Faire caca dans un buisson à Lausanne? La «diahrrée du coureur»
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Faire caca dans un buisson à Lausanne? La «diahrrée du coureur»

La plupart des coureurs sont familiers avec cette envie pressente, urgente, de se soulager au bout de quelques mètres: un phénomène connu sous le nom de «diahrrée du coureur».
La plupart des coureurs sont familiers avec cette envie pressante à mi-parcours: la «diahrrée du coureur».getty/watson

La «diarrhée du coureur» fait des ravages

C'est une sensation familière pour de nombreux coureurs: l'envie irrépressible, brutale et difficilement contenable de déféquer au beau milieu d'une course. Explications d'un phénomène aussi mortifiant que tabou, et quelques conseils pour éviter... le pire.
14.05.2024, 05:4716.05.2024, 15:21
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6h30. Le réveil sonne. Un dernier bâillement, un café, un petit pipi et c'est parti. Toujours le même rituel. Enfiler son short, ses AirPods, ses baskets, nouer ses lacets. S'élancer. Avenue de Beaulieu, Pont Chauderon, Avenue Marc Dufour. Le jour se lève, les mètres s'enchaînent, les muscles se réveillent, le souffle est régulier. La fatigue cède au confort de l'habitude. Tout va bien. Encore un ou deux kilomètres avant que l'extase ne soit totale, avec un lever de soleil sur les Alpes et un shot d'endorphine. Et voilà que, juste au moment d'atteindre les rives du Léman... La voilà. Cette sensation familière, venue du fin fond des viscères. Impossible à contenir.

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Le calcul est vite fait. Il ne sera pas physiquement possible d'atteindre les toilettes publiques de Vidy, 700 mètres plus loin. On visera le premier buisson à portée de basket. En priant pour que Chantal ou Bernard ne soient pas en train de promener Caramel, leur innocent golden retriever. Baisser son short. Lâcher les chiens. Soupirer. Reprendre la route, vaguement coupable, en priant pour que Dieu seul soit témoin de cet incident.

Un phénomène pas si rare

Si vous avez déjà dû interrompre net votre course pour trouver les chiottes, l'arbuste ou la voiture la plus proche, bienvenue au club. Vous faites partie des quelque 62% de coureurs de fond qui ont reconnu avoir stoppé net leur effort, sous l'assaut violent d'une diarrhée.

Durant un marathon, on dénombre plus de 54% de cas d’«urgences fécales».

Et on ne parle même pas de tous les impuissants qui se sont déféqués dessus. Et fourré cette expérience douloureuse dans les profondeurs inexplorées de leur mémoire. (Si ça peut vous rassurer, Wikipédia a listé tout un tas de cas emblématiques. Pour n'en citer qu'un, son caca impromptu au bord de la route n'a pas empêché Paula Radcliffe de remporter le marathon de Londres, en 2005. La faute, selon elle, à un excès de pâtes et de saumon grillé la veille.)

Cette pause obligée n'a pas empêché la championne de courir son marathon en 2h17 et de remporter la course.
Cette pause obligée n'a pas empêché la championne de courir son marathon en 2h17 et de remporter la course.

Ce phénomène malheureux porte un nom: la «diarrhée du coureur». Un nom clair, à défaut d'être poétique, qui décrit bien cette sensation apparemment venue de nulle part, sans signe avant-coureur et à mi-parcours. En particulier dans les lieux les plus improbables. Pour ne citer que des expériences personnelles: en pleine forêt, dans un champ, sur les quais du port de Vidy, ou au centre-ville de Bienne (un souvenir particulièrement douloureux, celui-ci).

Aux origines du mal

Les causes de la très redoutée diarrhée du coureur sont diverses et varient d'un pratiquant à l'autre. Toutefois, la plupart des études s'accordent sur trois raisons principales: physiologique, mécanique et nutritionnelle.

Lorsque d'un effort physique intense comme la course à pied, une grande partie de notre sang est redirigée vers les muscles, afin de leur fournir un maximum d'oxygène. Le débit sanguin fourni au système digestif se retrouve réduit. Ajoutez à ce ralentissement la déshydratation due à l'effort, et vous obtenez fréquemment des problèmes gastro-intestinaux – 30 à 90% des coureurs en auraient souffert au moins une fois.

Aux JO de Rio en 2016, le Français Yohann Diniz avait été victime de terribles problèmes intestinaux qui lui avaient niqué sa course.
Aux JO de Rio en 2016, le Français Yohann Diniz avait été victime de terribles problèmes intestinaux qui lui avaient niqué sa course.

A ce phénomène physiologique s'ajoute un facteur mécanique: il ne vous a pas échappé que la course à pied est un sport à fort impact. A chaque foulée, le corps encaisse un impact équivalent à trois fois son poids. Les ondes de choc répétées, causées par le martèlement des pieds contre le sol, peuvent stimuler le côlon et augmenter la vitesse du transit intestinal. Vous connaissez la suite.

Ce qu'on glisse dans notre bouche a aussi, évidemment, une influence sur ce qui sort de l'autre côté. Consommer des ingrédients trop riches en fibres, glucides, graisses ou caféine, tels que les fameux gels énergétiques ou les boissons isotoniques (pourtant précieux lors des sorties longues) peuvent provoquer maux de ventre et diarrhées. Ajoutez à ceci le stress et l'excitation avant une compétition, la production d'endorphines pendant la course et leur effet relaxant... Et voilà autant de motifs qui stimulent les grosses commissions.

Malgré ces explications, n'oubliez pas: si la diarrhrée du coureur sabote la plupart de vos sorties, se produit beaucoup plus souvent que la normale, ou que vous observez des changements inhabituels dans vos selles, ne faites pas l'autruche: consultez tout de suite un médecin.

Eviter le caca mortifiant

Et en ce qui concerne les cas «bénins», bonne nouvelle! Bien que le caca mortifiant de mi-parcours semble inévitable, vous pouvez limiter les risques. Comme dit le dicton, mieux vaut prévenir que guérir. Pour vous épargner troubles digestifs, ballonnements et autres déplaisirs, la plupart des experts suggèrent d'attendre une heure ou deux, voire trois, après votre dernier repas ou collation.

Les «aliments déclencheurs» devraient pour leur part être évités six heures avant une course. Toutefois, si vous avez de la peine à fonctionner sans votre première dose de café matinale, prévoyez suffisamment de temps entre votre expresso et votre course. Avec, idéalement, un passage aux cabinets avant de vous mettre en route. Une motivation supplémentaire? Se délester juste avant une course pourrait booster vos performances. Selon une étude taïwanaise de 2022, la défécation a des effets remarquables sur les capacités des athlètes.

Finalement, pour plus de tranquillité d'esprit, vous pouvez envisager de planifier vos itinéraires de course en conséquence, avec des toilettes publiques sur le chemin.

Enfin, si malgré toutes ces précautions, l'envie vous prend en cours de route... Arrêtez-vous. «Cela permet de conserver plus le contrôle qu'en continuant à courir», justifie la gastro-entérologue Amy S. Oxentenko au média spécialisé Self. Une fois que vous avez ralenti votre rythme, ne vous reste plus qu'à localiser les WC les plus proches. Ou, dans le pire des cas, un endroit discret pour faire votre affaire.

Le marathon de New York, en images
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Le marathon de New York, en images
Marcel Hug a gagné le marathon de NYC en chaise roulante.
source: keystone
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Le magnifique geste d'un marathonien pour son pote
Video: watson
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