Avec "Moi aussi", Judith Godrèche poursuit son combat au Festival de Cannes
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Cannes 2024

Avec "Moi aussi", Judith Godrèche poursuit son combat au Festival de Cannes

De notre envoyé spécial à Cannes – Le Festival de Cannes a continué mercredi sur sa lancée, braquant ses projecteurs sur les femmes fortes du cinéma avec le prequel de "Mad Max", "Furiosa", et le combat de l'actrice française Judith Godrèche, fer de lance du mouvement #MeToo dans l'hexagone. 

L'actrice et réalisatrice française Judith Godrèche (au centre) pose avec les mains couvrant sa bouche alors qu'elle assiste à la première du tapis rouge de Cannes pour "Furiosa : A Mad Max Saga"
L'actrice et réalisatrice française Judith Godrèche (au centre) pose avec les mains couvrant sa bouche alors qu'elle assiste à la première du tapis rouge de Cannes pour "Furiosa : A Mad Max Saga" de George Miller, le 15 mai 2024. © Andreea Alexandru, AP
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Un jour après avoir célébré les icônes féminines du cinéma lors d'une cérémonie d'ouverture pleine d'émotion, la 77e édition du Festival de Cannes a ouvert le bal, mercredi 15 mai, avec une masterclass de Meryl Streep et une première série de films mettant des femmes à l'honneur.

La star hollywoodienne, qui a reçu une Palme d'or honorifique mardi, a raconté des anecdotes intimes sur sa carrière et a évoqué les progrès considérables réalisés par les femmes dans l'industrie du cinéma lors de sa rencontre avec les festivaliers. "Les plus grandes stars du monde sont actuellement des femmes", a-t-elle déclaré, soulignant que si ses premiers rôles ont tant marqué les esprits c'est "parce qu'elle était la seule femme" de ces films. 

La course à la Palme d'or a débuté plus tard dans la journée avec "Diamant brut" de la française Agathe Riedinger, seul premier film de la compétition, dont seulement quatre ont été réalisés par des femmes. Une œuvre qui explore les thèmes de la féminité, de l'obsession de la beauté et du rôle des influenceurs sur les réseaux sociaux. 

"Portrait de La Jeune femme à l’aiguille" de Magnus von Horn, qui raconte l'histoire d'une Danoise à la tête d'une agence d'adoption clandestine après la Première Guerre mondiale, et "Furiosa", le dernier volet de la franchise "Mad Max" de George Miller, étaient les deux films long métrage les plus attendus du jour.

A l'Affiche à Cannes !
A l'Affiche à Cannes ! © France 24

Une guerrière manchote qui met le feux aux poudres

Il y a 45 ans, un obscur thriller australien nihiliste avec le jeune Mel Gibson en policier fou de vengeance faisait sensation au Marché du film de Cannes, ouvrant la voie à la célèbre trilogie post-apocalyptique "Mad Max".

George Miller a relancé la franchise il y a dix ans avec son reboot haletant "Fury Road", dans lequel le héros, Max, a été largement éclipsé par la Furiosa manchote incarnée par Charlize Theron. Préquel aux événements de ce film, sa dernière œuvre met en scène Anya Taylor-Joy dans le rôle d'une jeune Furiosa, aux côtés de Chris Hemsworth, la star de "Thor".  

"Moi aussi", un pavé dans la mare des violences sexuelles

Alors même que les moteurs enflammés de Miller rugissaient dans le Grand Théâtre Lumière, un autre événement très attendu secouait la Croisette en ouverture de la catégorie Un certain regard : le court métrage "Moi Aussi" de l'actrice et réalisatrice Judith Godrèche, devenue au cours de l'année écoulée le visage du #MeToo français.

 

 

Une jeune femme se meut au milieu d’une foule. En voix off, elle narre les récits de victimes de violences sexuelles, agressées dans leur enfance, par des proches. Leurs histoires s’entremêlent dans ce court métrage à mi-chemin entre clip et performance de rue, tourné avec un millier de femmes et quelques hommes, tous victimes d'abus.

"Moi aussi" marque une nouvelle étape du combat de Judith Godrèche pour dénoncer les violences faites aux femmes.

Un travail d’abord personnel que l’actrice, disparue des radars durant de nombreuses années, a mené sur elle-même pour prendre conscience de sa propre expérience. Avant de faire son grand retour, derrière la caméra en décembre 2023, avec la série "Icon of French cinema", sur Arte.  

Dans ce récit autobiographique en six épisodes, Judith Godrèche incarne son propre rôle, celui d’une star de cinéma de retour en France après un long exil américain. La série devient un succès d’audience provoquant une avalanche de réactions. Car derrière l’atmosphère fantasque, le ton décalé et l’autodérision dont fait preuve l’actrice qui veut relancer sa carrière, elle y dévoile par bribes la relation d’emprise dont elle a été victime, à la sortie de l’enfance, avec un réalisateur de plus de deux fois son âge.

Sans le nommer, Judith Godrèche incrimine Benoît Jacquot. À la fin des années 80, le célèbre cinéaste lui offre son premier grand rôle dans le film "Les Mendiants", sorti en 1988, puis dans "La Désenchantée" (1990) qui lui vaut une nomination aux Césars en tant que meilleur espoir féminin. Au vu et su de tous, la jeune muse est alors en couple avec son pygmalion. Une relation qui a débuté alors que l’actrice n’était âgée que de 14 ans – Benoît Jacquot en avait presque 40 – et qui a duré près de six ans.

Mère et fille

Séparée de Benoît Jacquot, Judith Godrèche poursuit sa carrière de star, enchaîne les rôles puis s’essaye à la réalisation avec "Toutes les filles pleurent" (2010) avant de plier bagage pour Los Angeles. Aujourd’hui elle parle sans far des abus subis durant ses jeunes années dont elle accuse également une autre figure emblématique du cinéma français, le réalisateur Jacques Doillon. Début février, elle porte plainte contre les deux hommes pour viols sur mineure.

Quelques semaines plus tard, elle enfonce le clou sur la scène de la 49e cérémonie des Césars, prenant à parti l’industrie du cinéma. "Depuis quelque temps, je parle, je parle, mais je ne vous entends pas, ou à peine. Où êtes-vous ?" questionne-t-elle alors d’une voix douce, appelant à ce que le cinéma ne couvre pas "un trafic illicite de jeunes filles".

Devenue la figure de proue du mouvement #Metoo dans le cinéma français, cinq ans après la retentissante affaire Weinstein qui a fait trembler le tout Hollywood, Judith Godrèche explique devoir cet engagement à sa progéniture.

"C’est parce que j'ai une fille adolescente que je parviens à réaliser ce qui m’est arrivé, à me dire que j’ai navigué dans un monde sans règle ni loi" expliquait en décembre 2023 dans le magazine Elle, celle qui a quitté l’école à 15 ans pour embrasser une carrière de comédienne. "Si un homme de 40 ans approche ma fille, je le tue".

Sa fille, Tess Barthélemy, tout juste 19 ans, l’accompagne dans son combat. La jeune actrice et danseuse, née de la relation passée entre Judith Godrèche et le réalisateur et ex-membre de la troupe Robins des Bois Maurice Barthélémy, a joué elle aussi son propre rôle dans la série "Icon of French cinema". Pour "Moi aussi", la jeune fille solaire a remis le couvert, en figure centrale de cette œuvre hybride, en hommage aux milliers de victimes qui ont transmis à la réalisatrice leurs témoignages. 

Cet article a été adapté de l’anglais. Retrouvez l’article original ici.

Mère et fille, avant la projection de "Moi Aussi", lors de la 77e édition du Festival de Cannes.
Mère et fille, avant la projection de "Moi Aussi", lors de la 77e édition du Festival de Cannes. © Sameer Al-Doumy, AFP

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