D�finition de � chronologie �


Notre dictionnaire de fran�ais vous pr�sente les d�finitions du mot chronologie de mani�re claire et concise, avec des exemples pertinents pour aider � comprendre le sens du mot.

Il comprend des informations suppl�mentaires telles que des exemples d'expressions, l'�tymologie, les synonymes, les homonymes, les antonymes mais �galement les rimes et anagrammes et bien s�r des citations litt�raires sur chronologie pour aider � enrichir la compr�hension du mot Chronologie et r�pondre � la question quelle est la d�finition de chronologie ?

NOM genre (f) de 4 syllabes
Une d�finition simple : (fr-r�g|k??.n?.l?.?i) chronologie (f)

  • Science des temps, connaissance des �poques. - Il y a plusieurs syst�mes de chronologie. - Cela ne s�accorde pas avec la chronologie. - Chronologie des rois d��gypte.

  • Liste d��v�nements class�s suivant leur date, g�n�ralement du plus ancien au plus r�cent. Synonyme : tijdrekenkunde




    D�finitions de ��chronologie��


    Tr�sor de la Langue Fran�aise informatis�


    CHRONOLOGIE, subst. f�m.

    A.? Science rattach�e � l'histoire, qui a pour but la connaissance et l'ordonnance des dates des �v�nements dans le d�roulement de l'histoire de l'humanit�. Il faut distinguer d�s l'abord la chronologie math�matique ou astronomique et la chronologie dite technique [celle des historiens] (L'Hist. et ses m�thodes,1961, p. 38):
    1. La chronologie et la g�ographie, a-t-on dit, sont les deux yeux de l'histoire. Si la chose est vraie, tout porte � croire qu'en d�pit des B�n�dictins (...) qui ont invent� l'art de v�rifier les dates, l'histoire est pour le moins borgne. A. France, Le Petit Pierre,1918, p. 47.
    ? P. m�ton. ?uvre r�dig�e pour pr�senter les �v�nements dans l'ordre de leur d�roulement. Il [Rousseau] entreprit de composer une chronologie universelle (Gu�henno, Jean-Jacques,En marge des � Confessions �, 1948, p. 87).
    B.? Date et succession dans le temps des �v�nements historiques :
    2. ... elle avait ing�nieusement introduit la confusion dans cette chronologie. Les plus experts historiens en l'art de v�rifier les dates n'y eussent fait que blanchir. T. Gautier, Le Capitaine Fracasse,1863, p. 104.
    Rem. On rencontre chez E. et J. de Goncourt (Journal, 1870, p. 575) chronologie au sens de � arbre g�n�alogique �.
    ? P. ext. Ensemble d'activit�s accomplies, ou devant l'�tre, dans un laps de temps d�termin�. Je ne sais � quoi je pense aujourd'hui; j'oublie la chronologie de toute ma semaine (Michelet, Journal,1820, p. 125).
    Prononc. et Orth. : [k? ?n?l? ?i]. Ds Ac. 1694-1932. �tymol. et Hist. 1. 1579 � historiographie dans l'ordre chronologique � (B. de Vigen�re, Tite-Live cit� par Vaganay ds Fr. mod., t. 5, p. 72) ? 1677 (Mi�ge); 2. 1680 � science auxiliaire de l'histoire qui �tablit les dates des �v�nements historiques � (Rich.); 3. 1803 � ordre et date des �v�nements historiques � la chronologie des Brames (Chateaubriand, G�nie du christianisme, t. 2, p. 55); d'o� au fig. 1820 (Michelet, loc. cit.). Du lat. du xvies. chronologia (1532, L. Biragum, Chronologia tempororum in Dionysii comprehensorum ds NED). Fr�q. abs. litt�r. : 120.


    Wiktionnaire


    Nom commun - fran�ais

    chronologie \k??.n?.l?.?i\ f�minin

    1. Science des temps�; connaissance des �poques.
      • Pour ce qui est de la forme � donner � cette �tude, il appara�t que la chronologie impose quelques divisions principales. ?�(Jean M�ral, Paris dans la litt�rature am�ricaine, 1983)
    2. Liste d'�v�nements class�s suivant leur date, g�n�ralement du plus ancien au plus r�cent.
      • Un temps historique, une histoire dont la chronologie est ais�ment retra�able, sont le fait d'une classe dominante. ?�(Catherine Beno�t, Corps, jardins, m�moires: anthropologie du corps et de l'espace � la Guadeloupe, �ditions de la MSH, 2000, page 32)
      • Malheureusement, le temps r�el ? toujours enregistrable sur machine ? et le temps subjectif ? souvent rem�morable et restituable apr�s r�veil ? du r�ve sont deux chronologies neurophysiologique et psychologique que nous ne pouvons pas encore discerner objectivement et convenablement par voie exp�rimentale. ?�(Christian Beaubernard , ��Quels enseignements peut-on tirer de l'�tude des r�ves�?��, part. 3 de R�ves r�currents�: Voie royale pour l'�tude et l'explication des r�ves�; A propos d'un enfant, �ditions Publibook Universit�, 2009, page 93)
      • Cette premi�re esquisse d'une chronologie de l'art rupestre au Y�men est fond�e sur une �tude limit�e g�ographiquement, essentiellement � la r�gion de Saada, augment�e de quelques relev�s aux alentours de Rad' et dans le Wadi Dahr (?). ?�(Madiha Rachad, ��Chronologie et styles de l'art rupestre��, chap. 7 de l'Art rupestre et peuplements pr�historiques au Y�men, coordonn� par Madiha Rachad & Marie-Louise Inizan, Sanaa�: Centre fran�ais d'arch�ologie et de sciences sociales, 2007, page 73)
    Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage � l'identique 3.0

    Dictionnaire de l'Acad�mie fran�aise, huiti�me �dition

    CHRONOLOGIE. n. f.
    Science des temps, connaissance des �poques. Il y a plusieurs syst�mes de chronologie. Cela ne s'accorde pas avec la chronologie. Chronologie des rois d'�gypte.

    Littr�

    CHRONOLOGIE (kro-no-lo-jie) s. f.
    • Connaissance de l'ordre des temps et des dates historiques.
    Version �lectronique cr��e par Fran�ois Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

    Encyclop�die, 1re �dition

    CHRONOLOGIE, s. f. La chronologie en g�n�ral est proprement l'histoire des tems. Ce mot est d�riv� de deux mots Grecs, ??????, tems, & ?????, discours.

    In tempore, dit Newton, quoad ordinem successionis, in spatio quoad ordinem situs locantur universa. Ce magnifique tableau, qui prouve que les G�ometres savent quelquefois peindre, revient en quelque maniere � l'id�e de Leibnitz, qui d�finit le tems, l'ordre des �tres successifs, & l'espace, l'ordre des coexistans. Mais ce n'est pas ici le lieu de consid�rer m�taphysiquement le tems, ni de le comparer avec l'espace. Voyez Espace, Tems, &c. Nous ne parlerons point non plus de la mesure du tems pr�sent & qui s'�coule�; c'est � l'Astronomie & � l'Horlogerie � fixer cette mesure. V. Mouvement. Il n'est question ici que de la science des tems pass�s, de l'art de mesurer ces tems, de fixer des �poques &c. & c'est cette science qu'on appelle chronologie. V. �poque.

    Plus les tems sont recul�s, plus aussi la mesure en est incertaine�: aussi est-ce principalement � la chronologie des premiers tems que les plus savans hommes se sont appliqu�s. M. de Fontenelle, �loge de M. Bianchini, compare ces premiers tems � un vaste palais ruin�, dont les d�bris sont entass�s p�le-m�le, & dont la pl�part m�me des mat�riaux ont disparu. Plus il manque de ces mat�riaux, plus il est possible d'imaginer & de former avec les mat�riaux qui restent, diff�rens plans qui n'auroient rien de commun entre eux. Tel est l'�tat o� nous trouvons l'histoire ancienne. Il y a plus�; non-seulement les mat�riaux manquent en grand nombre, par la quantit� d'auteurs qui ont p�ri�: les auteurs m�me qui nous restent sont souvent contradictoires les uns aux autres.

    Il faut alors, ou les concilier tant bien que mal, ou se r�soudre � faire un choix qu'on peut to�jours soup�onner d'�tre un peu arbitraire. Toutes les recherches chronologiques que nous avons e�es jusqu'ici, ne sont que des combinaisons plus ou moins heureuses de ces mat�riaux informes. Et qui peut nous r�pondre que le nombre de ces combinaisons soit �puis�? Aussi voyons-nous presque tous les jours paro�tre de nouveaux syst�mes de chronologie. Il y a, dit le dictionnaire de Moreri, soixante-dix opinions diff�rentes sur la chronologie, depuis le commencement du monde jusqu'� J. C. Nous nous contenterons de nommer ici les auteurs les plus c�lebres. Ce sont, Jules Africain, Denis le Petit, Eusebe, S. Cyrille, Bede, Scaliger, le P. Petau, Usserius, Marsham, Vossius, Pagi, Pezron, M. Desvignoles, M. Freret, & M. Newton�: qu� nomina�! Et de quelle difficult� la chronologie ancienne n'est-elle pas�! puisqu'apr�s les travaux de tant de grands hommes, elle reste encore si obscure qu'on a pl�t�t v� que r�solu les difficult�s. C'est une espece de perspective immense & � perte de v�e, dont le fond est parsem� de nuages �pais, � travers lesquels on apper�oit de distance en distance un peu de lumiere.

    S'il ne s'agissoit, dit un auteur moderne, que de quelques �venemens particuliers, on ne seroit pas surpris de voir ces grands hommes diff�rer si fort les uns des autres�; mais il est question des points les plus essentiels de l'histoire sacr�e & profane�; tels que le nombre des ann�es qui se sont �coul�es depuis la cr�ation�; la distinction des ann�es sacr�es & civiles parmi les Juifs�; le s�jour des Isra�lites en Egypte�; la chronologie des juges, celle des rois de Juda & d'Israel�; le commencement des ann�es de la captivit�, celui des septante semaines de Daniel�; l'histoire de Judith, celle d'Esther�; la naissance, la mission, la mort du Messie, &c. l'origine de l'empire des Chinois�; les dynasties d'Egypte�; l'�poque du regne de Sesostris�; le commencement & la fin de l'empire d'Assyrie�; la chronologie des rois de Babylone, des rois Medes, des successeurs d'Alexandre, &c. sans parler des tems fabuleux & h�ro�ques, o� les difficult�s sont encore plus nombreuses. M�m. de litt. & d'hist. par M. l'abb� d'Artigni.

    L'auteur que nous venons de citer, conclut de-l� fort judicieusement qu'il seroit inutile de se fatiguer � concilier les diff�rens syst�mes, ou � en imaginer de nouveaux. Il suffit, dit-il, d'en choisir un & de le suivre�: ce sentiment nous paro�t �tre aussi celui des savans les plus illustres, que nous avons consult�s sur cette matiere. Prenez, par exemple, le syst�me d'Usserius, assez suivi aujourd'hui, ou celui du P. Petau, dans son rationarium temporum. La seule attention qu'on doit avoir, en �crivant l'histoire ancienne, c'est de marquer le guide que l'on suit sur la chronologie, afin de ne causer � ses lecteurs aucun embarras�; car selon certains auteurs, il y a depuis le commencement du monde jusqu'� J. C. 3740 ans, & 6934 selon d'autres, ce qui fait une diff�rence de 3194 ans. Cette diff�rence doit se r�pandre sur tout l'intervalle, principalement sur les parties de cet intervalle les plus proches de la cr�ation du monde.

    Je crois donc qu'il est inutile d'exposer ici fort au long les sentimens des chronologistes, & les preuves plus ou moins fortes sur lesquelles ils les ont appuy�es. Nous renvoyons sur ce point � leurs ouvrages. D'ailleurs nous allons traiter plus bas avec quelque �tendue de la chronologie sacr�e, comme �tant la partie de la chronologie la plus importante�; & l'on trouvera aux art. Egyptiens & Chald�ens, des remarques sur la chronologie des Egyptiens, des Assyriens, & des Chald�ens. Voici seulement les principales opinions sur la dur�e du monde, depuis la cr�ation jusqu'� J. C.

    Selon la Vulgate.
    Usserius, 4004 ans.
    Scaliger, 3950
    Petau, 3984
    Riccioli, 4184
    Selon les Septante.
    Eusebe, 5200 ans.
    Les tables Alphonsines, 6934
    Riccioli, 5634

    L'ann�e de la naissance de J. C. est aussi fort disput�e�; il y a sept � huit ans de diff�rence sur ce point entre les auteurs. Mais depuis ce tems la chronologie commence � devenir beaucoup plus certaine par la quantit� de monumens�; & les diff�rences qui peuvent se rencontrer entre les auteurs, sont beaucoup moins consid�rables.

    Parmi tous les auteurs qui ont �crit sur la chronologie, il en est un dont nous parlerons un peu plus au long�; non que son syst�me soit le meilleur & le plus suivi, mais � cause du nom de l'auteur, de la singularit� des preuves sur lesquelles ce syst�me est appuy�, & enfin de la nature de ces preuves, qui �tant astronomiques & math�matiques, rentrent dans la partie dont nous sommes charg�s.

    Selon M. Newton, le monde est moins vieux de 500 ans que ne le croyent les Chronologistes. Les preuves de ce grand homme sont de deux especes.

    Les premieres roulent sur l'�valuation des g�n�rations. Les Egyptiens en comptoient 341 depuis Men�s jusqu'� Sethon, & �valuoient trois g�n�rations � cent ans. Les anciens Grecs �valuoient une g�n�ration � 40 ans. Or en cela, selon M. Newton, les uns & les autres se tromperent. Il est bien vrai que trois g�n�rations ordinaires valent environ 120 ans. Mais les g�n�rations sont plus longues que les regnes, parce qu'il est �vident qu'en g�n�ral les hommes vivent plus long-tems que les rois ne regnent. Selon M. Newton, chaque regne est d'environ 20 ans, l'un portant l'autre�; ce qui se prouve par la dur�e du regne des rois d'Angleterre, depuis Guillaume le Conqu�rant jusqu'� George I. des vingt-quatre premiers rois de France, des vingt-quatre suivans, des quinze suivans, & enfin des soixante-trois r�unis. Donc les anciens ont fait un calcul trop fort, en �valuant les g�n�rations � quarante ans.

    La seconde espece de preuves, plus singuliere encore, est tir�e de l'Astronomie. On sait que les points �quinoxiaux ont un mouvement r�trograde & � tr�s peu-pr�s uniforme d'un degr� en 72 ans. Voyez Pr�cession des equinoxes.

    Selon Cl�ment Alexandrin, Chiron, qui �toit du voyage des Argonautes, fixa l'�quinoxe du printems au quinzieme degr� du b�lier, & par cons�quent le solstice d'�t� au quinzieme degr� du cancer. Un an avant la guerre du P�loponnese, Meton fixa le solstice d'�t� au huitieme degr� du cancer. Donc puisqu'un degr� r�pond � soixante-douze ans, il y a sept fois soixante & douze ans de l'exp�dition des Argonautes au commencement de la guerre du P�loponnese, c'est-�-dire cinq cens quatre ans, & non pas sept cens, comme disoient les Grecs.

    En combinant ces deux diff�rentes preuves, M. Newton conclut que l'exp�dition des Argonautes doit �tre plac�e 909 ans avant Jesus-Christ, & non pas 400 ans, comme on le croyoit, ce qui rend le monde moins vieux de 500 ans.

    Ce syst�me, il faut l'avouer, n'a pas fait grande fortune. Il a �t� attaqu� avec force par M. Freret & par le P. Souciet�; il a cependant trouv� en Angleterre & en France m�me des d�fenseurs.

    M. Freret, en combinant & parcourant l'histoire des tems connus, croit que M. Newton s'est tromp�, en �valuant chaque g�n�ration des rois � vingt ans. Il trouve, au contraire, par diff�rens calculs, qu'elles doivent �tre �valu�es � trente ans au moins, ou pl�t�t entre trente & quarante ans. Il le prouve par les vingt-quatre g�n�rations, depuis Hugues Capet jusqu'� Louis XV. par Robert de Bourbon, qui donnent en 770 ans 32 ans de dur�e pour chaque g�n�ration�; par les douze g�n�rations de Hugues Capet jusqu'� Charles le Bel�; par les vingt de Hugues Capet � Henri III. par les vingt-sept de Hugues Capet � Louis XII. par les dix-huit de Hugues Capet � Charles VIII. Il est assez singulier que les calculs de M. Freret, & ceux de M. Newton, soient justes l'un & l'autre, & donnent des r�sultats si diff�rens. La diff�rence vient de ce que M. Newton compte par regnes, & M. Freret par g�n�rations. Par exemple, de Hugues Capet � Louis XV. il n'y a que vingt-quatre g�n�rations, mais il y a trente-deux regnes�; ce qui ne donne qu'environ vingt ans pour chaque regne, & plus de trente pour chaque g�n�ration. Ainsi ne seroit-il pas permis de penser que si le calcul de M. Newton est trop foible en moins, celui de M. Freret est trop fort en plus�? En g�n�ral, non-seulement les regnes doivent �tre plus courts que les g�n�rations, mais les g�n�rations des rois doivent �tre plus courtes que celles des particuliers, parce que les fils de rois sont mari�s de meilleure heure.

    A l'�gard des preuves astronomiques, M. Freret observe que la position des �toiles & des points �quinoxiaux n'est nullement exacte dans les �crits des anciens�; que les auteurs du m�me tems varient beaucoup sur ce point. Il est tr�s-vraissemblable, selon ce savant chronologiste, que Meton en pla�ant le solstice d'�t� au huitieme degr� du cancer, s'�toit conform�, non � la v�rit�, mais � l'usage re�� de son tems, �-peu-pr�s comme c'est l'usage vulgaire parmi nous, de placer l'�quinoxe au premier degr� du b�lier, quoiqu'elle n'y soit plus depuis long-tems. M. Freret fortifie cette conjecture par un grand nombre de preuves qui paroissent tr�s-fortes. En voici les principales. Achilles Tatius dit que plusieurs Astronomes pla�oient le solstice d'�t� au premier degr� du cancer�; les autres au 8e�; les autres au 12e�; les autres au 15e. Euctemon avoit observ� le solstice avec Meton, & cet Euctemon avoit plac� l'�quinoxe d'automne au premier degr� de la balance�; preuve, dit M. Freret, que Meton en fixant le solstice d'�t� au huitieme degr� du cancer, se conformoit � l'usage de parler de son tems, & non � la v�rit�. Suivant les lois de la pr�cession des �quinoxes, l'�quinoxe a d� �tre au huitieme degr� d'aries, 964 ans avant l'ere chr�tienne, & c'est �-peu-pr�s en ce tems-l� que le calendrier suivi par Meton a d� �tre publi�. Hypparque place les points �quinoxiaux � quinze degr�s d'Eudoxe�: il s'ensuivroit qu'il y a eu entre Hypparque & Eudoxe un intervalle de 1080 ans, ce qui est inso�tenable�; � ces preuves M. Freret en ajo�te plusieurs autres. On peut voir ce d�tail instructif & curieux dans un petit ouvrage qui a pour titre�: abreg� de la chronologie de M. Newton, fait par lui-m�me, & traduit sur le manuscrit Anglois, � Paris, 1725. A la suite de cet abreg�, on a plac� les observations de M. Freret. Il sera bon de lire � la suite de ces observations la r�ponse courte que M. Newton y a faite, Paris 1726, & dans laquelle il y a quelques articles qui m�ritent attention. Nous nous dispensons d'autant plus volontiers de rapporter ici plus au long les preuves de M. Freret, que nous apprenons qu'il paro�tra bient�t un ouvrage posthume consid�rable qu'il a compos� sur cette matiere. Mais nous ne pouvons laisser �chapper cette occasion de c�lebrer ici la m�moire de ce savant homme, qui joignoit � l'�rudition la plus vaste l'esprit philosophique, & qui a port� ce double flambeau dans ses profondes recherches sur l'antiquit�.

    La chronologie ne se borne pas aux tems recul�s & � la fixation des anciennes �poques�; elle s'�tend aussi � d'autres usages, & particulierement aux usages eccl�siastiques. C'est par son secours que nous fixons les f�tes mobiles, entr'autres cell�s de P�ques, & que par le moyen des �pactes, des p�riodes, des cycles, &c. nous construisons le calendrier. Voyez ces mots. Voyez aussi l'article An. Ainsi il y a proprement deux especes de chronologie�; l'une, pour ainsi dire purement historique, & fond�e sur les faits que l'antiquit� nous a transmis�; l'autre math�matique & astronomique, qui employe les observations & les calculs, tant pour d�brouiller les �poques, que pour les usages de la religion.

    Un des ouvrages les plus utiles qui ayent paru dans ces derniers tems sur la chronologie, est l'art de v�rifier les dates, commenc� par Dom Maur d'Antine, & continu� par deux savans religieux ben�dictins de la m�me congr�gation, Dom Charles Clement & Dom Ursin Durand�; Paris, 1750. in-4�. Cet ouvrage pr�sente d'abord une table chronologique qui renferme toutes les diff�rentes marques propres � caract�riser chaque ann�e depuis J. C. jusqu'� nous. Ces marques sont les indictions, les �pactes, le cycle pascal, le cycle solaire, les �clipses, &c. Cette table est suivie d'un excellent calendrier perp�tuel, voyez l'art. Calendrier. Et l'ouvrage est termin� par un abreg� chronologique des principaux �venemens depuis J. C. jusqu'� nos jours. Dans cet abreg� on doit sur-tout remarquer & distinguer l'attachement des deux religieux ben�dictins pour les maximes du clerg� de France, & de la facult� de Th�ologie de Paris, sur l'ind�pendance des rois quant au temporel, & la sup�riorit� des conciles g�n�raux au-dessus du Pape. Aussi cet ouvrage a-t-il �t� re�� tr�s-favorablement du public�; & nous en faisons ici d'autant plus volontiers l'�loge, que les deux auteurs nous sont entierement inconnus.

    M. de Fontenelle, dans l'�loge de M. Bianchini, dit que ce savant avoit imagin� une division de tems assez commode�: quarante siecles depuis la cr�ation jusqu'� Auguste�; seize siecles depuis Auguste jusqu'� Charles V. chacun de ces seize siecles partag� en cinq vingtaines d'ann�es, de sorte que dans les huit premiers comme dans les huit derniers, il y a quarante vingtaines d'ann�es, comme quarante siecles dans la premiere division, r�gularit� de nombres favorables � la m�moire�; au milieu des seize siecles, depuis Auguste jusqu'� Charles V. se trouve justement Charlemagne, �poque des plus illustres. (O)

    * Chronologie Sacr�e. On entend par la Chronologie des premiers tems, l'ordre selon lequel les �venemens qui ont pr�c�d� le d�luge, & qui l'ont suivi imm�diatement, doivent �tre plac�s dans le tems. Mais quel parti prendrons-nous sur cet ordre�? Regarderons-nous, avec quelques anciens, le monde comme �ternel, & dirons-nous que la succession des �tres n'a point eu de commencement, & ne doit point avoir de fin�? Ou convenant, soit de la cr�ation, soit de l'information de la matiere dans le tems, penserons-nous, avec quelques auteurs, que ces actes du Tout-puissant sont d'une date si recul�e, qu'il n'y a aucun fil, soit historique soit traditionnel, qui puisse nous y conduire sans se rompre en cent endroits�? Ou reconnoissant l'absurdit� de ces syst�mes, & nous attachant aux fastes de quelques peuples, pr�f�rerons-nous ceux des habitans de la B�thique en Espagne, qui produisoient des annales de six mille ans�? Ou compterons-nous, avec les Indiens, six mille quatre cents soixante-un ans depuis Bacchus jusqu'� Alexandre�? Ou plus jaloux encore d'anciennet�, suivrons-nous cette histoire chronologique de douze � quinze mille ans dont se vantoient les Egyptiens�; & donnant avec les m�mes peuples dix-huit mille ans de plus � la dur�e des regnes des dieux & des h�ros, vieillirons-nous le monde de trente mille ans�? Ou ass�rant, avec les Chald�ens, qu'il y avoit plus de quatre cents mille ans qu'ils observoient les astres lorsque Alexandre passa en Asie, leur accorderons-nous dix rois depuis le commencement de leur monarchie jusqu'au d�luge�? Ferons-nous ces regnes de cent vingt sares�? & comptant avec Eusebe pour la dur�e du sare Chald�en trois mille six cents ans, dirons-nous qu'il y avoit quatre cents trente-deux mille ans depuis leur premier roi jusqu'au d�luge�? Ou m�contens de la dur�e qu'Eusebe donne au sare, & curieux de conserver aux Chald�ens toute leur anciennet�, leur restituerons-nous les quarante-un mille ans qu'ils semblent perdre � ce calcul, & leur accorderons-nous les quatre cents soixante-trois mille ans d'observations qu'ils avoient lors du passage d'Alexandre, au rapport de Diodore de Sicile�? Ou regardant toutes ces chronologies soit comme fabuleuses, soit comme r�ductibles, par quelque connoissance puis�e dans les anciens, � la chronologie des livres sacr�s, nous en tiendrons-nous � cette chronologie�? La raison & la religion nous obligent � prendre ce dernier parti. Notre objet sera donc ici premierement de montrer que ces �normes calculs des Chald�ens & autres, peuvent se r�duire � quelqu'un des syst�mes de nos auteurs sur la chronologie sacr�e�; secondement, ces syst�mes de nos auteurs ayant entre eux des diff�rences assez consid�rables, fond�es les unes sur la pr�f�rence exclusive qu'ils ont donn�e � un des textes de l'Ecriture, les autres sur les intervalles qu'ils ont mis entre les �poques d'un m�me texte, d'indiquer l'usage qu'il semble qu'on pourroit faire des diff�rens textes, & d'appliquer nos v�es � la fixation de quelques-unes des principales �poques. Notre Dictionnaire �tant particulierement philosophique, il est �galement de notre devoir d'indiquer les v�rit�s d�couvertes, & les voies qui pourroient conduire � celles qui sont inconnues�: c'est la m�thode que nous avons suivie � l'art. Canon des saintes Ecritures (v. cet art.), & c'est encore celle que nous allons suivre ici.

    Des annales Babyloniennes, Egyptiennes, ou Chald�ennes, r�duites � notre chronologie. C'est � M. Gibert que nous aurons l'obligation de ce que nous allons exposer sur cette matiere si importante & si difficile. Voyez une lettre qu'il a publi�e en 1743, Amst. Les anciens d�signoient par le nom d'ann�e, la r�volution d'une planete quelconque autour du ciel. Voyez Macrobe, Eudoxe, Varron, Diodore de Sicile, Pline, Plutarque, S. Augustin, &c. Ainsi l'ann�e eut deux, trois, quatre, six, douze mois�; & selon Palephate & Suidas, d'autres fois un seul jour. Mais quelles sortes de r�volutions entendoient les Chald�ens, quand ils s'arrogeoient quatre cents soixante-treize mille ans d'observations�? Quelles�? celles d'un jour solaire, r�pond M. Gibert�; le jour solaire �toit leur ann�e astronomique�: d'o� il s'ensuit, selon cette supposition, que les 473 mille ann�es des Chald�ens se r�duisent � 473 mille de nos jours, ou � 1297 & environ neuf mois, de nos ann�es solaires. Or c'est-l� pr�cis�ment le nombre d'ann�es qu'Eusebe compte depuis les premieres d�couvertes d'Atlas en Astronomie, jusqu'au passage d'Alexandre en Asie�; & il place ces d�couvertes � l'an 384 d'Abraham�: mais le passage d'Alexandre est de l'an 1582�; l'intervalle de l'une � l'autre est donc pr�cis�ment de 1298 ans, comme nous l'avons trouv�.

    Cette rencontre devient d'autant plus frappante, qu'Atlas passe pour l'inventeur m�me de l'Astrologie, & par cons�quent ses observations, comme la date des plus anciennes. L'histoire fournit m�me des conjectures assez fortes de l'identit� des observations d'Atlas, avec les premieres observations des Chald�ens. Mais voyons la suite de cette supposition de M. Gibert.

    Berose ajo�toit 17000 ans aux observations des Chald�ens. L'histoire de cet auteur d�di�e � Antiochus Soter, fut vraissemblablement conduite jusqu'aux dernieres ann�es de Seleucus Nicanor, pr�d�cesseur de cet Antiochus. Ce fut �-peu-pr�s dans ce tems que Babylone perdit son nom, & que ses habitans passerent dans la ville nouvelle construite par Seleucus, c'est-�-dire la 293 ann�e avant J. C. ou pl�t�t la 289�; car Eusebe nous apprend que Seleucus peuploit alors la ville qu'il avoit b�tie. Or les 17000 ans de Berose �valu�s � la maniere de M. Gibert, donnent 46 ans six � sept mois, ou l'intervalle pr�cis du passage d'Alexandre en Asie, jusqu'� la premiere ann�e de la cxxiij. olympiade, c'est-�-dire jusqu'au moment o� Berose avoit conduit son histoire.

    Les 720000 ann�es qu'Epigene donnoit aux observations conserv�es � Babylone, ne font pas plus de difficult�: r�duites � des ann�es Juliennes, elles font 1971 ans & environ trois mois�; ce qui approche fort des 1903 ans que Callisthene accordoit au m�me genre d'observations�: la diff�rence de 68 ans vient de ce que Callisthene finit son calcul � la prise de Babylone par Alexandre, comme il le devoit, & qu'Epigene conduisit le sien jusque sous Ptol�m�e Philadelphe, ou jusqu'� son tems.

    Autre preuve de la v�rit� des calculs & de la supposition de M. Gibert. Alexandre Polyhistor dit, d'apr�s Berose, que l'on conservoit � Babylone depuis plus de 150000 ans des m�moires historiques de tout ce qui s'�toit pass� pendant un si long intervalle. Il n'est personne qui sur ce passage n'accuse Berose d'imposture, en se rappellant que Nabonassar, qui ne vivoit que 410 � 411 ans avant Alexandre, d�truisit tous les monumens historiques des tems qui l'avoient pr�c�d�; cependant en r�duisant ces 150000 ans � autant de jours, on trouve 410 ans huit mois & trois jours, & les 150000 de Berose ne sont plus qu'une affectation pu�rile de sa part. Les 410 ans huit mois & trois jours qu'on trouve par la supposition de M. Gibert, se sont pr�cis�ment �coul�s depuis le 26 F�vrier de l'an 747 avant J. C. o� commence l'ere de Nabonassar, jusqu'au premier Novembre de l'an 337, c'est-�-dire jusqu'� l'ann�e & au mois d'o� les Babyloniens datoient le regne d'Alexandre, apr�s la mort de son pere. Cette r�duction ramene donc to�jours � des �poques vraies�; les 30000 ans que les Egyptiens donnoient au regne du Soleil, le m�me que Joseph, se r�duisent aux 80 ans que l'Ecriture accorde au ministere de ce patriarche�; les 1300 ans & plus que quelques-uns comptent depuis Men�s jusqu'� Neithocris, ne sont que des ann�es de six mois, qui se r�duisent � 668 ann�es Juliennes que le canon des rois Th�bains d'Eratosthene met entre les deux m�mes regnes�; les 2936 ans que Dicearque compte depuis S�sostris jusqu'� la premiere olympiade, ne sont que des ann�es de trois mois, qui se r�duisent aux 734 que les marbres de Paros comptent entre Dana�s frere de S�sostris & les olympiades, &c. Voyez la lettre de M. Gibert.

    De la chronologie Chinoise rappell�e � notre chronologie. Nous avons fait voir � l'article Chinois, que le regne de Fohi fut un tems fabuleux, peu propre � fonder une v�ritable �poque chronologique. Le pere Longobardi convient lui-m�me que la chronologie des Chinois est tr�s-incertaine�; & si l'on s'en rapporte � la table chronologique de Nien, auteur tr�s estim� � la Chine, dont Jean Fran�ois Fouquet nous a fait conno�tre l'ouvrage, l'histoire de la Chine n'a point d'�poque certaine plus ancienne que l'an 400 avant J. C. Kortholt qui avoit bien examin� cette chronologie de Nien, ajo�te que Fouquet disoit des tems ant�rieurs de l'ere Chinoise, que les lettr�s n'en disputoient pas avec moins de fureur & de fruit, que les n�tres des dynasties Egyptiennes & des origines Assyriennes & Chald�ennes�; & qu'il �toit permis � chacun de croire des premiers tems de cette nation tout ce qu'il en jugeroit � propos. Mais si suivant les dissertations de M. Freret, il faut rapporter l'�poque d'Yao, un des premiers empereurs de la Chine, � l'an 2145 ou 7 avant J. C. les Chinois pla�ant leur premiere observation astronomique, & la composition d'un calendrier c�lebre dans leurs livres 150 ans avant Yao, l'�poque des premieres observations Chinoises & celle des premieres observations Chald�ennes co�ncideront. C'est une observation singuliere.

    Y auroit-il donc quelque rapport, quelque connexion, entre l'astronomie Chinoise & celle des Chald�ens�? Les Chinois sont certainement sortis, ainsi que tous les autres peuples, des plaines de Sennaar�; & l'on ne pourroit guere en avoir un indice plus fort que cette identit� d'�poque, dans leurs observations astronomiques les plus anciennes.

    Plus on examine l'origine des peuples, plus on les rapproche de ces fameuses plaines�; plus on examine leur chronologie & plus on y d�m�le d'erreurs, plus on la rapproche de quelqu'un de nos syst�mes de chronologie sacr�e. Cette chronologie est donc la vraie�; le plus ancien peuple est donc celui qui en est possesseur�; tenons-nous en donc aux fastes de ce peuple.

    Nous en avons trois exemplaires diff�rens�: ce sont ou trois textes ou trois copies d'un premier original�; ces copies varient entre elles sur la chronologie des premiers �ges du monde�: le texte H�breu de la massore abrege les tems�; il ne compte qu'environ quatre mille ans depuis Adam jusqu'� J. C. le texte Samaritain donne plus d'�tendue � l'intervalle de ces �poques�; mais on le pr�tend moins correct�: les Septante font remonter la cr�ation du monde jusqu'� six mille ans avant J. C. il y a selon le texte H�breu 1656 ans depuis Adam au d�luge�; 1307, selon le Samaritain�; & 2242, selon Eusebe & les Septante�; ou 2256, selon Josephe & les Septante�; ou 2262, selon Jule Africain, S. Epiphane, le pere Petau, & les Septante.

    Si les Chronologistes sont divis�s, & sur le choix des textes, & sur les tems �coul�s, pour l'intervalle de la cr�ation au d�luge, ils ne le sont pas moins pour les tems post�rieurs au d�luge, & sur les intervalles des �poques de ces tems. Voyez seulement Marsham & Pezron.

    Syst�me de Marsham.
    Du d�luge � la vocation d'Abraham, 426 ans.
    De la vocation d'Abraham � la sortie d'Egypte, 430.
    De l'exode � la fondation du temple, 480.
    La dur�e du temple, 400.
    La captivit�, 70.
    Syst�me de Pezron.
    Du d�luge � la vocation d'Abraham, 1257.
    De la vocation d'Abraham � la sortie d'Egypte, 430.
    De la sortie d'Egypte � la fondation du temple, 873.
    De la fondation du temple � sa destruction, 470.
    La captivit�, 70.

    Les diff�rences sont plus ou moins fortes entre les autres syst�mes, pour lesquels nous renvoyons � leurs auteurs.

    Tant de diversit�s, tant entre les textes qu'entre leurs commentateurs, sugg�ra � M. l'abb� de Prades, bachelier de Sorbonne, une opinion qui a fait beaucoup de bruit, & dont nous allons rendre compte, d'autant plus volontiers que nous l'avons combattue de tout tems, & que son exposition ne suppose aucun calcul.

    M. l'abb� de Prades se demande � lui-m�me comment il a p� se faire que Moyse ait �crit une chronologie, & qu'elle se trouve si alt�r�e qu'il ne soit plus possible, des trois diff�rentes chronologies qu'on lit dans les diff�rens textes, de discerner laquelle est de Moyse, ou m�me s'il y en a une de cet auteur. Il remarque que cette contradiction des chronologies a donn� naissance � une infinit� de syst�mes diff�rens�: que les auteurs de ces syst�mes n'ont rien �pargn� pour d�truire l'autorit� des textes qu'ils ne suivoient pas�; t�moin le pere Morin de l'Oratoire, � qui il n'a pas tenu que le texte Samaritain ne s'�lev�t sur les ruines du texte H�breu�: que les diff�rentes chronologies ont suivi la fortune des diff�rens textes, en Orient, en Occident, & dans les autres �glises�: que les Chronologues n'en ont adopt� aucune scrupuleusement�: que les additions, corrections, retranchemens qu'ils ont jug� � propos d'y faire, prouvent bien qu'� leur avis m�me il n'y en a aucune d'absolument correcte�: que la nation Chinoise n'a jamais entr� dans aucun de ces plans chronologiques�: qu'on ne peut cependant rejetter en doute les �poques Chinoises, sans se jetter dans un Pirrhonisme historique�: que cet oubli fournissoit une grande difficult� aux impies contre le r�cit de Moyse, qui faisoit descendre tous les hommes de No�, tandis qu'il se trouvoit un peuple dont les annales remontoient au-del� du d�luge�: qu'en r�pondant � cette difficult� des impies par la chronologie des Septante, qui n'embrasse pas encore les �poques Chinoises les plus recul�es, telles que le regne de Fohi, on leur donnoit occasion d'en proposer une autre sur l'alt�ration des livres saints, o� le tems avoit p� ins�rer des chronologies diff�rentes, & troubler m�me celles qui y avoient �t� ins�r�es�: que la conformit� sur les faits ne r�pondoit pas � la diversit� sur les chronologies�: que le P. Tournemine sensible � cette difficult�, a tout mis en ?uvre pour accorder les chronologies�; mais que son syst�me a des d�fauts consid�rables, comme de ne pas expliquer pourquoi le centenaire n'est pas omis partout dans le texte h�breu, ou ajo�t� par-tout dans les Septante�; & qu'occup� de ces difficult�s, elle se grossissoit d'autant plus, qu'il se pr�venoit davantage que Moyse avoit �crit une chronologie. Voil� ce qui a paru � M. l'abb� de Prades.

    Et il a pens� que Moyse n'�toit auteur d'aucune des trois chronologies�; que c'�toient trois syst�mes invent�s apr�s coup�; que les diff�rences qui les distinguent ne peuvent �tre des erreurs de copistes�; que si les erreurs de copistes avoient p� enfanter des chronologies diff�rentes, il y en auroit bien plus de trois�; que les trois chronologies ne diff�reroient entre elles que comme trois copies de la m�me chronologie�; que si, ant�rieurement � la version des Septante, la chronologie du texte H�breu sur lequel ils ont traduit avoit pass� pour authentique, on ne con�oit pas comment ces respectables traducteurs auroient os� l'abandonner�; qu'on ne peut supposer que les Septante ayent conserv� la chronologie de l'H�breu, & que la diff�rence qu'on remarque � pr�sent entre les calculs de ces deux textes vient de corruption�; qu'on peut demander de quel c�t� vient la corruption, si c'est du c�t� de l'H�breu ou du c�t� des Septante, ou de l'un & de l'autre c�t�; que, selon la derniere r�ponse, la seule qu'on puisse faire, il n'y a aucune de ces chronologies qui soit la vraie�; qu'il est �tonnant que l'ignorance des copistes n'ait commenc� � se faire sentir que depuis les Septante�; que l'intervalle du tems compris entre Ptol�m�e Philadelphe & la naissance de J. C. ait �t� le seul expos� � ce malheur, & que les histoires profanes n'ayent en ce point aucune conformit� de sort avec les livres sacr�s�; que la vigilance superstitieuse des Juifs a �t� ici tromp�e bien grossierement�; que les nombres �tant �crits tout au long dans les textes, & non en chiffres, l'alt�ration devient tr�s difficile�; en un mot, que quelque facile qu'elle soit, elle ne peut jamais produire des syst�mes�; qu'on ne peut supposer que la chronologie de Moyse est comme dispers�e dans les trois textes, qu'il faut sur chaque fait en particulier les consulter, & prendre le parti qui paro�tra le plus conforme � la v�rit�, selon d'autres circonstances.

    Selon ce syst�me de M. l'abb� de Prades, il est �vident que l'objection des impies tir�e de la diversit� des trois chronologies, se r�duit � rien�; mais n'affoiblit-il pas d'un autre c�t� la preuve de l'authenticit� des faits qu'ils contiennent, fond�e sur cette vigilance prodigieuse avec laquelle les Juifs conservoient leurs ouvrages�? Que devient cette vigilance, lorsque des hommes auront p� pousser la hardiesse, soit � ins�rer une chronologie dans le texte, si Moyse n'en a fait aucune, soit � y en substituer une autre que la sienne�? M. l'abb� de Prades pr�tend que ces chronologies sont trois syst�mes diff�rens�; mais il prouve seulement que leur alt�ration est fort extraordinaire�: comment prendre ces chronologies pour des syst�mes li�s & suivis, quand on voit que le centenaire n'est pas omis dans tout le texte H�breu, & qu'il n'est pas ajo�t� � tous les patriarches dans le texte des Septante�? Si la conformit� s'est conserv�e dans les faits, c'est que par leur nature les faits sont moins expos�s aux erreurs que des calculs chronologiques�: quelque grossieres que soient ces erreurs, elles ne doivent point �tonner. Rien n'emp�che donc qu'on n'admette les trois textes, & qu'on ne cherche � les concilier, d'autant plus qu'on trouve dans tous les trois pris collectivement dequoi satisfaire � beaucoup de difficult�s. Mais comment cette conciliation se fera-t-elle�? Entre plusieurs moyens, on a l'examen des calculs m�mes & celui des circonstances�: l'examen des calculs suffit seul quelquefois�; cet examen joint � la combinaison des circonstances suffira tr�s-souvent. Quant aux endroits o� le concours de ces deux moyens ne donnera aucun r�sultat, ces endroits resteront obscurs.

    Voil� notre syst�me, qui, comme on peut s'en appercevoir, est tr�s-diff�rent de celui de M. l'abb� de Prades. M. de Prades nie que Moyse ait jamais fait une chronologie, nous croyons le contraire�; il rejette les trois textes comme interpol�s, & nous les respectons tous les trois comme contenant la chronologie de Moyse. Il a combattu notre syst�me dans son apologie par une raison qui lui est particulierement applicable�; c'est que l'examen & la combinaison des calculs ne satisferoit peut-�tre pas � tout�: mais cet examen n'est pas le seul que nous proposions�; nous y joignons celui des circonstances, qui determine tant�t pour un manuscrit, tant�t pour un autre, tant�t pour un r�sultat qui n'est proprement ni de l'un ni de l'autre, mais qui na�t de la comparaison de tous les trois. D'ailleurs, quelque plausible que p�t �tre le syst�me de M. l'abb� de Prades, il ne seroit point permis de l'embrasser depuis que les censures de plusieurs �v�ques de France & de la facult� de Th�ologie l'ont d�clare attentatoire � l'authenticit� des livres saints.

    Les textes variant entr'eux sur la chronologie des premiers �ges du monde, si l'on accordoit en tout � chacun une �gale autorit�, il est �vident qu'on ne sauroit � quoi s'en tenir sur le tems que les patriarches ont v�cu, soit � l'�gard de ceux qui ont pr�c�d� le d�luge, soit � l'�gard de ceux qui ne sont venus qu'apr�s ce grand �venement. Mais le Chr�tien n'imite point dans son respect pour les livres qui contiennent les fondemens de sa foi, la pusillanimit� du Juif, ou le scrupule du Musulman. Il ose leur appliquer les regles de la critique, so�mettre leur chronologie aux discussions de la raison, & chercher dans ces occasions la v�rit� avec toute la libert� possible, sans craindre d'encourir le reproche d'impi�t�.

    Des textes de l'Ecriture, que nous avons, chacun a ses pr�rogatives�: l'H�breu paro�t �crit dans la m�me langue que le premier original�: le Samaritain pr�tend au m�me avantage�; il a de plus celui d'avoir conserv� les anciens caracteres h�bra�ques du premier original H�breu. La version des Septante a �t� faite sur l'H�breu des anciens Juifs. L'�glise Chr�tienne l'a adopt�e�; la synagogue en a reconnu l'autorit�, & Josephe qui a travaill� son histoire sur les livres H�breux de son tems, se conforme assez ordinairement aux Septante. S'il s'est gliss� quelque faute dans leur version, ne peut-il pas s'en �tre gliss� de m�me dans l'H�breu�? Ne peut-on pas avoir le m�me soup�on sur le Samaritain�? Toutes les copies ne sont-elles pas sujettes � ces accidens & � beaucoup d'autres�? Les copistes ne sont pas moins n�gligens & infideles en copiant de l'H�breu qu'en transcrivant du Grec. C'est de leur habilet�, de leur attention, & de leur bonne foi, que d�pend la puret� d'un texte, & non de la langue dans laquelle il est �crit. J'ai dit de leur bonne foi, parce que les sentimens particuliers du copiste peuvent influer bien plus impun�ment sur la copie d'un manuscrit, que ceux d'un savant de nos jours sur l'�dition d'un ouvrage imprim�; car si la comparaison des manuscrits est si difficile & si rare aujourd'hui m�me qu'ils sont rassembl�s dans un petit nombre d'�difices particuliers, combien n'�toit-elle pas plus difficile & plus rare jadis, qu'ils �toient �loign�s les uns des autres & dispers�s dans la soci�t�, rari nantes in gurgite vasto�? Je con�ois que dans ces tems o� la collection de quelques manuscrits �toit la marque de la plus grande opulence, il n'�toit pas impossible qu'un habile copiste boulevers�t tout un ouvrage, & peut-�tre m�me en compos�t quelques-uns en entier sous des noms emprunt�s.

    Les trois textes de l'Ecriture ayant �-peu-pr�s les m�mes pr�rogatives, c'est donc de leur propre fonds qu'il s'agit de tirer des raisons de pr�f�rer l'un � l'autre dans les endroits o� ils se contredisent. Il faut examiner, avec toute la s�v�rit� de la critique, les vari�t�s & les diff�rentes le�ons�; chercher o� est la faute, & ne pas d�cider que le texte H�breu est infaillible, par la raison seule que c'est celui dont les Juifs se sont servis & se servent encore. Une autre sorte de pr�vention non moins l�gere, ce seroit de donner l'avantage aux Septante, & d'accuser les Juifs d'une malice qu'ils n'ont jamais e�e ni d� avoir, celle d'avoir corrompu leurs �critures de propos d�lib�r�, comme quelques-uns l'ont avanc�, soit par un exc�s de zele contre ce peuple, soit par une ignorance grossiere sur ce qui le regarde.

    L'�quit� veut qu'on ne considere les trois textes que comme trois copies d'un m�me original, sur l'autorit� plus ou moins grande desquelles il ne nous est guere permis de prendre parti, & qu'il faut t�cher de concilier en les respectant �galement.

    Ces principes pos�s, nous allons, non pas donner des d�cisions, car rien ne seroit plus t�m�raire de notre part, mais proposer quelques conjectures raisonnables sur la chronologie des trois textes, la vie des anciens patriarches, & le tems de leur naissance. Je n'entends pas le tems qui a pr�c�d� le d�luge. Les textes sont � la v�rit� remplis de contradictions sur ce point, comme on a v� plus haut�; mais il importe peu d'en conno�tre la dur�e. C'est de la connoissance des tems qui ont suivi le d�luge, que d�pendent la division des peuples, l'�tablissement des empires, & la succession des princes, conduite jusqu'� nous sans autre interruption que celle qui na�t du changement des familles, de la ch�te des �tats, & des r�volutions dans les gouvernemens.

    Nous observerons, avant que d'entrer dans cette matiere, que l'autorit� de Josephe est ici tr�s-consid�rable, & qu'il ne faut point n�gliger cet auteur, soit pour le suivre, soit pour le corriger quand ses sentimens & sa chronologie different des textes de l'Ecriture.

    Puisque ni ces textes, ni cet historien, ne sont d'accord entr'eux sur la chronologie, il faut n�cessairement qu'il y ait faute�: & puisqu'ils sont de m�me nature, sujets aux m�mes accidens, & par cons�quent �galement fautifs, il peut y avoir faute dans tous, & il peut se faire aussi qu'il y en ait un exact. Voyons donc quel est celui qui a le pr�jug� en sa faveur dans la question dont il s'agit.

    Premierement, il me semble que le texte Samaritain & les Septante ont eu raison d'accorder aux patriarches cent ans de plus que le texte H�breu, & d'�tendre de cet intervalle la suite de leur ordre chronologique, soit parce que des trois textes il y en a deux qui conviennent en ce point, soit parce qu'il est plus facile � un copiste d'omettre un mot ou un chiffre de son original, que d'en ajo�ter un qui n'en est pas. Nous savons par exp�rience que les additions rares qui sont de la n�gligence des copistes, consistent en r�p�titions, & les autres fautes, en omissions, corruptions, transpositions, &c. mais ce n'est pas de ces inexactitudes qu'il s'agit ici. D'ailleurs Josephe est conforme aux Septante & au Samaritain, en comptant la dur�e des vies de chaque patriarche en particulier. Mais, dira-t-on, on retrouve dans la somme totale, celle de l'H�breu. Il faut en convenir, & c'est dans cet historien une faute tr�s-bisarre. Mais il me semble qu'il est plus simple de supposer que Josephe s'est tromp� dans une regle d'arithm�tique que dans un fait historique, & que par cons�quent l'erreur est pl�t�t dans le total que dans les sommes particulieres. M. Arnaud, qui avertit en marge de sa traduction qu'il a corrig� cet endroit de Josephe sur les manuscrits, s'est bien gard� de toucher � la dur�e des vies, & d'en retrancher les cent ans. Il les a seulement suppl��s dans le r�sultat de l'addition.

    Nous inviterons en passant quelques-uns des membres savans de l'acad�mie des inscriptions & belles-lettres, de nous donner un m�moire d'apr�s l'exp�rience & la raison, sur les fautes qui doivent naturellement �chapper aux copistes. Et poursuivant notre objet, nous remarquerons encore que d�s les premiers tems qui ont suivi le d�luge, on voit dans le texte H�breu m�me des guerres & des tributs impos�s sur des peuples subjugu�s, & que le tems marqu� par ce texte paro�t bien court, quand on le compare avec les �venemens qu'il renferme. Les trois enfans de No� se sont fait une post�rit� immense�; les peuples ont cess� de conno�tre leur commune origine�; ils se sont regard�s comme des �trangers, & trait�s comme des ennemis�; & cela dans l'intervalle de trois cents soixante-sept ans. Car l'H�breu n'en accorde pas davantage au second �ge. Ce second �ge n'est que de trois cents soixante-sept ans. L'H�breu ne compte que trois cents soixante-sept ans depuis le d�luge jusqu'� la sortie d'Abraham hors de la ville de Haran ou Charan en M�sopotamie�; & Sem en a v�cu, selon le m�me texte, cinq cents deux depuis le d�luge. La vie des hommes qui lui ont succ�d� imm�diatement dans ce second �ge, �toit de quatre cents ans. No� lui-m�me en a surv�cu apr�s le d�luge trois cents cinquante. Ainsi les royaumes se seront fond�s�; les guerres se seront faites de leur tems�; ou ils auront m�connu leurs enfans�; ou c'est en vain qu'ils auront cri� � ces furieux�: malheureux que faites-vous, vous �tes freres, & vous vous �gorgez�? Abraham aura �t� contemporain de No�; Sem aura v� Isaac pendant plus de trente ans, & les enfans d'un m�me pere se seront ignor�s du vivant m�me de leur pere�; cela paro�t difficile � croire. Et si la rapidit� de ces �venemens ne nous permet pas de penser qu'on s'est tromp� sur la naissance d'Adam & les tems qui ont pr�c�d� le d�luge, elle forme une grande difficult� sur la certitude de ceux qui l'ont suivie. Combien cette difficult� ne s'augmente-t-elle pas encore par la promptitude & le prodige de la multiplication des enfans de No�! Il ne s'agit pas ici de la fable de Deucalion & de Pirrha, qui changeoient en hommes les pierres qu'ils jettoient derriere eux, mais d'un fait, & d'un fait incontestable, qu'on ne pourroit nier sans se rendre coupable d'impi�t�.

    Ce n'est pas tout que les objections tir�es des faits pr�c�dens�; voici d'autres circonstances qui ne feront guere moins sentir le besoin d'�tendre la dur�e du second �ge. C'est une monnoie d'argent publique, qui a son coin, son titre, son poids, & son cours long-tems avant Abraham. La Genese en fait mention comme d'une chose commune & d'une origine ancienne, � l'occasion du tombeau qu'Abraham acheta des fils de Heth. Voil� donc les mines d�couvertes, & la maniere de fondre, de purifier, & de travailler les m�taux, pratiqu�e. Mais il n'y a que ceux qui connoissent le d�tail de ces travaux qui sachent combien l'invention en suppose de tems, & combien ici l'industrie des hommes marche lentement.

    Convenons donc que, quand on ne renonce pas au bon sens, � la raison, & � l'exp�rience, on a de la peine � concevoir tous ces �venemens � la maniere de quelques auteurs. Rien ne les embarrasse�; les miracles ne leur co�tent rien�; & ils ne s'apper�oivent pas que cette ressource est pour & contre, & qu'elle ne sert pas moins � lever les difficult�s qu'ils proposent � leurs adversaires, qu'� lever celles qui leur sont propos�es.

    Mais que disent le bon sens, l'exp�rience, & la raison�? qu'en supposant, comme il est juste, l'autorit� de l'Ecriture sainte, les hommes ont v�cu ensemble long-tems apr�s le d�luge�; qu'ils n'ont form� qu'une soci�t� jusqu'� ce qu'ils ayent �t� assez nombreux pour se s�parer�; que quand Dieu dit aux enfans de No� de peupler la terre & de se la partager, il ne leur ordonna pas de se disperser �� & l� en solitaires, & de laisser le patriarche No� tout seul�; que, quand il les benit pour cro�tre, sa volont� �toit qu'ils ne s'�tendissent qu'� mesure qu'ils cro�troient�; que l'ordre, croissez, multipliez, & remplissez toute la terre, suppose une grande multiplication actuelle�; & que par cons�quent ceux qui, avant la confusion des langues, envoyent Sem dans la Syrie ou dans la Chald�e, Cam en Egypte, & Japhet je ne sais o�, fondent l�-dessus des chronologies de royaumes, font regner Cam en Egypte sous le nom de Menez, & lui donnent, apr�s soixante-neuf ans au plus �coul�s, trois successeurs dans trois royaumes diff�rens�; que ces auteurs, dis-je, fussent-ils cent fois plus habiles que Marsham, nous font l'histoire de leurs imaginations, & nullement celle des tems.

    Que disent le bon sens, la raison, l'exp�rience, & la sainte Ecriture�? que les hommes choisirent apr�s le d�luge une habitation commune dans le lieu le plus commode dont ils se trouverent voisins. Que la plaine de Sennaar leur ayant pl�, ils s'y �tablirent�; que ce fut-l� qu'ils s'occuperent � r�parer le d�g�t & le ravage des eaux�; que ce ne fut d'abord qu'une famille peu nombreuse�; puis une parent� compos�e de plusieurs familles�; dans la suite un peuple�: & qu'alors trop nombreux pour l'�tendue de la plaine, & assez nombreux pour se s�parer en grandes colonies, ils dirent�: ��Puisque nous sommes oblig�s de nous diviser, travaillons auparavant � un ouvrage commun, qui transmette � nos descendans la m�moire de leur origine, & qui soit un monument �ternel de notre union�; �levons une tour dont le sommet atteigne le ciel��. Dessein extravagant, mais dont le succ�s leur parut si certain, que Moyse fait dire � Dieu dans la Genese�: Confondons leur langage�; car ils ne cesseront de travailler qu'ils n'ayent achev� leur ouvrage. Ils avoient sans doute proportionn� leur projet � leur nombre�; mais � peine ont-ils commenc� ce monument d'orgueil, que la confusion des langues les contraignit de l'abandonner. Ils formerent des colonies�; ils se transporterent en diff�rentes contr�es, entre lesquelles la n�cessit� de subsister mit plus ou moins de distance. D'un grand peuple il s'en forma plusieurs petits. Ces petits s'�tendirent�; les distances qui les s�paroient diminuerent peu-�-peu, s'�vanouirent�; & les membres �pars d'une m�me famille se rejoignirent, mais apr�s des siecles si recul�s, que chacun d'eux se trouva tout-�-coup voisin d'un peuple qu'il ne connoissoit pas, & dont il ignoroit la langue, les idiomes s'�tant alt�r�s parmi eux, comme nous voyons qu'il est arriv� parmi nous. Nous avons appris � parler de nos peres�; nos peres avoient appris des leurs, & ainsi de suite en remontant�; cependant s'ils ressuscitoient, ils n'entendroient plus notre langue, ni nous la leur. Ces colonies trouverent entr'elles tant de diversit�, qu'il ne leur vint pas en pens�e qu'elles partoient toutes d'une m�me tige. Ce voisinage �tranger produisit les guerres�; les arts existoient d�j�. Les disputes sur l'anciennet� d'origine commencerent. Il y en eut d'assez fous pour se pr�tendre aborigenes de la terre m�me qu'ils habitoient. Mais les guerres qui semblent si fort diviser les hommes, firent alors par un effet contraire, qu'ils se m�lerent, que les langues acheverent de se d�figurer, que les idiomes se multiplierent encore, & que les grands empires se formerent.

    Voil� ce que le bon sens, l'exp�rience, & l'Ecriture font penser�; ce que l'antiquit� prodigieuse des Chald�ens, des Egyptiens, & des Chinois, autorise�; ce que la fable m�me, qui n'est que la v�rit� cach�e sous un voile que le tems �paissit & que l'�tude d�chire, semble favoriser�; mais tout cela n'est pas l'ouvrage de trois siecles que le texte H�breu compte depuis le d�luge jusqu'� Abraham. Que dirons-nous donc � ceux qui nous objecteront ce texte, les guerres, le nombre des peuples, les arts, les religions, les langues, &c. r�pondrons-nous avec quelques-uns que les femmes ne manquoient jamais d'accoucher r�gulierement tous les neuf mois d'un gar�on & d'une fille � la fois�? ou t�cherons-nous pl�t�t d'affoiblir, sinon d'an�antir cette difficult�, en soutenant les Septante & le texte Samaritain contre le texte H�breu, & en accordant cent ans de plus aux patriarches�? Mais quand les raisons qui precedent ne nous engageroient pas dans ce parti, nous y serions bient�t jett�s par les dynasties d'Egypte, les rois de la Chine, & d'autres chronologies qu'on ne sauroit traiter de fabuleuses, que par petitesse d'esprit ou d�faut de lecture, & qui remontent dans le tems bien au-de-l� de l'�poque du deluge, selon le calcul du texte H�breu. Eh, laissons au moins mourir les peres, avant que de faire regner les enfans�; & donnons aux enfans le tems d'oublier leur origine & leur religion, & de se m�conno�tre, avant que de les armer les uns contre les autres.

    Secondement, il me semble qu'il faudroit placer la naissance de Thar�, pere d'Abraham, � la cent vingt-neuvieme ann�e de l'�ge de Nacor, grand-pere d'Abraham, quoique le texte Samaritain la fasse remonter � la soixante dix-neuvieme, & que le texte des Septante la mette � la cent soixante dix-neuvieme, le texte H�breu � la vingt-neuvieme, & Josephe � la cent vingtieme. Cette grande diversit� permet de pr�sumer qu'il y a faute par-tout�; & rien n'emp�che de soup�onner que le Samaritain a oubli� le centenaire, & de corriger cette faute de copiste par les Septante & par Josephe, qui ne l'ont pas omis. Quant aux chiffres qui suivent le centenaire, il se peut faire que l'H�breu soit plus exact�; Josephe en approche davantage, & les neuf ans peuvent avoir �t� omis dans Josephe. On croira, si l'on veut encore, que le Samaritain & les Septante doivent l'emporter, puisqu'ils se trouvent conformes dans le petit nombre. Dans ce cas, tout sera fautif dans cet endroit, except� les Septante, & Thar� sera n� � la cent soixante dix-neuvieme ann�e de l'�ge de Nacor son pere.

    Texte Samaritain, 79 ans.
    Septante, 179.
    Josephe, 120.
    Texte H�breu, 29.
    Sentiment propos�, 129.

    Troisiemement. Il paro�t que Ca�nan mis par les Septante pour troisieme patriarche en comptant depuis Sem, ou pour quatrieme depuis No�, doit �tre ray� de ce rang�: c'est le consentement de l'H�breu, du Samaritain, & de Josephe�; & il est omis au premier chapitre du premier livre des Paralippomenes dans les Septante m�me, o� la suite des patriarches design�s dans la Genese est r�p�t�e. Origene ne l'avoit pas admis dans ses hexaples�; ce qui semble prouver qu'il ne se trouvoit pas dans les meilleurs exemplaires des Septante�: Origene dit, dans l'hom�lie vingtieme sur S.Jean, qu'Abraham a �t� le vingtieme depuis Adam, & le dixieme depuis No�; on lit la m�me chose dans les antiquit�s de Josephe. Ni l'un ni l'autre n'ont donn� place � ce Ca�nan parmi les patriarches qui ont suivi le d�luge. S'il s'y rencontroit dans quelques exemplaires, ce seroit une contradiction � laquelle il ne faudroit avoir aucun �gard. Th�ophile d'Antioche, Jule Africain, Eusebe, l'ont trait� comme Origene & Josephe. On ne manquera pas d'objecter le troisieme chapitre de saint Luc�; mais ce t�moignage peut �tre affoibli par le manuscrit de Cambridge o� Ca�nan ne se trouve point�: d'o� il s'ensuit qu'il s'�toit d�j� gliss� par la faute des copistes dans quelques exemplaires de S. Luc & des Septante. Il y a grande apparence que ce personnage est le m�me que le Ca�nan d'avant le d�luge, & que son nom a pass� d'une g�n�alogie dans l'autre, o� il se trouve pr�cis�ment au m�me rang, le quatrieme depuis No�, comme il est le quatrieme depuis Adam.

    Quatriemement. Il est vraissemblable que la somme totale de la vie des patriarches, marqu�e dans l'H�breu & le Samaritain, est celle qu'il faut admettre�: ces deux textes ne different que pour Heber & Thar�. L'H�breu fait vivre Heber quatre cents soixante-quatre ans, & le Samaritain lui �te soixante ans�: mais cette diff�rence n'a rien d'important�; parce qu'il ne s'agit pas de la dur�e de leur vie, mais du tems de leur naissance. Cependant pour dire ce que je pense sur la vie d'Heber, le Samaritain me paro�t plus correct que l'H�breu, soit parce qu'il s'accorde avec les Septante, soit parce que la vie de ces patriarches va to�jours en diminuant � mesure qu'ils s'�loignent du d�luge�; au lieu que si on accorde � Heber quatre cents soixante-quatre ans, cet ordre de diminution sera interrompu�: Heber aura plus v�cu que son pere & plus que son ayeul. On trouvera cette conjecture assez foible�; mais il faut bien s'en contenter au d�faut d'une plus grande preuve. Quant � la diff�rence qu'il y a entre l'H�breu & le Samaritain sur le tems que Thar� a v�cu�; comme elle fait une difficult� plus essentielle, & qu'elle touche � la naissance d'Abraham, nous l'examinerons plus au long.

    Au reste il r�sulte de ce qui pr�cede, que des trois textes le Samaritain est le plus correct, relativement � l'endroit de la chronologie que nous venons d'examiner�; il ne se trouve fautif que sur le tems o� Nacor engendra Thar�: l� le centenaire a �t� omis.

    Il ne nous reste plus qu'� examiner le tems de la naissance d'Abraham, & celui de la mort de Thar�. Quoique Joseph & tous les textes s'accordent � mettre la naissance d'Abraham � la soixante-dixieme ann�e de l'�ge de Thar�, cela n'a pas emp�ch� plusieurs chronologistes de la reculer jusqu'� la cent trentieme�: & voici leurs raisons.

    Selon la Genese, disent-ils, Abraham est sorti de Haran � l'�ge de soixante-quinze ans�; & selon saint Etienne, chap. vij. des Actes des ap�tres, il n'en est sorti qu'apr�s la mort de son pere. Mais Thar� ayant v�cu deux cents cinq ans, comme nous l'apprennent l'H�breu & les Septante, il faut qu'Abraham ne soit venue au monde que l'an cent trente de Thar�; car si l'on �te 75 de 205, reste 130.

    Quand on leur objecte qu'il est dit dans la Genese qu'Abraham naquit � la soixante & dixieme ann�e de Thar�, ils r�pondent que la Genese ne parle point d'Abraham seul, mais qu'elle nous apprend en g�n�ral qu'il avoit � cet �ge Abraham, Nacor, & Haran�; ou qu'apr�s avoir v�cu soixante-dix ann�es, il eut en diff�rens tems ces trois enfans�; & qu'en les nommant tous les trois ensemble, il est �vident que l'auteur de la Genese n'a pas eu dessein de d�terminer le tems pr�cis de la naissance de chacun. Si Abraham est nomm� le premier, ajo�tent-ils, c'est par honneur, & non par droit d'a�nesse.

    Ces consid�rations ont suffi � Marsham, au pere Pezron, & � d'autres, pour fixer la naissance d'Abraham � l'an 170 de l'�ge de son pere Thar�. Mais le P. Petau, Calvisius, & d'autres, n'en ont point �t� �branl�s, & ont persist� � faire na�tre Abraham l'an 70 de Thar�: ceux-ci pr�tendent qu'il est contre toute vraissemblance que Moyse ait n�glig� de marquer le tems pr�cis de la naissance d'Abraham�; lui qui semble n'avoir fait toute la chronologie des anciens patriarches que pour en venir au pere des croyans, & qui suit d'ailleurs avec la derniere exactitude les autres ann�es de la vie de ce patriarche�: ils disent qu'il est beaucoup plus vraissemblable que dans un discours fait sur le champ, S. Etienne ait un peu confondu l'ordre des tems�; que le peu d'exactitude de ce discours paro�t encore, lorsqu'il ass�re que Dieu apparut � Abraham en M�sopotamie, avant que le patriarche habit�t � Charran, quoique Charran soit en M�sopotamie�; en un mot, qu'il importoit peu au premier martyr & � la preuve qu'il pr�tendoit tirer du passage pour la venue du Messie, d'�tre exact sur des circonstances de g�ographie & de chronologie�: au lieu que ces n�gligences auroient �t� impardonnables � Moyse qui faisoit une histoire.

    On r�pond � ces raisons, que les circonstances de tems & de lieu ne faisant rien � la preuve de saint Etienne, il pouvoit se dispenser de les rapporter�; d'autant plus que si la fid�lit� dans ces minuties marque un homme instruit, l'erreur en un point rend suspect sur les autres, & donne � l'orateur l'air d'un homme peu s�r de ce qu'il avance.

    On replique que S. Etienne ayant l� dans la Genese la mort de Thar�, au chapitre qui pr�cede celui de la sortie d'Abraham, ou ayant peut-�tre suivi quelques traditions juives de son tems, il s'est tromp�, sans que son erreur nuis�t, soit � son raisonnement, soit � l'autorit� les Actes des ap�tres qui rapportent, sans approuver, ce que le saint martyr a dit. Cette r�ponse sauve l'autorit� des Actes, mais elle paro�t �branler l'autorit� de saint Etienne. C'est ce que le pere Petau a bien senti�: aussi s'y prend-il autrement dans son rationarium temporum. Il suppose un retour d'Abraham dans la ville de Charran, quelque tems apr�s sa premiere sortie�: il la quitta, dit cet auteur, � l'�ge de soixante-quinze ans par l'ordre de Dieu, pour aller en Canaan�; mais il conserva to�jours des relations avec sa famille�; puisqu'il est dit au chap. xxij. de la Genese, qu'on lui fit savoir le nombre des enfans de son frere Nacor. Long-tems apr�s il revint dans sa famille � Charran, recueillit les biens qu'il y avoit laiss�s, & se retira pour to�jours. La premiere fois il n'emporta qu'une partie de ses biens�; & c'est de cette sortie qu'il est dit dans la Genese, & egressus est. Il ne laissa rien de ce qui lui appartenoit � la seconde fois�; & c'est de cette seconde sortie que saint Etienne a dit transtulit, ou ????????? qui est encore plus �nergique, & qui n'arriva qu'apr�s la mort de Thar�, � qui Abraham eut sans doute la consolation de demander la b�n�diction & de fermer les yeux.

    Il faut avo�er que pour peu qu'il y e�t de v�rit� ou de vraissemblance au retour dans Charran & � la seconde sortie d'Abraham, il ne faudroit pas chercher d'autre d�no�ement � la difficult� propos�e. Mais avec tout le respect qu'on doit au P. Petau, rien n'a moins de fondement & n'est plus mal invent� que la double sortie�: il n'y en a pas le moindre vestige dans la Genese. Moyse qui suit pas � pas Abraham, n'en dit pas un mot. D'ailleurs Abraham n'auroit p� retourner en M�sopotamie que soixante ans ou environ apr�s sa premiere sortie, ou � l'�ge de 135 ans, sur la fin des jours de Thar� qui en a surv�cu soixante � la premiere sortie, en lui accordant, avec le P. Petau, 205 ans de vie�; ou dans la trente-cinquieme ann�e d'Isaac. Mais quelle apparence qu'Abraham � cet �ge soit revenu dans son pays�! S'il y est revenu, pourquoi ne pas choisir lui-m�me une femme � son fils, au lieu de s'en rapporter peu de tems apr�s, sur ce choix aux soins d'un serviteur�? Ajo�tez que ce serviteur apprend � la famille de Bathuel ce qu'Abraham ne lui e�t pas laiss� ignorer, s'il �toit retourn� en M�sopotamie, qu'il avoit eu un fils dans sa vieillesse, & que ce fils avoit trente-cinq ans. Quoi, pour so�tenir ce voyage, le reculera-t-on jusqu'apr�s le mariage d'Isaac, la mort de Sara, & le mariage d'Abraham avec une Canan�enne, en un mot jusqu'� sa derniere vieillesse, & cela sous pr�texte de recueillir un reste de succession�? Mais Moyse, parlant de la sortie que le P. Petau regarde comme la premiere, ne dit-il pas que ce patriarche emmena avec lui sa femme Sara, son neveu Loth, & tous leurs biens�; universamque substantiam quam possederant & animas quas fecerant, in Haran. Il faut donc laisser l� les imaginations du P. Petau, & concilier par d'autres voies Moyse avec saint Etienne.

    Avant que de proposer l�-dessus quelques id�es, j'observerai que dans l'endroit des actes o� S. Etienne semble mettre Charran hors de la M�sopotamie, il pourroit bien y avoir une transposition de la conjonction &, qui remise � sa place, feroit disparo�tre la faute de g�ographie qu'on lui reproche. On lit dans les Actes, Deus glori� apparuit patri nostro Abraha, cum esset in Mesopotamia, priusquam moraretur in Charran, & dixit ad illum, exi, &c. mettez l'&, qui est avant dixit, un peu plus haut, avant priusquam, & le sens du discours ne sera plus qu'Abraham fut en M�sopotamie avant que de demeurer � Charran, mais que Dieu lui dit avant qu'il demeur�t dans cette ville, de sortir de son pays.

    On peut encore r�pondre � cette difficult� de g�ographie, sans corriger le texte ni y supposer aucune faute, en disant que S. Etienne n'a pas mis Charran hors de la M�sopotamie, mais qu'il a cru qu'Abraham avoit habit� un autre endroit de la M�sopotamie avant que de venir � Charran�; que Dieu lui apparut dans l'un & l'autre lieu�; que par cette raison il ne dit pas dans le verset suivant qu'Abraham sortit de M�sopotamie pour venir � Charran, mais de la terre des Chald�ens�; & qu'ainsi il semble placer la Chald�e dans la M�sopotamie, & donner ce nom non-seulement au pays qui est entre l'Euphrate & le Tigre, mais aux environs de ce dernier fleuve.

    Ou m�me l'on peut pr�tendre que Ur d'o� sortit Thar�, �toit une ville de M�sopotamie, mais d�pendante de la domination des Chald�ens�; & que c'est pour cela qu'on l'appelle Ur Chaldaorum, Ur des Chald�ens. Ce sentiment est peut-�tre le plus conforme � la v�rit�: car Moyse dit, chap. jv. de la Genese, du serviteur qu'Abraham envoyoit en son pays chercher une femme � Isaac, qu'il alla en M�sopotamie, � la ville de Nacor. Cette ville �toit sans doute celle que Thar� avoit quitt�e, & o� il avoit laiss� Nacor, n'emmenant avec lui qu'Abraham & Loth. Il est vrai que quelques-uns ont dit que cette ville de Nacor �toit Charran�; mais si Thar� l'y avoit emmen� avec lui, Moyse l'auroit dit, comme il l'a dit de Loth & de Sara. Mais revenons � nos conjectures sur la naissance & la sortie d'Abraham.

    1�. Abraham n'est point revenu dans son pays apr�s l'avoir quitt�, & il n'est sorti de Haran qu'apr�s la mort de son pere Thar�. Saint Etienne le dit express�ment dans les Actes des ap�tres, & la Genese l'insinue�: elle dit de la sortie de Chald�e, que Thar� emmena avec lui Abraham, Loth, & Sara, pour aller habiter en Chanaan�; qu'ils vinrent jusqu'� Haran o� ils s'arr�terent, & que Thar� y mourut. Ce qui prouve que le dessein de Thar� �toit d'arriver en Chanaan, mais qu'il fut pr�venu par la mort dans Haran. Imm�diatement apr�s, Moyse raconte la sortie d'Abraham de la ville de Haran avec Loth, son neveu, & tous leurs biens. Abraham n'abandonna point dans une ville �trangere son pere, dont le dessein �toit de passer en Chanaan. S'il emmena Loth avec lui, c'est que Loth avoit suivi Thar� jusque dans Haran, & qu'en qualit� d'oncle, il en devoit prendre soin apr�s la mort du grand-pere.

    2�. L'autorit� de S. Etienne ne d�termine pas l'ann�e de la naissance d'Abraham�; mais elle oblige seulement � la placer de maniere que Thar� soit mort avant qu'Abraham ait 75 ans�: mais comme Thar� pouvoit �tre mort long-tems avant que son fils e�t atteint cet �ge, le discours de S. Etienne ne jette aucune lumiere sur la chronologie.

    3�. Moyse a exactement marqu� le tems de la naissance d'Abraham. C'�toit son but, & la fin de sa chronologie. Abraham est le h�ros de son histoire�: c'est par lui qu'il commence � distinguer le peuple H�breu de tous les autres peuples de la terre�; & il a apport� la derniere exactitude � marquer les circonstances de la vie, & � compter les ann�es de ce patriarche.

    4�. On pourroit conjecturer que Thar� n'a engendr� qu'� 170 ans, & qu'on a omis dans le calcul de son �ge, le centenaire qui se trouve dans celui de tous ses anc�tres�: mais cette conjecture manqueroit de vraissemblance�; car il est dit de Sara, avant m�me qu'elle sortit de Chald�e, qu'elle �toit st�rile�: n�anmoins dans ce systeme elle n'auroit �t� �g�e que de 25 ans, & Abraham de 35 au plus, & d'Abraham qu'il regardoit comme une chose impossible d'engendrer � cent ans, ce qu'il n'auroit jamais pens�, si lui-m�me n'�toit venu au monde qu'� la cent soixante-dixieme ann�e de son pere�: d'ailleurs tous les textes de l'Ecriture & Josephe s'accordant � ne point mettre ce centenaire, ce seroit supposer des oublis & multiplier des fautes sans raison, que de l'exiger.

    5�. Il paro�t qu'Abraham est n� l'an 70 de Thar�, comme le dit Josephe, & comme il est �crit dans toutes les versions�: mais puisqu'on ne recule point la naissance de ce patriarche, il est �vident que le seul moyen qui reste d'accorder Moyse avec S. Etienne, c'est de diminuer la vie de Thar�.

    Le tems que Thar� a v�cu est marqu� diversement dans les trois textes�: donc il y a faute dans quelques-uns ou dans tous. Les Septante & l'H�breu s'accordent � donner � ce patriarche 205 ans, & le Samaritain ne lui en donne que 145�: mais ce dernier texte me paro�t ici plus correct que les deux autres. Le d�no�ement de la difficult� qu'il s'agit de r�soudre en est, ce me semble, une assez bonne preuve�: 70 ans qu'avoit Thar� lorsqu'il engendra Abraham, & 75 qu'Abraham a v�cu avant que de sortir de Haran, font les 145 ans du texte Samaritain�; ainsi Abraham sera sorti de cette ville apr�s la mort de son pere, comme le dit S. Etienne�; & il sera n� � 70 ans de Thar�, comme on le lit dans Moyse.

    Quelques critiques soup�onnent le texte Samaritain de corruption, & ils fondent ce soup�on sur la facilit� avec laquelle il accorde ces �venemens�: mais il me semble qu'ils en devroient pl�t�t conclure son int�grit�. Le caractere de la v�rit� dans l'histoire, c'est de n'y faire aucun embarras�; & de deux le�ons d'un m�me auteur, dont l'une est nette & l'autre embarrass�e, il faut to�jours pr�ferer la premiere, � moins que la clart� ne vienne �videmment d'un passage alt�r� ou fait apr�s coup�: or c'est ce dont on n'a ici aucune preuve. La le�on du Samaritain est plus ancienne qu'Eusebe qui l'a ins�r�e dans ses canons chronologiques. Avant les canons d'Eusebe, qui l'auroit chang�e�? Les Chr�tiens�? ils ne se servoient que des Septante ou de l'H�breu commun. Les Samaritains�? quel int�r�t avoient-ils � donner � Thar� pl�t�t 145 ans de vie que 205�? ils pouvoient s'en tenir � leurs �critures, & penser comme les Juifs pensent encore, qu'Abraham avoit laiss� ion pere vivant dans Haran�; d'autant plus que Dieu lui dit dans la Genese, egredere de domo patris tui, sortez de la maison de votre pere.

    Il s'ensuit de l� que la faute n'est point dans le Samaritain, mais dans les Septante & dans l'H�breu�; 1�. parce que la solution des difficult�s, la justesse & l'accord des tems, prouvent d'un c�t� la puret� d'une le�on, & que les contradictions & les difficult�s font soup�onner de l'autre l'alt�ration d'un exemplaire�; 2�. parce que les Septante �tant fautifs dans le calcul du tems que les patriarches ont v�cu apr�s avoir engendr�, comme on ne peut s'emp�cher de le penser sur l'accord de l'H�breu & du Samaritain qui conviennent en tout, except� dans la vie de Thar�, il est � croire que la faute sur cette vie s'est gliss�e ou des Septante dans l'H�breu d'�-pr�sent, ou d'un ancien exemplaire H�breu, sur lequel les Septante ont traduit, dans un autre exemplaire sur lequel l'H�breu d'aujourd'hui a �t� copi�; 3�. parce que l'on remarque dans tous les textes que la vie des patriarches diminue successivement�: ainsi le pere de Thar� n'ayant v�cu que 148 ans, il est vraissemblable que Thar� n'en a pas v�cu 205�; d'ailleurs les Septante m�me autorisent cette diminution, & prouvent que Nacor pere de Thar�, a v�cu plus long-tems que son fils, car s'ils donnent � celui-ci 205 ans de vie, ils en accordent � celui-l� 304. 4�. Parce que Dieu promettant � Abraham une longue vie & une belle vieillesse, ibis, lui dit-il, ad patres tuos in senectute bona, cette promesse doit s'�tendre du moins jusqu'� la vie de son pere. Abraham �toit plus ch�ri de Dieu que Thar�, & la longue vie �toit alors un effet de la pr�dilection divine�: cependant ce fils ch�ri de Dieu n'auroit pas v�cu les jours de son pere, si celui-ci avoit v�cu 205 ans�; car Abraham n'en a v�cu que 175, ainsi qu'il est marqu� dans la Genese.

    Il est donc plus vraissemblable que Dieu a prolong� la vie d'Abraham de trente ans au-del� de celle de Thar�; que Thar� n'a v�cu que 145 ans�; que le texte Samaritain est correct�; que Moyse a �t� exact dans son histoire & sa chronologie�; & que S. Etienne, loin de s'�tre tromp�, a parl� selon la v�rit� qu'il avoit puis�e dans quelque exemplaire H�breu de son tems, plus correct que les exemplaires d'aujourd'hui.

    Finissons ces discussions par une r�flexion que nous devons a l'int�r�t de la v�rit� & � l'honneur des fameux chronologistes�: c'est que la pl�part de ceux qui leur reprochent les vari�t�s de leurs r�sultats, ne paroissent pas avoir senti l'impossibilit� morale de la pr�cision qu'ils en exigent�: s'ils avoient consid�r� murement la multitude prodigieuse de faits � combiner�; la vari�t� de g�nie des peuples chez lesquels ces faits se sont pass�s�; le peu d'exactitude des dates, in�vitable dans les tems o� les �venemens ne se transmettoient que par tradition�; la manie de l'anciennet� dont presque toutes les nations ont �t� infect�es�; les mensonges des historiens, leurs erreurs involontaires�; la ressemblance des noms qui a souvent diminu� le nombre des personnages�; leur diff�rence qui les a multipli�es plus souvent encore�; les fables pr�sent�es comme des v�rit�s�; les v�rit�s m�tamorphos�es en fables�; la diversit� des langues�; celle des mesures du tems, & une infinit� d'autres circonstances qui concourent toutes � former des t�nebres�: s'ils avoient, dis-je, consid�r� m�rement ces choses, ils seroient surpris, non qu'il se soit trouv� des diff�rences entre les syst�mes chronologiques qu'on a invent�s, mais qu'on en ait jamais p� inventer aucun.

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    �tymologie de ��chronologie��

    ??????????, de ??????, temps (voy. CHRONIQUE 1), et ?????, trait� (voy. LOGIQUE).

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    (1579) Du latin chronologia.
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    CHRONOLOGIE, subst. f�m.
    �tymol. et Hist. 1. 1579 � historiographie dans l'ordre chronologique � (B. de Vigen�re, Tite-Live cit� par Vaganay ds Fr. mod., t. 5, p. 72) ? 1677 (Mi�ge); 2. 1680 � science auxiliaire de l'histoire qui �tablit les dates des �v�nements historiques � (Rich.); 3. 1803 � ordre et date des �v�nements historiques � la chronologie des Brames (Chateaubriand, G�nie du christianisme, t. 2, p. 55); d'o� au fig. 1820 (Michelet, loc. cit.). Du lat. du xvies. chronologia (1532, L. Biragum, Chronologia tempororum in Dionysii comprehensorum ds NED).

    chronologie au Scrabble


    Le mot chronologie vaut 17 points au Scrabble.

    chronologie

    Informations sur le mot chronologie - 11 lettres, 5 voyelles, 6 consonnes, 9 lettres uniques.

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    chronologie

    Les rimes de � chronologie �


    On recherche une rime en ZI .

    Les rimes de chronologie peuvent aider les po�tes et les paroliers � trouver des mots pour former des vers avec une structure rythmique coh�rente, mais aussi pour jouer avec les mots et les sons, d�couvrir de nouvelles id�es et perspectives ce qui peut �tre amusant et divertissant.

    Les rimes en Zi

    Rimes de sexologie      Rimes de phtisiologie      Rimes de sinologie      Rimes de cosy      Rimes de rosit      Rimes de zoologie      Rimes de d�truisit      Rimes de psychopharmacologie      Rimes de h�r�sie      Rimes de biotechnologie      Rimes de technologies      Rimes de produisit      Rimes de bact�riologie      Rimes de syzygies      Rimes de saisies      Rimes de cramoisi      Rimes de moisit      Rimes de aphasie      Rimes de sais�t      Rimes de anthropophagie      Rimes de immunologie      Rimes de Tunisie      Rimes de p�dagogie      Rimes de introduisit      Rimes de r�gis      Rimes de hyperplasie      Rimes de mystagogie      Rimes de assagie      Rimes de Thimougies      Rimes de rugit      Rimes de ressais�t      Rimes de cramoisie      Rimes de cosm�tologie      Rimes de neuropathologie      Rimes de phras�ologies      Rimes de monadologie      Rimes de assagit      Rimes de Heusy      Rimes de scatologie      Rimes de logis      Rimes de m�t�orologie      Rimes de anthologie      Rimes de sociobiologie      Rimes de parasitologie      Rimes de moisie      Rimes de Malaisie      Rimes de vagi      Rimes de cosmologie      Rimes de antinazis      Rimes de neurochirurgie     

    Mots du jour

    sexologie     phtisiologie     sinologie     cosy     rosit     zoologie     d�truisit     psychopharmacologie     h�r�sie     biotechnologie     technologies     produisit     bact�riologie     syzygies     saisies     cramoisi     moisit     aphasie     sais�t     anthropophagie     immunologie     Tunisie     p�dagogie     introduisit     r�gis     hyperplasie     mystagogie     assagie     Thimougies     rugit     ressais�t     cramoisie     cosm�tologie     neuropathologie     phras�ologies     monadologie     assagit     Heusy     scatologie     logis     m�t�orologie     anthologie     sociobiologie     parasitologie     moisie     Malaisie     vagi     cosmologie     antinazis     neurochirurgie     


    Les citations sur � chronologie �

    1. J'ai vu des personnes douces, graves, sens�es, se changer en furies pour un d�tail de chronologie ou d'orthographe.

      Auteur : Julien Green - Source : Ce qui reste du jour (1966-1972), Journal IX (1972)


    2. Tout passe, les heures, les nuages dans le ciel, la vie des hommes, emport�s de la naissance vers la mort. Ne t'attache pas � la chronologie affective des choses. C'est une tr�s mauvaise mani�re de voir le monde. Fais de chaque seconde une exp�rience enrichissante, sans t'inqui�ter du temps qui fuit et des matins qui ne reviennent plus. Le pr�sent est la seule chose qui n'ait pas de fin.

      Auteur : Proverbes am�rindiens - Source : Sagesse am�rindienne


    3. Echapper � sa propre chronologie est une joie que donnent les r�ves.

      Auteur : Maurice B�jart - Source : Un instant dans la vie d'autrui (1979)


    4. La chronologie et la g�ographie, a-t-on dit, sont les deux yeux de l'histoire.

      Auteur : Anatole France - Source : Le Petit Pierre (1918)


    5. Je r�vasse. Rien d�autre � faire. Le temps se d�lite. Au Lager, le temps a perdu ses r�f�rences habituelles de travail, ses balises de douceur, ses points fixes faits d�amis, de visages, d�obligations, de rencontres. Disparue, aussi, sa chronologie guerri�re qui dure depuis cinq ans.

      Auteur : Joseph Bialot - Source : C'est en hiver que les jours rallongent (2002)


    6. ... la beaut� est l'�tincelle qui jaillit quand, soudainement, � travers la distance des ann�es, deux �ges diff�rents se rencontrent. ... la beaut� est l'abolition de la chronologie et la r�volte contre le temps.

      Auteur : Milan Kundera - Source : Le Livre du rire et de l'oubli (1979)


    Les citations sur chronologie renforcent la cr�dibilit� et la pertinence de la d�finition du mot chronologie en fournissant des exemples concrets et en montrant l'utilisation d'un terme par des personnes c�l�bres. Elles peuvent �galement renfor�er la compr�hension du sens d'un terme et en ajoutant une dimension historique.

    Les mots proches de � chronologie �

    Chr�meChr�meauChr�tien, ienneChr�tiennementChr�tient�ChristChristianis�, �eChristianiserChristianismeChristicoleChristologiqueChromatiqueChromatophoreChromoChromo-lithographeChromo-lithographieChromo-lithographiqueChromosph�riqueChroniqueChroniqueChroniqueurChronographeChronologisteChrysalideChrysalider (se)ChrysanilineChrysog�neChrysolitheChrysoprase

    Les mots d�butant par chr  Les mots d�butant par ch

    chr�mechr�tienchr�tienchr�tien-d�mocratechr�tiennechr�tiennechr�tiennementchr�tienneschr�tienneschr�tienschr�tienschr�tiens-d�mocrateschr�tient�christchristellechristianchristianechristianiachristianis�schristianismechristiannechristinechristiquechristmaschristocentrismechristologiquechristophechristschromagechromatiquechromatiqueschromatismechromatismeschromatogrammechromatographiechromechromechrom�chrom�echrom�eschromeschrom�schromochromog�neschromoschromosomechromosomeschromosomiquechromosomiqueschromosph�re

    Les synonymes de � chronologie�

    Les synonymes de chronologie :

      1. annales
      2. calendrier
      3. �ph�m�ride

    synonymes de chronologie

    Fr�quence et usage du mot chronologie dans le temps


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