Antoine Cahuzac A la barre d'EDF Energies Nouvelles
Par Yann Verdo
Henri Proglio n'est pas homme à renoncer facilement. Quand il a une idée derrière la tête, si elle n'est pas réalisable tout de suite, il attend le moment propice... « Cela faisait longtemps que je voulais avoir Antoine Cahuzac à mes côtés », glisse-t-il à propos de celui à qui il vient de confier la direction générale d'EDF Energies Nouvelles, la filiale verte dont l'électricien a pris la totalité du capital cet été. Les deux hommes se connaissent depuis une vingtaine d'années - ils se sont rencontrés au début des années 1990 par l'entremise de Denis Gasquet, un camarade de promotion d'Antoine Cahuzac à l'X. Dès cette première entrevue, le courant passe bien, au point qu'Henri Proglio le présente à son tour à Antoine Zacharias. Une double rencontre fructueuse : en 1992, le polytechnicien troque son poste de coresponsable de la salle des marchés du CCF pour devenir conseiller du président de ce qui ne s'appelait pas encore Vinci, mais la Société Générale d'Entreprises (SGE).
Après cette incursion dans le monde industriel, Antoine Cahuzac retrouve en 1994 la banque des Champs-Elysées qui lui donne la haute main sur les marchés actions avant de le propulser à la tête d'une équipe d'une quarantaine de commerciaux en charge des grands clients. En 2000, le CCF passe dans le giron du britannique HSBC. Le Girondin y continue son ascension : quatre ans plus tard, il est envoyé à Londres en tant que coresponsable mondial des secteurs Energie & Utilities - avec quelques belles opérations à la clef, comme la tentative presque réussie d'absorption d'Endesa par son client E.ON. Puis, en 2006, on l'expédie à Dubaï pour y chapeauter la banque d'investissement dans tout le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord.
Fratrie et passion du sport
Durant toutes ces années, le contact avec Henri Proglio n'a jamais été rompu - d'autant moins que, quand il était à Londres, le banquier avait Veolia dans son portefeuille de clients. Il aurait pu, dès cette époque, rejoindre l'équipe de choc formée par Henri Proglio à la tête du groupe de services aux collectivités. Problème : ses plus proches lieutenants (Olivier Barbaroux, Denis Gasquet, Sylvain de Forges, Cyrille du Peloux...) étaient tous issus de la même promotion de Polytechnique qu'Antoine Cahuzac - la dernière à avoir décortiqué des équations sur lamontagne SainteGeneviève. Un « X74 » de plus, et l'accusation de consanguinité n'aurait pas manqué de fuser...
Détenteur d'un impressionnant 20/20 à l'épreuve de gymnastique de l'X, grand amateur de ski sous toutes ses formes - il est aussi à l'aise sur des skis alpins que parmi les compétiteurs de la Vasaloppet -et supporteur enragé du Stade toulousain, Antoine Cahuzac cause volontiers sports avec Jérôme, son frère aîné de deux ans, médecin de formation et président socialiste de la commission des Finances à l'Assemblée nationale de son état. Mais, tandis que Jérôme explore volontiers les profondeurs océanes (c'est un passionné de chasse sous-marine), Antoine, lui, préfère rester sur la surface et caresse l'espoir de traverser un jour l'Atlantique à bord de l'« Hermione », la mythique frégate qui conduisit le marquis de La Fayette de Rochefort à Boston en 1780 et que l'ancien banquier a activement contribué à restaurer, en mettant ses dons de financier au service de l'association qui lui est consacrée. En attendant de mettre ses pas dans ceux du héros de la révolution américaine, Antoine Cahuzac a quelques mois devant lui pour se muer en héraut de la révolution verte.
YANN VERDO