Nicolas Sarkozy : le résumé des affaires qui l’entourent
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Nicolas Sarkozy a été condamné en appel à trois ans de prison dans l’affaire des écoutes, mercredi 17 mai 2023. L’ex-chef d’État est régulièrement impliqué dans des affaires politico-judiciaires.
L’ancien président de la République Nicolas Sarkozy a été condamné, mercredi 17 mai 2023, par la Cour d’appel de Paris dans l’affaire des écoutes. Ce n’est pas la première fois que le vainqueur de l’élection présidentielle de 2007 a des démêlés avec la justice. Autour de lui, les affaires politico-financières se sont multipliées.
Affaire des écoutes « Bismuth »
Fin 2013, les juges d’instructions chargés d’enquêter sur le financement supposé de la campagne présidentielle de 2007 par de l’argent libyen découvrent l’existence d’une ligne téléphonique officieuse – ouverte sous le faux nom « Paul Bismuth » – entre Nicolas Sarkozy et son avocat Thierry Herzog. L’écoute de cette ligne révèle que les deux hommes auraient formé un pacte de corruption avec Gilbert Azibert, magistrat à la Cour de cassation, afin d’obtenir des informations secrètes concernant une autre affaire judiciaire impliquant Nicolas Sarkozy : l’affaire Bettencourt.
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Jugé en première instance le 1er mars 2021, l’ancien président avait été condamné à trois ans de prison, dont un an ferme et d’une interdiction des droits civiques de trois ans. Un jugement confirmé en cour d’appel, le 17 mai 2023. Thierry Herzog et Gilbert Azibert ont eux aussi été condamnés à la même peine. Tous se pourvoient en cassation.
Affaire Bygmalion
Nicolas Sarkozy a été condamné à un an de prison ferme le 30 septembre 2021 par le tribunal correctionnel de Paris pour « financement illégal de campagne » dans le cadre de l’affaire Bygmalion, au côté de treize autres prévenus. Bygmalion est le nom de l’agence de communication chargée d’organiser les meetings de campagne du président sortant, en 2012.
Un système de maquillage des comptes de campagne par le biais de fausses factures aurait permis au candidat de contourner le plafond légal de 22,5 millions de dépenses électorales autorisées, et d’atteindre 42 millions d’euros. Alerté en 2012 à ce sujet, Nicolas Sarkozy avait continué les dépenses. Il affirme aujourd’hui ne pas avoir été au courant de l’état de ses comptes de campagne. Comme douze autres prévenus dans l’affaire, il a interjeté appel et sera jugé 8 novembre 2023.
Affaire Kadhafi
Le 10 mai 2023, le parquet national financier (PNF) a requis le renvoi de Nicolas Sarkozy devant le tribunal correctionnel, avec douze autres suspects, pour « corruption passive, association de malfaiteurs, financement illégal de campagne électoral et recel de fonds publics libyens ». Il est reproché à l’ancien président d’avoir financé sa campagne électorale de 2007 par des soutiens financiers des autorités libyennes, et notamment du défunt dictateur Mouammar Kadhafi.
L’enquête se base sur un faisceau d’indice, sans preuve indiscutable, mettant en lumière « des circuits opaques de circulation de fonds libyens » et « une chronologie compatible avec un usage occulte » des fonds en 2007. Les anciens ministres Éric Woerth, Claude Guéant et Brice Hortefeux sont également mis en cause. Tous contestent vigoureusement les faits qui leur sont reprochés.
Affaire Karachi
Nicolas Sarkozy a été entendu en mai 2017 comme témoin assisté dans l’affaire Karachi. En 1995, Édouard Balladur, alors premier ministre, aurait bénéficié d’un financement illégal pour sa campagne présidentielle, provenant de commissions versées sur des contrats d’armement signés avec le Pakistan et l’Arabie saoudite. Ce dernier a été relaxé.
Devant les juges, Nicolas Sarkozy avait dû expliquer pourquoi il avait donné son feu vert à la conclusion de ces contrats, contre l’avis de sa propre administration. En marge de l’affaire, la Cour d’appel a autorisé en 2023 une enquête sur une éventuelle « violation sur secret de l’instruction », après qu’en 2011, l’Élysée a publié un communiqué faisant état de l’avancement de la procédure judiciaire.
Affaire russe Reso-Garantia
Selon des informations révélées par Mediapart en 2021, une enquête préliminaire a été ouverte par le PNF visant Nicolas Sarkozy pour « trafic d’influence » et « blanchiment de crime ou de délit ». L’ex-chef d’État, redevenu avocat, aurait reçu, début 2020, 500.000 € de la société d’assurance russe Reso-Garantia, dans le cadre d’un contrat de conseil établi en 2019. La justice chercherait à vérifier si Nicolas Sarkozy se serait adonné à des activités de lobbying potentiellement délictuelles pour le compte des oligarques russes.
Affaire Bernard Tapie
En 2008, sous la présidence de Nicolas Sarkozy, l’État avait versé 404 millions d’euros à Bernard Tapie pour régler un litige entre l’homme d’affaires et le Crédit lyonnais, autour de la vente d’Adidas en 1994. L’arbitrage avait été annulé par la justice pour « fraude » en 2015. Protégé par l’immunité présidentielle – les faits s’étant déroulés durant son mandat – Nicolas Sarkozy avait refusé de témoigner, alors que sa proximité avec l’homme d’affaires interrogeait les juges.
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Affaire Bettencourt
Nicolas Sarkozy a bénéficié d’un non-lieu en 2013 dans l’affaire Bettencourt, où il était mis en examen pour abus de faiblesse, trafic d’influence et recel. Faute de preuves suffisantes, les enquêteurs n’ont pu prouver qu’il avait profité de la faiblesse de Liliane Bettencourt, 87 ans, héritière du groupe L’Oréal.
Affaire des sondages
L’ex-chef d’État a bénéficié de son immunité présidentielle pour ne pas rendre de compte à la justice dans l’affaire des sondages de l’Élysée. L’exécutif aurait, sous sa présidence, passé irrégulièrement des marchés avec des sociétés de sondages appartenant à des conseillers du président. Six personnes avaient été renvoyées en correctionnelle en 2019.