Histoires 14-18 : Célestin Adolphe Pégoud, le premier as

L’Histoire produit ainsi des injustices. Alors que la mémoire collective retient de grands noms de l’aviation comme Mermoz, Garros, Blériot ou Guynemer, elle a oublié Célestin Adolphe Pégoud, voltigeur inventif et pilote mort au combat. Le premier de tous les as.

Adolphe Célestin Pégoud est né dans une famille de paysans en Isère. Pour en sortir, il s’engage dans l’armée à 18 ans. Il passe par l’Afrique du Nord, Toulon et la Haute-Saône. Il effectue son baptême de l’air en 1911 au camp de Satory près de Versailles. Très doué pour les activités aériennes, il est nommé aide-mécanicien en 1912. Il passe son brevet de pilote en 1913, année au cours de laquelle, il est engagé par Louis Blériot comme pilote d'essai pour tester toutes les nouvelles améliorations techniques. Adolphe Pégoud est ainsi le premier à tester le saut en parachute depuis un avion. Il ouvre ainsi la voie pour sauver les pilotes en perdition. Il réalise ensuite le premier vol sur le dos sur 500 mètres et le premier looping, c’est-à-dire une boucle complète en l’air.

Images : Archives Départementales du Territoires de Belfort // Collection J-C Tamborini // Collection Privée A. Fiori Commune Petit Croix // Pathé Gaumont

A la veille de la première guerre mondiale, Adolphe Pégoud est donc une star de la voltige. Il se produit devant des dizaines de milliers de personnes dans tous les meetings aériens d’Europe. Il est d’ailleurs sur le point de partir aux Etats-Unis lorsqu’il reçoit son ordre de mobilisation en août 1914.
Le voltigeur entre au deuxième groupe d’aviation de Reims. Il passe rapidement Sergent. Il effectue de nombreux transports d’agents français en territoire ennemi, chasse les avions ennemis et réalise des photographies aériennes. Il reçoit la médaille militaire le 17 février 1915, est cité plusieurs fois à l’ordre de l’armée, et passe sous-lieutenant. Adolphe Pégoud, est officiellement le premier as de l’aviation française, le premier victorieux de cinq combats aériens. Il prend alors les commandes d’un avion plus performant, le Nieuport XI, à moteur rotatif, équipé d’une mitrailleuse Hotchkiss.

Il est nommé chevalier de la légion d’honneur. La nomination précise « le 28 août, au cours d’un duel aérien, Adolphe Pégoud a eu son avion criblé de balles. Obligé d’atterrir, il a pris aussitôt toutes les dispositions pour sauver son appareil malgré un feu intense de batteries allemandes. »
Mais Adolphe Pégoud n’apprendra jamais cette nomination. Le 31 août, il s’engage dans un combat singulier (au dessus de Montreux) avec un biplace allemand venu en repérage photographique sur les forts de la place de Belfort. L’avion allemand est touché mais donne une dernière salve en direction de Pégoud avant de partir. Ses balles sont fatales à Pégoud touché au cœur. Il s’écrase sur Petit-Croix.
Ses funérailles dignes d’un héros national ont lieu devant 6 000 personnes au cimetière de Brasse à Belfort (photo cortège), puis au cimetière Montparnasse en 1920.
Le 6 septembre, le pilote allemand vainqueur de Pégoud lâche une couronne à l’aplomb de Chavannes-les-Grands portant l’inscription dans sa langue « A l’aviateur Pégoud tombé en combattant pour sa patrie. Hommage de son adversaire. »


Voir aussi le reportage de Thierry Chauffour et Denis Colle « Qui se souvient encore d’Adolphe Pégoud ? »
Un musée est consacré au pilote voltigeur dans son village natal de Montferrat en Isère
Sa vie en cartes postales par Le Cartophilion, cartophiles et collectionneurs du Territoire-de-Belfort


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