L’année 2024 ne saurait être à Toulouse une année comme les autres. Il y a 20 ans, le 4 mars 2004, s’éteignait son plus grand poète, Claude Nougaro, auquel la ville va rendre de nombreux hommages, notamment grâce à Joël Saurin, le bassiste de Zebda.
Premier hommage… à la salle Nougaro !
De nombreuses évocations du « Taureau des Minimes » sont prévues et Joël Saurin, bassiste de Zebda et musicien investi dans beaucoup de projets musicaux de Toulouse à Montauban (dont « Pause Musicale »), est forcément sur le pont. Il dirigera plusieurs temps forts et présentera deux concerts déjà complets vendredi 8 et samedi 9 mars 2024 à la salle… Nougaro.
« En 1971, le Sœur Âme a été largement ignoré par nos contemporains, se désole-t-il. Il faut dire qu’il sort en avril, soit un mois avant Histoire de Melody Nelson. Comme le disque aujourd’hui mythique de Gainsbourg, Sœur Âme est réalisé avec Jean-Claude Vannier. Les deux sont des échecs commerciaux. J’avais huit ans à l’époque et, dernier d’une fratrie, j’écoutais ce qu’écoutaient mes frères. J’étais interloqué par cette langue, ces habillages de cordes suaves, ces cuivres bien tendus et je dois dire qu’il m’a fallu bien des années avant de comprendre le fin du fin de ce disque de Nougaro – et encore ! »
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Ce disque extraordinaire – tout comme le suivant, Locomotive d’or (1973) – doit être réécouté et réhabilité, et c’est bien l’intention de Joël Saurin. « Sont alors entrés en moi ces mots et ces syllabes qui ne m’ont jamais quitté depuis. Sœur Âme est comme un pas de côté néo-ravelien bien moins connu que le jazz sixties et les morceaux africains ou brésiliens de Claude, Tu verras et les autres. J’ai mis mon armure et mon glaive et je me suis dit qu’il fallait faire vivre cet album. Cela n’a pas été chose facile, car il a fallu en réécrire l’intégralité en réduction d’orchestre – résidences, répétitions, etc. Et sans argent public ! »
Les concerts du 8 et du 9 mars déborderont un peu : « On a décidé de ne pas se priver, rigole le bassiste. Il y aura Toulouse, mais aussi Mon Paris et d’autres titres. »
De Laborde à Lubat, de nombreux hommages
Joël Saurin a souvent croisé le Maestro et sa voix tremble quand il évoque ces rencontres, au Bibent la première fois. « J’étais avec Christian Laborde. Quand j’ai vu arriver Claude, impossible de sortir un mot de ma bouche ! Quand il est parti, il m’a affectueusement tiré l’oreille ! », chez lui avec les amis de Zebda. « On était des Minimes et des Izards, alors il nous avait surnommés ‘Mes petits voyous !’ » ou simplement dans les rues de Toulouse, ce « petit village » dont il arpentait les rues avec amour.
Joël sera donc le maître d’œuvre de nombreux événements liés à Claude tout au long de l’année : les médiathèques proposeront de retrouver le charismatique chanteur au travers de photographies légendaires, de témoignages et rencontres. Christian Laborde et Claude Sicre ont préparé des hommages, Hervé Suhubiette proposera un « Abécédaire Nougaro » au Bijou et, le 18 octobre, Alain Minvielle et Bernard Lubat seront à la Cartoucherie en compagnie du poète Serge Pey. Il y en aura pour tout le monde car, comme le souligne Joël Saurin, « Chacun a son Nougaro » !
Yves Gabay
« Ame Soeur », ré-création de l’album « Soeur Âme » de Claude Nougaro, vendredi 8 et samedi 9 mars à 20h30 à la Salle Nougaro (20, rue de Garric). Concerts complets.
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