Prost "savait tout" de ce que Senna vivait chez Williams

Prost "savait tout" de ce que Senna vivait chez Williams

Entre obsession, rivalité et partage, Alain Prost estime avoir connu trois Ayrton Senna différents. Avant sa mort accidentelle à Imola le 1er mai 1994, le Brésilien échangeait régulièrement avec celui qui avait été son ennemi juré en piste.

Ayrton Senna, Williams FW16 Renault

Photo de: LAT Images

Ayrton Senna, la légende

Un dossier spécial pour retracer la carrière d'Ayrton Senna, pilote légendaire qui a marqué de son empreinte l'histoire de la Formule 1.

La carrière d'Ayrton Senna demeure à tout jamais indissociable d'Alain Prost, et même si le Français regrette parfois qu'on limite la sienne à cette rivalité, il a conscience de son ampleur historique et, probablement, éternelle. Depuis la disparition du Brésilien à Imola, il y a 30 ans ce 1er mai, il a régulièrement témoigné et évoqué la personnalité de celui qui fut en 1988 et 1989  son coéquipier chez McLaren, avec à la clé de vives tensions.

On connaît aussi l'histoire de cette réconciliation tardive, le geste d'Ayrton Senna sur le dernier podium du Professeur, ou encore ces mots, "tu me manques Alain", envoyés via une radio embarquée quelques heures avant de s'en aller vers un destin brisé.

Alain Prost était de cinq ans l'aîné d'Ayrton Senna, et c'est à peu près le même écart qui séparait leurs débuts en F1. Mais si le talent du natif de São Paulo a très tôt éclaté dans la catégorie reine, le pilote tricolore avoue n'en avoir réellement pris la mesure que lorsqu'ils se sont côtoyés sous les mêmes couleurs. "Ce n'est qu'en 1988, lorsque je l'ai vu dans la même voiture [que moi], que j'ai su à quel point il était bon", confie-t-il dans un entretien accordé à Motorsport Magazine. "Puis, lors de notre premier test ensemble à Imola, j'ai compris à quel point ce serait difficile."

"Là où il m'a impressionné, je dois dire que c'était parfois en qualifications, je ne me souviens pas exactement quand", ajoute-t-il. "Jamais en conditions de course. Jamais. En conditions de course et au warm-up, j'étais la plupart du temps le plus rapide."

La rivalité exacerbée chez McLaren est souvent perçue aujourd'hui par le public comme une période dorée, régulièrement évoquée avec beaucoup de nostalgie. L'âpreté de cette lutte fratricide n'est toutefois pas le meilleur souvenir d'Alain Prost en Formule 1, dans une période où l'antagonisme était tel que l'on avait affaire à deux camps irréconciliables à tous les étages. "Ayrton représentait davantage le panache", convient-il. "J'étais le professeur, plus clinique. Il était mystique est les gens aimaient ça." Une épreuve, jusque dans l'Hexagone.

Le dernier podium partagé par Alain Prost et Ayrton Senna, à Adélaïde en 1993.

Le dernier podium partagé par Alain Prost et Ayrton Senna, à Adélaïde en 1993.

Photo de: Sutton Images

"Quand Ayrton est arrivé [chez McLaren], nous avons atteint un certain niveau de performance et, évidemment, on apprécie un peu moins la course. Quand je me battais avec Keke [Rosberg] ou Niki [Lauda], ou n'importe qui d'autre, il y avait des fans. Mais avec Ayrton, les fans étaient... même si c'était du 50-50, ils vous aiment ou ils vous détestent. La différence était énorme. Je vous le dis, j'ai beaucoup souffert, donc on ne peut pas apprécier les choses de la même manière."

"Et l'un des pays où j'ai le plus souffert, c'est la France. Ça vient toujours de votre propre pays. Je ne peux pas dire que j'ai apprécié le combat, et j'ai perdu [l'occasion] de quelques belles performances à cause de ça. Je suis le genre de personne qui a besoin de se sentir libre et heureux. J'ai besoin de prendre du plaisir et de me détendre. C'était plus difficile."

Je savais tout sur la Williams, tout sur sa position dans la voiture, tout de ce qu'il demandait, tout du fait qu'il n'était pas heureux dans l'équipe.

Ce dont n'avait toutefois pas conscience Alain Prost à ce moment-là, c'est l'obsession qu'il représentait en fait pour son adversaire. "On en a reparlé plusieurs fois après, et je n'avais pas réalisé à quel point il s'était concentré sur moi avant d'arriver en F1", souligne-t-il. "Sa motivation était d'être Champion du monde, mais sa plus grande motivation était de me battre."

La période la plus courte du tandem Prost-Senna restera ainsi celle qui suivit la fin de carrière du Français, après son quatrième titre mondial en 1993. Il céda sa place à son plus grand rival dans le baquet de la Williams et, jusqu'au dimanche fatal d'Imola, il avait parfaitement connaissance du début de saison loin d'être rêvé par le Brésilien.

"Il y a eu trois Ayrton pour moi", conclut-il. "Celui d'avant la F1, quand il me regardait courir, qu'il regardait tout ce que je faisais, la manière dont je le faisais. Bien sûr celui avec qui j'étais, dans la même équipe ou en dehors. Et enfin celui quand j'ai pris ma retraite. On se parlait très souvent, chaque semaine, deux fois par semaine. Je savais tout sur la Williams, tout sur sa position dans la voiture, tout de ce qu'il demandait, tout du fait qu'il n'était pas heureux dans l'équipe, tout de sa vie personnelle. C'était incroyable."

Ayrton Senna au volant de la Williams FW16 en 1994.

Ayrton Senna au volant de la Williams FW16 en 1994.

Photo de: Sutton Images

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