Jacques-François Dugommier | Historia
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Jacques-François Dugommier

Une station de métro, une rue et, surtout, son nom inscrit au Panthéon honorent la mémoire de ce général d'Empire, venu de Guadeloupe...

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Par Claude Quétel

Publié le 1 juin 2011 à 00:00Mis à jour le 20 août 2023 à 13:27

Jacques Coquille est né le 1er août 1738 à la Basse-Terre, en Guadeloupe. Dugommier est le surnom venant du nom de la concession, le Gommier, obtenue par son père, officier du roi et procureur général du Conseil supérieur de l'île. Le jeune garçon part à Paris à 9 ans pour y finir ses études. À 12 ans, il entre dans la compagnie des cadets-gentilshommes des colonies, à Rochefort. Enseigne, sous-lieutenant, on le retrouve aux Antilles en 1758 qu'il défend contre les Anglais jusqu'à la fin de la guerre de Sept Ans, en 1763. Il retourne ensuite à la vie civile, exploitant la propriété familiale de la Guadeloupe où il se marie.

Vient la guerre d'Indépendance américaine pour laquelle Jacques Coquille il ne prendra le nom de Dugommier qu'en 1785 lève une compagnie à ses frais avant de rejoindre l'escadre de l'amiral d'Estaing. Il y gagne la très convoitée croix de Saint-Louis mais ne réussit pas à obtenir sa réintégration dans l'armée régulière. Déçu, il se retire sur ses terres et y serait resté si la Révolution n'avait pas frappé à sa porte. C'est avec enthousiasme qu'il accueille celle-ci. Il est l'un des trois délégués de la Basse-Terre à l'Assemblée générale coloniale et se voit nommé commandant de la garde nationale de l'île. Fidèle au nouveau régime mais impuissant à rallier les colons hostiles, il rejoint la métropole en 1792. Il a déjà eu l'occasion d'exposer la situation des Antilles devant l'Assemblée législative et lorsqu'il apprend que les « Patriotes » de la Martinique l'ont élu à la Convention, la carrière politique paraît s'ouvrir à lui. Il lui préfère celle des armes. En 1793, il rejoint l'Armée d'Italie occupée pour lors à assiéger Toulon aux mains des royalistes et des Anglais. Le général Carteaux qui commande le siège, ardent républicain mais piètre tacticien, a sous ses ordres un certain Bonaparte. Celui-ci lui a exposé un plan qui consiste à s'emparer de deux fortins pour interdire la passe entre la petite et la grande rade du port, en coupant les assiégés du ravitaillement des alliés. Hostile à ce fougueux capitaine d'artillerie, Carteaux attaque si mollement le 22 septembre que la manoeuvre échoue et que les Britanniques renforcent la défense de ce qu'ils appellent « le petit Gibraltar ». Ce n'est que le 20 novembre que le commandement échoit à Dugommier qui adopte le plan de Bonaparte. Après un assaut général dans la nuit du 16 au 17 décembre, le « petit Gibraltar » est conquis, prélude à la chute de la ville.

Tandis que Bonaparte est promu général de brigade, Dugommier, qui a été fait de son côté général de division, reçoit le commandement de l'armée des Pyrénées-Orientales. Les Espagnols menacent alors les frontières françaises jusqu'aux portes de Perpignan. Dugommier réorganise l'armée et reprend une à une les places du Roussillon au cours du printemps et de l'été 1794. Il fait preuve non seulement d'un grand sens tactique mais d'une force de caractère plus grande encore en obéissant pas aux instructions du Comité de salut public qui se mêle de conduire les opérations depuis Paris. Il se refuse notamment à des attaques inutiles. Cela ne l'empêche pas de risquer sa vie. Blessé une première fois en mai, il trouve la mort le 18 novembre au cours de la bataille décisive et victorieuse de la Sierra Negra. Le général Victor, futur maréchal d'Empire le boulevard Victor à Paris, c'est lui qui sert alors sous les ordres de Dugommier raconte que celui-ci s'était installé avec son état-major au centre de la ligne de bataille, attirant l'attention de l'ennemi qui y concentra son tir. Un boulet fit le reste.

La Convention décrète que le nom de Dugommier sera inscrit sur une colonne au Panthéon, achevé depuis peu. Napoléon, de son côté, fera l'éloge du général dans Le Mémorial de Sainte-Hélène : « Il avait le coup d'oeil militaire, du sang-froid et de l'opiniâtreté dans le combat ». Une station de métro et une modeste rue de Paris honorent sa mémoire.

Claude Quétel

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