Claude Rich : "J'ai vraiment travaillé, parce que je suis un perfectionniste"

Claude Rich : "J'ai vraiment travaillé, parce que je suis un perfectionniste"

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Claude Rich : "J'ai vraiment travaillé, parce que je suis un perfectionniste"

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Claude Rich en 2007
Claude Rich en 2007
© AFP - JACQUES DEMARTHON

Décès. Homme de théâtre et de cinéma, de poésie et de profondeur, Claude Rich, l'un des derniers "Tontons flingueurs" de Georges Lautner, a passé l'arme à gauche à 88 ans. Il avait à son actif 50 pièces et presque 80 films. Hommage en archives.

Il était né en 1929 et n'avait jamais réellement voulu s'arracher à l'enfance. L'acteur et comédien Claude Rich a disparu ce 21 juillet à Paris. Il avait 88 ans. "Tonton flingueur" de Georges Lautner en 1963, policier "ripou" dans La Guerre des polices (Robin Davis, 1979), ganache sortie de prison dans Capitaine Conan (Bertrand Tavernier, 1996), Panoramix dans Astérix : mission Cléopâtre (Alain Chabat, 2002), il a passé sa vie à se couler d'un rôle à l'autre, sur scène (50 pièces de théâtre) et à l'écran (presque 80 films). Un talent récompensé en 1993 par un César du meilleur acteur, pour son rôle de Talleyrand dans Le Souper.

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Le 18 juin 1999, il était reçu par Michel Ciment dans l'émission Projection privée et se remémorait ses premiers petits rôles au cinéma avec René Clair (Les Grandes manœuvres, 1955), et les figures tutélaires qu'il commençait alors à côtoyer, comme Jean Renoir dans Le Caporal épinglé en 1962, ou Julien Duvivier dans La Chambre ardente, la même année.

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Du film Le Souper, d'Edouard Molinaro, qui fut son premier véritable succès, Rich disait ceci :

J’ai fait pendant des années beaucoup de théâtre, et puis un jour Le Souper, que nous jouions avec Claude Brasseur, a eu la chance de rencontrer Yves Rousset-Rouard, le producteur, qui a eu envie de produire un film. Et ce film a marché, ce qui fait qu’à partir de là, j’ai commencé à m’arrêter un peu de faire du théâtre pour faire un peu de cinéma. […] Pendant 35-40 ans j'ai tout joué, le théâtre anglo-saxon, le théâtre français, j'ai des regrets du théâtre classique que je n'ai pas beaucoup joué, mais j'ai vraiment travaillé, parce que je suis un perfectionniste. Tous les soirs, de me dire : 'Tiens, je vais essayer ça'. Et tous les soirs, petit à petit, j'ai réussi peut être à en faire moins, à intérioriser, à jouer plus dépouillé… Claude Rich

Mais s'il racontait son amusement à faire du cinéma, il s'attardait aussi sur sa première passion, le théâtre, où il avait débuté à l'âge de 24 ans avec la pièce La Corde, tirée d'un film d’Hitchcock. Il rappelait notamment que sa "bande" au Conservatoire, qui comptait comme membres Rochefort, Marielle, Cremer, Belmondo… "était là pour faire du théâtre", loin de tout carriérisme.

Vous pouvez réécouter l'intégralité de cet entretien de trente minutes dans lequel il s'attardait également sur son amour pour l'oeuvre de Sacha Guitry, les pièces qu'il avait lui-même écrites, son intérêt pour l'histoire et la littérature du XIXe siècle, ou encore son souvenir de comédien le plus émouvant, avec la pièce Victor ou les enfants au pouvoir de Roger Vitrac, qu'il a jouée en 1962.

Claude Rich dans "Projection privée", 26 juin 1999

30 min

J'ai une passion pour Guitry et quand… c'était Pierre Dux mon professeur à ce moment là au Conservatoire, et il m'a dit : 'Vous devriez prendre Faisons un rêve'. C'était un monologue […] Je l'avais passé à la classe et personne ne riait beaucoup parce qu'à la classe, chacun pense à sa scène et n'écoute pas beaucoup l'autre. Le jour de mon concours, je dis mon texte, comme on l'avait appris, mais je ne l'avais jamais joué, je n'étais jamais monté sur une scène. C'était à l'Odéon en plus, c'était très grand… et j'entendais des bruits, je me dis : 'Qu'est-ce qui se passe, on a dû laisser les portes ouvertes, il y a un courant d'air, il y a du vent…' Et tout à coup j'ai réalisé, au bout d'une minute et demie, deux minutes, que c'était les rires ! Je ne savais pas ce que c'était qu'entendre des rires du plateau. Et là, ce métier m'a semblé le plus beau du monde, grâce à Guitry. Claude Rich

"On a toujours eu, tous mes amis de cette époque, un certain goût de l'insolence, du dandysme. Je peux considérer que Rich était un dandy, et ça, ça lui est resté", estimait Jean-Pierre Marielle sur France Culture en mars 1995, dans l'émission Le Bon plaisir, que nous vous proposons également de réécouter (50 minutes) :

Claud Rich dans "Le bon plaisir", 25 mars 1995

53 min

Dans les années 2000, Claude Rich est beaucoup apparu sur le grand écran : Le Coût de la vie et Le Mystère de la chambre jaune en 2003, Là-haut, un roi au-dessus des nuages et Le Cou de la girafe en 2004, Président en 2006, Le Crime est notre affaire en 2008… Durant cette décennie, il s'illustre également sur le petit écran : Galilée ou l'Amour de Dieu, avec Jean-Pierre Marielle en 2005, ou encore Voltaire et l'affaire Calas en 2007.

En 2002, un César d'honneur vient récompenser l'ensemble de sa carrière.

Claude Rich est très souvent passé dans les studios de France Culture, prêtant notamment sa voix aux Fictions. Pour clore cet hommage, vous pouvez l'écouter lire un texte de Louis Aragon, "Le mouton", enregistré en octobre 1980 pour l'émission Bonnes nouvelles, grands comédiens :

Claude Rich lit pour France Culture un texte de Louis Aragon, "Le mouton", 1980

29 min