Une montagne se dresse devant les Bleus : les États-Unis. C’est le douzième match en Mondial élite entre les deux pays, pour un seul succès bleu : 3-1 en 1998, avec des buts de Jean-Christophe Filippin, Jonathan Zwikel et… Philippe Bozon.
Le sélectionneur tricolore doit se passer de Stéphane da Costa, qui a pris un coup sur le match précédent. Du coup, Baptiste Bruche revient au jeu, et Enzo Guebey débute son Mondial. Tomas Simonsen est lui écarté pour ce match. Sebastian Ylönen est en tribunes et Julian Junca reçoit son deuxième départ, avec Quentin Papillon en remplaçant.
Et cela commence mal pour le gardien bleu, battu après seulement 45 secondes lorsque Nelson est oublié entre les cercles. Boldy le déniche, l’attaquant des Islanders a du champ et se montre précis, sous le bras gauche de junca (1-0).
Un Boldy bien en jambes, qui, trois minutes plus tard, expédie une volée puissante du cercle droit sur un renversement de jeu de Gaudreau (2-0).
Junca a plus de réussite peu après, captant de la mitaine un lancer de Jones, puis un tir d’Eyssimont, tous deux du cercle droit. La France recule et concède plusieurs temps forts américains, patinant derrière une équipe assez physique dans les bandes et habile à renverser le jeu.
Après une douzaine de minutes, les Bleus parviennent à effectuer une belle remontée de palet avec Tim Bozon et Aurélien Dair. Avec Bellemare et Auvitu, ils parviennent à installer une présence durable, le défenseur tentant quelques tirs lointains à la recherche de déviations.
Malheureusement, le talent américain fait la différence. Sur une mise au jeu, Boldy reprend en force ras glace et surprend Junca (3-0).
Les Bleus obtiennent un contre, mais Kévin Bozon n’a pas confiance en son tir et cherche une passe… mal ajustée. Cela provoque tout de même un dégagement interdit, et Auvitu tente un tir dévié par Dair pour une bonne chance.
La fin de tiers est difficile. Enfermés dans leur zone pendant une durée interminable, les Bleus ne parviennent pas à se dégager. La précision technique d’un jeu de passe rapide, qui tourne, renverse, et Werenski décale en passe aveugle sur Gaudreau pour une volée au cercle (4-0).
Trop rapide, plus physique, plus précis : l’écart de niveau important sur le papier s’est concrétisé sur la glace dans ce premier tiers.
Papillon entre en jeu dans le but tricolore et doit vite se mettre en action sur une tentative de tour de cage après un lancer hors cadre. Devant lui, ses équipiers posent un peu plus le jeu et tentent des choses – tir sur engagement, ou encore Bertrand qui repique sur le but et cherche le tir du revers.
Le danger américain réside en une ligne : Boldy-Nelson-Gaudreau. À l’origine des quatre buts, ils frôlent le cinquième dans l’enclave, mais Papillon se couche bien sur le palet. Le gardien de Bordeaux sauve ensuite une percée de Zegras à bout portant.
Les Bleus reprennent des couleurs au fil des minutes, avant de revivre un temps fort adverse après dix minutes. Papillon s’illustre devant Tkachuk à deux reprises de près.
La pression reste difficilement soutenable, avec des joueurs américains très forts pour freiner et changer de direction. Cantagallo est battu sur un duel et sanctionné pour cinglage. Le portier tricolore reste solide sur sa ligne malgré un Tkachuk planté devant lui. Le reste de l’infériorité est difficile, car Claireaux brise sa crosse sur l’engagement. La France tient le choc avec un arrêt de Papillon sur Caufield et revient au complet… mais pas longtemps.
Addamo est en effet sanctionné pour une charge contre la bande. La défense bleue résiste très vite à un slap de Boldy, avec Tkachuk au rebond. Thiry se bat sur la ligne pour protéger Papillon. Puis, la deuxième équipe achève le travail avec un Perret décisif.
Un contre américain à deux contre un fait à nouveau briller le gardien de Bordeaux : il se déplace très vite devant Werenski à la réception de la passe. Sa mitaine est tout aussi solide sur un tir de loin très bien masqué devant lui. Les Bleus ont stoppé l’hémorragie et se sont permis quelques incursions en attaque sur la fin de tiers, sans parvenir à cadrer : seulement 3 tirs dans ce tiers, contre 23 sur Papillon !
Le portier de Bordeaux est bien présent dès la reprise. Un revirement dans la neutre crée un 2 contre 1. Gaudreau est seul au centre et Papillon étire la jambière, avant de réussir à geler le palet devant Boldy.
Cantagallo puni pour cinglage, les affaires ne s’arrangent pas. Jones lance de loin et Papillon repousse de la plaque. Puis il bloque un tir de Gaudreau sur le côté du but, à bout portant. La pénalité est tuée… et Addamo y retourne lui aussi, maladroit sur son repli défensif. Encore une fois Papillon s’impose sur des tirs de la bleue, de Jones puis Sanderson, et de près sur une action de Nelson sur le côté du but.
La France n’existe pas offensivement et attend huit minutes pour son premier tir, une action de Boudon qui, pas en confiance, cherche une passe difficile près de la cage au lieu d’y aller lui-même.
La fatigue commence à se voir côté bleu, avec des erreurs inhabituelles, dont une relance ratée de Thiry qui offre un 2 contre 1, heureusement hors cadre. La France recule encore et Papillon sauve une déviation de Boldy servi dans l’enclave par une montée de Hughes… lequel y va lui-même sur un shift suivant, et se heurte encore au dernier rempart bleu. Eyssimont n’a pas plus de réussite en tour de cage.
En attaque, rien du tout ou presque : un essai du duo Boudon-Bruche, un tir de Claireaux. Surtout, un palet volé par Kévin Bozon à trois minutes de la fin, qui lui permet d’être seul devant Nedeljkovic pour la meilleure occasion française.
Sur la présence suivante, Papillon cède sur son 36e tir, Pinto se montrant précis de près après une relance de Kévin Bozon contrée (5-0).
La France termine le match acculée sur son but, avec deux derniers arrêts de son gardien… et se fait donc blanchir pour la troisième fois de suite par les États-Unis, après le 9-0 de 2023 et le 4-0 de 2016. Le dernier but bleu remonte maintenant à 2013, inscrit par Yorick Treille…
Désignés joueurs du match : Matt Boldy (États-Unis) et Quentin Papillon (France)
Commentaires d’après-match :
Aurélien Dair (attaquant de la France) : Alors, ce match NHL ? C’était stylé ! C’était cool, une bonne intensité. On a pas l’habitude de jouer des matchs comme ça, directement avec autant d’intensité. Le deuxième tiers est plus positif. Ma ligne ? C’était que du plaisir avec Bellemare et Tim Bozon, j’ai pris tout ce qu’on me donnait, je ne me suis pas pris la tête. Je n’avais aucun stress extérieur. Ils m’ont fait confiance, ils m’ont expliquer beaucoup de choses. Ce genre de matchs nous montre que l’on doit travailler encore plus fort. On fait encore 2-3 petites erreurs qui coûtent cher. »
Sacha Treille (attaquant de la France) : « Contre les grosses équipes, l’espace est toujours réduit, on a moins le palet, dès qu’on drifte on a quelqu’un sur le dos, ils ont une très grande rapidité d’exécution. On a l’impression que la glace a rétréci ce soir ! Mais je pense que l’effort était présent, on a fait un match solide avec ce qu’on a, après le premier tiers. On va retenir l’égalité au deuxième tiers, c’est positif. On voulait gagner le troisième, malheureusement nous n’avons pas réussi. Quentin, je suis content pour lui, ce n’est jamais facile d’entrer en jeu, c’était la perfection. Controverse de gardien ? C’est un poste tellement spécifique, on peut tous avoir un feeling mais il peut être faussé donc je laisse cela aux spécialistes. »
Quentin Papillon (attaquant de la France) : « C’était un match compliqué pour nous. On s’est ressaisi, on a resserrer défensivement. On fait une belle période en deuxième, on fait 0-1 au troisième. On va apprendre de ces matchs. Ils mettent beaucoup de trafic, de shoots. Il faut construire là-dessus. J’étais préparé à ça, ça va plus vite. Il faut être devant le palet avant qu’ils le touchent. Les déplacements ? C’est l’une de mes qualités, je suis un gardien agile, j’ai de bonnes jambes. Je suis content de pouvoir le montrer ce soir. La suite du tournoi ? On va essayer de gratter des points à chaque match. Moi, je me tiens prêt à chaque match. »
Philippe Bozon (entraîneur de la France) : « Le point positif, le PK ? On travaille beaucoup dessus et on s’améliore, c’est bien que l’on ait des résultats. Le power-play, on n’a pas pu trop travaillé dessus ce soir ! On s’attendait à ce genre de match, ils sortaient de deux jours de repos avec le besoin de points, ils allaient nous prendre au sérieux. Nous, j’ai trouvé que nous n’étions pas trop en jambes au début, nous n’avions pas l’énergie de d’habitude. Ils ont confisqué le puck et on a beaucoup défendu. Mais on va apprendre de ces matchs, car il y a beaucoup à apprendre sur le jeu sans le puck, le jeu défensif. Ce sont des matchs où on apprend beaucoup. Est-ce qu’on les a trop respectés ? Ou alors du mal à se mettre en route, je ne sais pas, peut-être les deux mais on va échanger avec les joueurs. En face, ce sont des joueurs de qualité, c’est difficile. Après le premier tiers, on a essayé de se concentrer sur le jeu défensif. Il y a des choses à améliorer, quand on ne fait que défendre. Mais il faut accepter de travailler dans ce sens, pour progresser dans le futur, il faut passer par ces matchs là.
N’y-a-t-il pas une controverse de gardien quand on voit la prestation de Papillon ? Je ne sais pas de quelle controverse vous parlez. Pour moi le haut niveau c’est la régularité. En France, dès qu’un gardien fait un bon match c’est lui, alors que pas du tout. Il faut savoir répéter, sous pression ou non. Je ne fais pas une évaluation sur un match, mais sur 40 ou 50, toute l’année. Je ne me base pas sur les commentaires des uns ou des autres. Mais si vous voulez savoir pourquoi je n’ai pas mis Junca contre la Pologne, c’est pour ça.
Le prochain match contre la Slovaquie et son public ? On aime jouer dans des patinoires pleines, avec beaucoup d’émotion, et nous avons souvent fait des bons matchs dans ces conditions, et contre la Slovaquie. J’ai dit aux joueurs que pour faire un exploit, il fallait se servir du match de ce soir, être très bon défensivement pour exister contre les gros.
Stéphane Da Costa ? Il reste incertain, c’est au jour le jour et j’ai confiance dans le staff médical.
Le gardien du prochain match ? On va échanger là-dessus avec le staff.
Simonsen ? C’est un choix du coach. Il doit apprendre encore, c’est un jeune joueur et je ferai la même réponse que pour les gardiens sur la répétition des performances. Il a besoin de beaucoup plus, et ce soir on a voulu donner la chance à d’autres qui ont beaucoup travaillé eux aussi pour être ici. »
États-Unis – France 5-0 (4-0, 0-0, 1-0)
Jeudi 16 mai 2024, 20h20. Ostravar Arena, Tchéquie. 5494 spectateurs.
Arbitres : Christoffer Holm (SUE) et Mikael Holm (SUE) assistés de Oto Durmis (SVQ) et Dario Fuchs (SUI)
Pénalités : États-Unis 0′ (0′, 0′, 0′), France 4′ (0′, 4′, 0′)
Tirs : États-Unis 39 (16, 23,0), France 6 (3, 3, 0)
Récapitulatif du score
1-0 à 00′45′′ : Nelson assisté de Boldy et Jones
2-0 à 03′24′′ : Boldy assisté de Sanderson et L. Hughes
3-0 à 12′30′′ : Boldy assisté de Gaudreau et Nelson
4-0 à 18′07′′ : Gaudreau assisté de Werenski et Nelson
5-0 à 57′52′′ : Pinto assisté de Tkachuk
États-Unis
Attaquants :
Matt Boldy (+4) – Brock Nelson (A, +4) – Johnny Gaudreau (+4)
Shane Pinto (+1) – Brady Tkachuk (C, +1) – Cole Caufield (+1)
Trevor Zegras – Kevin Hayes – Joel Farabee
Will Smith – Luke Kunin – Michael Eyssimont
Gavin Brindley
Défenseurs :
Seth Jones (A, +2) – Zach Werenski (A, +2)
Luke Hughes (+2) – Jake Sanderson (+2)
Michael Kesselring – Alex Vlasic (+1)
Matthew Kessel (+1)
Gardien :
Alex Nedeljkovic
Remplaçant : Trey Augustine (G). Réservistes : Alex Lyon (G, rentré au pays, blessé), Jeff Petry (D), Ryan Leonard (A)
France
Attaquants :
Aurélien Dair (-2) – Pierre-Édouard Bellemare (A, -2) – Tim Bozon (-2)
Charles Bertrand (-1) – Valentin Claireaux (-1) – Jordann Perret (-1)
Baptiste Bruche (-1) – Louis Boudon (-1) – Anthony Rech (-1)
Sacha Treille (C, -1) – Justin Addamo (4′, -1) – Kevin Bozon (-1)
Défenseurs :
Hugo Gallet (-2) – Yohann Auvitu (A, -2)
Enzo Cantagallo (4′, -1) – Florian Chakiachvili (-1)
Pierre Crinon (-1) – Vincent Llorca (-1)
Thomas Thiry (-1) – Enzo Guebey (-1)
Gardien :
Julian Junca puis Quentin Papillon à 20′00′′
Réservistes : Sebastian Ylönen (G), Tomas Simonsen (A), Stéphane Da Costa (A, repos). Substitué sur blessure : Nicolas Ritz (A, fracture de la main)