L’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) est la plus importante organisation régionale non occidentale par sa taille, son poids démographique et économique. Avec les BRICS, elle incarne l’émergence d’un monde polycentrique, dans lequel des mécanismes de coopération échappant à la mainmise occidentale voient, ces dernières années, leur autorité s’étendre rapidement.
Si, comme son nom l’indique, la Chine joue un rôle central dans l’institutionnalisation de l’OCS, sa configuration actuelle doit aussi beaucoup à la diplomatie russe. L’organisation, qui a pour objectif principal d’assurer la stabilité et la sécurité régionales, a rapidement été perçue comme l’incarnation d’une forme d’alliance sino-russe susceptible de faire contrepoids à l’Occident. Un temps décrite par la presse comme un adversaire potentiel de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), l’OCS serait plutôt comparable à l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), dans une version eurasiatique qui mettrait l’accent sur la « démocratisation des relations internationales » tout en rejetant le modèle de la démocratie libérale. Marquée par une hétérogénéité croissante du fait de ses élargissements successifs, l’OCS apparaît comme une organisation emblématique des velléités de structuration d’un ordre mondial post-occidental.
L’ancêtre de l’OCS, le Groupe de Shanghai, est né en 1996 de la volonté de la Chine et de quatre États frontaliers issus de l’ex-URSS (Russie, Kazakhstan, Kirghizstan et Tadjikistan) de résoudre des différends territoriaux le long des 7 000 kilomètres de l’ancienne frontière sino-soviétique…