Pourquoi Geoffroy Lejeune, directeur de la rédaction de « Valeurs actuelles », est-il mis à pied ?
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Pourquoi Geoffroy Lejeune, directeur de la rédaction de « Valeurs actuelles », est-il mis à pied ?

Geoffroy Lejeune, directeur de la rédaction de l’hebdomadaire d’extrême droite « Valeurs actuelles », a été mis à pied. Il est convoqué le lundi 12 juin à « un entretien préalable » à un éventuel licenciement. Les raisons ? Une ligne éditoriale trop « zemmourisée » au goût de l’actionnaire.

Geoffroy Lejeune, directeur de la rédaction de l’hebdomadaire d’extrême droite, ici en septembre 2020.
Geoffroy Lejeune, directeur de la rédaction de l’hebdomadaire d’extrême droite, ici en septembre 2020. | JOËL SAGET/AFP
  • Geoffroy Lejeune, directeur de la rédaction de l’hebdomadaire d’extrême droite, ici en septembre 2020.
    Geoffroy Lejeune, directeur de la rédaction de l’hebdomadaire d’extrême droite, ici en septembre 2020. | JOËL SAGET/AFP

La scène, relatée par Le Monde, se déroule le vendredi 2 juin. Ce jour-là, Geoffroy Lejeune, directeur de la rédaction de Valeurs actuelles, quitte le siège de la rue Georges-Bizet, dans le 16e arrondissement de Paris, avec interdiction de revenir dans les locaux.

Il vient d’être mis à pied et a rendez-vous le 12 juin pour « un entretien préalable » dans le cadre d’une procédure qui « pourrait aller jusqu’au licenciement », a indiqué à l’AFP la direction du groupe de presse Valmonde, propriétaire de Valeurs actuelles. Lors de l’entretien, Geoffroy Lejeune « pourra s’expliquer » sur ce qui lui est reproché, dans le cadre d’une « phase de dialogue », a indiqué la direction de Valmonde.

« C’est ma rédaction, tu sors ! »

Mais que s’est-il passé pour que le journaliste de 34 ans, ami revendiqué d’Éric Zemmour, quitte aussi subitement le poste qu’il occupait depuis 2016 ? La direction de Valmonde évoque un incident. Le 29 mai, selon Le Monde, Geoffroy Lejeune s’est opposé à ce que le nouveau président de Valmonde, Jean-Louis Valentin, assiste à une réunion éditoriale. « C’est ma rédaction, tu n’as rien à faire là. Tu sors ! », aurait lancé Geoffroy Lejeune au nouveau président et directeur de la publication.

La sortie de trop pour l’actionnaire principal, l’armateur milliardaire franco-libanais Iskandar Safa, qui essaie depuis des mois de faire infléchir la politique de droitisation à outrance opérée par le directeur de la rédaction, déjà évincé de LCI il y a plusieurs mois.

Valeurs actuelles trop extrême pour son propriétaire

Iskandar Safa, qui a fait fortune dans l’industrie de l’armement, n’aurait pas apprécié la radicalisation zemmourienne du journal sous la direction de Geoffroy Lejeune, selon Libération. « C’était trop extrême pour lui », expliquait au quotidien une source proche de Safa en octobre. « Safa veut que le journal soutienne les gens de droite sans se ranger derrière quelqu’un. Il veut défendre des idées plutôt que des personnes », ajoutait encore un autre fin connaisseur de la situation de l’hebdomadaire.

Le média spécialisé La Lettre A avait révélé le 29 mai la décision d’Iskandar Safa de nommer Jean-Louis Valentin, ex-président Les Républicains de l’agglomération du Cotentin, où se situe le chantier naval Constructions mécaniques de Normandie qui appartient à Iskandar Safa, à la place de Charles-Antoine Rougier.

En poste depuis l’automne, ce dernier avait été chargé de veiller à ce que la ligne éditoriale de l’hebdomadaire s’éloigne de l’extrême droite pour se rapprocher de la droite classique. Charge désormais à Jean-Louis Valentin d’y parvenir. Sans Geoffroy Lejeune, cela devrait être plus simple.

Geoffroy Lejeune avait sauvé sa tête à l’automne

Cet automne, alors qu’il semblait déjà menacé, Geoffroy Lejeune avait lancé une campagne de soutien au magazine sur les réseaux sociaux, avec le mot-clé #JeSuisLàPourVA. « Même si la rédaction sait que les relations entre Geoffroy et l’actionnaire sont difficiles depuis un certain temps, la mise à pied et la convocation ont surpris », a déclaré à l’AFP une source interne à Valeurs actuelles .

Le magazine a été condamné en appel en novembre à une amende de 1 000 € avec sursis pour injure publique à caractère raciste envers la députée LFI Danièle Obono. En cause, un article et un dessin parus en août 2020 sous le titre Obono l’Africaine, où l’élue de Paris née au Gabon était dépeinte en esclave.

La rédaction de Valeurs actuelles devait se réunir ce lundi matin en assemblée générale. Une réunion de crise autour de Tugdual Denis, numéro deux du magazine, cité au sein de la hiérarchie pour prendre la suite de Geoffroy Lejeune. Le directeur adjoint, auteur d’un livre politique sur Édouard Philippe, est réputé plus modéré que l’actuel directeur de la rédaction.

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