Louis-Alexandre Berthier, prince de Neuchâtel et de Wagram
Ministre de la Guerre, 11 novembre 1799-2 avril 1800, puis 8 octobre 1800-9 août 1807
p. 123-134
Plan détaillé
Texte intégral
Origines, formation et carrière avant 1799
1Louis-Alexandre Berthier naquit à Versailles le 20 novembre 1753. Il était le fils de Jean-Baptiste Berthier, ingénieur géographe en chef des camps du roi et gouverneur des hôtels de la Guerre, de la Marine et des Affaires étrangères de Versailles. Ses brillants services attirèrent les bienfaits du roi et la famille fut anoblie en 1763. Aîné d’une fratrie de quatre, le jeune Berthier devait suivre le chemin de son père et en reprendre les charges1. Il fut ainsi envoyé à l’École de Mézières dont il sortit ingénieur géographe des camps et des armées en 1766, et prit rang en 1769. Nommé sous-lieutenant le 11 mars 1770, il resta au service de son père avant d’intégrer l’infanterie comme lieutenant dans la légion de Flandre (1772), puis dans le régiment des dragons de Lorraine (1776). Ses talents de dessinateur lui permirent de participer aux travaux d’élaboration de l’Ordonnance provisoire sur l’exercice de 1775 sous les ordres du baron de Pirch2. Mettant « l’argent infiniment au-dessous d’un grade qui le mettra à portée d’étendre ses connaissances et de devenir plus utile » et ayant selon Viomesnil « beaucoup de talents pour la partie de l’état-major des armées3 », il sollicita et obtint une commission de capitaine de dragons le 2 juin 1777, et fut nommé l’année suivante aide de camp du comte de Melfort4, inspecteur de la cavalerie. En 1779, les chasseurs à cheval formèrent des régiments à part entière, et Berthier fut versé dans le 2e régiment de cette nouvelle subdivision d’arme.
2Berthier se porta volontaire pour la guerre des Amériques et fut intégré au régiment de Soissonnais en qualité de capitaine à la suite. Après quelques difficultés pour parvenir outre-Atlantique, Rochambeau le fit entrer dans son état-major comme aide maréchal général des logis. À son retour en France (1783), Berthier ne put être conservé dans son grade et fut nommé adjoint au corps de l’état-major nouvellement créé par Ségur5. En août 1783, Custine l’emmena avec lui en Prusse puis en Autriche où il fut présenté tour à tour à Frédéric II, puis à Joseph II. Durant ce voyage, Berthier visita plusieurs camps et put voir l’armée du Grand Frédéric en mouvement6.
3Le 2 décembre 1787, il fut réintégré au grade d’aide maréchal des logis. Quelques mois plus tard, il fut nommé major, obtint la croix de Saint-Louis (1er juillet 1788), puis accompagna le marquis de Lambert, inspecteur général de l’armée, en Flandre et en Hainaut. Le 11 juillet 1789, Berthier fut nommé lieutenant-colonel ; il était alors chef d’état-major du baron de Besenval, qui commandait l’armée rassemblée sous Paris.
4À cette date, Louis-Alexandre avait 36 ans. Comme la majeure partie des officiers « américains », il s’enthousiasma pour les idées nouvelles. La Révolution, non sans turbulence, lui permit de continuer sa carrière. Nommé le 15 juillet 1789 major général de la garde nationale de Versailles sous l’amiral d’Estaing, il resta en poste sous La Fayette, puis commanda en second la milice versaillaise à compter du 27 décembre. Le 19 février 1790, il empêcha le pillage du château de Bellevue, et assista les tantes de Louis XVI (Adelaïde et Victoire) qui quittaient le territoire français en accord avec l’Assemblée nationale. Premier orage pour Berthier, des officiers de la garde nationale pétitionnèrent, l’accusant de tiédeur et réclamèrent sa démission. L’affaire en resta là. Nommé adjudant général colonel (1er avril 1791) avec l’appui de La Fayette, Berthier obtint un poste moins exposé politiquement au sein de l’état-major des 1re et 16e divisions militaires, où il ne resta que deux mois. En juin 1791, il changea d’affectation et intégra l’état-major de la 17e division militaire (Paris) où il participa à la formation et à l’instruction des bataillons de volontaires du Loiret et de Seine-et-Oise. Après un bref passage comme adjoint au Dépôt de la guerre7, Berthier fut envoyé, sur sa demande, à l’armée du Nord comme chef d’état-major de Rochambeau. Il resta en poste sous Luckner, qui était à la tête des armées du Nord et du Centre, et fut nommé maréchal de camp le 22 mai 1792. Sur ordre de son nouveau chef, le jeune général fit part de l’état de déliquescence de l’armée au ministre de la Guerre. Si ce dernier abonda dans son sens, le constat resta lettre morte. L’arrivée de Dumouriez (armée du Nord) puis de Kellermann (armée du Centre) redistribua les rôles et le futur maréchal passa sous Kellermann pour quelques semaines. Suite à une dénonciation à l’Assemblée, il fut destitué pour « incivisme » et « royalisme ». Malgré ses protestations formelles ainsi que les lettres de Luckner et Kellermann8, le ministre ne put s’opposer à la disgrâce de Berthier qui assista à Valmy en spectateur. Tout en se tenant sagement éloigné de Paris, Berthier envoya des pétitions mettant en avant son dévouement à la défense de son pays et réclamant une affectation. Il obtint satisfaction le 11 mai 1793 et fut intégré à l’armée de Vendée en tant que volontaire. Nommé chef d’état-major par les représentants du peuple, il fut chargé de la défense de Saumur. Malgré son engagement personnel (il fut blessé par trois fois le 9 juin), il ne put empêcher la prise de la ville et organisa la retraite des républicains. Auteur des plans de campagnes qui furent appliqués par la suite, et jouissant de la confiance des représentants du peuple, il fut envoyé à Paris en août 1793 pour y porter un rapport sur la Vendée. Le ministre Bouchotte, se souvenant des mises en cause précédentes, l’accusa une nouvelle fois de royalisme et refusa de le renvoyer à l’armée. Les protestations de Berthier n’y firent rien, et il décida de se retirer de la vie militaire.
5Avec la fin de la Terreur, Berthier put redemander à servir. Appuyée notamment par Kellermann, sa requête fut accueillie favorablement et, le 5 mars, il fut nommé chef de l’état-major des armées des Alpes et d’Italie. Il y réorganisa le service de l’état-major et par extension l’armée, et obtint des témoignages de satisfaction de la part du Comité de salut public en août 17959. À l’arrivée de Schérer à la tête de l’armée d’Italie, Berthier passa sous Kellermann à l’armée des Alpes et, durant l’automne 1795, entretint une correspondance active avec Clarke, alors directeur du cabinet topographique, sur des plans d’offensives en Piémont. Proche des thèses développées par Bonaparte lors de son passage au cabinet, tout laisse à penser que ces plans lui furent communiqués avant sa prise de fonction en mars 1796. À la même époque, Berthier fit parvenir au Directoire des idées sur la réorganisation du service d’état-major des armées d’Italie et des Alpes10. Le choix d’un chef d’état-major par Bonaparte s’était probablement porté sur Berthier en raison des rapports qui lui avaient été communiqués. L’ordre de mutation lui fut transmis le 14 mars et il se rendit à Nice le 24 mars suivant.
6À compter de cette date, les destins des deux hommes furent liés et indissociables jusqu’en 1814. La première appréciation de Napoléon sur son chef d’état-major pourrait être étendue à l’ensemble de son travail sous l’Empire : « Le général Berthier, chef d’état-major, a toujours passé la journée auprès de moi au combat, et la nuit à son bureau ; il est impossible de joindre plus d’activité, de bonne volonté, de courage et de connaissances11. » Tout était dit. Napoléon ordonnait, tandis que Berthier transmettait et faisait exécuter. Infatigable travailleur, il passait des déplacements aux dossiers, des informations collectées aux instructions reçues et transmises avec autant de résolution que de virtuosité12. Organisateur sans pareil, comme major général de la Grande Armée, il seconda Napoléon durant toutes les campagnes de l’Italie (1796-1797 et 1800) à la Russie (1812), en passant par l’Autriche (1805, 1809), la Prusse (1806), la Pologne (1807), l’Espagne (1808), avec un attachement sans faille. Jugé « grognon » et austère, mais homme de toute confiance, il eut des missions à la hauteur de ses capacités et les honneurs qui en découlèrent. Ainsi, après brumaire, il fut le premier ministre nommé par le nouveau gouvernement consulaire.
Action au ministère de la Guerre (1799-1800 puis 1800-1807)
7Berthier accéda au ministère de la Guerre pour la première fois le 11 novembre 1799 jusqu’au 2 avril 1800, date de sa prise de commandement de l’armée de réserve13. Il reprit le ministère le 8 octobre 1800 et resta en charge jusqu’au 9 août 1807. Durant la seconde période, il cumula la fonction ministérielle avec celle de chef d’état-major général des camps (29 août 1803), puis de major général de la Grande Armée expédiant les ordres de sa majesté (août 1805). Ce cumul incarnait l’unité de commandement que Napoléon voulait instaurer dans l’armée, et donna au ministère Berthier une certaine originalité. Il pouvait ainsi être considéré comme l’autorité militaire la plus importante après le chef du gouvernement qui en exerçait la haute maîtrise, ce qu’entérina sa nomination de vice-connétable en 1807. Constitutionnellement, Napoléon devait pourvoir à la « sûreté intérieure et à la défense extérieure de l’État14 » et mener les opérations militaires. Dans cette organisation, le rôle de Berthier consistait à transmettre les ordres. Ainsi toute la correspondance avec les commandants d’armées devait passer par le ministre de la Guerre15. Mise en place dès le premier ministère Berthier, cette distribution du travail permit à Napoléon de se distancier de ses anciens camarades et de ménager les susceptibilités. Compte tenu de la centralisation des pouvoirs instaurés par les constitutions de l’an VIII puis de l’an XII, les ministres n’étaient que les « premiers commis » du chef du gouvernement incarné dans la personne du Premier consul puis de l’empereur16. Dans ce schéma, le ministre de la Guerre ne fit pas exception. Napoléon impulsait la politique tandis que le rôle de Berthier était de mettre en œuvre les réformes et de les appliquer. La subordination du ministre apparaissait pleinement dans l’organisation du travail entre les deux hommes. Chaque décade, puis chaque mercredi, se tenait le conseil d’administration de la Guerre. Les feuilles de travail17 entre Berthier et le consul puis l’empereur montrent à quel point ce dernier intervenait dans les affaires de l’administration. Napoléon se substituait au ministre le rabaissant au rôle de chef de service. Chaque séance de travail se découpait en Objets généraux (demandes de dépenses, avancée du travail de conscription, rapport d’inspection ou d’organisation, avancée de travaux…), et Objets personnels (propositions de nominations et d’affectations à des emplois spécifiques, attributions de décoration, sollicitations de promotions ou d’emplois…). Le premier conseil du mois ajoutait aux séances de travail les nominations aux emplois dans les différents corps, prérogative constitutionnelle18 que Napoléon n’abandonna jamais. Berthier, comme le premier des secrétaires de son ministère, notait en marge les observations, les compléments à apporter ou les approbations. Néanmoins, il pouvait y avoir des discussions et des argumentations et parfois les commentaires dépassaient les « accordés », « décret signé » ou « décret remis » qui étaient la règle.
Organisation du ministère
8Le ministère de la Guerre connut sous Berthier deux réformes structurelles d’importance qui entraînèrent une spécialisation des tâches et une véritable fonctionnarisation des personnels. Ces réformes furent nécessaires, notamment en raison de l’augmentation permanente des effectifs de l’armée (174 000 hommes en 1802, 527815 au début de 1807). La gestion de telles masses nécessitait une rationalisation de l’administration pour en augmenter l’efficacité. D’autant plus que, si entre 1800 et 1805, Berthier fut souvent dans ses bureaux de Paris19, par la suite, avec la reprise des campagnes, sa fonction de major général de la Grande Armée le rendit indispensable aux côtés de l’empereur et l’éloigna de son ministère qu’il dirigea à distance. Dès le 1er vendémiaire an XIV (23 septembre 1805), Napoléon prit un décret organisant le « service pendant l’absence de S.M. l’empereur20 », il y réglait notamment l’activité du ministère de la Guerre pendant les absences de Berthier. Le ministre devait poursuivre le travail du personnel, la répartition des fonds de son département ainsi que l’expédition des ordres relativement au mouvement des troupes à l’armée et à l’intérieur, ceux concernant l’artillerie, le génie et les prisonniers de guerre21. Les autres parties de son ministère étaient confiées par intérim au ministre directeur de l’administration de la Guerre, qui signait les décisions et les ordonnances qui ne l’avaient pas été par Berthier. Le travail de bureau devait être dirigé par le secrétaire général du ministère de la Guerre qui était le seul à correspondre avec le ministre depuis 180322. Ce poste de confiance fut occupé dans un premier temps par Jean-Victor Lesperut (1772-1828) qui pallia les absences du ministre, notamment lors des déplacements pour l’organisation des camps sur la Manche. En 1804, il fut remplacé par Antoine Denniée (1754-1828) qui occupa ce poste jusqu’en 180823. Ami de longue date de Berthier, celui-ci était devenu en 1769 sous-intendant dans les troupes coloniales de Saint-Domingue et n’eut, par la suite, pas une seule « interruption de service, soit comme officier soit comme administrateur militaire24 ». Commissaire des guerres depuis 1787, Denniée intégra le corps des inspecteurs aux revues après brumaire. En tant que secrétaire général du ministère de la Guerre, il était à la tête de quatre bureaux. Le premier était chargé du courrier destiné au ministre, le second des dépêches moins importantes, enregistrées et distribuées aux différentes divisions. Un bureau des lois et archivages et un bureau des écoles militaires complétaient le secrétariat général. Denniée était une sorte de second Berthier. Assidu à la tâche et de toute confiance, il permettait au ministre de quitter Paris sans se soucier de l’exécution du travail.
9En 1799, Berthier prit la tête d’un ministère comprenant le secrétariat du ministre, un cabinet topographique, le Dépôt de la guerre, un secrétariat général, trois divisions (1re personnel ; 2e administration ; 3e artillerie et génie), un bureau des vérifications et un des liquidations de l’arriéré. À son retour en charge, le ministère fut complètement réorganisé en huit divisions, le 23 novembre 1800 (2 frimaire an IX) : 1re division centrale ou des fonds ; 2e organisation des troupes ; 3e nominations ; 4e fournitures ; 5e retraites ; 6e opérations militaires ; 7e artillerie et génie ; 8e secrétariat général. Peu de jours avant la ratification de la paix d’Amiens, le 8 mars 1802 (17 ventôse an X), Bonaparte créa, à partir de la 4e division du ministère, un directeur de l’administration de la Guerre, ayant rang et fonction de ministre. Ce faisant, le ministre de la Guerre se voyait soulager de tout ce qui tenait à l’approvisionnement de l’armée. Par la même occasion, le ministère fut une nouvelle fois réorganisé et composé de neuf divisions : 1re conscription, recrutement, organisation, discipline et police de l’armée ; 2e mouvements militaires, revues, paiement de la solde, récompenses pour actions d’éclat, gratifications de campagne et pertes d’équipage ; 3e nomination aux emplois et admission aux Invalides25, solde et masses de gendarmerie ; 4e personnel et matériel des armes de l’artillerie et du génie ; 5e pensions, soldes de retraite et traitements de réforme ; 6e frais de bureau et frais extraordinaires des officiers généraux et états-majors, des divisions et places ; 7e dépôt et les archives de la guerre ; 8e comptabilité de toutes les parties qui forment ses attributions ; 9e dépenses extraordinaires et secrètes26. Le ministre de la Guerre exerçait par ailleurs son autorité sur l’administration des poudres et salpêtres.
10Fort de l’expérience de la campagne de 1805, Napoléon décida de réformer une nouvelle fois le ministère de la Guerre en juillet 180627. La conscription était devenue une énorme machine que les multiples activités de Berthier ne pouvaient plus assumer avec efficacité. Afin d’alléger le travail du maréchal, l’empereur confia au conseiller d’État Lacuée la direction générale des revues et de la conscription, conçue comme un sous-ministère à peu près indépendant28.
11En 1800, le ministère employait 361 personnes dans ses bureaux, avec la possibilité de recruter cent commis de plus. Les premières réformes furent l’occasion d’un renouvellement du personnel ministériel. Cependant quelques chefs de bureau furent conservés en poste, comme Jean-Baptiste Henry-Durosnel (1745-1829), qui géra le bureau des états-majors et des troupes à cheval jusqu’en 1808 (il travaillait dans l’institution depuis 1792)29. Après 1802, on nota une véritable stabilité à la tête des services. Ainsi, Michel Tabarié (1768-1839) fut chargé du bureau des nominations jusque la fin de l’Empire30.
12Compte tenu de la situation de la France entre 1800 et 1807, le ministère de la Guerre fut de loin celui qui pesa le plus sur le budget de l’État. La part des dépenses militaires réelles (Guerre et administration de la Guerre) s’élevait en 1806 à 458 millions de francs31, soit près de 50 % du budget global de l’État. Sur cette somme, près de 283 millions étaient consacrés au seul ministère de la Guerre dont le plus gros poste budgétaire était la solde. En cela, le budget du ministère suivit les effectifs de l’armée et connut une pente ascendante durant toute l’administration, Berthier conservant cependant une part constante dans le budget général.
Napoléon réforme, Berthier applique
13Entre 1800 et 1804, l’armée, à l’instar de la France, fut un vaste chantier que le chef de l’État et son ministre s’employèrent à remettre à niveau. Les réformes impulsées par Napoléon trouvèrent en Berthier une mise en œuvre zélée, permettant sous le Consulat de préparer la mise sur pied de la Grande Armée de l’Empire. Initiés dès le premier ministère, ces travaux, souvent fruits de l’expérience des guerres révolutionnaires, aboutirent à une révision en profondeur des réglementations, et touchèrent tous les domaines de l’armée et de la vie militaire.
14L’administration de l’armée avait souffert de la Révolution, et c’est par une remise à plat de sa gestion que commencèrent les réformes. Détaché du corps des commissaires des guerres, déconsidéré pendant la période révolutionnaire, le corps des inspecteurs aux revues fut créé suite à l’arrêté consulaire du 9 pluviôse an VIII (29 janvier 1800). Fruit du travail de Pierre Daru, cette réforme permit de réaliser ce que Lacuée de Cessac appelait de ses vœux dès août 1799 : contrôler, instruire et circonscrire le corps des commissaires des guerres. Par l’arrêté de création, les nouveaux inspecteurs se voyaient confier l’organisation, l’embrigadement, l’incorporation, la levée, le licenciement, la solde et la comptabilité des corps militaires, ainsi que de la tenue des contrôles et de la formation des revues. Placés directement sous les ordres du ministre de la Guerre, les commissaires des guerres conservaient notamment ce qui relevait de l’intendance. Ils dépendaient de la 4e division du ministère et furent rattachés, après 1802, au ministère de l’administration de la Guerre. Le corps des inspecteurs aux revues était divisé en trois grades : six inspecteurs généraux, 18 inspecteurs et 36 sous-inspecteurs. Les deux premiers grades avaient rang et solde des généraux de division et généraux de brigade, ainsi qu’un uniforme reprenant les distinctives des officiers généraux32. Ils devaient être recrutés chez les officiers généraux et supérieurs ainsi que parmi les commissaires ordonnateurs « qui en seraient jugés susceptibles par leurs talents, leur zèle et leur moralité ». Cette remise en ordre dans l’administration des effectifs et des corps de troupes fut continuée par Carnot avec la promulgation de l’arrêté consulaire du 26 ventôse an VIII (17 mars 1800) réglementant les revues d’inspection ainsi que la tenue des contrôles33, puis par celui du 8 floréal an VIII (28 mai 1800) mettant sur pied les conseils d’administration des corps de troupes, garants de la bonne gestion des régiments. L’acte final de cette vaste réorganisation fut le décret 1er vendémiaire an XII (23 septembre 1803). Cette réforme, qui restructurait complètement l’armée en faisant réapparaître l’appellation de colonel et de régiment (réforme en partie inspirée par l’esprit de corps et la tradition militaire), portait également sur la création du dépôt régimentaire ainsi que la réapparition du grade de major. Cet officier, numéro deux du régiment, avait pour fonction de seconder le colonel dans l’administration du dépôt. Par ailleurs, il gérait les effectifs, ayant notamment sous sa responsabilité la bonne tenue des contrôles des officiers et de la troupe ainsi que l’instruction dispensée aux conscrits passant par le dépôt. L’inspection de l’instruction des troupes (infanterie et cavalerie) fut confiée le 9 pluviôse an VIII (30 janvier 1800) à des officiers généraux chargés du « perfectionnement de l’instruction, de la discipline militaire et de la tenue » à l’exclusion de tout contrôle administratif réservé aux inspecteurs aux revues. En outre, étaient instituées des inspections spécifiques pour les armes savantes : artillerie34 et génie35, ainsi que pour la gendarmerie36.
15L’amélioration de l’instruction des soldats et des officiers passait avant tout par la révision des ordonnances. Dès décembre 1799, à la demande de Bonaparte37, il fut confié à l’adjudant général Joseph Fririon la révision de l’ordonnance de cavalerie de 1788. Si une commission se mit à travailler aussitôt, un texte non officiel fut publié dès 1801 avant même qu’elle ne termine ses travaux. Afin d’officialiser les règlements, une seconde commission rendit en 1804 une « nouvelle rédaction » de l’ordonnance de 1788 qui était « plus claire, plus méthodique, et plus simple38 ». Elle fut publiée le 1er vendémiaire an XII (24 septembre 1803) et resta en vigueur jusqu’en 1829. L’année suivante, le général Gassendi fit paraître un Aide-mémoire des officiers d’artillerie, règlement qui accompagnait les tentatives de réforme de l’artillerie en cours. L’emploi généralisé du système Gribeauval, vu comme le meilleur de l’époque, soulevait cependant des critiques issues de l’expérience des campagnes39. Par arrêté consulaire du 29 décembre 180140, Bonaparte mit sur pied une commission de modernisation de l’artillerie sous l’autorité du ministre de la Guerre avec à sa tête, dans un premier temps, le général d’Aboville, premier inspecteur général de l’Arme, puis Marmont qui lui avait succédé. Les 51 séances qui eurent lieu entre janvier et juillet 1802 ne suffirent pas à mettre d’accord les membres de la commission41. Certains, comme le général Gassendi, restaient très attachés au système Gribeauval tandis que d’autres étaient peu enclins à contredire le Premier consul, très favorable à la réforme. L’imminence de la reprise de la guerre avec l’Angleterre et les pressions de Bonaparte entraînèrent la conclusion prématurée des travaux avant la totalité des tests pratiques42 et notamment les comparaisons entre les deux systèmes43. De plus, les dessins côtés des nouvelles pièces et affûts devant servir de modèles aux ouvriers n’étaient pas totalement achevés et subirent des délais avant leurs envois aux manufactures. L’arrêté final publié le 12 floréal an XI (2 mai 1803) faisait naître un nouveau système imparfait qui apportait, non la simplification escomptée, mais la confusion. En effet, la suppression des pièces de campagne de 4 et 8 au profit des calibres 6 et 12, jugés plus efficaces44, se heurtait au nombre important de pièces en service dans l’armée45. Il était techniquement impossible de refondre autant de tubes en si peu de temps alors même que beaucoup servaient sur le front46. L’application de la réforme fit donc préexister durant tout l’Empire deux artilleries, complexifiant la gestion des munitions et des affûts. Dès 1805, on suspendit la construction de certains matériels issus du règlement de l’an XI47.
16Il y eut par ailleurs sous l’égide de Berthier des réflexions similaires sur l’armement portatif. Les productions révolutionnaires avaient connu de fortes défaillances et des simplifications s’imposaient pour fournir aux soldats des armes de qualité. Le but recherché était de réduire le nombre de modèles en circulation pour limiter la production à quelques types. Trois règles devaient être respectées : efficacité, durée et rationalisation dans la production. Tout devait concourir à limiter les dépenses de l’État et à augmenter les capacités. Ainsi le système des armes à feu portatives (fusil d’infanterie, fusil de dragon, mousqueton de cavalerie, pistolet de cavalerie…) établi en 1777 par Gribeauval fut simplifié en l’an XI, puis en l’an XIII, et les armes blanches (sabre)48 en l’an IX, puis en l’an XII. Malgré ces améliorations, la production, notamment de fusils, fut insuffisante pour répondre aux demandes de l’armée.
17Ces réformes – la recension est loin d’être exhaustive – mirent sur pied un outil militaire efficace et sans précédent dont la gestion administrative avait été optimisée. Elles permirent à Napoléon de conquérir l’Europe avec la Grande Armée. À compter de 1805, avec l’état de guerre permanent, l’activité réformatrice du ministère ne put être efficace. Au ministère central, le travail de bureau prit une place de plus en plus grande, tandis que les questions les plus importantes étaient traitées par Berthier au sein du petit état-major général (état-major personnel du maréchal), organe du gigantesque état-major général de la Grande Armée.
Carrière postérieure, fortune et vie privée
18Berthier, second de Napoléon, fut couvert d’honneurs et de richesses. Premier sur la liste des maréchaux, le 19 mai 1804, il fut fait grand veneur en juillet et désigné pour porter le globe impérial lors du sacre du 2 décembre. Il eut ainsi le privilège de figurer en bonne place sur le tableau de David. En janvier 1806, c’est à lui que Napoléon laissa le commandement de la Grande Armée après l’éclatante victoire d’Austerlitz. Quelques mois plus tard, en récompense des services rendus, il fut nommé prince de Neufchâtel, principauté suisse cédée par le roi de Prusse qui lui conféra préséances et forts revenus. L’année suivante, Napoléon le nomma vice-connétable de l’Empire. Si cette dignité le mit presque sur un pied d’égalité avec les princes de la famille impériale, le cumul avec une fonction ministérielle était en revanche proscrit. Il fut donc contraint de céder son portefeuille à Clarke. Au demeurant, sa fonction de major général était devenue trop importante et Napoléon voulait le conserver près de lui lors des campagnes.
19En 1808, à 55 ans, Berthier épousa Élisabeth de Bavière49, mais conserva une tendresse particulière pour la marquise de Visconti dont il était épris depuis 1796. Déjà immensément riche (il possédait, entre autres, depuis 1805, le château de Grosbois qu’il ne cessa d’agrandir de nouvelles terres jusqu’en 1813) et largement doté par Napoléon50, Berthier fut nommé prince de Wagram en juillet 1809, avec pour majorat le domaine de Chambord. La maison de Wagram utilisait alors plus d’une centaine d’employés, et Berthier la gérait avec la même rigueur que l’état-major général de la Grande Armée.
20Février 1810 fut une autre étape dans les honneurs que lui accordait Napoléon, puisque l’empereur mandata le prince de Neufchâtel à Vienne pour demander la main de la future impératrice51. Durant sa mission, Berthier eut l’immense honneur de représenter son maître lors du mariage par procuration qui eut lieu le 11 mars dans la capitale autrichienne, puis d’escorter Marie-Louise jusqu’aux portes de l’Empire. Enfant gâté du régime impérial, Berthier était alors au faîte de sa fortune. L’année suivante, on le bombarda d’un nouveau titre : colonel général des Suisses ; ce fut le dernier.
21Avec les campagnes de 1812 et 1813, commença l’éloignement entre Napoléon et Berthier, comme si leur entente avait été liée aux victoires et à l’extension de l’Empire. Les premières rebuffades eurent lieu en Russie où Napoléon invectiva à plusieurs reprises son second, au point qu’en septembre ils ne se parlèrent plus pendant quelques jours. Si Berthier fit encore campagne en 1812, à presque soixante ans, la lassitude le gagnait. En février 1813, il tomba malade et fut alité pendant près de deux mois, mais finit par reprendre son poste à la tête de l’état-major général. Napoléon songea un temps à remplacer son partenaire de toujours par le maréchal Soult mais il n’en fit rien, tout en continuant de le rabrouer. Berthier assista muet à l’abdication de 1814. Si le maréchal Ney fit sa soumission dès le 6 avril, le prince de Neufchâtel patienta jusqu’au 11 et fut le dernier des maréchaux à quitter la ville, le 1752. Il y continua consciencieusement de faire parvenir des ordres mais refusa de suivre Napoléon à l’île d’Elbe. Le prince de Wagram s’était rallié aux Bourbons par lassitude et par intérêt personnel. Sur l’instant, Napoléon fut peiné de cette décision mais compréhensif. Plus tard à Sainte-Hélène, soucieux de sa légende et de se mettre en avant, les propos se firent amers, voire haineux53 ; les Cent-Jours avaient fait leur œuvre.
22Le 21 avril 1814, Berthier accueillit le duc de Berry et, le 29, il fut à la tête des maréchaux se rendant à Compiègne pour saluer le retour du roi. Cette soumission aux fidélités ancestrales, beaucoup critiquée, fut probablement naturelle à Berthier ; n’avait-il pas servi sous Louis XVI ? Peu après, il était nommé à la tête d’une des six compagnies des gardes du corps. Louis XVIII eut à cœur de se lier à celui que l’on considérait comme le premier des maréchaux. La fidélité au serment de 1814 poussa Berthier à suivre le roi sur la route de Gand en mars 1815.
23Tandis que Napoléon l’attendait à Paris, le maréchal se retira au château de Bamberg chez son beau-père. Il y mourut le 1er juin 1815 en tombant de sa fenêtre alors qu’il regardait passer un régiment de cavalerie russe.
Bibliographie
Sources et bibliographie
Sources manuscrites
Service historique de la Défense
Premier Empire (série C)
SHD/GR, 17 C 194 : copie des lettres adressées par le ministre de la Guerre à Napoléon, 1803-1806 ; 17 C 241-244 : feuilles de travail du ministre de la Guerre avec le consul puis l’empereur, an IX-1813 ; 17 C 260-280 : arrêtés des consuls du gouvernement suivis des décrets relatifs au ministre de la Guerre.
Les sous-séries SHD/GR, 1 C 1-35 et 2 C 1-190 témoignent de l’activité de Berthier comme major général de la Grande Armée ou de l’armée d’Espagne sous l’Empire.
Fonds privés (série K)
SHD/GR, K3 1-2 : papiers Berthier provenant de la succession du maréchal.
Dépôt de la guerre (série M)
SHD/GR, 1 M 2123 : budgets du ministère de la Guerre, papiers Tuetey.
Archives administratives (série X)
SHD/GR, Xem 40 : ordre du ministre de la Guerre, an IV-1806 ; Xs 4, 8-19 : organisation générale et fonctionnement de l’administration centrale ; Xs 136-152 : budgets et comptabilité du ministère de la Guerre.
Archives collectives et individuelles (série Y)
SHD/GR, 6 Yd 1 : dossier Berthier.
Archives nationales
Archives personnelles et familiales (série AP)
173 AP 1-2 : fonds Berthier.
On consultera avec profit les archives de la secrétairerie impériale dont les inventaires ont été publiés : Nicole Gotteri, Secrétairerie d’État impériale, Guerre (an VIII-1814), inventaire des articles AF IV 1590 à 1670, Paris, Archives nationales, 1988. Nicole Gotteri, Secrétairerie d’État impériale, rapport du ministre de la Guerre an VIII-1814, Paris, Archives nationales, 1992.
Sources imprimées
Fondation Napoléon, Napoléon Bonaparte, Correspondance générale, Paris, Fayard, 2004-2013, t. 1 à 10 et t. 12.
Correspondance de Napoléon Ier publiée sur ordre de l’empereur Napoléon III, Paris, Librairie impériale, 1858-1870, 32 vol.
Almanach national puis impérial, Paris, Testu, 1800-1807.
Bibliographie
Delmas Jean (dir.), Histoire militaire de la France, de 1715 à 1871, Paris, PUF, 1992, 635 p.
Derrécagaix Victor-Bernard (général), Le maréchal Berthier, prince de Wagram et de Neufchâtel, Paris, Librairie militaire R. Chapelot et Cie, 1904, 2 vol.
Favier Franck, Berthier, l’ombre de Napoléon, Paris, Perrin, 2015, 334 p.
Lalliard François, La fortune des Berthier, princes de Wagram (1808-1918), thèse de doctorat sous la direction d’Alain Plessis, Lille, Presses universitaires du Septentrion, juin 2000, 2 vol.
Lechartier Georges, Les services de l’arrière à la Grande Armée en 1806-1807, Paris, Librairie militaire R. Chapelot et Cie, 1910, 664 p.
Lentz Thierry, Le Grand Consulat, Paris, Fayard, 1999, 627 p.
Lentz Thierry, Nouvelle histoire du Premier Empire, t. I : Napoléon et la conquête de l’Europe, 1804-1810, Paris, Fayard, 2002, 607 p.
Notice historique sur l’organisation de l’armée depuis la Révolution jusqu’à nos jours, Paris, Imprimerie nationale, 1902, 514 p.
Pigeard Alain, Dictionnaire de la Grande Armée, Paris, Tallandier, 2002, 814 p.
Zieseniss Jérôme, Berthier, frère d’armes de Napoléon, Paris, Belfond, 1985, 305 p.
Notes de bas de page
1 Berthier obtint en 1781 la survivance de la charge de gouverneur de l’hôtel de la Guerre, SHD/GR, 6 Yd 1.
2 Jean Ernest, baron de Pirch (1744-1783), ancien page de Frédéric II, officier français, il rédigea un mémoire dont découle l’ordonnance provisoire de 1775 qui implanta en France le modèle prussien pour les manœuvres de l’infanterie.
3 Demande de commission de capitaine, 2 juin 1777, SHD/GR, 6 Yd 1.
4 Louis Drummond, comte de Melfort (1722), inspecteur des troupes légères (1761) et auteur d’un Traité sur la cavalerie (1776).
5 Philippe-Henri de Ségur (1724-1801), secrétaire d’État à la Guerre.
6 Berthier a laissé un journal de sa campagne des Amériques et de son voyage en Prusse. Le manuscrit original est conservé à l’université de Princeton (New Jersey, États-Unis), mais il est consultable sur microfilms aux Archives nationales (605 Mi 1).
7 Berthier a été nommé sur ce poste à sa demande le 26 avril 1792, invoquant notamment le travail de son père et son amitié avec Mathieu Dumas déjà présent au Dépôt topographique, SHD/GR, 6 Yd 1.
8 Pétition de Berthier au ministre de la Guerre, ibid.
9 Général Victor-Bernard Derrécageaix, Le maréchal Berthier, Paris, Librairie Chapelot et Cie, 1904, vol. 1, p. 51.
10 Ibid., p. 75.
11 Fondation Napoléon, Correspondance générale de Napoléon Bonaparte, Paris, Fayard, 2004, vol. 1, n° 574, d’après l’original conservé au Service historique de la Défense (SHD/GR, 17 C 99).
12 Jacques Jourquin, « L’irremplaçable maréchal Berthier », Napoléon Ier magazine, mai-juillet 2011, p. 26.
13 Décret de nomination à la tête de l’armée de réserve, SHD/GR, 6 Yd 1.
14 Article 48 de la constitution de l’an VIII.
15 Voir Correspondance générale, n° 4789.
16 Thierry Lentz, Dictionnaire des ministres de Napoléon, Paris, Christian, 1999, p. 24.
17 Feuille de travail du ministre avec le consul puis l’empereur, SHD/GR, 17 C 241-244.
18 Article 41 de la constitution de l’an VIII.
19 Le ministère de la Guerre fut rue de Varenne (hôtel d’Orsay) jusqu’en 1804, puis 16, rue Saint-Dominique (hôtel de Conti ou d’Aiguillon).
20 Décret du 1er vendémiaire an XIV, cité par Pierre-Paul Denniée, Itinéraire de l’empereur Napoléon pendant la campagne de 1812, Paris, La Vouivre, 1992, p. 88.
21 Tâche que l’on retrouve dans l’organisation des bureaux de l’état-major général. Voir Gabriel Madec, « La Grande Armée de 1805 », dans Correspondance générale, t. V, p. 961.
22 Note biographique de Lespérut, dossier de Légion d’honneur, AN, LH 1615/70. Ainsi qu’un ordre de Berthier à Denniée du 9 germinal an XIII, SHD/GR, Xs 19.
23 Il fut nommé intendant général de l’armée d’Espagne sur ordre de Clarke.
24 État des services d’Antoine Denniée, dossier de Légion d’honneur, AN, LH 733/25.
25 Ainsi que la haute administration de l’hôtel.
26 Honoré Berriat, Législation militaire ou recueil méthodique et raisonné des lois, décrets, arrêtés, règlements et instructions actuellement en vigueur sur toutes les branches de l’état militaire, Alexandrie, Louis Capriolo, 1812, p. xxxi de l’introduction.
27 Décret du 8 juillet 1806. Ibid., p. xxxiii de l’introduction.
28 Voir Correspondance générale, t. 6, n° 12112.
29 AN, LH 1288/16.
30 AN, LH 2560/69.
31 Chiffre cité par Pierre Branda, Le prix de la Gloire, Paris, Fayard, 2007, p. 318. Selon un rapport remis par Mollien à Napoléon en 1809, AN, AF IV 1085.
32 Ce corps nouvellement institué créa des jalousies au sein de l’armée, les généraux voyant d’un mauvais œil ces inspecteurs aux uniformes un peu trop similaires aux leurs ; SHD/GR fonds Préval 1884, f° 1-3.
33 Les registres matricules sont établis en double, un par le régiment et un second au ministère. Le Service historique de la Défense conserve une grande partie des registres des unités. Pour l’infanterie, voir Michel Roucaud, Registres matricules des sous-officiers et des hommes de troupes de la garde et de l’infanterie de ligne (1803-1815), Vincennes, Service historique de la Défense, 2005, 294 p.
34 Le premier inspecteur de l’artillerie (poste supprimé en 1790) fut rétabli dès le 15 nivôse an VIII (5 janvier 1800). Sous l’autorité du ministre, il était chargé de la surveillance du matériel (y compris son amélioration) et des personnels de son arme. À partir de l’an X, le premier inspecteur ne devait plus intervenir dans les travaux de bureaux du ministre sans qu’aucun arrêté consulaire ne fixe le cadre de travail de chacun. La confusion fut accrue après 1804 lorsque l’inspecteur cumulait la fonction de chef d’artillerie de la Grande Armée. À partir de 1811, le premier inspecteur travailla directement avec l’empereur et donna des ordres à l’insu du ministre.
35 L’arrêté consulaire du 23 thermidor an VIII (11 août 1800) instaura le Comité du génie et un premier inspecteur.
36 Arrêté consulaire du 8 germinal an VIII (29 mars 1800). Le poste fut confié au général Radet puis au maréchal Moncey.
37 Voir Correspondance générale, n° 4800.
38 « Rapport au maréchal Berthier, par les généraux et officiers supérieurs chargés de rédiger l’ordonnance pour l’instruction des troupes à cheval, 6 prairial an XII » placé en introduction de l’Ordonnance provisoire sur l’exercice et les manœuvres de la cavalerie, Paris, Magimel, 1804, 2 vol.
39 Voir Alain Gérard, « Le règlement de l’an XI. Quand les artilleurs manquent leur but… », Tradition magazine, juillet-août 1993, n° 78-79, p. 22-27 ; septembre 1993, n° 80, p. 31-33.
40 SHD/GR, 1 X 15, ordonnances, lois et décrets militaires, arrêtés consulaires.
41 Études sur le système de l’an XI, SHD/GR, 2 W 84.
42 Certaines parties de la réforme furent plus abouties, comme la mise sur pied d’un obusier de grande portée. Christophe Pommier, « Les obusiers à la Villantroys », Revue de la Société des amis du musée de l’Armée, n° 140, 2010, p. 46-56.
43 Général Favé, Étude sur le passé et l’avenir de l’artillerie, Paris, Librairie militaire Dumaine, 1871, t. V, p. 48.
44 Voir Mémoire du maréchal Marmont duc de Raguse, Paris, Perrotin, 1857, vol. 2, p. 197.
45 900 pièces de 8, 1700 de 4 et trois millions de boulets de tous calibres. Alain Gérard, « Le règlement… », op. cit., p. 26.
46 Éric Dauriac, Les armes de Napoléon, Isle, Balezy, 2011, p. 52.
47 En 1810, une nouvelle commission commença à faire marche arrière pour revenir aux normes de Gribeauval, ce qui se fit complètement en 1815, SHD/GR, 2 W 84.
48 Voir Michel Pétard, Des sabres et des épées, Nantes, Éditions du Canonnier, t. 1, p. 174. No 168 R, sabre de cavalerie légère, modèle de l’an IX.
49 De cette union naquirent trois enfants.
50 Les dotations annuelles atteignirent près d’un million de francs en 1810. La fortune du maréchal est un « cas unique dans l’histoire de France contemporaine » selon les mots de François Lalliard, La fortune des Berthier, princes de Wagram (1808-1918), thèse de doctorat sous la direction d’Alain Plessis, Lille, Presses universitaires du Septentrion, 2000, p. 93.
51 Le fonds Berthier contient plusieurs documents concernant cette mission extraordinaire, SHD/GR, 1 K 3.
52 On a longtemps reproché à Berthier d’avoir quitté la ville le 13 en omettant son retour du 15, que prouve la correspondance de la Grande Armée, SHD/GR, 2 C 188.
53 Comte de Las Cases, Le mémorial de Sainte-Hélène, Paris, Flammarion, édition établie par Marcel Dunan, 1951, p. 211, 15 novembre 1815.
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