Paris 2024 : B-Boy Dany Dann, itinéraire d'un breakdancer « du kif au Jeux »

Premier Français qualifié pour les jeux Olympiques dans sa discipline, Danis Civil, alias B-Boy Dany Dann, médaillé d’or aux Jeux européens, vise à marquer l’histoire du breaking en décrochant une médaille cet été. Un sport qui ne sera pas reconduit pour les prochains Jeux, en 2028.

Publié le 14 mai 2024 Mis à jour le 14 mai 2024 à 19:54

Sa discipline figure parmi les quatre nouveautés des jeux Olympiques de Paris. Danis Civil, aussi connu sous le nom B-Boy Dany Dann, représentera la France en breakdance cet été. Avec plus de vingt années d’expérience et plusieurs titres à son actif, dont celui de champion de France en 2022 et une médaille d’or aux Jeux européens 2023, il approche confiant de cette première participation olympique.

À 36 ans, l’athlète compte faire rayonner son sport, une passion découverte par hasard. « J’ai commencé en 2003, quand j’avais 14 ans. C’est grâce à mon cousin qui participait à un stage. Je passais devant sa salle par hasard mais je n’ai pas osé franchir le seuil de la porte parce que j’étais timide, se remémore le danseur. J’ai observé le cours au loin pendant à peu près une heure. J’étais vraiment époustouflé et j’ai tout de suite eu envie d’essayer. »

Le lendemain, il franchit finalement la porte de cette salle de Saint-Laurent-du-Maroni, à l’ouest de la Guyane, dont il est originaire. C’est le coup de foudre. « Quand j’ai commencé à faire mes premiers mouvements et à regarder les chorégraphies des autres, j’avais des étoiles plein les yeux. C’est quelque chose que je n’oublierai jamais », raconte-t-il.

Un rêve olympique

À l’époque, Danis Civil est loin de s’imaginer concourir aux jeux Olympiques. « Je voulais juste danser contre les meilleurs à l’échelle nationale, voire internationale. Mais je ne pensais pas plus loin, je voulais juste m’entraîner et kifer”. Je n’imaginais pas vivre une expérience aussi forte que les JO », explique-t-il. À moins d’une centaine de jours des épreuves, loin d’être impressionné, il perçoit les Jeux plutôt comme un challenge. « Je prends chaque compétition étape par étape. Je me prépare à fond depuis des années, donc c’est pour faire un bon résultat. Je vise une médaille cet été. Peu importe la couleur, même si évidemment on vise la plus haute marche du podium. »

Que de chemin parcouru pour celui qui, après deux années dans l’armée, a quitté sa Guyane natale pour « tenter sa chance » en métropole, à 19 ans. Au début, il enchaîne les petits boulots : agent d’accueil des parcs et jardins, livreur, salarié dans les cantines, puis aide-soignant dans un Ehpad. En 2022, Dany Dann, qui vit maintenant de sa passion, parvient à intégrer l’Insep, le temple des sportifs de haut niveau, à Paris. Comme les autres athlètes, il y travaille « le cardio et le renforcement musculaire », mais se consacre également à sa discipline principale : la danse.

Prévues les 9 et 10 août, place de la Concorde, les épreuves de breaking se déroulent sous la forme de battles (batailles) où B-Boys et B-Girls (pratiquants de breakdance) s’affrontent en duel sur scène, en musique. Ils lancent des figures acrobatiques et un jury vote pour élire le vainqueur en évaluant notamment l’aspect athlétique et la qualité d’exécution des mouvements.

Lui se voit comme un « arthlète » : « mi-athlète, mi-artiste ». Si la danse est importante, le style l’est tout autant. « C’est notre marque de fabrique, confie le sportif aux cheveux bleus. C’est là qu’on va arriver à se différencier sur des millions de danseurs, avec sa tenue vestimentaire, son comportement, ses bijoux, sa couleur de cheveux, sa coiffure, ses baskets… c’est essentiel ! »

Un sport à part

Né aux États-Unis dans les années 1970, le breakdance s’est rapidement exporté dans le monde entier. Mais en France, cette discipline s’est vite fait une place à part. Depuis quelques années déjà, l’Hexagone est devenu le pays qui organise le plus d’événements de breaking ou de hip-hop au monde. « Aujourd’hui, on a nos propres codes, nos propres talents, revendique-t-il. Au fil des ans, on a réussi à devenir une grande nation. » Et d’expliquer : « Le break, c’est avant tout un mélange de cultures. Tous les B-Boys et B-Girls ont cette culture hip-hop, mais chacun s’inspire de son vécu, de son entourage, des coutumes de son pays. Les Néerlandais, les Japonais, les Français… On apporte tous notre touche à cette discipline et c’est ça qui fait sa beauté. »

Sa beauté ne sera pourtant pas visible bien longtemps aux JO. Introduit pour la première fois comme sport additionnel aux Jeux de Paris 2024, le breakdance ne sera pas du voyage pour la prochaine édition, en 2028, à Los Angeles qui a décidé de retenir plutôt le baseball et le softball. Un choix jugé « illogique » par la Fédération mondiale de danse et « opportuniste » par de nombreux acteurs du monde du breaking. De son côté, Danis Civil reste droit dans ses baskets : « Je pense qu’ils vont le regretter », dit-il avant d’ajouter : « J’espère tout de même que Paris sera une grande fête. »

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