Comédie culte hilarante, Top secret ! mérite largement son statut grâce à une multitude de gags efficaces et sans filtre.
Synopsis : Nick Rivers, une star américaine du rock and roll, participe à Berlin-Est à un festival culturel international. Ce rassemblement est en fait l’instrument d’un complot fomenté par un groupe de néo-nazis nostalgiques. Nick participe, à sa façon, à la résistance qui s’organise…
Extrait de la Cover Blu-ray 2020 Via Vision. © 1984 Paramount Pictures. All Rights Reserved
Une parodie des films de guerre et d’espionnage
Critique : Alors qu’ils ont connu un succès mondial impressionnant avec leur première comédie délirante intitulée Y a-t-il un pilote dans l’avion ? (1980), le trio ZAZ formé de David Zucker, Jim Abrahams et Jerry Zucker a refusé toutes les propositions de suite de leur hit. Ils ont préféré tourner le pilote de la série Police Squad (1982) avec Leslie Nielsen, qui n’a malheureusement pas débouché sur un programme régulier. Ils se mettent alors à écrire ce qui deviendra deux ans plus tard la comédie Top secret ! (1984).
Après avoir mis en pièce les films catastrophe, la joyeuse bande décide de s’en prendre aux films de guerre et d’espionnage. Ils situent donc leur intrigue en Allemagne de l’Est au cours des années 60, reconstituant au passage les années de leur jeunesse. Le héros est ainsi un chanteur de rock qui s’apparente pour beaucoup à Elvis Presley, même si certains titres lorgnent davantage sur le répertoire du rock californien à la Beach Boys. On notera d’ailleurs que pour sa toute première apparition au cinéma, le juvénile Val Kilmer fait preuve d’une belle prestance, car capable de danser comme Elvis, tout en chantant de manière convaincante, comme il le fera plus tard dans Les Doors (Stone, 1991). Il est assurément le grand gagnant de cette comédie tant il semble à l’aise devant les caméras.
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Top secret! : festival de gags en tous genres
Autour de lui, les ZAZ ont convoqué le gratin des vieux acteurs européens comme Omar Sharif, Michael Gough ou encore l’excellent Peter Cushing dont ce fut l’une des dernières apparitions. Si le début du film est un petit peu laborieux dans l’exposition de son intrigue, Top secret ! cache bien son jeu puisque la dernière heure s’avère être un festival de gags tous plus absurdes les uns que les autres.
Parmi les œuvres parodiées, on compte notamment Le lagon bleu (Kleiser, 1980), Grease (Kleiser, 1978), La grande évasion (Sturges, 1963) ou encore Le magicien d’Oz (Fleming, 1939). Toutefois, la folie des ZAZ ne s’arrête pas là puisque les compères font preuve d’une imagination sans bornes dans l’absurde. Ils s’amusent notamment avec les animaux – on adore la scène du cheval chantant ou encore la séquence entière avec la vache qui sert de camouflage. Dans ce grand bain de folie, ils osent également tourner une scène entière à l’envers (dans la librairie suédoise avec Peter Cushing) et se jouent des conventions cinématographiques en faisant commenter l’action par les comédiens ou en dénonçant certains procédés cinématographiques (ils utilisent notamment une maquette du film Superman de Richard Donner où se promènent quelques souris qui dénoncent ainsi la supercherie en matière d’échelle).
Un flop au box-office américain
Bien entendu, la condition pour apprécier le spectacle est de ne pas être trop regardant envers l’histoire racontée qui n’est guère crédible, voire inintéressante. Mais peu importe puisque tout repose ici sur l’efficacité immédiate des gags. On notera d’ailleurs l’audace de certaines idées, nettement en-dessous de la ceinture – et qui font d’ailleurs l’objet de coupes lors des diffusions du long-métrage à la télévision américaine depuis quelques années. On pense notamment à l’hallucinante scène de l’avocat qui se voit offrir un sex-toy gigantesque pour pouvoir accéder au plaisir avec son épouse.
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Sorti au mois de juin 1984 aux États-Unis, Top secret ! a été une sacrée déconvenue pour le trio qui avait explosé tous les records en 1980. Effectivement, dans une Amérique traversée depuis le mois de mars par le phénomène Police Academy (81M$ pour une production sortie de nulle part !), le divertissement un peu old school dans son sujet, à l’image du 1941 de Spielberg, n’attire pas la jeunesse. Val Kilmer démarre en 7e position nord-américaine, dans un contexte où l’esprit année 80 bat son plein. SOS Fantômes, Gremlins et le sequel d’Indiana Jones battent des records et finiront dans le top 5 annuel. Pis (de vache), la production des ZAZ intervient la semaine où l’inconnu Le moment de vérité (The Karate Kid) sort timidement autour des 5M$ et deviendra le carton monumental que l’on connaît avec une 5e place annuelle et 130M$. Top secret ! est même battu par Le vainqueur, comédie avec Stallone et Dolly Parton. En deuxième semaine, la farce glisse en 10e place américaine, déstabilisé par deux nouvelles comédies, Cannonball 2 et Le palace en délire avec le jeune Tom Hanks, ce dernier finissant sa carrière à 38M$ contre 20,4 M$ de recettes (soit 53,6 M$ au cours ajusté du dollar de 2021) pour Top Secret !
Avec Une défense canon (Dudley Moore, Eddie Murphy à 19M$), Faut pas en faire un drame (Dudley Moore, Nastassia Kinski, à 19M$) et C’est la faute à rio de Stanley Donen (Michael Caine, 18.6M$), Top secret ! est l’un des pires échecs annuels pour une comédie, Paramount ayant déployé de gros moyens promotionnels.
Un film devenu culte avec le temps
En France, Top secret ! a connu une carrière un peu plus satisfaisante, fort de la sélection au festival de Deauville qui lui a été favorable, et à des critiques globalement positives.
Arrivé en troisième position du box-office parisien lors de sa semaine d’investiture avec 104 417 spectateurs hilares, Top secret ! devait affronter la rude concurrence d’Indiana Jones et le temple maudit (tous deux sont issus du même studio, Paramount, et donc distribués par C.I.C.), mais aussi de la comédie française phénomène Les ripoux. La comédie ZAZ disparaît des radars parisiens au début du mois de novembre avec 306 597 tickets vendus.
Sur la France, Top secret ! débarque en cinquième position lors de sa première semaine d’exclusivité avec 247 271 Français convaincus. Là, sa carrière se prolonge jusqu’au début décembre, cumulant 1 198 917 entrées pour atteindre la 37ème place annuelle. On est toutefois bien loin des scores astronomiques de leur premier film (soit près de 3 millions d’entrées et une huitième place annuelle en 1980).
Critique de Virgile Dumez
Les sorties de la semaine du 26 septembre 1984
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