L’ancien ministre François Léotard est mort à 81 ans - Le Parisien

L’ancien ministre François Léotard est mort à 81 ans

Son décès a été annoncé dans un message adressé par Emmanuel Macron sur les réseaux sociaux. « Son Var natal, la France qu’il a défendue, la République qu’il aimait éprouvent aujourd’hui une grande perte », assure le chef de l’Etat.

Le député François Léotard a été élu quatre fois dans sa circonscription du Var (archive, avril 2010) LP / Delphine Goldsztejn
Le député François Léotard a été élu quatre fois dans sa circonscription du Var (archive, avril 2010) LP / Delphine Goldsztejn

    « Un esprit libre. » François Léotard, ancien ministre de la Culture entre 1986 et 1988, puis ministre de la Défense entre 1993 et 1995, est mort à l’âge de 81 ans. Son décès a été annoncé par Emmanuel Macron sur les réseaux sociaux.

    « François Léotard a servi l’État et porté une grande idée de la culture, a écrit le président de la République sur Twitter. Avec sa disparition, nous perdons un esprit libre, un homme de livres et d’engagement. Son Var natal, la France qu’il a défendue, la République qu’il aimait éprouvent aujourd’hui une grande perte. »

    Le décès de l’ancien député, élu quatre fois dans sa circonscription du Var, a également été commenté par Renaud Muselier, le président de la région Sud. Lui a salué la mémoire, d’un « homme d’Etat et de territoires ».

    Un présidentiable en puissance

    Ancien patron de feu l’UDF de 1996 à 1998, François Léotard avait été ministre lors des deux cohabitations sous François Mitterrand : de la Culture (1986-88) dans le gouvernement de Jacques Chirac, puis de la Défense (1993-95) dans le gouvernement d’Edouard Balladur. « Homme de conviction et d’engagement, les armées gardent de lui le souvenir d’un homme profondément attaché à la souveraineté et à l’indépendance de la France », a affirmé le ministre des Armées Sébastien Lecornu.

    Précoce et ombrageux, sportif et stressé, ce politique en qui beaucoup voyaient un présidentiable en puissance avait quitté la politique dans les années 2000. En outre, frôlant la mort, il subit en 1995 un triple pontage avant d’être énormément affecté par le décès en 2001 de son frère, l’acteur et chanteur Philippe Léotard.

    Frappé de « lassitude », François Léotard expliquera ensuite qu’il « ne supportait plus » le monde politique, son aspect « prostitutionnel », fait de « flatterie » et de « mensonge », qu’il lui fallait retrouver « son propre langage ». Des échecs électoraux et des ennuis judiciaires - condamnation en 2004 à dix mois de prison avec sursis pour blanchiment et financement illicite d’un parti - l’avaient aussi fragilisé.

    La bande à « Léo »

    Depuis, ce catholique convaincu se montrait discret, résidant dans sa ville de Fréjus (Var). Né le 26 mars 1942 à Cannes dans une famille de sept enfants, il s’engage en politique en partie pour laver l’honneur de son père: maire de Fréjus de 1959 à 1971, il avait été vivement critiqué à la suite de la rupture du barrage du Malpasset qui avait fait 423 morts en 1959.

    A 22 ans, François Léotard entre au séminaire mais renonce au bout d’un an et part au Liban comme coopérant. A son retour, il intègre l’ENA, où il fonde la première section syndicale CFDT. Ayant rejoint la droite giscardienne, il est élu maire de Fréjus (1977-97) puis député UDF du Var. Il met sur pied, avec Alain Madelin et Gérard Longuet, une garde de jeunes libéraux opposée aux caciques du parti gaulliste RPR et à celui de centre-droit de l’UDF : les médias parlent de la « bande à Léo ».

    En 1995, il soutient Edouard Balladur dans la course à l’Élysée - 25 ans plus tard, tous deux sont renvoyés en 2021 devant la Cour de justice de la République (CJR) pour le financement présumé occulte de la campagne. Il est ainsi condamné à deux ans de prison avec sursis et 100 000 euros d’amende dans l’un des volets de l’affaire Karachi.

    Cette affaire complexe portait sur la mise en place de rétrocommissions illégales sur des contrats d’armement avec l’Arabie saoudite et le Pakistan, destinées à financer en partie la campagne Balladur. De fait, la carrière de François Léotard a été empoisonnée par plusieurs affaires. Comme celle du « mur » de sa villa de Fréjus, qui s’est soldée par un non-lieu, ou la découverte de faux tampons de la préfecture du Var dans sa mairie de Fréjus, qui le conduit à démissionner de son mandat de maire.