Festival de Cannes 2024 - Claude Lelouch au JDD : « Il ne faut pas regretter de se prendre une claque »
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Claude Lelouch au JDD : « Il ne faut pas regretter de se prendre une claque à Cannes ! »

CANNES. La Croisette se met mardi à l’heure du cinéma sous la présidence de l’Américaine Greta Gerwig. Une 77e édition qui s’annonce éclectique, foisonnante et glamour. Le célèbre réalisateur Claude Lelouch partage auprès du JDD ses anecdotes personnelles du Festival.

Propos recueillis par Baptiste Thion , Mis à jour le
Le réalisateur Claude Lelouch.
Le réalisateur Claude Lelouch. Abaca / © Reynaud Julien/APS-Medias

Le JDD. Cannes, c’est quoi pour vous ?

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Claude Lelouch. Il permet au public de découvrir des longs métrages qu’il n’aurait jamais eu l’idée, ou le courage, d’aller voir autrement. Mais il ne faut pas que Cannes devienne une foire. Pour le moment, le Festival se donne beaucoup de mal pour avoir les meilleurs films de l’année. C’est le plus bel endroit du monde pour tous les réalisateurs débutants et un endroit risqué pour les metteurs en scène consacrés.

C’est parce qu’il est dangereux qu’il est passionnant ! Un vrai casino : votre numéro sort ou ne sort pas... Y aller, c’est jouer, prendre des risques. Moi, j’adore ça ! Remettre sur le tapis ce qu’on a fait avant est une manière de rester jeune. Un film peut être massacré en une projection ou faire le tour du monde s’il est bon.

« On se demande si le rêve est une réalité, on a peur de se réveiller »

Dans la vie, les trouillards peuvent se cacher, à Cannes, c’est impossible : si on y va, c’est pour être jugé. C’est comme dans une course de Formule 1, comme monter sur un ring ou comme dans les histoires d’amour : il faut arriver premier dans le cœur de quelqu’un. Si vous êtes deuxième, vous êtes cocu et c’est terrible d’être cocu sur la Croisette ! Dans la vie, tout est une compétition et quand on accepte de participer, il faut savoir être bon perdant. Il ne faut donc pas regretter de se ramasser une claque à Cannes !

Votre meilleur souvenir ?

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La Palme d’or en 1966 pour Un homme et une femme, incontestablement. Elle a changé ma vie, m’a ouvert les portes de la liberté. On a le sentiment d’avoir reçu un passeport qui vous permettra d’aller n’importe où. On se demande si le rêve est une réalité, on a peur de se réveiller.

Je suis venu au monde deux fois : la première en 1937 à Paris, la seconde en 1966 à Cannes. Après, le Festival a pour habitude de reprendre ce qu’il vous a donné...

Le pire moment ?

La projection de Toute une vie, en 1974 : le film a été sifflé pendant deux heures ! Cannes est capable de vous offrir le meilleur et le pire. Je garde aussi un souvenir cruel de l’édition 1967 : j’étais dans le jury présidé par Alessandro Blasetti. Le film que je préférais était J’ai même rencontré des Tziganes heureux d’Aleksandar Petrović.

Le délégué général du Festival, Robert Favre Le Bret, est venu me voir : « Claude, j’ai promis la Palme d’or à Blow-Up, de Michelangelo Antonioni, je compte sur vous. Vous savez, si les plus grands metteurs en scène au monde viennent, c’est parce que de temps en temps on est obligé de leur garantir un triomphe. » Je lui ai répondu que l’année précédente, quand j’avais reçu la Palme, je n’avais rien demandé. J’ai refusé de céder et j’ai donné ma démission.

Une rencontre mémorable ?

À Cannes, on croise plein de gens importants à qui on dit qu’on se retrouve à Paris.

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