Ce que vaut (vraiment) la cuisine de Mohamed Cheikh, lauréat de « Top Chef 2021 »

Ce que vaut (vraiment) la cuisine de Mohamed Cheikh, lauréat de « Top Chef 2021 »

Le vainqueur de « Top Chef 2021 » est en résidence depuis le lundi 11 octobre à La Pagode de Cos, la brasserie de La Réserve Paris. « Le Point » a goûté sa carte.

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Mohamed Cheikh est aux fourneaux de La Pagode de Cos, la brasserie de La Réserve Paris, jusqu'au 4 décembre 2021
Mohamed Cheikh est aux fourneaux de La Pagode de Cos, la brasserie de La Réserve Paris, jusqu'au 4 décembre 2021 © Marie Etchegoyen/M6

Temps de lecture : 4 min

C’est un feu follet ! À peine après avoir raccroché ses casseroles à Manzili, son pop-up estival qui a pris fin le dimanche 3 octobre au Jardin des Plantes, voilà Mohamed Cheikh de nouveau sur le devant de l’assiette depuis ce lundi 11 octobre à La Réserve Paris. Le vainqueur de Top Chef 2021 n’a pas résisté à l’invitation de Jérôme Banctel (auréolé ici même de 2 étoiles à la table gastronomique Gabriel). Le voilà pour deux mois aux commandes des fourneaux de La Pagode de Cos, la brasserie chic du palace niché dans le 8earrondissement de Paris à une enjambée de l’Élysée. Une collab éphémère – comme on dit dans la mode – fruit d’une complicité née en 2010 entre l’élève qui fêtera ses 29 ans ce jeudi et son mentor de 49 ans avec qui il fit son premier stage chez Alain Senderens à l’époque du Lucas Carton.

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L’occasion toute trouvée pour que Le Point traîne ses couverts dès le premier soir à La Réserve Paris du côté de l’avenue Gabriel afin de vérifier ce que cette Pagode de Cos version Mohamed Cheikh a dans le ventre. En pénétrant dans la salle d’une quarantaine de couverts, on plonge au milieu de colonnes et de murs en marbre rose, de carreaux blancs et ochracés façon damier au sol, de miroirs aux encadrements dorés, de chaises tapissées de motifs bariolés… On a le sentiment de s’être téléporté à Versailles. L’art de vivre à la française dans toute sa splendeur.

Poulpe désenchanté

La salle de La Pagode de Cos, la brasserie de La Réserve Paris
 ©  Grégoire Gardette
La salle de La Pagode de Cos, la brasserie de La Réserve Paris © Grégoire Gardette
Une atmosphère diamétralement opposée à l’esprit de la carte imaginée par Mohamed Cheikh vantant « les saveurs sous influences du monde en harmonie avec le concept de cuisine contemporaine des voyages du restaurant ». C’est curieux chez les cuisiniers ce besoin de faire des phrases, aurait tancé Michel Audiard. Mais pourquoi pas après tout… Afrique du Nord, Orient, Moyen-Orient, Levant, Japon, Italie, France…, le lauréat de Top Chef 2021 nous convie à un véritable tour de la planète « world food ». Ici, pas de menu, uniquement des propositions.

En entrée, on se laisse tenter par « le poulpe fiction » (26 €) – qu’on aurait tout simplement préféré ancré dans la réalité. Mohamed Cheikh a visiblement oublié l’adage selon lequel « un mollusque cuit de peur ou 10 heures. » Comprendre en un éclair ou très longuement. En bouche, le céphalopode dévoile une désagréable texture caoutchouteuse le rendant extrêmement difficile à mâcher. Ses compagnons de route n’arrivent pas à l’extirper des fonds marins. Le houmous au zaatar (une épice libanaise à base de thym, sumac, marjolaine, cumin, anis vert…) rajoute une couche de gras là où il faudrait une pointe de légèreté. Quant au condiment à la harissa, il transforme notre palais en un volcan en éruption. Seule consolation de ces prémices, d’épatantes carottes glacées de leur jus et constellées de graines de cumin.

Coup de grâce

Le poulpe fiction signé Mohamed Cheikh
 ©  Géraldine Martens
Le poulpe fiction signé Mohamed Cheikh © Géraldine Martens
Pour la suite des réjouissances, on succombe à la selle d’agneau rôtie (44 €). Les deux tronçons de viande à la croûte ultracroustillante déploient de délicates saveurs. Rosés à l’extérieur, ils sont trop cuits à l’intérieur. L’endive braisée les escortant n’arrange à rien à l’affaire. Coiffée d’amandes effilées et de coriandre, la chicorée baigne dans du miel et des fruits secs (abricots, pruneaux d’Agen, orange). On ne sent plus que le sucre qui a anesthésié l’amertume de l’endive. Le jus de tagine lahlou (viande sucrée en algérien) sonne le coup de grâce.

À ce stade du dîner, il faut justement miser sur le sucré… Malheureusement, la tarte nomade (14 €) est dans la même veine que le reste du repas. Visiblement montée très à l’avance, cette douceur en forme de barquette arrondie a dû traîner plusieurs heures en cellule froide. Sa pâte est détrempée. La fleur d’oranger la parfumant – en trop grande quantité – réussit à elle seule le tour de force de torpiller ses cinq autres partenaires au caractère pourtant bien trempé. On ne devine même plus l’existence du crémeux citron, des quartiers d’orange légèrement brûlés, des pistaches, des dés de sponge cake au basilic et de la coriandre. Leur palette aromatique s’est éteinte.

Mohamed Cheikh sur sa Réserve

La selle d'agneau rôtie signée Mohamed Cheikh
 ©  Géraldine Martens
La selle d'agneau rôtie signée Mohamed Cheikh © Géraldine Martens
À 114 euros – bouteille d’eau minérale plate comprise à 10 euros et verre de vin rouge à 18 euros –, la seule addition que nous retenons, c’est celle des déceptions. À ce prix-là, le repas a tout d’un flop chef. À vouloir jouer une partition fusion, Mohamed Cheikh provoque la confusion. Alors, faut-il y aller ou pas ? Oui, si vous avez projeté de vous faire prendre en photo avec le gagnant de Top Chef 2021. C’était visiblement le cas d’une large partie de l’assistance lundi soir… Mohamed Cheikh va vite devoir sortir de sa Réserve.

La Pagode de Cos by Mohamed Cheikh à La Réserve Paris, 42, avenue Gabriel. Paris 8e. Carte : de 48 € à 114 €. Ouvert du lundi au dimanche au déjeuner et au dîner. 01 58 36 60 50 www.lareserve-paris.com

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Commentaires (13)

  • dojom

    Mon commentaire qui a été supprimé concernait le prosélytisme de son épouse !

  • bonsens9en2021

    Et l’ajout de Dojom achève le tout... Bon néanmoins il faut reconnaître à Mohamed de faire des efforts et rien que pour cela, j’applaudis et j’encourage. Mais je ne suis pas cliente...

  • Le Gorille des brumes

    Voyez donc la rubrique "images" à son nom sur le web.