles de fermes�

J'ai donc eu l'impression que Georges Sand avait essay� de faire un �'gentil texte''. Quelque chose de mignon, sans amertume ni acrimonie ou noirceur, aussi doux et aimable que son Berry ador� mais manquant d'envergure. Il devait certes �tre difficile pour une femme de faire preuve d'ambition litt�raire dans la France de 1850 ; mais ses homologues anglaises, Jane Austeen, les Bront�s, Elizabeth Gaskell, faisaient face � une misogynie bien plus virulente - et leurs conditions de vie �taient bien plus rude que celles de la baronne Dudevant. Et il est impossible de leur faire ce reproche.
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Citations et extraits (244) Voir plus Ajouter une citation
C�est � la suite des n�fastes journ�es de juin 1848 que, troubl� et navr� jusqu�au fond de l��me par les orages ext�rieurs, je m�effor�ai de retrouver dans la solitude, sinon le calme, au moins la foi, si je faisais profession d��tre philosophe, je pourrais croire ou pr�tendre que la foi aux id�es entra�ne le calme de l�esprit en pr�sence des faits d�sastreux de l�histoire contemporaine ; mais il n�en est point ainsi pour moi, et j�avoue humblement que la certitude d�un avenir providentiel ne saurait fermer l�acc�s, dans une �me d�artiste, � la douleur de traverser un pr�sent obscurci et d�chir� par la guerre civile.
Pour les hommes d�action qui s�occupent personnellement du fait politique, il y a, dans tout parti, dans toute situation, une fi�vre d�espoir ou d�angoisse, une col�re ou une joie, l�enivrement du triomphe ou l�indignation de la d�faite. Mais pour le pauvre po�te, comme pour la femme oisive, qui contemplent les �v�nements sans y trouver un int�r�t direct et personnel, quel que soit le r�sultat de la lutte, il y a l�horreur profonde du sang vers� de part et d�autre, et une sorte de d�sespoir � la vue de cette haine, de ces injures, de ces menaces, de ces calomnies qui montent vers le ciel comme un impur holocauste, � la suite des convulsions sociales.
Dans ces moments-l�, un g�nie orageux et puissant, comme celui du Dante, �crit avec ses larmes, avec sa bile, avec ses nerfs, un po�me terrible, un drame tout plein de tortures et de g�missements. Il faut �tre tremp� comme cette �me de fer et de feu pour arr�ter son imagination sur les horreurs d�un enfer symbolique, quand on a sous les yeux le douloureux purgatoire de la d�solation sur la terre. De nos jours, plus faible et plus sensible, l�artiste, qui n�est que le reflet et l��cho d�une g�n�ration assez semblable � lui, �prouve le besoin imp�rieux de d�tourner la vue et de distraire l�imagination, en se reportant vers un id�al de calme, d�innocence et de r�verie. C�est son infirmit� qui le fait agir ainsi, mais il n�en doit point rougir car c�est aussi son devoir. Dans les temps o� le mal vient de ce que les hommes se m�connaissent et se d�testent, la mission de l�artiste est de c�l�brer la douceur, la confiance, l�amiti�, et de rappeler ainsi aux hommes endurcis ou d�courag�s que les m�urs pures, les sentiments tendres et l��quit� primitive sont ou peuvent �tre encore de ce monde. Les allusions directes aux malheurs pr�sents, l�appel aux passions qui fermentent, ce n�est point l� le chemin du salut : mieux vaut une douce chanson, un son de pipeau rustique, un conte pour endormir les petits enfants sans frayeur et sans souffrance, que le spectacle des maux r�els renforc�s et rembrunis encore par les couleurs de la fiction. Pr�cher l�union quand on s��gorge, c�est crier dans le d�sert. Il est des temps o� les �mes sont si agit�es qu�elles sont sourdes � toute exhortation directe. Depuis ces journ�es de juin dont les �v�nements actuels sont l�in�vitable cons�quence, l�auteur du conte qu�on va lire s�est impos� la t�che d��tre aimable, d�t-il en mourir de chagrin. Il a laiss� railler ses bergeries, comme il avait laiss� railler tout le reste, sans s�inqui�ter des arr�ts de certaine critique. Il sait qu�il a fait plaisir � ceux qui aiment cette note-l�, et que faire plaisir � ceux qui souffrent du m�me mal que lui, � savoir l�horreur de la haine et des vengeances, c�est leur faire tout le bien qu�ils peuvent accepter : bien fugitif, soulagement passager, il est vrai, mais plus r�el qu�une d�clamation passionn�e, et plus saisissant qu�une d�monstration classique.
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On me l'a dit assez souvent pour que je le sache ; et, en voyant combien les gens sont durs et m�prisants pour ceux que le bon Dieu a mal partag�s, je me suis fait un plaisir de leur d�plaire, me consolant par l'id�e que ma figure n'avait rien de repoussant pour le bon Dieu et pour mon ange gardien, lesquels ne me la reprocheraient pas plus que je ne la leur reproche moi-m�me. Aussi, moi, je ne suis pas comme ceux qui disent : Voil� une chenille, une vilaine b�te ; ah ! qu'elle est laide ! il faut la tuer ! Moi, je n'�crase pas la pauvre cr�ature du bon Dieu, et si la chenille tombe dans l'eau, je lui tends une feuille pour qu'elle se sauve. Et � cause de cela on dit que j'aime les mauvaises b�tes et que je suis sorci�re, parce que je n'aime pas � faire souffrir une grenouille, � arracher les pattes � une gu�pe et � clouer une chauve-souris vivante contre un arbre. Pauvre b�te, que je lui dis, si on doit tuer tout ce qui est vilain, je n'aurais pas plus que toi le droit de vivre.
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C'est bon d'�tre fort et leste ; c'est bon aussi de n'avoir peur de rien, et c'est un avantage de nature pour un homme. Mais pour une femme trop est trop, et tu as l'air de vouloir te faire remarquer. Aussi on te remarque, on te taquine, on crie apr�s toi comme apr�s un loup. Tu as de l'esprit et tu r�ponds des malices qui font rire ceux � qui elles ne s'adressent point. C'est encore bond 'avoir plus d'esprit que les autres ; mais � force de le montrer, on se fait des ennemis. Tu es curieuse, et quand tu as surpris les secrets des autres, tu les leur jettes � la figure bien durement, aussit�t que tu as � te plaindre d'eux. Cela te fait craindre, et on d�teste ceux qu'on craint. on leur rend plus de mal qu'ils n'en font. Enfin, que tu sois sorci�re ou non, je veux croire que tu as des connaissances, mais j'esp�re que tu ne t'es pas donn�e aux mauvais esprits ; tu cherches � le para�tre pour effrayer ceux qui te f�chent, et c'est toujours un assez vilain renom que tu te donnes l�.
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Il est vrai que le bon dieu m�a faite curieuse, si c�est l��tre que de d�sirer conna�tre les choses cach�es. Mais si on avait �t� bon et humain envers moi, je n�aurais pas song� � contenter ma curiosit� aux d�pens du prochain. J�aurais enferm� mon amusement dans la connaissance des secrets que m�enseigne ma grand-m�re pour la gu�rison du corps humain. Les fleurs, les herbes, les pierres, les mouches, tous les secrets de la nature, il y en aurait eu bien assez pour m�occuper et pour me divertir, moi qui aime � vaguer et � fureter partout. J�aurais toujours �t� seule, sans conna�tre l�ennui ; car mon plus grand plaisir est d�aller dans les endroits qu�on ne fr�quente point et d�y r�vasser � cinquante choses dont je n�entends jamais parler aux personnes qui se croient bien sages et bien avis�es.
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- Eh bien, si c'�tait I'amour qui te commande, je n'aurais pas tant de chagrin. Oh ! oui, Fanchon, si c'�tait l'amour, je crois quasiment que je serais heureux dans mon malheur. J'aurais de la confiance dans ta parole et de l'esp�rance dans l'avenir ; j'aurais le courage que tu as, vrai !... Mais ce n'est pas de l'amour, tu me l'as dit bien des fois, et je l'ai vu � ta grande tranquillit� � c�t� de moi.
- Ainsi tu crois que ce n'est pas l'amour, dit la petite Fadette ; tu en es bien assur� ?
Et, le regardant toujours, ses yeux se remplirent de larmes qui tomb�rent sur ses joues, tandis qu'elle souriait d'une mani�re bien �trange.
- Ah! mon Dieu ! mon bon Dieu ! s'�cria Landry en la prenant dans ses bras, si je pouvais m'�tre tromp� !
- Moi, je crois bien que tu t'es tromp�, en effet, r�pondit la petite Fadette, toujours souriant et pleurant ; je crois bien que, depuis l'�ge de treize ans, le pauvre Grelet a remarqu� Landry et n'en a jamais remarqu� d'autre. Je crois bien que, quand elle le suivait par les champs et par les chemins, en lui disant des folies et des taquineries pour le forcer � s'occuper d'elle, elle ne savait point encore qu'elle faisait, ni ce qui la poussait vers lui. Je crois bien que, quand elle s'est mise un jour � la recherche de Sylvinet, sachant que Landry �tait dans la peine, et qu'elle l'a trouv� au bord de la rivi�re, tout pensif, avec un petit agneau sur ses genoux, elle a fait un peu la sorci�re avec Landry, afin que Landry f�t forc� � lui en avoir de la reconnaissance. Je crois bien que, quand elle l'a injuri� au gu� des Roulettes, c'est parce qu'elle avait du d�pit et du chagrin de ce qu'il ne lui avait jamais parl� depuis. Je crois bien que, quand elle a voulu danser avec lui, c'est parce qu'elle �tait folle de lui et qu'elle esp�rait lui plaire par sa jolie danse. Je crois bien que, quand elle pleurait dans la carri�re du Chaumois, c'�tait pour le repentir et la peine de lui avoir d�plu. Je crois bien aussi que, quand il voulait l'embrasser et qu'elle s'y refusait, quand il lui parlait d'amour et qu'elle lui r�pondait en paroles d'amiti�, c'�tait par la crainte qu'elle avait peur de perdre cet amour-l� en le contentant trop vite. Enfin je crois que, si elle s'en va en se d�chirant le c�ur, c'est par l'esp�rance qu'elle a de revenir digne de lui dans l'esprit de tout le monde, et de pouvoir �tre sa femme, sans d�soler et sans humilier sa famille.
Cette fois Landry crut qu'il deviendrait tout � fait fou. Il riait, il criait et il pleurait ; et il embrassait Fanchon sur ser ses mains, sur sa robe; et il l'e�t embrass�e sur ses pieds; si elle avait voulu le souffrir, mais elle le releva et lui donna un vrai baiser d'amour dont il faillit mourir; car c'�tait le premier qu'il e�t jamais re�u d'elle, ni d'aucune autre, et du temps qu'il en tombait comme p�m� sur le bord chemin, elle ramassa son paquet, toute rouge confuse qu'elle �tait, et se sauva en lui d�fendant de la suivre et en lui jurant qu'elle reviendrait. (Le Livre de Poche, p.202-204)

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Des lettres in�dites de la c�l�bre �crivaine, r�v�lant des �changes inconnus avec de grandes personnalit�s du XIXe si�cle. Un livre exceptionnel ! Lettres r�unies et pr�sent�es par Thierry Bodin.
Ces 406 nouvelles lettres retrouv�es couvrent presque toute la vie de George Sand, depuis ses quinze ans jusqu'� ses derniers jours. La plupart, du court billet � la longue missive, sont enti�rement in�dites et viennent s'ajouter au corpus de sa volumineuse correspondance. D'autres, dont on ne connaissait que des extraits, sont ici publi�es int�gralement pour la premi�re fois. Plus de 260 correspondants � dont une cinquantaine de nouveaux � sont repr�sent�s, des moins connus aux plus illustres, comme Barbey d'Aurevilly, Hector Berlioz, Henri Heine, Nadar, Armand Barb�s, Eug�ne Sue, Victor Hugo, Louis Blanc, Eug�ne Fromentin, Jules Favre, Pauline Viardot, la Taglioni, ainsi que les plus divers : parents, familiers, �diteurs, journalistes et patrons de presse, acteurs et directeurs de th��tre, �crivains, artistes, hommes politiques, domestiques, fonctionnaires, commer�ants, hommes d'affaires... On retrouve dans ces pages toute l'humanit� et l'insatiable curiosit� de l'�crivain, que l'on suit jusqu'� ses toutes derni�res lettres, en mai 1876, quelques jours avant sa mort. Les auteurs : George Sand (1804-1876) est une romanci�re, dramaturge et critique litt�raire fran�aise. Auteure de plus de 70 romans, on lui doit �galement quelque 25 000 lettres �chang�es avec toutes les c�l�brit�s artistiques de son temps. Thierry Bodin est libraire-expert en lettres et manuscrits autographes. Ses travaux sont consacr�s au romantisme fran�ais, en particulier Honor� de Balzac, Alfred de Vigny et George Sand.
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