C'est une fiction, un roman rythmé, enlevé que propose Gary Victor. Mais les sujets qu'il aborde dans Les pages blanches de la détresse font référence à une réalité nettement moins légère.
Son narrateur, l'écrivain Carl Vaussier, traverse une mauvaise passe sur le plan personnel, et n'arrive plus à écrire. Les pages désespérément blanches le hantent, tandis que des personnages qu'il a créés par le passé viennent s'immiscer dans sa vie, sa faisant chaque jour plus menaçants.
L'humour face au malheur
Cette violence, c'est aussi celle qui empoisonne la société haïtienne dans son ensemble, "où le sens de l'humain se perd". Il y a ceux qui, avides, profitent directement de l'effondrement de l'Etat.
Que reste-t-il à un écrivain qui a perdu sa capacité créatrice, son talent à se servir des mots pour dire, capturer le visible et l'invisible, le caractère secret des choses, les mille élans de l'âme en butte à la fois à la rudesse et à la beauté des mondes?
Et puis, il y a les gangs, plus nombreux, plus puissants, qui cherchent sans cesse à accroître leur pouvoir. Carl Vaussier en fera aussi les frais, car le travail d'un écrivain aussi peut les servir. Heureusement, il y a quelques amis, connaissances, personnes fiables, au moins de manière temporaire, pour aider à traverser les turbulences dans ce tableau décidément bien sombre...
Pascale Fauriaux
Les pages blanches de la détresse, de Gary Victor, Philippe Rey, 192 pages, 18€.
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