Francis Poulenc : "Pour moi, une bonne mélodie est faite d'amour, de respect et de réflexion"

Francis Poulenc : "Pour moi, une bonne mélodie est faite d'amour, de respect et de réflexion"

Portrait du compositeur français Francis Poulenc (1899-1963), assis à son bureau en 1958. ©Getty - Bettmann
Portrait du compositeur français Francis Poulenc (1899-1963), assis à son bureau en 1958. ©Getty - Bettmann
Portrait du compositeur français Francis Poulenc (1899-1963), assis à son bureau en 1958. ©Getty - Bettmann
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En 1954 sur la Chaîne Nationale, Francis Poulenc nous parle de la mélodie et de la prosodie, une conception poétique avant tout. Le compositeur se souvient de ses premières mélodies et évoque les poètes qu'il admire mais surtout ceux qui l'inspirent et qui trouvent un écho dans sa propre musique.

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Qu'est-ce que la mélodie pour Francis Poulenc ? En 1954, dans l'émission "Dialogues et Musiques" diffusée sur la Chaîne Nationale, le compositeur explique au micro de Georges Charbonnier, que "la mélodie est une forme d'expression musicale qui est le contraire de gratuite", l'incarnation de son instinct musical. La mélodie doit passer par l'amour et la connaissance de la poésie, "Il faut avoir le culte de la poésie et le culte du poème" et se plier avec humilité au poète. Certains musiciens sont capables de composer de magnifiques symphonies ou des sonates remarquables mais tous n'excellent pas dans l'art de la prosodie. Frappé très jeune par la poésie,  Francis Poulenc évoque ses premières mélodies et les poètes qui ont inspiré son écriture.

"Ma première expression musicale c'est la mélodie"

Un jour, en rangeant à la campagne de vieilles partitions, Francis Poulenc tombe sur une mélodie qu'il a écrite à l'âge de treize ans sur un poème de Victor Hugo. Dans cette mélodie "stupide et détestable", il est frappé de voir à quel point deux mesures au milieu de la pièce préfigurent déjà ses styles mélodique et prosodique. Parmi ses premières mélodies, il revient aussi sur son cycle Le Bestiaire ou Cortège d'Orphée sur des poèmes de Guillaume Apollinaire, une œuvre qu'il ne considère ni comique ni ironique mais mélancolique.

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"L'admiration pour certains poètes n'entraîne pas forcément le désir de les mettre en musique"

Francis Poulenc évoque son admiration pour Stéphane Mallarmé, Paul Verlaine ou encore Arthur Rimbaud, et avoue son incapacité à trouver deux notes de musique pouvant illustrer leurs poèmes. Avec  Guillaume Apollinaire, Max Jacob ou encore Paul Éluard, il se sent au contraire bien plus à l'aise car "ce sont des poètes qui pour moi coïncident avec ma façon de sentir en musique". Les premières mélodies comptant dans son œuvre sont celles écrites sur des poèmes de Guillaume Apollinaire.

"Dans une mélodie je fais attention avant tout à la prosodie"

Pour Francis Poulenc, la prosodie est un facteur aussi essentiel dans la mélodie que dans une œuvre de théâtre. Selon lui, lorsque nous nous plaignons de ne pas comprendre les mots d'un opéra, ce n'est pas parce que l'orchestre joue trop fort ou que le chanteur n'articule pas assez, c'est parce que la prosodie est mauvaise. Il est important de la connaître et d'y rester sensible, pour comprendre par exemple ici la particularité du rythme de Paul Éluard. Chez Claude Debussy, elle est également remarquable : dans Pelléas et Mélisande "la prosodie est si juste que le mot vient toujours clairement à votre oreille."

  • Production : Georges Charbonnier
  • Avec Francis Poulenc (compositeur et pianiste)
  • Dialogues et Musiques - Francis Poulenc (1ère diffusion : 10/09/1954 Chaîne Nationale)
  • Programmation musicale (disques) : Le Bestiaire ou Cortège d'Orphée et Dans le jardin d'Anna de Francis Poulenc sur des poèmes de Guillaume Apollinaire, par Pierre Bernac (baryton) et Francis Poulenc (piano)
  • Edition web : Amélie Potier, Documentation de Radio France
  • Archive Ina-Radio France

Retrouvez l'ensemble du programme d'archives  "Francis Poulenc, l’éclectique", proposé par Mathias Le Gargasson.

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