Que pèse Emmanuel Macron sur les réseaux sociaux après quatre ans à l’Elysée? - Le Parisien

Que pèse Emmanuel Macron sur les réseaux sociaux après quatre ans à l’Elysée?

Depuis le début de son mandat, le président français a montré sa maîtrise des réseaux sociaux. Pourtant, il reste moins populaire sur ces médias que ses homologues étrangers.

Sur Twitter ou sur d'autres réseaux sociaux, les quatre ans de mandat d'Emmanuel Macron ont suscité plusieurs millions de messages.
Sur Twitter ou sur d'autres réseaux sociaux, les quatre ans de mandat d'Emmanuel Macron ont suscité plusieurs millions de messages.

    Depuis son arrivée à l’Elysée, le nombre d’abonnés d’Emmanuel Macron sur Twitter a été multiplié par 8,5. Et sur cette période, le président a suscité plus de 141 millions de tweets, faisant de lui la personnalité politique française la plus mentionnée sur Twitter, selon un décompte établi par la plateforme de veille du web Visibrain. C’est 1,7 fois plus que l’engagement généré par Beyoncé sur la même période !

    À plus de 6000 reprises le président a ainsi fait chanter l’oiseau bleu. Son élection, le 7 mai 2017 a provoqué un pic de 108 tweets publiés par seconde le mentionnant. Un mois plus tard, la photo de son portrait officiel récoltait plus de 88 000 likes.

    Plus récemment, son allocution du 16 mars 2020, accompagnée du message « nous sommes en guerre » a généré jusqu’à 50 tweets par seconde, plus de 120 000 likes et 31 000 partages.

    Du haut de ses 6,9 millions de followers sur Twitter, 4 millions sur Facebook, 2,3 millions sur Instagram et même 1,5 million sur TikTok, Emmanuel Macron devance, en abonnés par habitant, l’actuel occupant du Bureau ovale, avec près de 20 abonnés pour 100 habitants.

    Malgré cette présence sur plusieurs canaux de communication, le président français fait moins parler de lui que la plupart de ses homologues dans le monde.



    Depuis son investiture en janvier, Joe Biden a généré 12,4 fois plus de tweets qu’Emmanuel Macron. Avant lui, son prédécesseur à la maison blanche, Donald Trump, avait battu tous les records avec 2,6 milliards de messages entre 2017 et 2020 à son sujet contre 110 millions pour le dirigeant français.

    Ce n’est pas la taille qui compte

    La différence de taille des pays dirigés par ces personnalités politiques pourrait expliquer une présence plus ou moins importante sur les réseaux sociaux : communiquer avec environ 1,3 milliards d’Indiens ne demande pas le même investissement numérique que de s’adresser à 67 millions de Français.



    Pourtant, cette logique ne se confirme pas pour la chancelière allemande, à la tête du pays le plus peuplé de l’Union européenne. Angela Merkel est moins présente sur les réseaux sociaux et ne possède pas de compte twitter à son nom. À l’inverse, Boris Johnson, le premier ministre anglais, a généré 30 % de messages en plus sur Twitter depuis son entrée en fonction en juillet 2019, alors même que le Royaume-Uni et la France comptent un nombre d’habitants similaire.

    « On ne peut plus gouverner sans ce baromètre là »

    La différence réside avant tout dans la stratégie adoptée par les dirigeants. Sur les réseaux sociaux, « la communication d’Emmanuel Macron est verticale », commente Philippe Moreau Chevrolet, directeur de la société MCBG Conseil, spécialisée dans le conseil en communication pour les dirigeants. Selon lui, le président ne s’adresse que peu directement à ses abonnés, au contraire d’autres dirigeants comme Jacinda Ardern, première ministre néo-zélandaise. Pendant le premier confinement, cette dernière avait animé un Facebook live depuis chez elle, en tenue décontractée, pour répondre aux questions sur la pandémie. Une intervention très appréciée par les internautes.

    Certains chefs d’État vont plus loin et se créent un véritable personnage sur les réseaux sociaux, tels que Jair Bolsonaro au Brésil ou Narendra Modi en Inde. Le conseiller en influence analyse leurs communications « proches du modèle de Trump et populiste. Ils s’appuient sur les émotions, la révolte pour incarner un homme de la rue, un homme ordinaire ».

    Quelle que soit la stratégie adoptée, la communication 2.0 est devenue indispensable pour les politiques, comme le souligne Philippe Moreau Chevrolet : « Le fait qu’un politique ait une expérience directe des réseaux est la garantie qu’il va comprendre ce qui se passe dans son pays et être en phase avec l’émotion populaire. Aujourd’hui on ne peut plus gouverner sans ce baromètre-là ».