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L’énigme de l’affaire Toscan du Plantier démêlée dans une série documentaire

Posté par Alexis Lebrun le 10 janvier 2022

Vingt-cinq ans après le meurtre de l’épouse du producteur de cinéma Daniel Toscan du Plantier près de sa maison de vacances située en Irlande, un voile de mystère continue d’entourer ce drame. Hanté depuis longtemps par l’affaire, le réalisateur et scénariste irlandais Jim Sheridan a décidé d’en faire un documentaire en cinq épisodes qui devrait devenir une référence du genre.

Un meurtre d’une brutalité inouïe

Si l’affaire Toscan du Plantier a tant frappé les esprits, c’est peut-être d’abord en raison de la violence des faits, restée mystérieuse comme beaucoup de zones de l’enquête. Nous sommes à la veille du réveillon de Noël, précisément dans la nuit du 22 au 23 décembre 1996, et Sophie Toscan du Plantier est seule dans sa résidence secondaire bâtie dans un coin très reculé en Irlande, même si sa maison est entourée par quelques voisins. C’est d’ailleurs l’un de ces derniers qui découvre son corps gravement mutilé le 23 décembre au petit matin, au niveau du portail d’entrée du jardin. C’est une horreur : blessée à de très nombreuses reprises par une arme blanche, la victime a également été défigurée par son meurtrier, car son visage a été frappé par une pierre et un parpaing trouvé à proximité.

Aujourd’hui encore, ce déferlement de violence envers celle qui avait épousé un producteur de cinéma français bien connu reste totalement inexpliqué, tout comme le mobile du meurtre. À l’aise parmi les habitants de Toormore dans le comté de Cork, la victime (39 ans) n’avait vraisemblablement pas d’ennemis connus, si bien que le réalisateur du documentaire évoque la légende maudite de la dame blanche : la journée du 22 décembre, Sophie Toscan du Plantier aurait vu la mystérieuse figure annonciatrice de la mort sur un lac situé près de ruines.

Un suspect unique

Mais les cinq épisodes de cette série documentaire sont évidemment majoritairement consacrés au parcours de celui qui est l’unique suspect dans l’affaire Toscan du Plantier : Ian Bailey. Ce journaliste indépendant du coin est une personnalité assez particulière qui vit encore aujourd’hui sur place avec sa compagne (Jules Thomas), victime de ses coups par le passé, qu’elle met sur le compte de l’excès d’alcool. Le moins que l’on puisse dire, c’est que Ian Bailey ne rechigne pas à être interviewé par le réalisateur Jim Sheridan, qui prend le temps d’évoquer son parcours judiciaire avec lui. Et s’il est aujourd’hui libre, c’est parce qu’il n’a pas été poursuivi par la justice irlandaise par manque de preuves matérielles.

En effet, en raison de l’amateurisme relatif de la police locale, peu habituée à gérer une affaire aussi grave, l’enquête a été menée avec une certaine légèreté : arrivé beaucoup trop tard, le médecin légiste n’a pas pu dater précisément l’heure de la mort de la victime, dont le corps est par ailleurs resté exposé aux intempéries sur les lieux du crime. Pas l’idéal pour mener des analyses ADN dignes de ce nom à partir des traces retrouvées, qu’il sera impossible de relier au profil génétique de Ian Bailey. Ce qui incrimine finalement ce dernier, ce sont surtout ses multiples déclarations en privé, et le témoignage – controversé car fluctuant – d’une femme. Ian Bailey lancera lui-même plusieurs actions en justice contre les médias et la police, mais il n’y a qu’en France où il sera jugé et condamné en 2019 en son absence, l’Irlande refusant d’extrader ses ressortissants.

Un réalisateur familier

Si le visage fatigué de Jim Sheridan – qui se met volontiers en scène dans le documentaire – vous dit quelque chose, c’est normal. Le réalisateur du documentaire est surtout connu pour sa carrière dans la fiction, grâce à laquelle il a récolté six nominations aux Oscars pour ses deux films les plus connus, les classiques My Left Foot (1989) et Au nom du père (1993) avec Daniel Day-Lewis, qui est aussi l’acteur principal de Sheridan dans son très bon The Boxer (1998).

Le savoir-faire cinématographique du réalisateur bénéficie grandement à ces cinq épisodes produits par Sky : on plonge dans l’ambiance angoissante de cette affaire grâce notamment à de magnifiques images des décors naturels qui font la réputation de cette région à la très faible densité de population, et qui contribuent à distinguer cette série documentaire du tout-venant des productions réalisées sur cette affaire.

L'énigme : L'affaire Toscan du Plantier, une série documentaire disponible sur CANAL+.