HAÏTI : Histoire - Encyclopædia Universalis

HAÏTI

Nom officiel

République d'Haïti (HT)

    Chef de l'État

    Ariel Henry (par intérim depuis le 20 juillet 2021)

      Chef du gouvernement

      Ariel Henry (depuis le 20 juillet 2021)

        Capitale

        Port-au-Prince

          Langues officielles

          Créole haïtien, français

            Unité monétaire

            Gourde (HTG)

              Population (estim.) 12 436 000 (2024)
                Superficie 27 065 km²

                  Histoire

                  La république d'Haïti occupe la partie occidentale de l'île Hispaniola, un territoire qui a été, jusqu'en 1804, colonie française sous le nom de Saint-Domingue. L'histoire d'Haïti est ponctuée de séquences sanglantes (révoltes des esclaves, massacre de Dessalines en 1804, fin de la partition de l'île en 1844, etc.). Les Haïtiens d'aujourd'hui ne sont pas les descendants directs des premiers habitants, mais les héritiers sans testament d'un territoire sans maître depuis la disparition brutale des premiers insulaires. Par son indépendance précoce et la vitalité exemplaire de sa culture, Haïti occupe dans la Caraïbe insulaire une place à part.

                  — Jean Marie THÉODAT

                  — Universalis

                  La découverte et la colonisation espagnole

                  Comme dans le reste des Antilles, les premiers habitants étaient des populations d'origine sud-américaine, venues du bassin de l'Orénoque et des Guyanes vers 5 500 avant J.-C., qui ont progressivement colonisé les îles. Ils sont arrivés par vagues successives : d'abord les Ciboney, jusqu'au ier siècle avant J.-C, puis, vers 700, les Taïno, peuple connaissant la céramique, l'agriculture (tabac, manioc, maïs, coton), la sculpture, le tissage. Ils vivaient d'agriculture et habitaient dans des hameaux constitués d'ajoupas (maisons basses faites de planches recouvertes de chaume) rudimentaires, faciles à démonter mais stables. L'aire de civilisation taïno s'étend de Porto Rico aux Lucayes (actuelles Bahamas). Les champs, conucos, cultivés avec soins, n'avaient pas besoin de clôture, car il n'y avait pas d'herbivores pour menacer les récoltes. Les Taïno refoulent vers l'Ouest les Ciboney et mettent en place un système social de type monarchique fondé sur la division en territoires ou caciquats, avec à leur tête un cacique, à la fois prêtre et monarque héréditaire, dont l'autorité repose sur une division des sujets selon les lignages. L'art des Taïno est particulièrement raffiné (sculptures trigonolithes, en pierre à trois pointes, figurant une divinité, un ancêtre, duhos [sièges honorifiques] en acajou sculpté, zémis [idoles et divinités] en pierre polie), témoignant d'une organisation solide du corps social et d'une stabilité réelle de l'encadrement. Les Taïno appelaient eux-mêmes leur île Kiskeya ou Ayiti, qui est alors divisée en cinq royaumes bien distincts : le Magua, dans le nord-est, le Marien dans le nord-ouest, le Xaragua dans le sud-ouest, le Maguana dans le centre et le Higüey dans le sud-est. Même divisés en cinq entités politiques distinctes, les caciques au pouvoir lors de l'arrivée des Espagnols (respectivement Guarionex, Guacanagari, Bohéchio, Caonabo et Cotubanama) se réunissent dans l'urgence de la bataille pour rassembler leurs forces. Chaque cacique est assisté d'une cour, sorte de conseil des anciens, gardien des traditions et des lois.

                  Enfin, vers le ixe siècle, les Karibs, peuple venu des Guyanes, conquièrent progressivement les petites Antilles en chassant les Taïno. Les Karibs sont cannibales et terrorisent leurs ennemis. Leurs équipées sanglantes contre les Taïno contribuent à fragiliser les défenses de ceux-ci contre les attaques autrement décisives des conquistadores.

                  Arrivés dans l'île le 5 décembre 1492, les Espagnols sont reçus avec des égards. En effet, le cacique du Marien, Guacanagari, croyant pouvoir utiliser les forces espagnoles pour contenir les poussées des Karibs, fait tout pour s'attacher la sympathie des Européens. Mais les Espagnols jouent des dissensions entre les peuples insulaires pour asseoir leur domination, s'emparer des terres, de l'or, des femmes. Ils se dirigent vers le Marien, et, de là, attaquent le Maguana. Les Espagnols réduisent en esclavage les indigènes, confondus sous le vocable générique d'Indiens,[...]

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                  Écrit par

                  • : agrégé de géographie, maître de conférences à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
                  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

                  Classification

                  Pour citer cet article

                  Universalis et Jean Marie THÉODAT. HAÏTI [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

                  Médias

                  Haïti : carte physique - crédits : Encyclopædia Universalis France

                  Haïti : carte physique

                  Haïti : drapeau - crédits : Encyclopædia Universalis France

                  Haïti : drapeau

                  Haïti : économie - crédits : Encyclopædia Universalis France

                  Haïti : économie

                  Autres références

                  • HAÏTI, chronologie contemporaine

                    • Écrit par Universalis
                  • ALEXIS JACQUES STEPHEN (1922-1961)

                    • Écrit par Oruno D. LARA
                    • 694 mots

                    Le 22 avril 1922 naquit Jacques Stephen Alexis aux Gonaïves, fière cité du nord de la république d'Haïti où fut célébrée l'indépendance le 1er janvier 1804. Son enfance et sa formation d'adolescent ont été fortement marquées par l'influence de sa famille, de la conjoncture politique...

                  • AMÉRIQUE LATINE - Les religions afro-américaines

                    • Écrit par Roger BASTIDE
                    • 3 175 mots
                    • 1 média
                    À Haïti, par contre, c'est la religion des Fon qui domine. Mais, à la différence de ce qui se passe au Brésil et à Cuba, cette religion n'est pas celle d'une minorité conservant pieusement le culte ancestral au milieu d'une masse noire qui l'a abandonné ; elle constitue le culte en quelque sorte officiel...
                  • AMOUR, COLÈRE ET FOLIE (M. Vieux-Chauvet)

                    • Écrit par Jean-Louis JOUBERT
                    • 1 083 mots

                    La réédition en 2005 par les éditions Emina Soleil, associées à Maisonneuve et Larose, de la trilogie romanesque de Marie Vieux-Chauvet, Amour, Colère et Folie, a fait événement. En effet, l'ouvrage, publié chez Gallimard en 1968, était devenu introuvable dès sa sortie. Il avait été retiré de...

                  • ARAWAKS & KARIBS

                    • Écrit par Oruno D. LARA
                    • 3 294 mots
                    • 1 média
                    ...Floride à la Terre-Ferme, des isthmes au Venezuela. L'implantation dans les milieux insulaires commença dans de grandes îles, Ayti (nom karib de Haïti) et Cuba, à la suite de la montée des eaux qui empêcha la circulation sur les passerelles reliant préalablement les îles. Des relations commerciales...
                  • Afficher les 27 références

                  Voir aussi