La dérive des continents (au sud) : la critique du film - CinéDweller

La dérive des continents (au sud) : la critique du film (2022)

Comédie décalée | 1h29min
Note de la rédaction :
6.5/10
6.5
La dérive des continents (Au Sud), affiche (2022), du film de Lionel Baier

  • Réalisateur : Lionel Baier
  • Acteurs : Isabelle Carré, Ursina Lardi, Théodore Pellerin, Ivan Georgiev, Daphne Scoccia
  • Date de sortie: 24 Août 2022
  • Année de production : 2022
  • Nationalité : Suisse, Français
  • Titre original : La dérive des continents
  • Titres alternatifs :
  • Scénaristes : Lionel Baier Julien Bouissoux, Laurent Larivière, avec la participation de Marina de Van
  • D'après une idée originale de : Lionel Baier et Pauline Gygax
  • Directeur de la photographie : Josée Deshaies
  • Monteur : Pauline Gaillard
  • Compositeur :
  • Producteurs : Pauline Gygax, Max Karli
  • Sociétés de production : Bandita Films
  • Distributeur : Les Films du Losange
  • Editeur vidéo : Blaq Out
  • Date de sortie vidéo : 7 février 2023
  • Box-office France / Paris-Périphérie : 34 273 entrées / 12 173 entrées
  • Box-office nord-américain / monde : Inédit* / Inconnu (* au 28/02/2023)
  • Budget : Inconnu
  • Rentabilité :
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 1.85 : 1 / Couleur / 5.1
  • Festivals et récompenses : Sélection Officielle - Quinzaine des Réalisateurs au Festival de Cannes 2022, Film Francophone d'Angoulême, War on Screen International Film Festival, Locarno Film Festival, Hamburg Film Festival, Film Festival Cologne, Festival du Nouveau Cinéma
  • Illustrateur / Création graphique : © Le Cercle Noir pour Fidelio. Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © Bandita Films, Les Films du Losange. Tous droits réservés / All rights reserved
Note des spectateurs :

La dérive des continents (au sud) est une comédie légèrement décalée qui aborde des thématiques graves sur un ton délicieux. Une réussite.

Synopsis : Nathalie Adler est en mission pour l’Union Européenne en Sicile. Elle est notamment chargée d’organiser la prochaine visite de Macron et Merkel dans un camp de migrants. Présence à haute valeur symbolique, afin de montrer que tout est sous contrôle. Mais qui a encore envie de croire en cette famille européenne au bord de la crise de nerfs ? Sans doute pas Albert, le fils de Nathalie, militant engagé auprès d’une ONG, qui débarque sans prévenir alors qu’il a coupé les ponts avec elle depuis…

Lionel Baier ne perd pas le nord

Critique : La dérive des continents (au sud) est le troisième volet d’une tétralogie européenne commencée au milieu des années 2000 avec Comme des voleurs (à l’est) qui lorgnait vers la Pologne, et qui s’est poursuivie à l’ouest avec Les grandes ondes, le plus gros succès de ces trois films. Son auteur, Lionel Baier, souhaiterait l’achever au nord, en Ecosse, comme pour dresser une carte alternative d’une Europe loufoque. La sienne.

Au centre des points cardinaux, Lionel Baier ne perd pas le nord avec ce segment sudiste, malgré une tectonique des plaques fracassante, des continents en mouvance de par les flux migratoires autour ou à travers la Méditerranée.

Film témoignage, commentaire politique et satire humaniste sur la thématique du traitement des migrants à leur accueil en Europe, La dérive des continents (au sud) est surtout une déclaration d’amour à la démocratie, aux principes fraternels d’une Europe qui essaie d’être généreuse mais qui se noie dans des intentions bienveillantes qui ont du mal à se retranscrire en actes, une Europe politique de la communication et de la bureaucratie, un Union Européenne de l’humain aussi absurde que les situations cocasses de ce film où l’exilé africain est parfois plus avisé que les stéréotypes avec lesquels s’amuse Lionel Baier.

Tensions protocolaires dans un centre d’accueil pour migrants

Au cœur d’une excentricité européenne qui flirte avec la critique douce, une relation mère – fils très compliquée, car explosive et douloureuse, donne chair aux tensions protocolaires. Ils incarnent tous deux des combats politiques d’intégration et d’aide, dans le caritatif ou les ONG. Pourtant, entre le jeune homme (impérial Théodore Pellerin, acteur canadien capable de tout jouer) et sa mère (Isabelle Carré, parfaite) qui l’a abandonné neuf ans plus tôt (elle n’était ni faite pour être mère, ni femme, du moins pas celle d’un homme), les retrouvailles se réalisent dans un climat parfois lourd de haine, de rancœur, d’incompréhension, et donc avec fracas. Au carrefour des misères humaines, dans ce camp de migrants italien où l’on prépare la venue d’Emmanuel Macron et Angela Merkel pour un exercice de communication de la part des institutions européennes, le ton entre ces deux là est parfois virulent, caustique. Parfois même, la comédie s’éloigne et l’on sent poindre la tentation du drame entre ces deux individus si étrangers l’un à l’autre malgré le lien du sang.

La dérive des continents est un périple drôle, cocasse et poétique

Pourtant entre cette mère qui essaie de s’ériger en un havre de paix face aux échoués de la mer, et le matelot en exil qui ne veut plus jeter son ancre sur un continent qu’il considère avec méfiance, et donc avec défiance, le périple personnel s’adoucit sans tomber dans les convenances. Il devient drôle – dans le sens étrange du terme polysémique, cocasse, avec l’aide, il est vrai, d’une météorite qui va poétiquement venir écraser leur véhicule de fonction, dans un paysage du Mezzogiorno qui caractérise un sentiment délicieux d’être hors de toute zone de confort, hors du monde, et peut-être hors sol comme ces deux personnages dans la relation filiale entretenue, ou hors de toute réalité comme l’Europe politique dans la réponse qu’elle essaie d’apporter à ces enfants de la mer dans sa rhétorique bien huilée sur la misère plus crasse qu’elle ne l’est vraiment pour parler aux électeurs via les médias.

La dérive des continents (au sud) n’est peut-être pas le bon film pour militer auprès d’un public large. Cependant, en travestissant une situation tragique en comédie de l’idée rocambolesque, cette production typique d’un art et essai savoureux, sait combler le spectateur de son originalité de ton et de vision. Et son casting est absolument irrésistible.

Peut-être le meilleur film de Lionel Baier.

Frédéric Mignard

Les sorties de la semaine du 24 août 2022

La dérive des continents (Au Sud), affiche (2022), du film de Lionel Baier

Affiche : Le Cercle Noir pour Fidelio. Distributeur : Les Films du Losange. Tous droits réservés.

Biographie +

Lionel Baier, Isabelle Carré, Ursina Lardi, Théodore Pellerin, Ivan Georgiev, Daphne Scoccia

Box-office :

Sorti en France à la fin du mois d’août 2022, La dérive des continents (au sud) a bénéficié de la plus large combinaison jamais octroyée pour un film de son auteur (95 salles en première semaine, 193 écrans en 3e semaine). La crise du cinéma post-covid, l’absence de productions américaines pour nourrir les écrans, ont permis cette inflation de copies qui n’a vraiment pas réussi à ce film méconnu, sorti au mauvais moment pour être connu des spectateurs (aucune promo de circonstance en cette saison estivale pour pareil cinéma d’auteur). Aussi, le troisième segment de la tétralogie a démarré moyennement, à 17 522 spectateurs en première semaine, avant de descendre à 8 091, puis 4 390 curieux. Il est évident que pour les exploitants ce fut une très mauvaise affaire de par les moyennes par écran générée toujours effroyablement basse.

Il faut donc aujourd’hui redécouvrir le film en DVD ou en VOD. Il le mérite.

Le test DVD

Point de blu-ray en raison de l’échec du film en salle, La dérive des continents est seulement disponible en HD sur les plateformes de VOD. En revanche, la copie du format SD est d’excellente facture, plus proche de la haute définition que du format standard du DVD.

Compléments : 2 /5

On reste sur notre faim. L’interview de 26 minutes du réalisateur suisse Lionel Baier est intéressante, mais l’on espère toujours un peu plus d’investissement dans un format physique qui doit être le témoignage du passage d’un film à l’écran. Il faut le personnaliser au maximum en l’agrémentant d’interventions des comédiens, de scènes supplémentaires, de featurettes sur les passages en festival, une galerie d’affiches, y compris des projets d’affiche, une analyse de la réception du film… La dérive des continents le mérite et le format physique ne durera pas éternellement.

Image : 4.5 / 5

Pour un support SD, la copie proposée est absolument resplendissante et d’un contraste qui nous réconcilierait presque avec le DVD. Il ne faut donc pas hésiter à ce procurer ce DVD, même si l’on est exigeant dans l’image, car ici celle-ci est détaillée, chaleureuse, avec des noirs profonds. Un délice pour les yeux.

Son : 3.5 / 5

Proposé en 5.1 Dolby Digital ou en Stéréo, le film séduit aussi dans sa diffusion multicanale de par sa capacité à immerger le spectateur dans son ambiance en faisant une utilisation parfaitement maîtrisée des arrières.

Frédéric Mignard

DVD de La Dérive des continents

Visuel Le Cercle Noir pour Fidelio. Editeur DVD : Blaq Out Tous droits réservés.

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La dérive des continents (Au Sud), affiche (2022), du film de Lionel Baier

Bande-annonce de La dérive des continents

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