Deways, le loueur de voitures entre étudiants

Gary Cohen et Alexandre Grandremy ont inventé Deways, un concept de location de véhicules d'étudiant à étudiant

L'Express

Gary Cohen, 29 ans, arrive à notre rendez-vous en métro, mais en retard, dans un café chic du 17 e arrondissement de Paris. A deux pas du siège de Deways, la société de location de voitures entre particuliers qu'il a créée il y a deux ans avec son associé Alexandre Grandremy, 22 ans, rencontré à l'Essec. Leur idée : exploiter deux spécificités de la population estudiantine - son usage des réseaux sociaux et son impécuniosité - pour concevoir un dispositif de location de voitures entre particuliers à la fois original, économique, communautaire et convivial. Une commission de 30 % est prélevée sur le montant des locations par Deways.fr, pour régler les frais d'assurance automobile et se rémunérer. Deways est implantée dans 25 campus, dont ceux de l'Essec, HEC, Rouen Business school, Reims Management school et Euromed Marseille. En moins de deux ans, le cap des 30 000 inscrits a été franchi.

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Le démarrage du projet

En 2008, les deux jeunes étudiants à l'Essec, qui sont voisins de palier, se rencontrent dans le campus de Cergy. Gary Cohen, originaire de Paris, possède une voiture. "Cela m'a permis d'éviter d'être tributaire du RER, de faire mes courses au centre commercial et surtout de ne pas rater de soirées !" Alexandre Grandremy, lui, n'a pas la même chance. Il emprunte donc la voiture de son camarade pour se rendre une première fois à un entretien de stage, puis la semaine suivante pour un motif différent... Jusqu'au jour où, gêné, il lui propose de partager les frais du véhicule. Convaincus que ce système regorge d'avantages, les deux partenaires organisent un club informel dans l'école et recensent les étudiants intéressés par ce mode de location. Au pays des budgets ric-rac, les jeunes propriétaires sont heureux d'arrondir leurs fins de mois et les conducteurs fauchés de faire des économies. En prime, ce club permet de faire des rencontres. "Etudiant en filière Entrepreneuriat, je rêvais de créer le nouveau Facebook", se souvient Gary, sourire aux lèvres. Les deux étudiants réalisent une étude de marché avec leur classe et réfléchissent à la création d'un site web pour permettre aux internautes de gérer seuls leurs voitures et leurs réseaux. Mais pour monter une telle plateforme, il leur faut de l'argent...

Le financement

En janvier 2010, Gary (président) et Alexandre (directeur général) déposent les statuts de leur SAS City-m, plus connue sous le nom commercial de Deways. Le capital de départ est de 20 000 euros, soit 10 000 euros d'économies pour chacun. Les premiers utilisateurs arrivent dès que le site est créé. En revanche, les deux associés peinent à convaincre les investisseurs. Ils démarchent des clubs de business angels et les fonds d'amorçage. "Mais les investisseurs considéraient que notre population test était limitée et que l'on n'avait pas encore fait la preuve d'un concept", confesse Gary Cohen.

L'aventure continue néanmoins grâce au soutien d'entrepreneurs. "Nous avons remporté le prix de l'audience de la conférence LeWeb, bénéficié d'un accompagnement grâce au concours Graines de Boss, empoché 2 000 euros et reçu des logiciels de gestion auprès d'Innovons ensemble, obtenu un mentorat au MoovJee en 2011 et gagné une dotation de 10 000 euros au concours inter-MBA à Bangkok", énumère le jeune homme, enthousiaste. S'y ajoute un prêt d'honneur de 40 000 euros obtenu auprès de Scientipôle initiative.

Puis, cette année, Gary Cohen contacte Eyal Aronoff, cofondateur de Quest Software - éditeur américain de logiciels acquis en juillet par Dell. Quatre ans plus tôt, le jeune homme avait effectué un stage dans une entreprise créée par ce business angel. Il va l'aider à élaborer un dossier convaincant et, finalement séduit par son projet, investit dans sa société. Gary Cohen refuse de dévoiler pour quel montant.

Les premières galères

Mais, pour que le service devienne à la fois opérationnel et professionnel, il faut trouver un assureur automobile qui accepte de les suivre. "Nous avons rencontré tous les assureurs de la place. Problème : ils n'aimaient ni le principe de la location, ni accorder leur confiance à des jeunes, souligne Gary Cohen. Seul le directeur technique de la Macif, qui connaissait l'auto-partage, a été plus réceptif." Christophe Rougon leur prodigue ainsi des conseils pour limiter les risques (type de véhicules, âge des conducteurs, etc.). Et, le taux d'accidentologie des premiers utilisateurs de Deways étant très faible, il accepte de leur accorder un tarif avantageux.

Depuis, Deways va de l'avant. En juillet dernier, la jeune pousse a remporté un appel à projet en collaboration avec PSA et Docapost, filiale de la Poste. L'objectif était de développer une offre innovante de mobilité à destination des entreprises. Un projet de plus de 10 millions d'euros qui viserait à permettre à un employé d'utiliser la voiture d'un autre employé pour des parcours professionnels. Cette location-partage serait financée par l'entreprise. Par ailleurs, à la rentrée, la plateforme Deways s'est installée dans 20 nouveaux campus et ambitionne de multiplier par cinq le nombre de ses membres en 2013.

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