Affaire Weinstein : qui est Bob Weinstein, «le frère qui ne fait pas de bruit» ? - Le Parisien

Affaire Weinstein : qui est Bob Weinstein, «le frère qui ne fait pas de bruit» ?

Portrait du petit frère d'Harvey Weinstein, le beaucoup moins connu Bob Weinstein, rattrapé par le scandale de harcèlement sexuel qui fait trembler Hollywood. 

Bob Weinstein, a longtemps vécu dans l'ombre de Harvey Weinstein plus amateur des tapis rouges et des spotligts que lui. 
Bob Weinstein, a longtemps vécu dans l'ombre de Harvey Weinstein plus amateur des tapis rouges et des spotligts que lui.  AFP

    Dans la famille Weinstein, je voudrais le petit frère. Bob, Robert de son vrai prénom. Il a toujours vécu dans l'ombre de son frère Harvey, à qui il laissait volontiers la lumière. A tel point que sa fiche Wikipedia tient en trois lignes… Mais voilà la lumière vient de lui exploser au visage dans la foulée du scandale éclaboussant son frère. Harvey est l'objet du plus gros scandale de harcèlement sexuel de l'histoire d'Hollywood, et Bob est accusé à son tour du même délit. Bob Weinstein est accusé par Amanda Segel, productrice exécutive de la série «The Mist», mais aussi l'actrice Jaime King, qui a depuis rappelé au tycoon hollywodien ses actes de harcèlement.

    Les Kennedy comme exemples à suivre

    Né comme son grand frère dans le quartier de Flushing Meadows, dans le Queens à New York, il est le cofondateur de Miramax en 1979, société dont le nom rappelle le nom de ses parents Miriam et Max. Max, le père, était tailleur de diamants à Manhattan. Bob dit qu'il a fait « l'université de la 47ème rue » là où les diamantaires de New York travaillaient. Un père qui donnera à ses fils comme exemple à suivre la famille Kennedy, en particulier John et Bob… «Et vous pouvez accomplir autant qu'eux. Si vous restez ensemble, rien n'est impossible.» leur disait-il.

    «Des deux, c'est celui qui a appris le caniveau » témoignait une journaliste dans un portrait publié dans Les Echos, il y a 3 ans. « Je suis le frère qui ne fait pas de bruit, cela me va très bien » disait-il de lui-même dans un chronique pour Vanity Fair en 2003 ». Nous utilisons des moyens différents pour travailler vers le même but, qui ont fait leurs preuves depuis 25 ans. En fait, ç'est mieux qu'un seul d'entre nous aime les projecteurs. Il n'y aurait pas assez de place pour nous deux » ironisait Bob lui-même.

    «Nous avons grandi dans un petit appartement de deux chambres à coucher dans un immeuble d'habitation de classe moyenne inférieure appelé Elechester. Harvey et moi avons partagé une chambre jusqu'à ce qu'il parte pour la fac, mais heureusement, nous n'avons pas passé beaucoup de temps à l'intérieur de nos murs. Nous avions un perron où tous les enfants de notre immeuble, et ceux qui se trouvaient à proximité, se rassemblaient. Il y avait toujours un jeu, et nous passions tout notre temps à y prendre part. » commentait-il également dans une chronique rendant hommage à son père Max.

    Autre détail troublant de cet hommage, l'anecdote où son frère Harvey, 15 ans, le traîne du haut de ses 13 ans à une séance de cinéma interdite aux mineurs (pour cause de nudité intégrale et de scène de sexe) du film suédois « I Am Curious, Yellow » dans une salle du quartier. Un événement qui reste le meilleur souvenir de Bob en terme de cinéma étranger… Quand « Les 400 coups » de Truffaut sont celui de Harvey !

    Sans Harvey et la mort prématurée en 1976 de leur père à 52 ans, Bob n'aurait sûrement jamais fait carrière dans le cinéma. Robert a donc commencé son parcours dans les salles obscures par un mensonge de Harvey. Ce dernier ayant vanté les mérites de son petit frère pour en faire le promoteur du film tiré d'un des concerts de Genesis dont Harvey assurait la tournée dans l'Etat de New York.

    La cash machine de la fratrie

    Des deux frères, c'est d'une certaine manière celui pour qui la revanche sociale et le succès financier ont le plus nourri la carrière professionnelle. Derrière la success story de Miramax, puis après la revente à Disney en 1997 pour 70 millions de dollars, de The Weistein Company, se cache surtout la redoutable efficacité du plus jeune des deux frères. Là où Harvey défrayait la chronique, Bob accumulait les bénéfices. Car malgré plus de 300 nominations aux Oscars cumulés depuis le début de leur carrière dans le cinéma, les frères Weinstein n'ont pas connu que des succès foudroyants. Nombre de films ont fait des fours retentissants. Là où Harvey, était célèbre pour ses coups de gueule, le matériel cassé ou ses coups de ciseaux au montage, Bob ne faisait pas de bruit mais trouvait toujours le moyen de faire rentrer un maximum de cash dans les caisses de Miramax. «Le Patient anglais » par exemple, dont les recettes ont été presque 10 fois supérieures au budget (231 millions de dollars pour 27 millions de budget), n'aurait ainsi pas dégagé un cent de bénéfice à en croire le discours officiel de la compagnie !

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    Cet homme pour qui le marketing est plus important que le film, a aussi réussi dans l'ombre de Miramax. Il est le patron de Dimension films, une autre société qui fait plutôt dans le blockbuster et dans la comédie populaire. A son actif, les franchises « Scream », « Spy Kids » ou encore les gros cartons « The Crow » ou les reboot de « la Planète des singes ». Une véritable cash machine qui a longtemps compensé les échecs de Miramax. Après la vente à Disney de la maison mère, Bob Weinstein a réussi à garder le contrôle de cette filiale très lucrative….

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    Sur le plan de la vie privée, le second mariage du frère d'Harvey s'est conclu par un divorce agité en 2012. Bob a sollicité une intervention juridique à l'encontre de sa femme Annie qu'il accusait d'alcoolisme. Cette dernière ayant quant à elle déposé sa demande de divorce accompagnée d'une mesure d'éloignement, craignant pour sa sécurité physique… Les deux s'étaient mariés en 2000.

    Annie Clayton de son nom de jeune fille, a connu Bob, lorsqu'elle exerçait le métier de réceptionniste chez Miramax, avant de partir pour Harper Collins comme assistante d'édition. Une façon d'éviter les mauvaises langues...

    Aujourd'hui, Bob est dans la lumière. Pas sûr qu'il apprécie.