Les contes : et ils éduquèrent beaucoup d'enfants...

Les contes : et ils éduquèrent beaucoup d'enfants...

Illustration de Gustave Doré pour "Le Petit chaperon rouge" de Charles Perrault (1862, planche) ©Getty - Gustave Doré
Illustration de Gustave Doré pour "Le Petit chaperon rouge" de Charles Perrault (1862, planche) ©Getty - Gustave Doré
Illustration de Gustave Doré pour "Le Petit chaperon rouge" de Charles Perrault (1862, planche) ©Getty - Gustave Doré
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Que nous apprennent les contes aujourd'hui, qu'on soit un jeune ou un "vieux" lecteur ?

Avec
  • Jennifer Tamas Professeure à Rutgers University (New Jersey), spécialiste de la littérature française de l’Ancien Régime et essayiste
  • Pierre-Emmanuel Moog Chargé de recherche à la Bibliothèque nationale de France, spécialiste du conte comme genre littéraire

Surprenantes fées et surprenants contes de fées qu’on prend toujours autant de plaisir à lire - sans doute parce que "les contes sont une matière vivante dont on ne parvient jamais à épuiser le sens", comme l'écrit notre invitée Jennifer Tamas, qui publie  Faut-il en finir avec les contes de fées ? (La Martinière, 2024). Également dans cet épisode, Pierre-Emmanuel Hoog, qui consacre un essai documenté, précis, qui éclaire "la fabrique des contes de Perrault" de manière stimulante,  Dans la fabrique des contes de Perrault (Garnier, 2024).

Si nous avons eu envie d’en parler dans "Être et savoir", c’est aussi parce que les thèmes de contes nous semblent toujours d’actualité. Ainsi, ce qui nous intéressera dans cette discussion, c’est la figure de l’enfant chez Charles Perrault, entre autres. Cet enfant, aimé ou mal aimé, qui doit user de son intelligence pour triompher dans (ou de son) histoire, qui doit savoir quand agir, quand parler et maitriser ses émotions, et faire face à la violence. Il sera donc question dans ce numéro de tout ce qui tourne autour de l’amour : amour filial, fraternel/sororal, amour romantique, mais aussi de la grande question du consentement – qui n’intéresse pas que les enfants.

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Enfin, faut-il réécrire les contes de fées, ou faut-il les lire autrement ? En tout cas, ils offrent une merveilleuse incitation à la lecture, même si les jeunes, on le sait, lisent moins – les adolescents, notamment, peuvent-ils lire des contes ? – la question sera posée. C’est même une initiation à la littérature, car un conte se lit et se relit, s’interprète et se réinterprète à l’infini…

Louise Tourret s'entretient aves ses invités : Jennifer Tamas, agrégée et docteure en littérature française, professeure à Rutgers University (USA), spécialiste de la société d’Ancien Régime, elle s’intéresse aux questions d'indicible, de refus et de consentement sexuel, et Pierre-Emmanuel Moog, chercheur indépendant en anthropologie narrative, il a coanimé un séminaire sur les contes merveilleux à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) et est l’auteur d’articles sur les récits merveilleux (contes et textes bibliques). Il mène un programme de recherches à la Bibliothèque nationale de France sur l’illustration des contes de Charles Perrault.

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Les citations

Pierre-Emmanuel Moog : "Il y a chez Charles Perrault finalement des textes très laconiques, avec plein d'ambiguïtés, et avec un vocabulaire très simple, mais qui sollicite le lecteur (...) Mais il y a en plus du style quelque chose qu'il reprend de la tradition orale : il crée des images qui sont tellement prégnantes, qui deviennent à la fois visuelles et énigmatiques. "La Barbe bleue", pourquoi est-elle bleue ? Nous n'avons pas d'explication. Il y a la création de ces images visuelles, qui tout au long du conte, nous frappent. On le lit, on le voit et le mystère reste".

Jennifer Tamas : "La beauté des contes tient au fait qu'on peut en avoir des lectures différentes en fonction des âges de la vie. Ils posent la question du cœur humain, de la mort, de l'abandon, ils répondent intrinsèquement à toutes ces questions profondes qui nous traversent (...) Il y a cette idée de quête et d'initiation qui fait appel à l'imaginaire des enfants, et elle est fondamentale, car elle motive leur avancée dans les différents âges de la vie".

Les Chemins de la philosophie
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Illustrations sonores

  • Archive de Victoire Tuaillon et Noémie Halioua dans "Répliques" du 24/02/24 d'Alain Finkielkraut, sur France Culture
  • Lecture du Petit Poucet par Mouloudji avec une musique de Joe Hisaishi (Le Petit Poucet)
  • Extrait de la Bande originale du film Peau d'Âne de Jacques Demy (1970), chanson Conseils de la fée des lilas jouée par Delphine Seyrig (musique de Michel Legrand, texte de Jacques Demy, interprétation par Christiane Legrand)
  • Extrait du film d'animation Le Chat Potté réalisé en 2011 par Chris Miller (LX)
  • Extrait de la pièce Le petit chaperon rouge de Joël Pommerat (2004), avec Rodolphe Martin, Murielle Martinelli et Isabelle Rivoal
À écouter : Loup, y es-tu ?
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