«L’Ordre du Temple solaire»: raconter l’horreur pour ne pas oublier | JDM
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«L’Ordre du Temple solaire»: raconter l’horreur pour ne pas oublier

«L’Ordre du Temple solaire»: raconter l’horreur pour ne pas oublier
PHOTO COURTOISIE


La plateforme Vrai propose un thriller documentaire qui donne froid dans le dos en racontant, près de 30 ans après les faits, les suicides collectifs et les meurtres liés à la secte de L’Ordre du Temple solaire (OTS). 

Le réalisateur Jean-François Poisson et la cheffe recherchiste Sophie Charest, à qui l’on doit «L’escroc», ont retourné toutes les pierres afin de raconter comment Joseph Di Mambro et Luc Jouret ont entraîné 74 personnes dans la mort, de 1994 à 1997, en France, au Québec et en Suisse.

Di Mambro et Jouret voulaient effectuer un «transit» vers l’étoile Sirius pour échapper à la fin du monde sur Terre et, peut-être aussi, à toute l’attention dont faisait l’objet la secte depuis qu’on avait révélé, en 1993, qu’elle avait infiltré Hydro-Québec. Les suicides collectifs auraient même dû se faire au Québec, mais les gourous les auraient déplacés en Europe et même devancés en raison de toute la paranoïa qui s’était emparée d’eux.

L’OTS a orchestré ces suicides collectifs en octobre 1994 en ayant notamment recours à des systèmes de mises à feu et à de l’essence, mais les enquêtes menées à l’époque ont démontré que la moitié des personnes mortes ont été abattues froidement, comme la journaliste du «Journal de Québec» Joce-Lyne Grandmaison, qui se trouvait alors en Suisse.

L’équipe a consulté deux rapports du coroner – ceux des drames de Morin-Heights en 1994 et de Saint-Casimir en 1997 – ainsi que le document de 200 pages relatant l’enquête des autorités suisses après les drames survenus à Cheiry et Salvan. 

Plusieurs Québécois qui ont perdu des proches témoignent également dans la série documentaire, dont Joane Cadorette, sœur de Carole Cadorette qui était dans l’entourage de Di Mambro et de Jouret, ainsi que ses fils François et Réjean Labrèche.

«Meurtres ou suicides, la réponse c’est les deux. Et plusieurs Québécois, malheureusement, ont connu une fin beaucoup moins douce que certains autres membres de l’OTS, car ils étaient considérés comme des traitres, parce qu’ils voulaient sortir de la secte. Ils ont été assassinés froidement comme s’ils avaient fait partie de la mafia», a dit Sophie Charest, évoquant notamment ce qui est arrivé à Robert Ostiguy, maire de Richelieu en Montérégie, et à sa femme, Françoise Asselin-Ostigny, qui voulaient tous deux récupérer l’argent prêté à la secte. Leur fils Sylvain est interviewé dans la série.

Les deux premiers épisodes montrés aux journalistes, sur les six disponibles sur Vrai dès mardi, sont bien faits. La musique originale de Thomas Augustin, du groupe Malajube, ajoute au malaise ambiant. D’abondantes images d’archives et des reconstitutions permettent de découvrir toute l’horreur de cette histoire, et la série a pu bénéficier du matériel amassé par une équipe française qui menait son propre projet en parallèle. On voit des policiers et un médecin légiste encore marqués des décennies plus tard par ce qu'ils ont vu.

Jean-François Poisson admet que la série ne «règle pas tout» et qu’il reste des «zones floues». «Même les policiers n’ont pas tout compris», a-t-il dit en entrevue avec l’Agence QMI. Il est toutefois fier de partager pour la première fois les confidences du chef d’orchestre suisse Michel Tabachnik, qu’on a présenté pendant un temps comme le troisième présumé gourou de l’OTS.

Et qu’en est-il aujourd’hui?

Les autres épisodes montrent qu’il existe encore, de nos jours, des gens qui tentent de recruter et d’endoctriner d’autres personnes dans le but de les dépouiller de leur argent ou de profiter d’elles.

«Au début, on commençait à explorer en vue de faire une série sur les gourous, les mouvements sectaires plus contemporains. Il y en a beaucoup dans les Laurentides. Maintenant, ce n’est plus l’ésotérisme, c’est la médecine douce, le yoga et les coachs de vie. À travers la série, on fait des parallèles avec aujourd’hui, en montrant qu’il y a des gens qui se font encore embarquer. Ce ne sont pas des illuminés, ils peuvent être en détresse ou à la recherche de quelque chose.»

«Personne n’est à l’abri», a ajouté le réalisateur, encore moins quand une pandémie mondiale s’étire depuis près de deux ans.

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