Le 36 Quai des orfèvres a 110 ans : comment le siège de la PJ a inspiré le cinéma

Le 36 Quai des orfèvres a 110 ans : comment le siège de la PJ a inspiré le cinéma

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Le 36 Quai des orfèvres a 110 ans : comment le siège de la PJ a inspiré le cinéma

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Le 36 Quai des Orfèvres, lieu mythique parisien
Le 36 Quai des Orfèvres, lieu mythique parisien
© AFP - Martin BUREAU

C'est un lieu majeur de la police française : le 36 Quai des Orfèvres, à Paris, est devenu, le 1er août 1913, le siège de la Police judiciaire de la capitale. Depuis, il fait aussi partie de la culture populaire française, grâce à de nombreux films qui y font référence.

C'est un lieu aussi mythique que discret, sur les quais de l'Île de la cité à Paris, dans l'une des ailes de l'ancien Palais de justice : dans ce bâtiment, situé au 36 Quai des Orfèvres, la police judiciaire s'est installée il y a 110 ans jour pour jour, le 1er août 1913.

Depuis 2017, l'immense majorité des services de la police judiciaire ont déménagé, comme une grande partie de ceux du Palais de justice, vers le nouveau tribunal de la porte de Clichy – où pour l'anecdote, l'entrée de la PJ est au 36 rue du Bastion... alors qu'il n'y a pas 36 numéros de rue !

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Seule la Brigade de recherche et d'intervention (BRI) occupe encore les locaux du 36 Quai des Orfèvres, mais dans l'imaginaire collectif, l'immeuble reste encore comme le lieu des grandes enquêtes criminelles. Et cela, il le doit à un héritage cinématographique qui en a fait un haut lieu du cinéma policier.

Le QG du Commissaire Maigret

Mais avant même le cinéma, c'est par la littérature que le 36 Quai des Orfèvres est devenu le haut lieu de l'enquête criminelle parisienne. Un seul nom suffit à résumer l'esprit du lieu en littérature : Maigret. Le commissaire imaginé par Georges Simenon à partir du début des années 30 a ses quartiers au 36 Quai des Orfèvres, lieu central des intrigues, quand il n'est pas Chez Fred à déguster sa blanquette.

Dès 1932, Maigret, et donc son bureau du "36", est porté au cinéma, par Jean Renoir la première fois. Au total quatorze films et une dizaine de séries télévisées ont mis en scène le célèbre commissaire, les plus connus en France ayant été campés par Bruno Crémer à la télévision et Jean Gabin au cinéma.

"Simenon a immortalisé le 36 à travers son personnage de Maigret", constate Claude Cancès, ancien patron de la PJ parisienne dans les années 1990 et auteur d'une Histoire du Quai des Orfèvres (Mareuil éditions, 2023). "Je ne sais pas si les touristes français ou étrangers ont le même comportement [aujourd'hui], mais lorsqu'ils passaient devant le 36, ils demandaient au gardien de la paix 'est ce qu'on peut visiter le bureau de Maigret ?' Après, bien entendu, il y a tout un passé à travers les affaires, les faits divers comme on dit, qui ont émaillé l'histoire du 36 quai des Orfèvres".

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Porté à l'écran par Clouzot, Lautner et Zidi

Sans Maigret, le siège de la PJ inspire tout de même les cinéastes : Henri-Georges Clouzot réalise en 1947 "Quai des Orfèvres" qui met en scène notamment Bernard Blier dans une enquête sur un meurtre ; et quelques années plus tard, en 1968, George Lautner remet Jean Gabin dans la peau d'un inspecteur dans "Le Pacha" où c'est cette fois un vol de bijoux qui est au cœur de l'enquête.

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Et dans un autre registre, en 1980, Claude Zidi met en scène Coluche dans "Inspecteur La Bavure", dans la peau d'un tout jeune stagiaire de la police qui fait ses premiers pas au "36" – et qui s'y fait malmener.

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Les débuts au 36, Quai des Orfèvres, même s'ils sont généralement moins chaotiques qu'au cinéma, marquent les carrières des policiers qui en franchissent le seuil. "Je suis rentré dans la police tout à fait par hasard et par nécessité. Mais je dis souvent que je suis tombé, comme de nombreux collègues, dans la marmite du 36 pour ne jamais en ressortir. On ne tourne pas la page, quand on a vécu ce que j'ai vécu pendant 35 ans, parce que rares sont les journées où l'on n'évoque pas une affaire traitée par le 36,", se souvient Claude Cancès.

"Je m'imaginais des bureaux assez modernes à l'époque, et quand on monte ces fameuses 148 marches qui conduisent à la criminelle, on se retrouve sur un escalier crado. Il y avait, à l'époque, un mélange d'odeurs de tabac froid - pratiquement tout le monde fumait - c'était une odeur de moisi, si vous voulez, et on passait notre vie dans ces bureaux. Mais comme je le dis souvent, et je ne suis pas le seul à le dire - pour nous, ce 36 avait une âme", raconte-t-il.

De Marchal à Arcady

Les années 2000 marquent l'arrivée dans le paysage cinématographique de nouveaux cinéastes dans le monde du polar, et avec eux, le "36" revient régulièrement sur le grand écran. En 2004 c'est même le titre que choisit Olivier Marchal, lui-même ancien flic, pour son premier long métrage à succès : "36 quai des orfèvres" raconte une rivalité au sein des locaux de la police, entre les personnages campés par Daniel Auteuil et Gérard Depardieu, sur fond d'affaires criminelles, dans l'ambiance froide et brute qui deviendra caractéristique des films de Marchal.

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D'autres films, retraçant de vraies histoires criminelles, tournent autour du "36" : "L'affaire SK1" de Frédéric Tellier, sorti en 2014, et le téléfilm "Flic tout simplement" d'Yves Rénier, en 2016, retracent tous deux l'affaire Guy Georges, et "24 jours" d'Alexandre Arcady, en 2014 raconte l'affaire du Gang des Barbares et la mort d'Ilan Halimi en 2006. Ce dernier présente une particularité : alors que les services de la PJ sont sur le point de déménager, ce film est le premier à être tourné dans les vrais locaux du 36 Quai des orfèvres.

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Le 36 Quai des orfèvres est aussi lié à l'histoire de la police d'une autre façon : le bâtiment de l'île de la cité était auparavant occupé par un marché aux volailles... d'où le surnom de "poulets" donné aujourd'hui aux policiers.

Quant au déménagement au "Bastion", s'il a permis aux policiers d'occuper des locaux plus modernes et plus vastes, il n'a pas pour autant nui à l'âme du "36", veut croire Claude Cancès : "Je cite un des de mes amis, Frank Hériot qui dit que ce sont les hommes qui fabriquent la mémoire des pierres et pas le contraire. Et je pense que l'âme du 36 a dû être transportée au Bastion. Mais, encore une fois, c'est surtout Simenon qui a lancé la pub, si je puis dire, sur le 36".

De quoi promettre de nombreux autres scénarios à venir aux amateurs de polars.

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